Alors que le terme de « crise » est sans cesse mobilisé depuis le milieu des années 2000 pour décrire une industrie pharmaceutique financiarisée, en spéculant sur un nombre limité d’innovations à valeur ajoutée clinique importante, cet article propose d’élargir la perspective en considérant les capitalismes pharmaceutiques des Nords et des Suds dans leur diversité. Nous présentons une analyse socio-historique de plusieurs modes de déploiements de ces industries de santé et des conditions de « félicité » de leur modèle scientifique et financier. Insistant sur l’importance des infrastructures politiques de construction des marchés et sur les ordres institutionnels dans lesquels s’insèrent les industries (et qu’elles contribuent à façonner), nous montrons qu’il est possible de lire le développement des capitalismes pharmaceutiques à l’aune de trois critères : le degré de financiarisation, les formes de propriété intellectuelle et la place prise par les biotechnologies. Cette analyse remet en cause la division entre des Nords industriels et innovateurs d’une part et des Suds gérant la pénurie d’autre part.
- industrie pharmaceutique
- financiarisation
- brevet
- savoirs traditionnels
- crise
- régulation
- Nord(s)
- Sud(s)