Comment s’effectue la rencontre entre une médecine ambulatoire largement privée et un pacte social national pour organiser le marché des offreurs de soins français ? Chercher à répondre à cette question revient à se demander dans quelle mesure des acteurs libéraux privés, les maisons de santé pluriprofessionnelles par exemple, peuvent être analysés comme un instrument [Lascoumes et Le Galès, 2004] des politiques publiques en vue de garantir une offre de soins sur le territoire. Le premier recours, c’est-à-dire le médecin qui rencontre d’abord le patient et qui l’oriente ensuite dans un parcours de soins, demeure en France libéral et résiste régulièrement aux tentatives de socialisation de l’organisation de l’offre de soins [Arliaud, 1987]. Pourtant, comme « fragiliser le premier recours conduit à l’aggravation des pathologies et au gonflement artificiel des budgets publics du dernier recours » [Batifoulier, 2014, p. 82-83], plusieurs mesures – de gouvernance [Bergeron et Castel, 2010], de contrôle des dépenses de santé [Palier, 2010] comme d’amélioration de la qualité des soins [Setbon, 2000] – favorisent parallèlement le développement d’un exercice regroupé et coordonné de la médecine. Les maisons de santé pluriprofessionnelles, introduites dans le Code de la santé publique par la loi de financement de la sécurité sociale du 19 décembre 2007, s’inscrivent dans cette recomposition de l’offre de soins.
L’exercice regroupé de la médecine n’est plus un phénomène atypique en France depuis le développement des réseaux de santé [Schweyer, 2005]…