CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1À partir de la fin des années soixante-dix, l’augmentation du chômage, en dépit de politiques successives pour l’emploi, aboutit progressivement au développement d’un chômage chronique, de long terme et de masse, qui va contribuer à l’autonomisation d’un mouvement de chômeurs par rapport à l’action syndicale traditionnelle. Cette tendance est renforcée par la grande difficulté du système français de protection sociale fondé sur un principe d’assurances sociales, à couvrir les risques sociaux de l’ensemble de la population dès lors que les situations de précarité et de pauvreté s’étendent et s’intensifient ; en particulier, le système assuranciel de couverture du chômage produit les « fins de droit » qui glissent progressivement vers l’assistance sociale. Ce secteur connaît lui-même des difficultés croissantes qui proviennent de l’augmentation constante de demandeurs d’aide, mais aussi des modes de fonctionnement (fragmentation, complexité, opacité des aides, caractère discrétionnaire) qui sont illustrés en particulier par l’imbroglio des minima sociaux en France (CERC-Association, 1997 ; Join Lambert M.-T., 1998). Enfin, ce mouvement revendicatif original résulte aussi des chômeurs eux-mêmes qui ne se reconnaissent plus dans l’action des centrales syndicales (Partage, n° 129, janvier 1999).

2L’hiver 1997-1998 a été marqué en France par les luttes et les revendications sociales des comités de chômeurs (Combesque M.-A., 1998 ; Dethyre R., 1998 ; Pendaries J.-R., 1998). Ce mouvement n’a rien d’exceptionnel dans l’histoire récente des revendications des plus démunis (Salmon J.-M., 1998 ; Béroud S. et alii, 1998) et est également observé dans les autres pays européens (Chopart J.-N. et alii, 1998 ; Jordan B., 1998 ; van Berkel R. et al., 1998). Devant l’ampleur et la permanence des manifestations des mouvements de chômeurs durant l’hiver 1997-1998, le gouvernement décide de créer un Fonds d’urgence sociale (FUS) le 12 janvier 1998. Ce fonds, financé essentiellement par l’État à hauteur d’un milliard de francs, est réparti entre les départements et, ensuite, distribué sous forme d’aide ou de secours en espèces auprès des ménages les plus démunis, par un nouveau dispositif partenariat placé sous l’autorité du préfet dans chaque département. Une des grandes originalités de ce dispositif social est la grande latitude de sa gestion accordée aux préfets, tant dans l’organisation que dans les critères d’attribution de l’aide.

3Une série d’études a analysé le fonctionnement des mécanismes locaux de décision dans sept départements. Six équipes de recherche (tableau 1, en annexe), ont entrepris cette recherche coordonnée, à la demande du ministère de l’Emploi et de la Solidarité. Ces études ont ensuite été résumées dans un rapport de synthèse (Bouget D., 1999) dont le présent article est largement inspiré.
La première section de cet article présente et analyse la mise en place du Fonds d’urgence sociale à l’échelon départemental et local, à savoir les institutions impliquées ainsi que les procédures d’admission à l’aide. La seconde section présente les résultats réels de ce dispositif, tout d’abord la façon dont la demande a été révélée, la situation des demandeurs du FUS et, ensuite, la façon dont l’aide a été réellement distribuée et répartie. Comme nous le verrons tout au long de l’article, le fonctionnement local du dispositif du FUS est révélateur des qualités et des défauts du système de protection sociale français dans son ensemble.

Mise en œuvre du FUS dans les départements

4Décidé et largement financé par l’État, le dispositif du FUS est créé à la mi-janvier 1998 dans chaque département, sur la base d’un partenariat des acteurs locaux concernés. Une fois créé, ce dispositif va engendrer des procédures originales d’attribution de l’aide qui ont été souvent critiquées.

Partenariat institutionnel

5Depuis la décentralisation, sous la pression d’un accroissement constant des situations de pauvreté, le système d’assistance sociale français a progressivement développé un partenariat d’institutions très diversifiées. Ce partenariat qui démarre dans les plans Pauvreté-précarité à partir de l’hiver 1983, se développe progressivement car aucune institution sociale n’a suffisamment de légitimité ou de capacité organisationnelle pour assurer la couverture des besoins de l’ensemble des populations démunies.

6Dans chaque département, le dispositif du FUS va s’inspirer de ce type de partenariat en regroupant les acteurs ayant une compétence politique, administrative ou technique dans la gestion des prestations sociales. Il bénéficie ainsi de l’expérience acquise dans la gestion partenariale de dispositifs sociaux antérieurs de lutte contre la pauvreté (RMI, Pauvreté-précarité, etc.). Ceci explique largement le fort investissement des personnels et la rapidité de la mise en place du système.

Institutions sociales traditionnelles de l’action sociale

7Au sein de chaque département, le partenariat créé par le FUS s’appuie prioritairement sur un ensemble organisationnel qui comprend les institutions sociales traditionnelles de l’action sociale, à savoir la direction départementale des Affaires sanitaires et sociales (DDASS), le service d’action sociale du département, la ou les caisses d’allocations familiales (CAF), les centres communaux d’action sociale (CCAS). Cet ensemble est construit autour d’une autorité unique : le préfet. Cette responsabilité est imposée nationalement par la nécessité politique de sortir du conflit du mouvement des chômeurs. Localement, cette désignation des préfectures comme pilotes ou coordinateurs du FUS provient de la difficulté, dans un système pourtant très abondant en institutions sociales, de confier cette opération à d’autres institutions sociales : absence de compétence des régions, autonomie des départements du fait de la décentralisation, morcellement des communes, spécialisation des institutions de sécurité sociale et des Assedic.

8Le choix de la préfecture de département s’explique aussi par la présence d’un service déconcentré de l’État, la DDASS, qui a une compétence historique dans les politiques locales d’aide aux populations démunies. À quelques exceptions près, la responsabilité accordée aux DDASS par les préfets a été le mode d’organisation largement dominant en France. Si le préfet incarne, au nom de l’État, la responsabilité politique du dispositif, les DDASS sont, ou deviennent, la cheville ouvrière du dispositif (Péchard S., 1998 : 6), car elles ont la responsabilité de la gestion de la Mission d’urgence sociale (MUS ; voir infra).

9Les départements et leur service d’action sociale sont représentés dans les commissions d’attribution ou dans la MUS. Les centres médico-sociaux sont souvent des lieux de dépôt des dossiers de demande. Mais, sauf exception (Rhône), la participation des départements est plutôt minimale. Parfois les conseils généraux votent une subvention, faible, dont la gestion s’avère d’ailleurs problématique. La mise à disposition du personnel est faible ou exceptionnelle. Cette faible mobilisation et cette méfiance des départements reposent sur deux dénis. Localement, le FUS est interprété comme le signe d’une tendance à une recentralisation déguisée, à un retour de l’État, et donc à un déni de décentralisation. Le FUS est aussi interprété comme un déni du travail social et par un retour à des pratiques assistantielles « pures » dont l’action sociale départementale souhaite se dégager depuis les lois de décentralisation.

10Il est toujours difficile de parler de l’investissement des communes dans une action sociale donnée, tant les situations locales sont variées. En général, les CCAS ont assuré, avec pragmatisme, une fonction de transmission des dossiers et aussi une fonction d’accueil et de conseil. Un investissement plus intense ne concerne que les villes (financement, mise à disposition de personnel, participation à la MUS), sans qu’il soit pour autant systématique.

11La participation des communes et des CCAS s’avère souvent sélective en fonction de leurs populations cibles, en fonction des objectifs de leur action sociale. L’investissement des CCAS apparaît d’autant plus large ou intense qu’ils possèdent déjà une action sociale en direction des populations précaires. À l’opposé, deux groupes très distincts de communes refusent toute participation au FUS. Le premier comprend les communes qui sont en général peu concernées par les problèmes de pauvreté, soit du fait de leur richesse économique, soit du fait d’une position politique opposée aux pratiques de secours sociaux non conditionnels. Le second comprend des municipalités qui refusent le FUS au nom des principes de la décentralisation. Tout comme les départements, elles considèrent que le FUS est du ressort de l’État et non des collectivités territoriales.

12Tout comme les départements et les communes, les CAF sont soumises à des forces contradictoires. Elles ont souvent été très réticentes à toute participation au dispositif du FUS, acceptant assez mal sa dimension et son opportunisme politiques. Leur participation financière a été très modeste et des prises de position nationales officielles au sein de la Caisse nationale d’allocations familiales (CNAF) réduisent parfois leur action. Leur vocation d’aide aux familles et leur partenariat antérieur dans des dispositifs de lutte contre la pauvreté les empêchent d’avoir une position totalement négative vis-à-vis du FUS dès lors qu’il s’agit de familles de chômeurs mais cette similitude des problèmes à régler ne suffit pas à justifier une participation active des CAF. En définitive, en dépit de toutes ces réticences, de nombreuses CAF participeront à la MUS et feront valoir leur compétence d’expertise des dossiers.

13Au sein de toutes ces institutions, un corps professionnel a joué un rôle central : les travailleurs sociaux. Ils ont souvent été placés dans une situation embarrassante, soit d’acceptation de règles du fonctionnement du FUS qu’ils n’approuvent pas toujours, soit de décisions personnelles en l’absence de consigne claire. Cet embarras provient aussi du décalage entre le travail exigé dans la gestion du FUS et leur pratique professionnelle quotidienne d’accompagnement social. Ils ont été partagés entre le souci d’aider des personnes vivant sans conteste des situations difficiles et le souci tout à fait légitime de défendre une déontologie et une pratique professionnelles (Autes M., 1992).
L’action des travailleurs sociaux a été déterminante dans deux domaines. En milieu rural, ils ont souvent compensé la faiblesse des autres canaux de transmission des dossiers. Ensuite, le dispositif a bénéficié de leur connaissance des droits aux prestations de solidarité, de leur connaissance des situations individuelles ou locales, de leur capacité à globaliser l’aide.

Nouvelles institutions

14Aux institutions sociales décrites ci-dessus, il faut ajouter un autre ensemble hétérogène d’institutions qui, parfois pour la première fois, ou à titre exceptionnel, interviennent dans une démarche d’action sociale, de solidarité ou d’assistance sociale non catégorielle : les assurances sociales, les ASSEDIC, la direction départementale de l’Emploi, du Travail et de la Formation professionnelle (DDETFP), la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM), la commission d’endettement, les services fiscaux, etc.

15À la différence de bien d’autres institutions, les ASSEDIC acceptent généralement de participer au financement du FUS mais, en revanche, elles sont souvent réticentes à participer aux réunions d’admission au FUS. Fondées sur le principe du paritarisme et de la contribution sociale, elles refusent le rôle d’agents d’attribution d’une prestation d’assistance sociale. Le financement du FUS par les ASSEDIC apparaît souvent comme une contrepartie financière au refus d’engagement dans la procédure du dispositif (instruction, décisions d’attribution).

16Les autres institutions qui sont généralement impliquées dans les politiques de l’emploi (ANPE) sont largement absentes de la gestion du FUS ou bien assument uniquement une participation passive.

17Les services fiscaux participent parfois aux commissions d’attribution du FUS et sont une source d’information sur les dossiers litigieux mais, en règle générale, face aux situations d’insolvabilité, ils prennent des décisions autonomes et non en collégialité au sein des commissions.
Dans de nombreuses commissions d’attribution du FUS, l’endettement est utilisé comme critère important d’attribution mais, sauf exception (Ardèche), la commission d’endettement est absente du dispositif.

Les absents ou les oubliés

18Plusieurs institutions sont absentes ou sont exclues du dispositif du FUS : les syndicats, les associations caritatives et les mouvements de chômeurs.

19Revendiquer pour une revalorisation des minima sociaux ne correspond guère à la culture des syndicats, ni à leur tradition, ni à leur savoir-faire. Dans ce contexte, le rôle effectif des syndicats est largement dépendant des positions adoptées durant l’action des mouvements de chômeurs, mais aussi de leur action revendicative fondée sur le partenariat syndical employés-employeurs. Ils apportent parfois des aides substantielles pour le remplissage des dossiers de demande du FUS et participent à une certaine forme de contrôle ex post des décisions des commissions d’attribution. À aucun moment ils ne sont directement impliqués dans les réunions d’attribution du FUS.

20Malgré une forte médiatisation de l’occupation de bâtiments publics, les mouvements de chômeurs ne sont pas directement intégrés dans le dispositif du FUS. En fait, l’action des mouvements de chômeurs a été double. Ils ont souvent aidé à la diffusion de l’information et au remplissage des formulaires ; ensuite, dans des conditions nettement plus difficiles, ils ont exercé un contrôle externe sur les mécanismes d’attribution.

21À l’échelon national, le mouvement « Droit au logement » (DAL), a largement soutenu les mouvements des chômeurs et souvent participé aux manifestations et occupations de bâtiments. En revanche, les grands mouvements caritatifs (ATD Quart-Monde, Secours catholique, etc.) n’ont guère eu de rôle actif dans la gestion locale du FUS.

Limites du partenariat institutionnel

22Cette richesse partenariale apparaît surtout comme une addition d’institutions catégorielles qui tiennent à faire valoir chacune leur spécificité, à privilégier leur originalité et leur efficacité d’expertise auprès d’un « public » particulier. Cette fragmentation catégorielle oblige finalement l’État à jouer le rôle de dernier ressort dès que les manifestations d’exclusion sociale deviennent massives.

23En dépit des souhaits exprimés par le gouvernement dans la circulaire du 12 janvier 1998, le partenariat financier du FUS a, sauf exception, été un échec, résumé par la formule : « un front commun mais pas de fonds commun ». Cet échec provient de la conjonction de multiples facteurs : décision fréquente des partenaires décentralisés de ne pas abonder financièrement le dispositif, refus de nombreuses institutions sociales de subir le contrecoup d’une décision de retrait de l’UNEDIC dans la couverture du chômage d’exclusion, superposition du dispositif du FUS avec d’autres politiques d’action sociale propres à chaque institution, difficulté technique à constituer un fonds rassemblant des fonds publics et privés.

24Une contribution des institutions au fonctionnement du dispositif a parfois pris la forme d’une mise à disposition de personnels, pour aider les demandeurs à remplir les imprimés de demande, ou bien pour l’instruction des dossiers, sans qu’il soit possible d’en évaluer l’ampleur.

25Souvent, à côté d’un noyau actif d’institutions, le partenariat est limité : participation de principe afin d’être présent dans la procédure mais participation passive de fait. Ceci illustre parfaitement le caractère ténu des obligations des différents partenaires [3]. L’investissement des institutions est d’autant plus fragile ou instable qu’au départ, la décision d’implication est plutôt passive. La faiblesse du partenariat résulte aussi de l’absence de participation dès lors que les décisions à prendre sont extérieures au champ de compétence de l’institution concernée.
Une des originalités du FUS est de prévoir implicitement la fin du dispositif dès sa naissance et d’afficher un partenariat limité dans le temps. En effet, le principe d’un budget à guichet fermé signifie clairement qu’une fois le fonds épuisé, le FUS n’est promis à aucun avenir. L’annonce d’une poursuite de l’action du FUS dans un cadre plus institutionnalisé, à savoir la Commission de l’action sociale d’urgence (CASU), ne fait que renforcer le caractère éphémère du FUS. Finalement, le partenariat s’effiloche dans le temps ; après un investissement initial massif et rapide, suit une lente désaffection des institutions sociales dans la gestion du FUS [4].

Procédure de distribution de l’aide

26Ce partenariat institutionnel met en œuvre une procédure de distribution individuelle de l’aide qui suit deux grandes étapes, la première consiste à établir la demande individuelle d’aide, la seconde à déterminer l’attribution de l’aide à chaque bénéficiaire du FUS.

Élaboration de la demande

27Pour chaque personne souhaitant bénéficier d’une aide, l’établissement de la demande suit les étapes suivantes : accès aux formulaires de demande, remplissage du dossier et, instruction du dossier.

28Au départ, l’information sur la création du FUS est nationale. Télévision et presse écrite annoncent le démarrage du FUS à la mi-janvier 1998. Cette information est relayée par celle des préfectures dans les médias locaux. Le principe de la campagne d’information sur le FUS a été de ne pas chercher officiellement à écarter des groupes de population et, pratiquement, toutes les institutions décrites précédemment, ainsi que les mouvements de chômeurs, ont eu un rôle d’information auprès des populations concernées.

29Cependant, la qualité de cette information est très variable dans l’espace et dans le temps. Si l’information active de certaines institutions a été un élément à l’intérieur d’un engagement large dans les étapes suivantes du dispositif, à l’opposé, l’information passive d’autres institutions caractérise souvent le partenariat minimal : l’information sur le dispositif et la mise à disposition des formulaires sont alors assurées mais sans service particulier d’explication ou d’aide au remplissage des dossiers. La multiplicité des sources d’accès au FUS a aussi créé des superpositions de réseaux à l’échelon local, souvent communal, dont il est impossible de mesurer l’efficacité réelle.

30Après janvier 1998, le renouvellement de l’information a été faible. Le caractère éphémère du FUS et la limitation du budget ont créé une forte désincitation des institutions sociales pour fournir l’information auprès des ménages démunis.

31Ensuite, le remplissage des dossiers de demande d’aide incombe, officiellement, au demandeur. Cette solution est inspirée d’une volonté d’éviter aux populations démunies toute imposition de passage ou de contrôle par les organismes traditionnels de l’action sociale. Les dossiers sont donc déclaratifs. Au nom de l’urgence, ce degré de liberté dans le remplissage des dossiers et leur aspect déclaratif réduisent la qualité d’information des dossiers et vont créer un profond malaise parmi les décideurs dans tous les départements (manque d’information, suspicion de fraude).
Enfin, la notion d’instruction dans le cas du FUS est assez floue. Le principe du dossier déclaratif enlève également une grande part de légitimité à cette opération. Le moment de l’instruction dépend largement de l’institution qui est en contact avec le demandeur, et de son implication réelle dans le fonctionnement du FUS. Les organismes sociaux expérimentés dans l’instruction des dossiers ont eu tendance à effectuer un début d’instruction, même sommaire, en amont de la procédure d’attribution.

Procédure d’attribution

32Dans chaque département, la procédure d’attribution individuelle du FUS repose sur une institution, la Mission d’urgence sociale (MUS) qui a la responsabilité opérationnelle de la distribution de l’aide à l’échelon départemental ou local, sur la base de consignes nationales et locales. Elle réunit les représentants des organismes ayant une compétence dans le domaine de l’action sociale en faveur des populations défavorisées. Selon les départements d’autres partenaires sont associés (Banque de France, services des impôts, Croix Rouge, CPAM, etc.). Cette Mission généralement siège à la préfecture de chaque département. Parfois, elle est déconcentrée à l’échelon des arrondissements (fort afflux de dossiers, polarisations urbaines et politiques, etc.).

33Parfois, la DDASS constitue une première instance de décision et ne transmet à la MUS que les dossiers problématiques (Seine-Saint-Denis, Hérault).

34Le fonctionnement de ces commissions d’attribution est caractérisé par une surcharge de travail considérable et par une difficulté constante à prendre des décisions « justes », surtout lorsqu’elles sont déconcentrées.

35Plusieurs documents officiels, la circulaire du ministre de l’Emploi et de la Solidarité, datée du 12 janvier 1998, la note de la direction de l’Action sociale adressée le 19 janvier 1998 aux DDASS, la déclaration du Premier ministre du 9 janvier 1998 constituent les références nationales de mise en œuvre du FUS. Dans ces textes, quelques paragraphes indiquent les critères qui autorisent l’admission au FUS : situation de détresse grave, caractère exceptionnel de la dépense. Selon les textes, l’insuffisance chronique des ressources relève d’autres dispositifs qui sont en particulier les minima sociaux.

36Ces critères énoncent plus une philosophie d’action que des normes explicites d’attribution de l’aide et se situent dans le cadre traditionnel des discussions sur les prestations d’assistance aux personnes ou aux ménages démunis, avec un examen au cas par cas des dossiers de demande. Leur imprécision donne aussi au gouvernement la possibilité de gérer le conflit qui l’oppose aux mouvements des chômeurs sur un mode plus politique [5]. Le FUS entre alors en contradiction avec les revendications des chômeurs qui exigent la revalorisation des minima sociaux et aussi leur représentation dans les instances décisionnelles. En définitive aucune de ces deux revendications n’est satisfaite par les pouvoirs publics, ce qui provoque le désintérêt, voire l’hostilité, des mouvements de chômeurs à l’égard du FUS.

37Devant l’absence de critères nationaux explicites d’attribution de l’aide, les instances départementales sont contraintes d’élaborer elles-mêmes une doctrine et les modalités d’attribution de l’aide. Une distinction est alors nécessaire entre l’affichage de principes officiels locaux et l’élaboration de principes au sein des commissions d’attribution.

38Officiellement, certains départements (Ardèche, Loire-Atlantique, Nord, Rhône), s’en tiennent aux principes nationaux (tableau 2). Cette absence ou insuffisance de critères explicites est très déstabilisatrice et démobilisatrice pour les acteurs locaux : « Beaucoup partageront l’impression d’être embarqués sur un navire sans cap ». À l’opposé, d’autres départements annoncent officiellement des critères plus précis (barèmes, calcul du reste à vivre) pour garantir une juste répartition du FUS et des critères élémentaires d’équité. Dans les Alpes-Maritimes, la décision préfectorale est particulièrement originale car les critères se réfèrent explicitement au statut de chômeur et à ses conditions sociales.

39Lorsque les consignes préfectorales ne sont guère plus précises que les principes nationaux, les commissions locales d’attribution sont contraintes d’élaborer leur propre doctrine qui tient compte de l’insuffisance des ressources (« reste à vivre »), de la taille du ménage, de l’endettement, et de circonstances exceptionnelles. Les barèmes diffèrent d’un département à l’autre et sont construits surtout pour un usage indicatif.

40Cette « doctrine empirique » est élaborée progressivement sur un mode expérimental et de compromis entre les membres de chaque MUS et reflète dès lors les pratiques professionnelles des institutions sociales et des travailleurs sociaux.
Finalement, les principes du FUS obéissent à deux logiques institutionnelles différentes, l’une inspirée du mouvement des chômeurs, l’autre largement dominée par les services sociaux locaux. Initialement, il s’agit de répondre à un mouvement social, de résoudre une situation de revendication nationale créée par les luttes des comités de chômeurs et largement symbolisée par la « prime de Noël » conçue comme un acquis social dans le cadre de la gestion des assurances chômage. La mise en place de la gestion du FUS fait ensuite appel non plus à des représentations syndicales mais à des représentations de l’action sociale. De ce fait, une tendance lourde va progressivement modifier les critères d’admission au titre de l’urgence, vers une logique classique de secours fondés sur une évaluation individuelle des besoins.

Résultats du dispositif du FUS

41Les études départementales confirment largement les résultats du SESI (1998) [6] sur les caractéristiques socio-économiques des demandeurs du FUS. Elles permettent cependant de mieux préciser leur relation aux prestations d’action sociale. Elles permettent ensuite de révéler les stratégies locales dans la distribution des aides.

Pauvreté chronique des demandeurs

42Les études départementales révèlent toutes la pauvreté chronique de la grande majorité des demandeurs du FUS [7] L’analyse spatio-temporelle de la demande, l’examen des caractéristiques individuelles des demandeurs du FUS et le lien entre la demande du FUS et les autres prestations d’assistance permettent de mettre en lumière plusieurs originalités de l’aide.

Pauvreté et territoire

43Le lien possible entre la demande du FUS et la précarité des territoires provient d’un phénomène bien connu de concentration spatiale des situations de pauvreté : zones de désertification en milieu rural, zones de désindustrialisation, quartiers sensibles, etc.

44Les mouvements de chômeurs se sont développés plutôt en milieu urbain. Sachant que les CCAS des villes importantes ont des capacités d’action sociale plus importantes que les CCAS ruraux ainsi que des orientations souvent différentes, la question du caractère urbain de la demande du FUS est posée. Pourtant, selon les travaux d’enquête, l’opposition urbain/rural ne permet pas une identification claire de la demande du FUS car l’espace urbain est très hétérogène, incluant à la fois des aires de richesse et de pauvreté. De plus, la mobilisation locale en zone rurale a parfois été forte, par exemple pour inciter des ménages qui ne pouvaient bénéficier d’aucune prestation d’action sociale communale (souvent orientée vers les personnes âgées), à demander une aide du FUS.
Par ailleurs, l’étude de la situation en Seine-Saint-Denis, département urbanisé, permet d’apporter plusieurs réponses claires à l’échelon communal. En premier lieu, le lien observé entre l’intensité du chômage et le RMI, très connu au niveau des différences entre les départements (Vanlerenbergue P., 1992), est confirmé à un échelon plus fin, la commune. De même, le lien statistique entre la demande du FUS et l’intensité du chômage est aussi très fort. La conclusion principale que cette approche suggère que la demande du FUS n’est pas seulement le résultat plus ou moins mécanique de l’intensité de la précarité dans les communes [8], mais également celui d’une forte mobilisation sociale des communes concernées (voir graphique 1).

Graphique 1

Relation entre le taux de chômeurs et le taux de demandeurs du FUS parmi les chômeurs dans les communes de Seine-Saint-Denis

Graphique 1

Relation entre le taux de chômeurs et le taux de demandeurs du FUS parmi les chômeurs dans les communes de Seine-Saint-Denis

Lecture : chaque point représente une commune de Seine-Saint-Denis.
Source : Fassin D. Didier, Anne-Claire Defossez, Rapport départemental, 1999.

Évolution de la demande du FUS dans le temps

45Dès le 19 janvier 1998, les préfectures et les DDASS sont submergées par l’arrivée des dossiers de demande du FUS ; environ 60 % du total des dossiers arrivent au cours du premier mois de fonctionnement du FUS. Naturellement la publicité du FUS par l’action des mouvements de chômeurs et celle des pouvoirs publics a eu une influence certaine sur le volume de la vague initiale des demandes. Cet afflux des demandes initiales est aussi la marque d’une accumulation antérieure de situations de pauvreté chronique.

46Mais, très vite, le volume de la demande du FUS connaît une baisse très forte dans tous les départements. Sauf exception (Seine-Saint-Denis), l’action des mouvements se réduit assez rapidement. Le FUS fonctionne alors sur un flux de demande qui connaît une transformation progressive vers un « profil » plus conforme à celui des bénéficiaires traditionnels des services d’action sociale locale.

Caractéristiques sociales des demandeurs du FUS

47Une des hypothèses initiales dans la mise en œuvre du FUS a été de considérer qu’une partie significative des demandeurs potentiels du FUS serait des personnes extérieures aux circuits traditionnels de l’action sociale et que le nouveau dispositif permettrait de faire émerger un segment nouveau de la pauvreté en France.

48Parallèlement à cette hypothèse, une autre question tient à l’influence supposée de la dispersion des pratiques organisationnelles locales du FUS sur la révélation de la demande, soit dans son volume, soit dans sa structure.

Caractéristiques socio-démographiques des demandeurs

49Dès lors que les jeunes de moins de 25 ans sont presque totalement exclus du bénéfice de l’allocation du RMI, il est possible que le FUS ait été une opportunité de révélation de leur situation de détresse cumulant l’absence de ressources et une rupture avec le milieu familial. Pourtant, leur proportion parmi les demandeurs du FUS est faible, et leur proportion parmi les jeunes qui demandent le FUS ne semble pas nettement plus forte que parmi les autres classes d’âge. De plus, ils bénéficient plus rarement que les autres d’un accompagnement social et sont peu connus des services sociaux.

50Selon les enquêtes départementales et les travaux du SESI, l’isolement et la monoparentalité des demandeurs du FUS sont aussi manifestes. De plus, la croissance de la proportion des ménages monoparentaux au cours du fonctionnement du FUS (Alpes-Maritimes) confirme l’hypothèse d’une orientation progressive du dispositif vers les demandeurs traditionnels des services sociaux.

Manque chronique de ressources et endettement

51Bien que le gouvernement ait affirmé que le FUS ne devait pas servir de complément de ressources aux ménages pauvres, l’analyse de la demande effective montre, au contraire, la présence d’une pauvreté chronique, en dépit de l’apport des autres prestations d’action ou d’aide sociale, d’allocations spécifiques ou de revenus minima. La paupérisation provient de l’absence totale de ressources (environ 10 % des demandeurs du FUS déclarent une absence totale de ressources), et/ou de charges économiques liées à la présence d’une famille avec enfants ou encore d’un fort endettement.

52Quelles que soient les méthodes utilisées ou les critères adoptés pour mesurer le manque ou l’insuffisance de ressources, la conclusion demeure la même : une large majorité des demandeurs du FUS est objectivement et subjectivement pauvre. Tous les dispositifs en place pour résorber ou atténuer cette pauvreté matérielle sont globalement insuffisants ou défaillants.
Les enquêtes disponibles indiquent une forte fréquence de l’endettement des ménages qui demandent le FUS. L’endettement élevé est nettement plus fréquent chez les couples avec enfants, en dépit d’un taux d’activité économique plus élevé. Les raisons de l’endettement sont très variées mais prioritairement liées au logement. Les enquêtes départementales confirment également un fait déjà connu, celui de l’accroissement de l’endettement « passif ». À l’endettement excessif lié à une mauvaise maîtrise des possibilités de crédit qui caractérise l’endettement « actif », s’ajoute un endettement passif dont les observations sur le FUS sont une confirmation.

FUS et autres prestations sociales

53Dès 1992, les conclusions de la commission d’évaluation du RMI avaient pointé cette insuffisance à la fois chronique et désastreuse du manque de ressources dès qu’un événement exceptionnel accentue encore la misère des bénéficiaires (Barthe M.-A. et al. ; Vanlerenbergue P., 1992). L’analyse de la demande du FUS permet de rendre compte, une fois de plus, de l’insuffisance des dispositifs d’aide aux populations démunies en France (Gaulle (de)-Antonioz G., 1995) et, en particulier, de celle des minima sociaux.

54La demande du FUS est fondamentalement liée à l’insuffisance du montant des minima sociaux. Par exemple, dans la Drôme (Martin G., Faure E., 1998), un quart des demandeurs du FUS se plaint d’avoir des difficultés avec les autres demandes de prestations. Les demandeurs de revenus minima (en particulier du RMI), demeurent souvent sans ressources durant l’attente d’une confirmation de leur droit, durée qui peut s’étaler sur plusieurs mois. De plus, « chaque dispositif construit un » profil « qui n’est pas celui de la population précaire en général, mais du segment de population auquel il s’adresse en particulier » (Nord).

55La relation entre le FUS et le RMI prend des formes particulières. Dès lors que la répartition nationale du fonds entre les départements a été établie sur des critères qui incluent le taux de RMI, les allocataires du RMI peuvent être considérés comme un public prioritaire du FUS. De plus, les demandeurs de RMI sont plus enclins à demander le FUS dès lors que les modalités administratives de l’expression de la demande du FUS ne sont pas très éloignées de celles du RMI. Les allocataires du RMI possèdent une information et une expérience qui les rendent sans doute plus familiers du système de demande du FUS. Du côté des décideurs d’attribution du FUS, le simple bénéfice du RMI peut aussi devenir un indicateur de précarité qui facilite la décision d’attribution du FUS.

56Toutefois, le décalage entre la population des demandeurs du FUS et les bénéficiaires de revenus minima demeure important. La proportion d’allocataires du RMI qui demandent le FUS est assez faible. Plusieurs explications de ce décalage peuvent être avancées :

  • le RMI est une prestation multidimensionnelle, pas le FUS ;
  • l’attribution même du RMI ne suit pas exactement les mêmes règles et les mêmes circuits administratifs ; le RMI est un droit tandis que le FUS est plutôt un secours exceptionnel ;
  • il n’est pas impossible que certains allocataires du RMI aient craint de voir le montant de l’allocation du RMI diminuer de tout ou partie du montant du FUS ;
  • les commissions d’attribution du FUS ont parfois fait connaître leur forte sélectivité à l’encontre des allocataires du RMI.
Le plus souvent, le FUS a été interprété et utilisé comme une aide ponctuelle complémentaire, exceptionnelle par rapport aux autres aides en faveur des ménages démunis. Toutefois la proximité des situations sociales des demandeurs d’aides aux différents guichets disponibles (CCAS, CAF, etc.), la spécialisation catégorielle de ces guichets et le caractère parfois facultatif des aides ou des secours ont pu engendrer des comportements stratégiques de substitution-complémentarité. Dans le cadre d’une stratégie d’aubaine ou de substitution en direction du FUS, des CCAS ou des services départementaux d’aide sociale ont parfois pu utiliser le FUS comme une opportunité vis-à-vis de personnes qui, de toute façon, n’auraient bénéficié d’aucune autre aide. Toutefois, les tentatives de report d’aides sociales vers le FUS paraissent témoigner plus d’intentions que d’actes, plus d’actes très ponctuels que de pratiques massives des collectivités territoriales.

57Le dispositif du FUS a aussi fonctionné comme un révélateur de droits à d’autres prestations de l’autre. Ainsi, les demandes du FUS motivées par des problèmes de dettes de logement ont révélé une insuffisance ou une inadéquation des dispositifs spécifiques. Le FUS a été une sorte de guichet polyvalent et de révélateur des possibilités d’obtenir une prestation du Fonds de solidarité pour le logement (FSL). De même, le problème du partage entre le FUS vis-à-vis des jeunes et le Fonds d’aide aux jeunes (FAJ) a été posé dans tous les départements. Le FUS a révélé l’inadaptation du Fonds d’aide aux jeunes dans sa forme actuelle vis-à-vis des jeunes.

58Selon l’enquête du SESI (1998), en France, seuls 59 % des demandeurs du FUS étaient connus des services sociaux, résultat qui a souvent été interprété comme la marque d’un échec des politiques sociales en faveur des populations démunies. Toutefois, cette évaluation des contacts, uniquement évaluée à partir des déclarations des demandeurs du FUS, s’avère largement sous-estimée. En Ardèche, une étude systématique de la relation entre demandeurs et services sociaux montre que le pourcentage des demandeurs du FUS connus des services sociaux est de 86 %. Dans un contexte économique et social d’accroissement du chômage et de dégradation sociale de quartiers de ville, certains groupes de nouveaux pauvres ou en processus de forte paupérisation ne sont pas connus immédiatement des services sociaux. Ceux-ci viennent alors alimenter la population des bénéficiaires du FUS inconnus des services sociaux : jeunes, chômeurs en fin de droit, personnes en attente de droits sociaux, de minima sociaux, de migrants ou immigrants. En définitive, le FUS n’a pas révélé une population large, nouvelle, inconnue des services sociaux.

Attribution de l’aide du FUS

59En bout de chaîne, l’attribution réelle de l’aide du FUS dépend non seulement des pratiques de révélation de la demande ou de l’interprétation locale des principes nationaux et des critères locaux (barèmes, ciblage) d’éligibilité, mais aussi de la pratique des membres des MUS ou des commissions d’attribution.

Équité dans l’attribution de l’aide

60Les références à l’équité entrent dans trois stades différents de la procédure d’attribution de l’aide, le recours ou le non recours, l’acceptation ou le rejet des dossiers, enfin les montants de l’aide accordée.

Recours/Non recours

61D’une façon générale, une forme d’iniquité dans le bénéfice d’une prestation provient du non recours (« non take-up »), c’est-à-dire de l’absence même de demande d’allocation de la part de personnes qui, pour divers motifs, auraient pu légitimement formuler une demande (Atkinson ?., 1995 : 51 ; Sen ?., 1995 : 13 ; CNAF, Recherches et Prévisions, 1996, n° 43).

62Le dispositif du FUS a également connu plusieurs formes de non recours. Si, en janvier 1998, le défaut de production d’information sur le FUS a été rare, en revanche, l’absence d’information active, au cours des mois qui ont suivi, a certainement influé sur la demande d’aide. Le non recours provient aussi du manque d’information sur les conséquences qu’une demande du FUS pouvait avoir sur les autres prestations d’assistance perçues, ainsi que de l’effet de filtre réel ou supposé des services des CCAS, des mairies, des travailleurs sociaux et des centres médico-sociaux. Il faut y ajouter l’exclusion explicite, variable selon les départements, de certains groupes de population (immigrés vivant en foyer, SDF, jeunes vivant au domicile de leurs parents), et l’exclusion implicite, cachée, des illettrés dans l’incapacité de formuler leur demande du FUS par écrit.

63Enfin, une autre source de non recours réside dans des comportements de refus de demande par des bénéficiaires potentiels, d’une prestation qui s’apparente à un secours social et non pas à une prestation directement liée à leur statut de chômeur.

Acceptations/Rejets

64Il convient ensuite d’examiner les conditions dans lesquelles l’attribution individuelle du FUS a été décidée. L’analyse des acceptations ou rejets présente un intérêt particulier dans le cas du FUS dans la mesure où les critères d’attribution ne sont guère restrictifs en terme de catégories et les dossiers de demande largement déclaratifs. Selon les départements enquêtes, le taux d’acceptation des dossiers oscille entre 65-90 % des dossiers de demandeurs. Ces taux ne sont pas toujours restés constants au cours de la période du FUS. Leur variation résulte des changements de caractéristiques socio-économiques des demandeurs au cours du temps. Cependant, les études départementales suggèrent plutôt une interprétation en terme de stratégie d’attribution de la part des commissions car en janvier et début février 1998, les acceptations sont une variable politique vis-à-vis du mouvement des chômeurs.

65En France, au nom d’une politique en faveur de l’insertion professionnelle des jeunes, les minima sociaux leur sont interdits (CSERC, 1997). L’acceptation plus restrictive des jeunes au FUS résulte d’une politique discriminatoire à l’encontre de ceux qui vivent chez leurs parents et, dans ce cas, d’une élimination des doubles demandes rédigées à la fois par les parents et par les enfants. De plus, le ciblage du FUS sur les ménages endettés a eu un effet négatif sur les jeunes, généralement peu endettés. Cette politique discriminatoire est combinée à une attention plus particulière pour les jeunes isolés, et des décisions de réorientation vers les FAJ relativement fréquentes.

66La plupart des enquêtes disponibles montrent également la sensibilité des commissions d’attribution à la situation de monoparentalité des demandeurs du FUS. Parmi les demandeurs du FUS, les ménages monoparentaux on une probabilité plus forte d’obtenir une aide.

67Dans les départements qui ont élaboré un barème d’attribution du FUS, la probabilité d’acceptation est largement liée à l’intensité de la pauvreté déclarée. Dans les départements qui n’ont pas élaboré une telle règle, cette relation n’existe pratiquement plus ou apparaît même en sens inverse : les taux d’attribution sont parfois plus faibles parmi les « sans ressources ». Ceci confirme alors l’idée que le FUS n’a pas été utilisé comme un dispositif de lutte contre la pauvreté chronique. En revanche, la probabilité d’acceptation a été réellement sensible à l’endettement. Le FUS a été prioritairement utilisé en faveur des ménages peu endettés, les autres étant orientés vers la commission d’endettement.

68Dans la Drôme, 71,7 % des dossiers rejetés correspondent à des demandeurs qui ont déclaré n’avoir pas eu de contacts antérieurs avec les services sociaux. Cette donnée est largement confirmée par la situation en Loire-Atlantique (tableau 4). La non connaissance réelle par les travailleurs sociaux a probablement été interprétée comme une indication de non priorité de l’aide. Ceci n’a rien d’exceptionnel et a déjà été noté dans les études d’attribution d’autres prestations telles que le RMI (Gilles-Simon M.-O., Legros M, 1996 : 54).
Les commissions d’attribution du FUS ont effectué plusieurs types de réorientation, avec ou sans aide du FUS : réorientation vers le FAJ, vers le FSL. Cette orientation est assez rare ; elle ne fait l’objet d’aucun suivi et est extrêmement sensible aux compétences présentes dans la commission d’attribution.

Montant de l’aide

69La doctrine qui prend corps au cours du dispositif est une combinaison de plusieurs références :

  • le traitement égalitaire en cas d’ignorance ou pour répondre aux revendications des mouvements de chômeurs,
  • le traitement redistributif qui accorde des aides d’autant plus fortes que la précarité est forte ;
  • enfin le traitement personnalisé afin de prendre en compte les situations particulières de détresse qui sont difficilement perceptibles dans l’application de barèmes.
Le premier constat est celui d’une différence très substantielle des montants moyens accordés au titre du FUS, entre les départements. En Seine-Saint-Denis : « les montants alloués étaient bien supérieurs aux secours d’urgence habituellement donnés dans les mairies ou les associations et, au fond, assez proches en valeur de ce que l’UNEDIC attribuait avec les fonds sociaux ». Ceci suggère que les départements qui ont cherché à répondre aux revendications des chômeurs ont mis en place une aide plus élevée (en moyenne 2 200 F) qu’ailleurs. Souvent le montant de 3 000 F a été utilisé comme un plafond d’aide.

70Parmi les bénéficiaires du FUS, l’effet redistributif du montant de l’aide est très net dans les départements qui appliquent un barème ou le principe du « reste à vivre ». En revanche, dans les départements qui ont refusé d’établir de telles normes (tableaux 3, 4), le montant de l’aide semble peu ou pas sensible au montant des ressources des bénéficiaires.

71Plusieurs éléments réduisent le caractère redistributif de la prestation : le caractère déclaratif des demandes rend tout essai d’évaluation de la redistribution des revenus très fragile et sujet à caution ; le caractère ponctuel de l’aide n’incite guère à mettre en œuvre un dispositif lourd de normes de répartition de l’aide mais plutôt l’application d’une norme égalitaire ; enfin la priorité à l’attribution d’urgence met au second plan l’aspect redistributif de la prestation. Il faut également tenir compte du rôle d’extinction de dettes ou de relais en attente de droits joué par l’aide du FUS.

72Certains départements ont arbitré entre la sévérité dans les décisions d’acceptation et dans la fixation du montant de l’aide. Un taux de rejet plus faible en Ardèche a été compensé par une aide plus faible, comparativement au département du Rhône. Toutefois des contre-exemples limitent la portée d’une généralisation.
L’étude économétrique sur la Loire-Atlantique (tableau 4), département sans barème et sans normes locales explicites, montre très clairement que le montant est particulièrement sensible à la taille de la famille, à la présence d’événements exceptionnels (alors que le fait d’accepter ou de rejeter le dossier ne l’est pas), ainsi qu’au moment du dépôt du dossier (comme le taux d’acceptation). Après deux mois de sélection sévère des dossiers, non seulement le taux d’acceptation augmente, mais le montant de l’aide également.

FUS et urgence d’intervention

73Quelles que soient les interprétations possibles de l’urgence, toutes renvoient au temps, temps individuel et temps collectif, temps des personnes et temps des administrations, etc. Les enquêtes départementales sur le FUS ont permis de fournir une évaluation des délais de réponse des commissions d’attribution et de rendre compte des conceptions de l’urgence par les différents acteurs.

74A priori, l’affluence initiale des dossiers au moment de la mise en place du dispositif en janvier 1998 (MUS, commissions d’attribution) aurait pu expliquer un retard ou un délai important entre le moment du dépôt de la demande et la décision de la MUS ou de la commission d’attribution. Selon S. Péchard (1998 : 7), en France, le délai moyen entre le dépôt de la demande et la réception de l’aide a été d’environ cinq semaines. Souvent, les MUS ont tenté de répondre rapidement à l’urgence du moment et à la pression des mouvements de chômeurs (21 jours dans les Alpes-Maritimes). Une fois cette période d’affluence des dossiers passée, les délais s’allongent nettement. L’établissement progressif d’une doctrine d’attribution avec des contrôles plus poussés ainsi qu’un désinvestissement progressif des membres des MUS vis-à-vis d’un système provisoire sont les deux explications majeures de cet allongement.

75Dans plusieurs départements, les dossiers qui manifestement n’obéissent pas aux critères d’attribution sont traités rapidement. Les autres dossiers demandent peut-être plus d’attention ou de recherche d’information, d’où un allongement des délais pour ceux qui ont une plus forte probabilité d’être acceptés.
Les enquêtes départementales sur le FUS soulignent la quasi absence de définition claire de la notion d’urgence dans le cas de la gestion du FUS [9]. En revanche, le pragmatisme de la démarche permet de rendre compte des différents rôles qu’elle a joués dans l’ensemble des mécanismes d’attribution :

76

  • l’urgence marque un seuil de gravité de la pauvreté en France, du fait de son étendue, de son intensité et de sa durée (insistance sur l’insuffisance des moyens pour vivre) ;
  • elle est souvent justifiée par l’apparition d’événements exceptionnels (endettement, maladie, etc.) caractérisés par la détresse et le malheur (Maurel E., 1993 ; Sassier M., 1996), qui créent des besoins ne pouvant pas être couverts par les ressources courantes telles que les revenus minima ; leur transcription dans le langage administratif a été laissée aux acteurs locaux qui se sont le plus souvent retournés vers des terminologies plus classiques de l’action sociale ;
  • elle révèle également l’idée d’une insuffisance d’autres politiques sociales traditionnelles, en particulier des revenus minima (trop longue durée de la procédure d’attribution des prestations) ; la différence de temporalité entre le temps vécu par les personnes et le temps administratif a été largement mise en lumière dans le cadre du FUS ;
  • elle provient aussi de la fragmentation des réponses institutionnelles et de leur cloisonnement ; l’urgence est alors la conséquence d’une série d’échecs des politiques sociales antérieures, échec des politiques de prévention, échec des politiques globales, échec des politiques d’insertion, toutes politiques qui sont fondées sur une autre chronologie et temporalité.
Le FUS est conçu, dès le départ, comme une intervention en urgence dans un dispositif éphémère. Localement, personne ne sait exactement quand le FUS s’arrête [10]. De plus, le FUS apparaît comme une aide non renouvelable. Peu de ménages ont demandé et obtenu plusieurs fois une aide du FUS. D’après les enquêtes départementales, ceci tient de l’évidence, de l’implicite, du non-dit, sans autre forme de justification.
Toutes les études locales montrent que la nécessité d’intervenir en urgence s’est faite au détriment d’un examen des dossiers en termes de droit social fondé sur l’équité des décisions prises. Le problème soulevé dans tous les rapports traduit la tension entre le droit et l’urgence d’intervention. Progressivement, l’autonomisation de l’intervention en urgence bénéficie d’une nouvelle légitimité (accès à l’hôpital, action humanitaire) (Dourlens C., 1998).

Conclusion

77Il est assez difficile de parler de dysfonctionnement dans la mise en œuvre du FUS dès lors que les normes sont vagues et, qu’en définitive, l’intervention en urgence a effectivement été appliquée. Au terme de cette analyse du FUS, plusieurs constats doivent être relevés.

781 – Contrairement à une idée qui a prévalu au démarrage du FUS, ce dispositif n’a pas révélé une nouvelle population pauvre dont les caractéristiques socio-économiques seraient différentes des populations « traditionnelles » de l’action sociale ; globalement, la situation socio-économique des demandeurs et des bénéficiaires du FUS est proche de celle des bénéficiaires des autres formes de l’action sociale.

792 – Le dispositif oscille entre un fonds d’urgence économique et un fonds d’urgence politique. Initialement, c’est la révolte des travailleurs précaires, disqualifiés (Paugam S., 1991, 1993, 1996) ou désaffiliés (Castel R., 1995), qui provoque l’urgence de l’intervention au niveau collectif : implication très forte des préfets et de leurs services directs dans la gestion du conflit, usage « technique » des autres institutions sociales, manipulation autour des critères d’admission, partenariat vertical, mise en œuvre uniforme du FUS sur l’ensemble du territoire, caractère éphémère analogue à d’autres interventions sociales sans lendemain, absence de suivi, de bilan collectif et, oubli.

80Les collectivités territoriales et les acteurs locaux de l’action sociale ont dénoncé, à travers le FUS, une tentative d’un retour de l’État dans l’action sociale en faveur des populations démunies. Ce discours un peu convenu masque en fait les difficultés des collectivités territoriales et des grands organismes de protection sociale à répondre correctement au phénomène de pauvreté croissante en France durant les décennies 1980 et 1990.

81De même, le FUS a fonctionné comme un moyen d’intervention d’urgence économique sous une forme purement assistantielle (Alfandari E., 1987 ; Eardley T. et al, 1996 ; Gough I., 1998), en rupture avec plusieurs tendances passées. La procédure du FUS est en rupture apparente avec le modèle traditionnel de l’allocation sous conditions de ressources mais, paradoxalement, l’absence de critères d’éligibilité clairs a renforcé les aspects discrétionnaires des décisions prises par les commissions d’attribution. Ensuite, le FUS ne possède pas de contrepartie directe et demeure totalement extérieur au débat sur l’activation des dépenses sociales. Enfin, le FUS est resté totalement extérieur à la pratique des services sociaux qui, au-delà des allocations diverses, tentent de restaurer chez les individus concernés une confiance en soi, un nouveau réseau de relations, une possibilité d’employabilité, etc. Ce décalage entre la pratique largement constitutive de la profession des travailleurs sociaux et le mode de décision de l’attribution du FUS a été à la source de l’embarras des travailleurs sociaux vis-à-vis du dispositif.

823 – La référence à la notion d’accompagnement individualisé demeure totalement étrangère au monde de la revendication syndicale. Le FUS est revendiqué positivement comme une prestation à des personnes dont le manque principal est celui de revenu. Aucune revendication des mouvements de chômeurs ne porte sur une resocialisation par l’intermédiaire des institutions sociales traditionnelles. De ce fait, le FUS a replacé la question de la précarité dans les rapports entre la protection sociale et le travail.

83Nouvelle expression des luttes sociales, il a combiné les expressions classiques de la revendication syndicale, mais parfois en marge des grandes centrales syndicales, et les demandes de prestations sociales largement marquées par le sceau de l’assistance et de l’action sociales. L’épisode du FUS montre également comment cette revendication a vite été transformée en objet d’action sociale.

844 – Si, politiquement, la mise en place opérationnelle du dispositif a été une action conjoncturelle de régulation pour le maintien de la cohésion sociale, il n’en demeure pas moins qu’il apparaît aussi comme un épisode historique de défiance à l’égard de l’évolution du système français de protection sociale (UNEDIC, minima sociaux). Il est une fois de plus le révélateur de décalages entre les intentions et les actes, de tensions entre les institutions et les procédures, de contradictions dans le fonctionnement de la protection sociale en France.

85À court terme, la période de revendication des mouvements de chômeurs et celle de l’attribution du FUS ont naturellement eu des répercussions sur la rédaction de la loi sur l’exclusion sociale. L’expression la plus connue est celle de la création de la Commission de l’action sociale d’urgence (CASU), la revendication d’un guichet unique et polyvalent et la revalorisation annuelle des minima sociaux.
Finalement, il révèle une tension issue d’une suite de politiques sociales qui ont établi graduellement des dispositifs de lutte contre la pauvreté sur une fragmentation des droits et des institutions.

Annexes
Tableau 1

Liste des départements étudiés et des équipes de recherche

Tableau 1

Liste des départements étudiés et des équipes de recherche

Tableau 2

Critères officiels départementaux ou de la MUS*

Tableau 2
* En italique les propositions officielles.

Critères officiels départementaux ou de la MUS*

Tableau 3

Variables explicatives de l’acceptation au FUS (selon les rapports départementaux*)

Tableau 3
* Le taux d’acceptation très élevé dans l’Hérault limite toute sensibilité à l’égard des variables ci-dessus, à l’exception de l’endettement.

Variables explicatives de l’acceptation au FUS (selon les rapports départementaux*)

Tableau 4

Variables influençant l’acceptation et le montant du FUS en Loire-Atlantique (régressions)

Tableau 4
Lecture : l’intensité de l’effet d’une variable explicative sur les variables dépendantes (« Acceptation » ou « Montant du secours ») est représentée par le nombre de signes : + ou – : significatif entre 5 et 10 % d’erreur + + ou – - : significatif entre 1 et 5 °/o d’erreur + + + ou – - – : significatif à moins de 1 % d’erreur. « Acceptation 1 » représente l’impact des variables socio-démographiques des demandeurs sur la probabilité d’acceptation ; « Acceptation 2 » représente l’impact des variables directement associées aux politiques d’assistance et du Fus ; « Acceptation 3 » regroupe toutes les variables explicatives précédentes ; une seule régression « Montant » a été faite pour rendre compte de l’impact des variables explicatives sur le montant de l’aide accordée. (1) Unité de consommation. Source : Retière J.-N., Rapport départemental, 1999.

Variables influençant l’acceptation et le montant du FUS en Loire-Atlantique (régressions)

Notes

  • [1]
    Cet article n’aurait pas pu être écrit sans le travail des équipes de recherche qui ont élaboré les rapports départementaux sur le dispositif du FUS. Je tiens à remercier ici l’ensemble des chercheurs qui ont participé à cette entreprise (voir tableau 1). Mes remerciements vont également à F.-C. Wolff du LEN-CEBS pour ses compétences en économétrie.
  • [2]
    LEN-CEBS, université de Nantes, MSH Ange Guépin.
  • [3]
    Voir article de Maryse Bresson dans ce numéro : « Les conséquences du FUS dans le Nord : une redéfinition des rôles des partenaires de la décentralisation ».
  • [4]
    Voir article de Gilles Frigoli dans ce numéro : « La construction locale de l’offre d’une prestation comme production de l’action sociale : le cas du FUS ».
  • [5]
    Cf. étude du CEPEL (Pierre Valarié et Cristel Arrouet) dans le département de l’Hérault.
  • [6]
    Voir article de Jean-Paul Zoyem dans ce numéro : « La distribution du FUS : un exemple de gestion décentralisée de l’aide sociale ».
  • [7]
    Voir article de Dominique Mansanti dans ce numéro : « Pauvreté et risque : les déclinaisons de l’urgence sociale ».
  • [8]
    Voir article de Didier Fassin, Anne-Claire Defossez et Valérie Thomas dans ce numéro : « Les inégalités des chances dans l’accès aux secours d’urgence ».
  • [9]
    Voir articles précités de Dominique Mansanti et de Maryse Bresson dans ce numéro.
  • [10]
    Voir article de Jean-Noël Retière dans ce numéro : « En retard pour l’aide d’urgence… analyse de courriers de demandeurs ».
Français

Résumé

Le Fonds d’urgence sociale est une mesure sociale conjoncturelle décidée au moment des manifestations des mouvements de chômeurs en janvier 1998. Cet épisode du FUS a fait l’objet d’une série d’études locales sur le fonctionnement du dispositif dans sept départements. Le présent article est largement inspiré du rapport de synthèse de ces études locales.
Créé dans l’urgence, le dispositif est fondé sur un partenariat institutionnel dont les qualités sont extrêmement variables, autour de l’autorité du préfet. Localement des commissions d’attribution ont dû élaborer leurs propres critères d’attribution individuelle de l’aide. Leur fonctionnement durant plusieurs mois, a permis, une nouvelle fois, de mettre en lumière les lacunes du système français de protection sociale, en particulier à l’égard des populations les plus démunies.

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Denis Bouget [2]
LEN-CEBS, université de Nantes, MSH Ange Guépin.
  • [2]
    LEN-CEBS, université de Nantes, MSH Ange Guépin.
Mis en ligne sur Cairn.info le 01/06/2010
https://doi.org/10.3917/rfas.011.0051
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