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Sans la santé il est difficile voire impossible de participer à la vie sociale et démocratique. La pandémie a rappelé la nature exceptionnelle du « bien » santé qui conditionne tout le reste et peut suspendre l’économie, comme les stratégies de confinement l’ont montré spectaculairement. L’analyse économique standard n’y voit que l’expression d’un calcul. En se centrant sur le coût que la société serait prêt à supporter pour réfréner l’épidémie, elle reste focalisée sur la possibilité d’un arbitrage entre économie et santé comme si on pouvait échanger la bourse et la vie. Elle cherche rarement à s’interroger sur le type d’économie ou de politique économique qui serait la plus protectrice de la santé de la population ni sur l’ampleur de la réduction des inégalités qui serait compatible avec l’accès aux soins. L’analyse économique standard cherche à appliquer au secteur de la santé les catégories usuelles de l’analyse économique et en particulier ses notions de rationalité individuelle et de marché. Les spécificités du secteur de la santé sont traitées comme des imperfections par rapport au modèle de base.
À l’inverse, la socio-économie nous invite à comprendre les acteurs du soin (patients et soignants) sans réduire l’ensemble des dimensions de la rationalité humaine à un calcul d’intérêt. Si cette vision pose problème dans de nombreux domaines, le secteur de la santé est sans doute celui où cette transposition est la plus incohérente. Alors que l’homoéconomicus est invincible, le malade angoissé est bien éloigné de la figure du consommateur rationnel ou de celle de l’assuré prévoyant…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 15/06/2021
- https://doi.org/10.3917/rfse.026.0013

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