CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1François Eymard-Duvernay nous a quittés le 17 octobre dernier. Né en 1945, il avait choisi après ses études d’économie à la Faculté de droit et de sciences économiques de Paris de ne pas continuer en thèse, préférant une voie plus active et plus impliquée dans la vie de la cité : il réussit le concours d’administrateur de l’Insee et se spécialisa rapidement sur les questions touchant à l’emploi, mais déjà en lien avec l’économie industrielle. À l’Insee, il se lie avec Robert Salais, André Orléan et Laurent Thévenot, Alain Desrosières servant de figure tutélaire en arrière-plan. Il quitte l’Insee où il était entré en 1972 pour prendre en 1984 la direction du Centre d’Études de l’Emploi, où il lança, avec Laurent Thévenot, les travaux qui devaient conduire au programme de recherches de l’économie des conventions (Revue économique, mars 1989). Après 21 années au sein de l’administration, il se décida à rejoindre l’université. Après une thèse sur travaux en 1994 à l’Université de Paris 10, que j’ai eu l’honneur de « diriger » et qui fut soutenue devant un jury composé de Luc Boltanski, Jacques Freyssinet, Antoine Lyon-Caen, Michaël Piore et Jean-Daniel Reynaud, il fut recruté dès 1995 comme Professeur dans cette même université, où il rejoignit l’UMR « FORUM » avec Michel Aglietta, Philippe Hugon, Carlo Benetti et Jean Cartelier. Il créa la Fédération de Recherches Capitalisme(s) et Démocratie(s). Alors qu’il participait en 2009 au démarrage du programme de recherches « Propriété et responsabilité de l’entreprise » au Collège des Bernardins, avec notamment des juristes de Nanterre, et des chercheurs en gestion de l’École des Mines, on lui découvrit un problème de santé critique, qu’il réussit à surmonter dans un premier temps pour produire ce qui sera son ultime grande contribution à la recherche, au Collège des Bernardins, en 2012.

2Je pourrais privilégier sa compétence comme économiste du travail et de l’emploi, et ce ne serait que justice, tant ce domaine constitue le centre de gravité de son intérêt, de sa passion, plutôt, pour les sciences sociales, y compris quand il mène ses incursions les plus profondes dans les domaines qu’il jugeait voisins : l’économie industrielle, la théorie de l’entreprise, l’impact des inégalités, les procédures de gestion, la théorie de la justice…

3Je vais choisir un autre angle de vision, pour faire ressortir la radicalité de son apport à la théorie économique. En effet, celle-ci peut ne pas sauter immédiatement aux yeux du fait de la sobriété de son expression, du fait aussi d’un style de rédaction, qui se signale par son refus délibéré de s’adresser à son lecteur sur le registre de l’abstraction conceptuelle. Son ambition était de partager avec celui-ci, aussi directement que possible, ses clés de compréhension du monde concret, laissant à d’autres (ou renvoyant à plus tard) le soin d’en expliciter les propriétés formelles ou les vertus académiques. Une longue amitié m’autorise peut-être à me saisir de cette responsabilité indue, et à indiquer ce que je crois être les trois « révolutions » conceptuelles, initiées en théorie économique par François Eymard-Duvernay.

4La première « révolution » conceptuelle est la notion d’investissement de forme. Elle a été forgée au début des années 1980 à l’Insee, en commun avec Laurent Thévenot et présentée ensemble au séminaire recherche de l’Insee le 26 septembre 1983, même si ce dernier en a signé seul la version finale en 1985. Au fil du temps, il a eu tendance à mentionner cette notion moins directement, préférant l’utiliser sous une forme indirecte, plus commode, en termes d’équipement institutionnel.

5Le problème théorique sous-jacent est lié à l’idée, aujourd’hui centrale, de coordination par des règles, par opposition à l’idée traditionnelle de coordination par les prix. En quoi consistent les règles, et d’où viennent-elles ? L’économie standard ne résout pas le problème mais l’escamote, avec sa théorie des contrats et des incitations. Soit la règle résulte d’un accord de volonté interindividuel entre agents économiques optimisateurs, soit elle existe de façon exogène comme contrainte (loi) et son respect dépendra de la force des incitations à la respecter individuellement. Tout se dissout dans le calcul rationnel.

6Les investissements de forme offrent une alternative, plus conforme au sens commun. Des relations récurrentes entre agents économiques doivent être « équipées institutionnellement », pour ainsi dire par définition. En effet, pour que des relations (marchandes ou pas) soient considérées comme équivalentes, alors qu’elles sont distinctes dans le temps ou dans l’espace, il faut supposer l’existence de classes d’équivalence partagées, et sauf à invoquer le hasard (absurde) ou un accord de volontés stable (à peine moins absurde), l’hypothèse scientifique la plus simple est que ces classes ont été construites, conçues et instrumentées comme telles. Avec deux conséquences ou prolongements : d’une part, l’établissement d’un cadre de relations stables pour une certaine durée est une opération impliquant un coût immédiat, mais des bénéfices pour toutes les périodes subséquentes – c’est donc l’analogue d’une opération d’investissement ; d’autre part, ce cadre ne se limite en aucune façon à une congruence des représentations mais va s’appuyer sur les supports les plus divers : « des êtres sociaux, des coutumes, des “personnes collectives”, […] des êtres institutionnels, juridiques ou moraux, des règlements et des conventions, et enfin des objets techniques ou industriels qui procèdent également de principes d’équivalence » (Thévenot, 1985, p. VIII) – tous supports regroupés sous le terme générique de « forme ».

7Qu’est-ce qui fait tenir ensemble ces assemblages ? À première vue pas d’innovation : c’est l’intérêt que les agents concernés trouvent à la poursuite de ces relations. Mais il s’agit d’un « intérêt » qui combine de façon intrinsèque deux champs totalement séparés dans l’économie standard : une évaluation relevant d’une rationalité que l’on pourrait encore qualifier d’individuelle, et un jugement d’équité, littéralement inséparable – puisqu’aussi bien, il s’agit d’évaluations portant sur des relations. C’est dire à quel point nous sommes au-delà de l’univers standard de la théorie du capital humain, qui, certes, généralise aussi la notion d’investissement mais en la restreignant à des décisions individuelles, dans la logique de son individualisme méthodologique. En somme, la théorie des investissements de forme fait pour l’économie non standard ce que la théorie du capital humain a fait pour l’économie standard : une extension qui semble incongrue et qui en exprime cependant la quintessence. Le rôle causal des représentations individuelles, consubstantiel au mainstream, cède la place à une combinatoire représentations/dispositifs [1] qui sort de l’individualisme méthodologique sans verser pour autant dans le structuralisme. Muni de cet outillage – l’équipement institutionnel (lato sensu) des relations interindividuelles – François Eymard-Duvernay va pouvoir renouveler des questions aussi diverses que les modes de recrutement par les entreprises ou l’infrastructure intellectuelle du néo-libéralisme.

8Deux caractéristiques de cette première « révolution » méritent d’être soulignées : d’abord, les considérations d’équité entrent de plain-pied dans le traitement par les économistes de la coordination ; ensuite, les investissements de forme posent la question des agents qui prendront l’initiative de réalisation de ces investissements afin d’en mieux capter les bénéfices – chacune de ces caractéristiques se retrouvera dans l’une ou l’autre des deux « révolutions » suivantes.

9La deuxième « révolution » conceptuelle est la notion de convention de qualité. Elle est le résultat quasi instantané de son assimilation de la première version des « économies de la grandeur » de Luc Boltanski et Laurent Thévenot (1987). Sa spécialisation économique initiale en économie du travail et en économie industrielle va lui suggérer la possibilité de projeter la théorie de la justice, au niveau le plus fondamental, sur une théorie de la coordination entre consommateurs et producteurs, au niveau pratique de la qualité des produits.

10Avant de nous en étonner, rappelons l’idée centrale.

11D’un côté, Boltanski et Thévenot ont dégagé de l’histoire des grandes philosophies politiques et de l’examen de préceptes pratiques une grammaire des régimes de justification des ordres de grandeurs entre personnes. Il en ressort une liste de « Cités » idéales, servant d’appui rationnel à la critique des inégalités en énonçant les conditions à respecter rigoureusement pour que ces inégalités puissent être tenues pour justifiées par leur contribution à un bien commun. Ce sont les cités « marchande » (où le bien commun est la libre satisfaction des consommateurs), « industrielle » (où le bien commun est la fiabilité et la sécurité de prestations récurrentes), « domestique » (où le bien commun est la confiance dans une chaîne de liens personnels), « civique » (où le bien commun est la conformité à une volonté générale), « inspirée » (où le bien commun est la créativité), etc.

12De l’autre, l’audacieuse conjecture de François Eymard-Duvernay va consister à supposer d’abord qu’il existe une pluralité d’ordres de qualité, incommensurables les uns par rapport aux autres ; ensuite que ces ordres émergent à la façon d’une convention, sans pilotage par un acteur décisif ; enfin que l’on peut identifier des ordres de qualité « industriel », « marchand », « domestique », etc., sur le modèle des « Cités ». Cette identification s’est révélée remarquablement éclairante [2], avec les médicaments en paradigme de la qualité « industrielle », les vêtements à la mode pour la qualité « marchande », les produits du terroir pour la qualité « domestique », etc. Les possibilités d’application ne se limitent d’ailleurs pas aux produits : on peut utiliser cette grille pour les recrutements, pour les avocats, et, on le verra ci-dessous, pour les modèles d’affaires ou d’entreprise.

13Maintenant, on peut donner libre cours à un certain étonnement. N’est-il pas surprenant que la qualité soit aux objets ce que la justice est aux personnes ? Il faut prendre conscience à la fois de l’extrême logique de cette proposition – et de l’impact sur nos cadres de pensée habituels.

14Cette proposition est profondément logique : le jugement de qualité appartient à la catégorie des jugements normatifs, même s’il est d’une espèce pauvre, relativement aux jugements de justice et d’injustice. Preuve en est qu’il est impossible de les réduire à une mesure quantitative unique, même dans le cas de figure où les critères qui le composent sont quantifiables (il manquera toujours la pondération entre les critères). Et au surplus, il s’agit bien de justifier (ou de critiquer) les inégalités entre produits, comme dans la théorie de la justice, les inégalités entre les personnes.

15L’impact sur les cadres de pensée habituels est multiforme. La question de la coordination se trouve formidablement enrichie : on avait vu avec les investissements de forme que l’équité interindividuelle était – avec la rationalité individuelle – au centre de la coordination dans les opérations de mise en équivalence. Nous voici projetés à des années-lumière de la coordination walrasienne, limitée aux prix de marché. Il est aussi vain de penser la coordination sans prise en compte des qualités que de le faire en écartant la sensibilité de l’agent économique aux injustices. Mais la remise en cause s’étend au-delà (ou en deçà) de la tradition néo-classique. Avec les conventions de qualité, la « valeur d’usage » fait son grand retour dans la pensée économique, mais dans un contexte où il n’y a plus d’espoir de disposer d’un roc « objectif » sur lequel édifier le reste de l’édifice théorique : les valeurs d’usage sont bel et bien des valeurs, mais conventionnelles. L’économie est irréductiblement « intersubjective ». Je montrerai la connexion sous-jacente avec André Orléan dans L’empire de la valeur, en abordant la troisième révolution conceptuelle.

16Dira-t-on que la complexification des problèmes auxquels se heurtent les agents économiques et… les économistes rend la tâche des uns et des autres insurmontable ? Non, car les instruments de coordination se sont eux-mêmes diversifiés, et surtout il apparaît un niveau supplémentaire de coordination : l’entreprise. Je dis bien : un niveau, et pas seulement : un mode de coordination – ce qui serait d’une grande banalité, depuis Coase. Mais à partir de ce thème de la coordination en qualité, François Eymard-Duvernay va proposer une typologie des « modèles d’entreprise » (industriel, marchand, domestique, etc.), dont l’originalité est de mettre en avant une coordination non seulement alternative aux marchés (là s’arrête Coase) mais entre les différents marchés sur lesquels intervient l’entreprise : marchés des biens, du travail, des matières premières, du crédit, etc. Et ici Coase ou Williamson sont silencieux, faute d’avoir perçu le problème.

17La troisième « révolution » conceptuelle est la notion de pouvoir de valorisation. Même si elle n’est pas indépendante des deux autres notions, celle-ci constitue sans nul doute l’apport le plus personnel et le plus original de François Eymard-Duvernay. Elle a été introduite à l’occasion de sa participation à la recherche collective sur l’entreprise, menée au Collège des Bernardins, à partir de mars 2009. Elle a reçu une première formulation au Colloque de Cerisy le 5 septembre 2009 (« Conventions : l’intersubjectif et le normatif »), et a pris toute son ampleur dans les actes du premier Colloque des Bernardins sur l’entreprise, publié en 2012. En forçant le trait pour mieux mettre en évidence les éléments de rupture, on pourrait dire que là où il s’agissait d’investissements (de forme), il s’agit désormais de pouvoir, et là où il était question de (conventions de) qualité, il est question maintenant de valorisation, avec en filigrane la notion de « valeur » dans toute son extension. Mon sentiment est que la rupture s’explique par la nécessité où s’est trouvé François Eymard-Duvernay d’intégrer dans sa pensée deux faits troublants : d’une part, ses recherches sur le chômage l’ont conduit à imputer une part importante de responsabilité aux critères d’évaluation du travail au moment du recrutement – une sévérité et une homogénéité excessives des critères d’évaluation pénalisent une fraction croissante de la population active ; d’autre part, l’investigation critique de la financiarisation à laquelle il participait aux Bernardins l’a amené à s’intéresser à une forme de pouvoir, particulièrement contraignante, mais qui passe par des mécanismes d’incitation, ou des normes d’évaluation, plutôt que par des actes d’autorité – or ces mécanismes et ces normes requièrent un équipement institutionnel (y compris intellectuel) considérable, et clairement identifiable. Au total, il existe manifestement de « mauvaises conventions [3] », au sens de conventions fortement critiquables, au nom même de l’axiomatique des Cités. Cette tension entre des conventions clairement « mauvaises » et des Cités qui ne peuvent être « mauvaises » par construction se résout par l’émergence de la notion de pouvoirs de valorisation.

18La découverte de François Eymard-Duvernay peut être énoncée sous la forme d’une proposition à double face : une forme de pouvoir très importante réside dans la capacité de dire ce qui vaut en dernier ressort – et on peut en inférer que, dans toute société, il y aura une vive concurrence entre les différents pouvoirs de valorisation, d’où résultera une hiérarchie de ces pouvoirs. Il faut apprendre à se représenter l’économie « en termes d’architecture de pouvoirs de valorisation » (2012, p. 184).

19Voilà pour la partie la plus générale de la proposition. La partie la plus spécifique n’est pas moins stimulante. Toute la réflexion antérieure de François Eymard-Duvernay autour de l’entreprise va pouvoir se cristalliser autour de l’idée que l’entreprise devient le lieu fondamental – dans nos économies capitalistes démocratiques – où cette architecture se hiérarchise. La raison en est simple : on a vu précédemment que l’entreprise est un mode de coordination entre les marchés des biens, du travail et des actifs financiers ; elle se situe donc au carrefour des trois grands pouvoirs de valorisation : celui des salariés (équipé par les syndicats et le droit du travail), celui des consommateurs (équipé par la concurrence, aujourd’hui mondialisée) et celui des financiers (équipé par le marché financier). C’est pourquoi il faut ajouter à ce « triangle des valorisations » un quatrième acteur, au statut très spécial fondé sur la nature même de l’entreprise : les managers dirigeants (équipés… par l’entreprise, en tant qu’espace de coordination multiforme). Selon leur orientation, la hiérarchie se déplace, se déforme et se transforme, en faveur d’un pouvoir ou d’un autre, avec des alliances possibles.

20Cela permet in fine à François Eymard-Duvernay d’esquisser une périodisation des régimes macroéconomiques (et macropolitiques) du xxe siècle, parallèle au découpage historique opéré par la Théorie de la régulation, ne le contredisant nullement, au contraire le confortant en mobilisant des registres (les logiques normatives d’évaluation) peu exploités par les auteurs régulationnistes. Au-delà d’une orientation des managers favorable aux salariés pendant le Fordisme ou les Trente Glorieuses, et d’une réorientation favorable aux actionnaires, à partir des années 1980, l’analyse fait apparaître le rôle clé du pouvoir des consommateurs, imprudemment libéré par le Fordisme, et évidemment démultiplié par la mondialisation. La leçon de l’histoire est que le contre-pouvoir salarial est fragile s’il ne s’accompagne pas d’une démocratisation radicale de l’entreprise.

21Nombre de questions demeurent en suspens, que François Eymard-Duvernay n’aura pas eu le temps d’aborder. La plus délicate est celle-ci : comment concilier la nature conventionnelle des phénomènes intersubjectifs qu’il aura réussi à pousser sur le devant de la scène avec des dispositifs de pouvoirs (à travers tels et tels investissements de forme), qui supposent une certaine dose de manipulation délibérée ? En outre aucun des « acteurs de valorisation » n’a intérêt à rétrograder dans la hiérarchie de ces pouvoirs – si certains y sont contraints, ou n’en ont pas conscience, c’est une approche assez banale du pouvoir que l’on retrouverait. Pour échapper à cette contradiction, il faudra reprendre la démarche de François Eymard-Duvernay, dont le fil conducteur depuis les investissements de forme jusqu’aux pouvoirs de valorisation, en passant par les conventions de qualité, s’énonce comme suit : il n’y a pas de valeur en soi, il n’y a que des processus de valorisation [4]. Mais il faudra faire un pas de plus. Souvenons-nous que comme membre convaincu de l’Association française d’économie politique, il fut en première ligne dans les conflits entre orthodoxes et hétérodoxes, et qu’il a donc vécu, comme nous tous, l’établissement d’une hiérarchie de pouvoirs de valorisation en faveur des premiers et au détriment des seconds. Nous avons ainsi sous les yeux un terrain d’observation unique pour penser plus avant ce dont François Eymard-Duvernay a eu l’intuition. Si l’on réfléchit à la façon dont se sont structurés les rapports de pouvoir entre les uns et les autres, à l’initiative des uns et contre le gré des autres, on voit bien où commencer à chercher la solution : l’étude des processus de valorisation doit s’accompagner, comme son ombre, d’une étude des processus de dévalorisation [5].

22*

23En écrivant ces dernières lignes, je m’aperçois – et je ne pense pas que l’amitié me brouille la vue – que nous tenons là un des grands ressorts de François Eymard-Duvernay dans sa vie comme dans sa carrière : son refus absolu du mépris. Mépris des personnes, des thèmes, des objets, des idées, des paroles, des supports qu’une opinion dominante croit inférieurs. Et ce refus vient d’un principe tout autant intellectuel que moral : là où il y a mépris, il y a méprise.

Notes

  • [1]
    Finalement proche de Foucault, comme j’en ai fait la remarque à François Eymard-Duvernay, ce qui fut pour lui, me dit-il franchement, une découverte (cf. l’annexe des actes du colloque des Bernardins sur « dispositif »).
  • [2]
    Au point de se prêter à une formalisation mathématique, directement décalquée de la typologie des marchés viables du sociologue mathématicien Harrison White [voir Favereau, Biencourt et Eymard-Duvernay, 2002].
  • [3]
    Voir de Larquier et Batifoulier [2005]. Il est remarquable que l’argument de François Eymard-Duvernay vient ici se rajouter, pour l’explication du chômage macroéconomique, à celui de Keynes, qui, on le sait bien, incriminait une « mauvaise » valeur conventionnelle du taux d’intérêt, la communauté financière exigeant une rémunération trop élevée de ses placements [cf. Favereau, 2013].
  • [4]
    Il me semble que c’est là un point de convergence avec la démarche actuelle d’André Orléan (2011), alors même que les points de départ sont bien différents.
  • [5]
    Avec cet éclairage, le classement des revues académiques en économie, par ordre d’excellence, se révèle pour ce qu’il est : moins une garantie de valeur scientifique (comme le montrent le désarroi et l’impuissance des économistes orthodoxes face à la crise de 2007-2008) qu’une opération de dévalorisation de ce qui leur échappe.

Sources

  • Eymard-Duvernay François (1986), « La qualification des produits », in Robert Salais, Laurent Thévenot (dir.), Le Travail : marché, règles, conventions (pp. 239-247), INSEE-Economica, Paris.
  • Eymard-Duvernay François (1987), « Introduction : les entreprises et leurs modèles », in : Entreprises et produits, Cahiers du Centre d’études de l’emploi, n° 30, pp. V-XXII.
  • En ligneEymard-Duvernay François (1989), « Conventions de qualité et formes de coordination », Revue économique, numéro spécial « L’économie des conventions », 40(2), 329-359.
  • Eymard-Duvernay François (2001), « Principes de justice, chômage et exclusion : approfondissements théoriques », in Christian Bessy, François Eymard-Duvernay, Guillemette de Larquier & Emmanuelle Marchal (dir.), Des marchés du travail équitables ? Approche comparative France/Royaume-Uni (pp. 271-297), P.I.E.-Peter Lang, Bruxelles.
  • En ligneEymard-Duvernay François (2004), Économie politique de l’entreprise, La Découverte, coll. « Repères », Paris.
  • En ligneEymard-Duvernay François (dir.) (2006), L’économie des conventions : méthodes et résultats, 2 tomes, La Découverte, Paris.
  • Eymard-Duvernay François (2012), « Le travail dans l’entreprise : pour une démocratisation des pouvoirs de valorisation », in Baudoin Roger (dir.), L’entreprise : formes de propriété et responsabilités sociales (pp. 155-218), Lethielleux/Collège des Bernardins, Paris.
  • Eymard-Duvernay François (dir.) (2012), Épreuves d’évaluation et chômage, coll. « Le travail en débats », éditions Octarès, Toulouse.
  • En ligneEymard-Duvernay François (2016), « Valorisation : les pouvoirs de valorisation : l’accroissement de la capacité éthique, sociale et politique des acteurs », in Philippe Batifoulier, Franck Bessis, Ariane Ghirardello, Guillemette de Larquier, Delphine Remillon (dir.), Dictionnaire des conventions (pp. 291-295), Presses universitaires du Septentrion, Villeneuve-d’Ascq.
  • Eymard-Duvernay François, Thévenot Laurent (1985), « L’économiste et son modèle », Conventions économiques. Cahiers du Centre d’études de l’emploi, n° 29, PUF, Paris, pp. 129-150.
  • Eymard-Duvernay François, Marchal Emmanuelle (1997), Façons de recruter : le jugement des compétences sur le marché du travail, Métailié, Paris.
  • En ligneFavereau Olivier (2013), « Keynes after the ‘economics of conventions’ », Evolutionary and Institutional Economics Review, 10(2), 179-195.
  • Favereau Olivier, Biencourt Olivier, Eymard-Duvernay François (2002), « Where do markets come from? From (quality) conventions! », in Olivier Favereau, Emmanuel Lazega (eds.), Conventions and structures in economic organizations: markets, networks and hierarchies (Chapter 8, pp. 213-252), Edward Elgar, Cheltenham.
  • De Larquier Guillemette, Batifoulier Philippe (2005), « Peut-on suivre de mauvaises conventions ? Coordination et Pareto-optimalité », Économie appliquée, 58(1), 5-32.
  • Orléan André (2011), L’empire de la valeur, Seuil, coll. « La Couleur des idées », Paris.
  • Thévenot, Laurent (1985), « Les investissements de forme », Conventions économiques. Cahiers du Centre d’études de l’emploi, n° 29, PUF, Paris, pp. 21-72.
Olivier Favereau
Université Paris-Nanterre
Mis en ligne sur Cairn.info le 27/04/2017
https://doi.org/10.3917/rfse.018.0005
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