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Si cette pandémie présente une vertu, c’est celle de nous avoir imposé, individuellement et collectivement, en Belgique comme dans les autres pays européens, une prise de position explicite à l’égard de tensions philosophiques et idéologiques qui sont généralement cantonnées dans les contours de la sphère privée. J’identifie en effet trois articulations, que je qualifierai d’éthiques, dont les problèmes rencontrés et les mesures prises pour les résoudre ont été marquées. Ces articulations éthiques se sont invitées dans le débat politique, public et médiatique en suivant une chronologie somme toute assez logique car elles ont accompagné les moments forts de cette crise. Très rapidement, avec l’imposition des mesures de sécurité d’une part et le confinement, parfois très radical, d’autre part, il aura été question de l’articulation entre « liberté et responsabilité ». Une occasion de constater que l’idée que l’on se forge de ces concepts est caractérisée par une forme de consensus mou, une forme d’universalisme qui n’est en fait que le résultat de la prégnance d’idéologies néolibérales et capitalistes.
Une pensée unique prévaudrait alors que la liberté et la responsabilité n’ont cessé d’habiter les esprits les plus brillants depuis l’antiquité et que la palette de postures à l’élaboration de laquelle les philosophes ont participé détonne remarquablement avec la pauvreté du débat actuel. Confrontés, comme tous les autres systèmes de soins par le monde, à la progressive saturation des hôpitaux, des choix auraient été faits pour trier les patients, résultat d’une seconde articulation, exigeante, entre les valeurs qui doivent présider au maintien de la vie ou à la résignation à l’inéluctable…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 15/06/2021
- https://doi.org/10.3917/rfse.026.0173

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