CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Henri Boullier, Autoriser pour interdire. La fabrique des savoirs sur les molécules et leurs risques dans le règlement européen REACH. Thèse de Sociologie, réalisée sous la direction de Pierre-Benoît JOLY, Directeur de recherche, INRA et Gilles CRAGUE, Directeur de recherche, Ponts ParisTech, soutenue le 8 janvier 2016 à l’Université Paris-Est. Jury composé de Olivier BORRAZ, Directeur de recherche, CNRS (rapporteur) ; Jean-Paul GAUDILLIÈRE, Directeur de recherche, INSERM ; Emmanuel HENRY, Professeur, Université Paris-Dauphine (rapporteur) ; Sheila JASANOFF, Professeur, Université de Harvard

1Le contrôle des produits chimiques a souvent été utilisé par les chercheurs en sciences sociales comme un moyen d’explorer les mécanismes de production de l’action publique. La réglementation des substances chimiques a ainsi permis d’étudier la fabrication de la « science réglementaire », donc les liens entre savoirs et gouvernement. Les travaux qui ont porté sur le sujet ont montré la manière dont la publicisation de certains problèmes sanitaires va souvent de pair avec un travail d’invisibilisation, au point que certaines procédures réglementaires participent parfois à une production organisée de l’ignorance. Peu de contributions se sont en revanche attardées sur le rôle des entreprises dans le traitement des risques. La thèse fait l’hypothèse que les entreprises, par l’intermédiaire des savoirs et des données dont elles disposent, jouent un rôle clé tout au long du processus de régulation des substances chimiques dangereuses.

2Le règlement européen sur l’enregistrement, l’évaluation, l’autorisation et la restriction des produits chimiques (REACH), sur lequel porte la thèse, pourrait être dépeint comme un cas emblématique de capture de régulation par les industriels. Plutôt que de présupposer d’emblée le rôle respectif des autorités et des entreprises dans la régulation des risques, l’analyse s’attarde sur la construction des activités réglementaires de routine en traitant les acteurs de la régulation de façon symétrique. L’enquête s’appuie sur l’ethnographie d’espaces réglementaires confinés (agences de sécurité sanitaires, comités d’experts, cabinet de lobbying bruxellois et coalitions d’industriels) et sur le suivi des trajectoires de trois molécules. Ce travail ethnographique a été complété par 73 entretiens et par un travail d’analyse documentaire, essentiellement sur la base d’archives et de documents de travail des acteurs, des traces produites au fil de la construction des procédures.

3L’analyse permet d’identifier la construction progressive d’un nouveau régime d’évaluation des risques, qui s’appuie en grande partie sur les données socio-économiques produites par les entreprises. Les deux premiers chapitres montrent que le travail de définition des objets à contrôler a été central dans la transformation de l’action publique européenne sur les substances dangereuses. La procédure d’autorisation, introduite par REACH, redéfinit profondément le champ d’application et la division du travail entre autorités et entreprises. Elle met fin à l’analyse des risques substance par substance, en organisant deux régimes d’action, deux manières de « cadrer » les molécules. La deuxième partie de la thèse montre que cette procédure, en distinguant « substances » et « usages » reconfigure la division du travail entre les autorités et les entreprises : elle donne à ces dernières un rôle régulatoire central dans la formulation des autorisations d’usage, de manière à limiter la contrainte normative qui pèse sur l’industrie chimique.

4La dernière partie de la thèse repose sur une analyse de l’élaboration en actes des jugements, et des savoirs réglementaires qui les sous-tendent. Les enquêtes ethnographiques permettent de montrer comment les acteurs investis dans la construction de l’autorisation déploient les ressources nécessaires à une prise de décision coordonnée. L’autorisation (qu’on retrouve dans des formes légèrement différentes dans d’autres champs réglementaires, comme les biocides ou les médicaments) constitue une forme de régulation des substances chimiques qui passe par le développement et la mise en circulation de données sur les usages singuliers de molécules, d’analyses socio-économiques et de modes d’interprétation qui déplacent les manières de comprendre et d’évaluer les molécules et leurs risques. À travers ces analyses, la thèse est une contribution aux champs de la sociologie des risques, des sciences et des techniques, et de l’action publique. Dans la mesure où elle explore la transformation du rôle des entreprises dans la régulation, elle contribue également aux travaux d’économie politique sur la « capture de régulation ».

5Henri BOULLIER, Post-doctorant IFRIS au Cermes3 (CNRS - INSERM - EHESS - Université Paris-Descartes), henri.boullier@parisdescartes.fr

Leslie Carnoye, Les services écosystémiques : de nouveaux outils de justification au service de la critique écologiste ? Une analyse conventionnaliste à partir du Parc Naturel Régional Scarpe-Escaut (France). Thèse d’Économie, réalisée sous la direction de Richard SOBEL, Professeur, Université de Lille 1, et d’Alain LEPRETRE, Professeur, Université de Lille 1, soutenue publiquement le 8 décembre 2016 à l’Université de Lille 1. Jury composé de Philippe BATIFOULIER, Professeur, Université Paris 13 (rapporteur) ; Géraldine FROGER, Professeure, Université Toulouse – Jean Jaurès (Rapporteure) ; Florence JANY-CATRICE, Professeure, Université de Lille 1 ; Franck-Dominique VIVIEN, Professeur, Université de Reims Champagne-Ardenne ; Bertrand ZUINDEAU, Maître de conférences HDR, Directeur de projet, Conseil Régional des Hauts-de-France

6Le paradoxe des « services écosystémiques » (SE) est qu’ils tendent à devenir aujourd’hui un référentiel dominant en matière de conservation et de protection de la biodiversité mais qu’ils restent inscrits, dans le même temps, dans une approche très controversée, particulièrement dans le champ de l’Économie écologique. Ces controverses ont trait à la fois à la notion de SE, aux outils d’évaluation de ces SE (notamment lorsqu’ils sont monétaires), ainsi qu’aux mécanismes de paiements pour SE. En prenant la question des outils d’évaluation des SE comme porte d’entrée, la thèse interroge l’efficacité de l’approche par les SE, c’est-à-dire sa capacité à améliorer la protection de la biodiversité ou, autrement dit, à transformer les rapports qu’entretiennent le développement et la conservation, dans un sens plus favorable à cette dernière.

7L’originalité de la thèse est de comprendre les SE comme des dispositifs argumentatifs et évaluatifs qui posent question en termes d’interprétation, de justification et de légitimité. Son principal apport théorique est de mobiliser l’économie des conventions et d’entrer en profondeur dans les axiomes du modèle conventionnaliste, afin de montrer que l’écologisme doit moins être compris comme une cité que comme une critique du capitalisme, au sens de Boltanski et Chiapello (1999). La thèse montre que la critique écologiste a déjà été en partie endogénéisée par le capitalisme, avec l’avènement de la cité par projets et qu’il en résulte une pluralisation des formes idéales-typiques de critiques écologistes contemporaines, allant de la décroissance à la croissance verte en passant par le développement durable. Les SE, compris comme des outils de justification, s’apparentent à l’idéologie de la croissance verte, laquelle s’appuie sur les registres marchand, industriel et par projets.

8Le modèle théorique élaboré dans la thèse se nourrit et est mis à l’épreuve à partir d’une étude de cas précise : celle du Parc Naturel Régional Scarpe-Escaut, situé entre Lille et Valenciennes. Le travail empirique articule plusieurs éléments : une expérience d’observation participante, dans le cadre d’un projet d’évaluation de plusieurs SE (d’approvisionnement, de régulation et culturels) sur le territoire ; une dizaine d’entretiens semi-directifs réalisés avec plusieurs représentants du parc (dont des membres de l’équipe technique, des élus et des acteurs historiques…) ; ainsi qu’une analyse d’un ensemble de documents de gestion du parc (à savoir les quatre chartes ayant été adoptées depuis sa création en 1968 et ses bilans d’activités annuels), à l’aide d’un logiciel d’analyse de données textuelles : Prospéro.

9Une idée forte de la thèse est que si le parc a jusqu’ici réussi à influencer la dynamique du développement territorial dans un sens favorable à la conservation (d’un territoire ravagé par l’exploitation minière à son classement au patrimoine mondial de l’Unesco), c’est parce qu’il s’est inscrit dans le sens d’une domestication du développement et non pas dans celui d’une marchandisation de la conservation. Dans la mesure où la mobilisation d’un registre domestique est au cœur du projet politique du parc, alors que les fondements en légitimité des SE sont plutôt relatifs aux registres marchands, industriels et par projets, leur mobilisation induit un conflit de représentations. C’est la raison pour laquelle la thèse conclut que la place des SE comme outils de justification pour le parc Scarpe-Escaut doit être relativisée. Plus largement, la thèse montre que dans la mesure où les SE ont partie liée avec l’idéologie de la croissance verte, ces derniers s’avèrent peu subversifs vis-à-vis du troisième esprit du capitalisme et que leur potentiel critique ou transformateur s’avère limité.

10Leslie CARNOYE, Post-doctorante, Clersé et Université Catholique de Lille, leslie.carnoye@gmail.com

Hadrien Coutant, Un capitalisme d’ingénieurs. Construire un groupe aéronautique après une fusion. Thèse de Sociologie, réalisée sous la direction de Pierre-Éric TIXIER, Professeur, Sciences Po, CSO, soutenue le 28 novembre 2016 à Sciences Po Paris. Jury composé d’Alexandra BIDET, Chargée de recherche CNRS, CMH, ENS ; Isabelle FERRERAS, Chercheure qualifiée du FNRS/UCL-CriDIS, Professeure, Université de Louvain (rapporteure) ; Pierre FRANÇOIS, Directeur de recherche CNRS, CSO, Sciences Po ; Philippe MONIN, Professeur, Emlyon Business School (rapporteur) ; Tommaso PARDI, Chargé de recherche CNRS, IDHES, ENS Cachan

11Cette thèse interroge les transformations contemporaines des grandes entreprises, institutions centrales du capitalisme depuis la fin du xixe siècle, dans un contexte de financiarisation, d’externalisation et de remise en cause de la forme salariale. Malgré ces remises en question, non seulement la grande entreprise n’a pas disparu du champ économique, mais elle s’est transformée et renforcée en réponse à ces évolutions profondes de son environnement et aux logiques institutionnelles qui la traversent. En enregistrant la persistance de l’entreprise comme institution économique, ses transformations contemporaines amènent à se poser la question de ses fondements institutionnels et politiques. Comment s’y prennent des dirigeants pour intégrer et construire la stratégie d’une entreprise confrontée à de multiples forces centrifuges ? Comment construisent-ils sa stratégie, ses frontières et son unité interne ? Et comment cette intégration est-elle ensuite mise en œuvre et appropriée dans l’organisation et le travail ?

12À rebours de travaux s’attachant à montrer la désagrégation de la grande entreprise et par contraste avec une segmentation de la recherche sociologique sur les entreprises, cette thèse prend pour objet de recherche les modes d’intégrations d’une grande firme industrielle après une fusion. Elle étudie la trajectoire de l’entreprise aéronautique Safran, entre 2005 et 2015. À partir d’une ethnographie dans une division de Recherche et Développement en électronique embarquée, de cent soixante entretiens et de littérature grise, elle détaille les stratégies et dispositifs d’intégration et leur mise en œuvre à deux niveaux de l’entreprise : la direction générale et des équipes d’ingénierie. L’objet de cette thèse est de comprendre comment, dans une entreprise créée par une fusion, est produite cette intégration face à différentes forces centrifuges et conflictuelles, à ces deux niveaux. La thèse articule autour du cas d’une seule firme une analyse de sociologie de l’entreprise et des organisations avec une sociologie économique et une sociologie du travail.

13Ce cas exemplaire d’une fusion initialement très mal engagée montre comment est construit un nouvel ordre politique dans l’entreprise autour de structurations organisationnelles fondées sur des imbrications sociotechniques, et d’une idéologie professionnelle d’ingénieurs. Ce « capitalisme d’ingénieurs », notion qui permet d’expliquer le mode d’intégration spécifique de Safran, s’inscrit dans la trajectoire de la pensée technocratique des grands corps d’ingénieurs français, mais est rendu économiquement pertinent par la forme du marché aéronautique, ses modes de clôture et le type de concurrence qui s’y joue. La notion de « capitalisme d’ingénieurs » est ainsi proposée pour donner à voir un mode spécifique d’articulation entre dimensions politiques et économiques dans la firme. C’est le moyen pour la direction de faire converger une stratégie de marché, un enrôlement des actionnaires – dont un actionnariat d’État à la logique largement financiarisée – et une intégration interne à la firme, s’apparentant ainsi à un type possible de ce que Neil Fligstein appelle « conception de contrôle ». Cette stratégie d’intégration est confrontée aux dynamiques contradictoires de rationalisation du travail de R&D. Cette étude de l’intégration de Safran, qui combine à la fois des dimensions de stratégie économique et de construction du consentement dans l’organisation, analyse le processus d’intégration après une fusion d’entreprise comme la construction d’un nouvel ordre politique.

14Hadrien COUTANT, chercheur associé, Centre de Sociologie des Organisations, hadrien.coutant@sciencespo.fr

Antoine Ducastel, Cultiver le capital. Une analyse de la financiarisation de l’agriculture en Afrique du Sud par les « filières agro-financières » du private equity. Thèse d’Économie, réalisée sous la direction de Jean-Jacques GABAS, Maître de conférences HDR, CIRAD, et Ward ANSEEUW, Chercheur, CIRAD et Université de Pretoria, soutenue le 28 juin 2016 à l’Université Paris-Saclay. Jury composé d’Ève CHIAPELLO, Directrice d’études, EHESS ; Vincent GERONIMI, Maître de conférences HDR, Université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines ; Francois PURSEIGLE, Professeur, ENSA-INPT ; Laurence ROUDARD, Professeure, Université Libre de Bruxelles

15Cette thèse analyse le rôle de la finance dans les transformations du secteur agricole en Afrique subsaharienne et plus particulièrement en Afrique du Sud. Dans un contexte marqué par la financiarisation des économies contemporaines, elle s’intéresse aux déclinaisons locales de cette dynamique aux marges du capitalisme global.

16La thèse propose alors d’étudier, au croisement de l’économie politique et de la sociologie économique, un dispositif d’intermédiation financière original, les fonds de private equity, et leurs effets de transmission. Notre hypothèse est que la prolifération de ces véhicules financiers remet en cause les circuits de financement historiquement constitués propres à l’agriculture et bouleverse l’organisation économique, sociale et politique du secteur. Grâce à la collecte de matériaux empiriques et à l’analyse comparative de dix-huit études de cas, la thèse reconstitue la circulation et la reproduction des capitaux au sein des « filières agro-financières » du private equity.

17Le private equity est un dispositif encadrant la délégation, contractuelle et temporaire, de la gestion de capitaux des détenteurs légaux à des gestionnaires privés en vue d’acquérir un portefeuille d’entreprises, ou de fractions d’entreprises, et de réaliser une plus-value finale. Ces circuits de capitaux sont composés de trois groupes d’acteurs – les investisseurs institutionnels, les gestionnaires d’actifs, les dirigeants d’entreprise – qui sont collectivement engagés dans la production d’un actif agricole à partir d’entreprises-cibles. La thèse se situe principalement au niveau des gestionnaires sud-africains et analyse leur travail au niveau commercial et productif. Elle pénètre aussi dans les entreprises agricoles et agroalimentaires en Afrique du Sud et en Afrique subsaharienne pour étudier les effets de leur intégration aux filières.

18Deux ensembles de résultats émergent de ce travail. Premièrement, l’approche par les filières agro-financières permet de saisir les rouages concrets et les rapports de force qui structurent et régulent l’allocation des capitaux vers l’agriculture. En ce sens, le private equity apparaît comme un dispositif de domination des détenteurs de capitaux sur les autres parties prenantes des filières. Toutefois, les formes concrètes de cette domination sont négociées au quotidien et restent toujours menacées par la rupture des transactions routinières entre les différents groupes d’acteurs.

19Deuxièmement, la dynamique de financiarisation s’observe à deux échelles distinctes : les entreprises-cibles et le secteur. Tout d’abord, la financiarisation se traduit par une mutation des formes de la marchandise « entreprise ». Les exploitations agricoles sud-africaines par exemple ne sont plus seulement échangées sur un marché national, dominé par les agriculteurs commerciaux, mais aussi sur les marchés financiers mondiaux, où elles sont échangées comme des actifs. Ensuite, à travers le prisme du private equity, l’agriculture est perçue et organisée par les gestionnaires comme une classe d’actifs. La classe d’actifs constitue l’abstraction intermédiaire par laquelle les marchés, les acteurs financiers, mais aussi les administrations publiques financiarisées, peuvent se saisir et transformer le réel. Cet espace de régulation des rapports économiques et sociaux par la finance entre alors en concurrence avec les institutions de la régulation sectorielle. Les États alimentent largement cette dynamique de désectorisation en instaurant les conditions nécessaires au « gouvernement de la finance ».

20Antoine DUCASTEL, chercheur, CIRAD, antoineducastel@gmail.com

Camille Herlin-Giret, Les mondes de la richesse. Travailler et faire travailler le capital. Thèse de Sciences politiques, réalisée sous la direction de Brigitte LE GRIGNOU, Professeure, Université Paris-Dauphine, et de Choukri HMED, Maître de conférences, Université Paris-Dauphine, soutenue le 1er juillet 2016 à l’Université Paris-Dauphine. Jury composé de Pierre FRANÇOIS, Directeur de recherche CNRS-CSO, Sciences-Po Paris ; Brigitte GAÏTI, Professeure, Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne ; Alexis SPIRE, Directeur de recherche CNRS-IRIS, EHESS ; Anne-Catherine WAGNER, Professeure, Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne

21La thèse appréhende ce que l’on a appelé « les mondes de la richesse ». La notion de « monde », empruntée à H. Becker, invite à considérer la richesse en prêtant attention aux acteurs qui participent à sa fabrique, à sa qualification et à son maintien, là où il est tentant de se pencher sur les seuls détenteurs de patrimoines conséquents. L’État, à travers l’impôt, donne non seulement un cadre au travail du capital, mais participe à la construction d’un groupe bien particulier de fortunés. Les conseillers patrimoniaux façonnent quant à eux les patrimoines et les dispositions économiques de leurs clients. Dans cette recherche, on s’est finalement moins intéressé à la façon dont les transmissions reconfigurent à un moment le groupe familial qu’au travail du capital, en discutant trois présupposés : l’idée que le capital travaille seul, que les particuliers fortunés sont compétents pour administrer leurs biens et qu’une unique finalité – l’accumulation – éclaire les logiques par lesquelles le capital tend à s’accumuler. La délicate ethnographie des mondes de la richesse a conduit à mobiliser des matériaux variés : des entretiens réalisés avec des redevables de l’ISF et des conseillers patrimoniaux, des archives, l’enquête « Patrimoine 2010 » ou encore les débats parlementaires autour de l’ISF.

22Pour étudier les acteurs et les activités qui façonnent les mondes de la richesse, la thèse propose une approche relationnelle et articule les notions d’identification, de conversion et de soutien statutaire. Cela conduit tout d’abord à se demander comment l’État, au travers de la création d’un impôt sur la fortune, identifie différents groupes de fortunés et à interroger, de même, comment les conseillers patrimoniaux distinguent une clientèle d’ayants droit du tout-venant. Si, dans ces deux espaces, une même frontière tend à opposer celui qui « fait travailler le capital », parce qu’il détient une fortune attachée à une entreprise, et celui qui est assis sur un « patrimoine » qui ne travaillerait pas, les conseillers font des premiers une cible prisée quand l’État fait progressivement peser l’ISF sur les seuls seconds. La conversion à la richesse, c’est-à-dire le travail sur et par ses capitaux dans le temps, est au cœur de la seconde partie. Elle désigne tant un changement dans les pratiques – apprendre à compter, à manipuler et parfois à déléguer l’administration de ses biens ; transformer un stock de capital en marques tangibles de richesse, de pouvoir ou de prestige – qu’un discours de transformation de soi, dont rend compte le succès d’une rhétorique entrepreneuriale de légitimation de la fortune. Les carrières de conversion à la richesse rendent également intelligibles les formes variées et souvent discrètes d’évitement de l’ISF, interrogées au prisme de leur politisation. Le soutien apporté par les professionnels du conseil patrimonial à leurs clients est au cœur de la troisième partie. Ce soutien déborde largement la seule gestion des actifs et des portefeuilles financiers des clients. Il consiste, plus fondamentalement, à façonner leurs dispositions économiques et à conforter le statut prestigieux auquel ils aspirent, en les plaçant en particulier au-dessus des règles de droit.

23Camille HERLIN-GIRET, post-doctorante à l’Iris, EHESS, camille.herlin@wanadoo.fr

Thomas Jammet, Mettre le web social au service des marques. Une sociologie pragmatique du community management en France. Thèse de Sociologie, réalisée sous la codirection de Pascal UGHETTO, Professeur, LATTS, Université Paris-Est Marne-Vallée, et de Sylvain PARASIE, Maître de conférences, LISIS, Université Paris-Est Marne-Vallée, soutenue publiquement le 19 septembre 2016 à l’Université Paris-Est Marne-Vallée. Jury composé de Pierre-Jean BENGHOZI, Directeur de recherche CNRS, École Polytechnique ; Franck COCHOY, Professeur, Université Toulouse Jean Jaurès (rapporteur) ; Alexandre MALLARD, Directeur de recherche, Mines ParisTech (rapporteur) ; Dominique PASQUIER, Directrice de recherche CNRS, Télécom ParisTech

24Le développement du web 2.0, couramment qualifié de web participatif ou social, a rapidement conduit les professionnels du marketing à envisager les plateformes numériques de production et de partage de contenu en termes d’opportunités marchandes. Les espaces interactifs destinés à valoriser les marques et leurs produits se sont multipliés sur Facebook et Twitter au tournant des années 2010, et leur animation a donné lieu à l’émergence d’une activité d’intermédiation inédite, qualifiée de community management. Cette thèse étudie l’émergence et le développement de cette activité en France, selon une approche pragmatique soucieuse de rendre compte des discours des acteurs, de leur mise en œuvre en situation et de leurs effets sociaux. Conduite dans une perspective large, au moyen d’observations ethnographiques, d’entretiens et d’analyses d’interactions en ligne, elle suit le phénomène du community management dans une pluralité de secteurs d’activité afin d’en saisir les nuances et de questionner à travers lui la manière dont les organisations s’ingénient à domestiquer le web social.

25La première partie du travail retrace les origines du community management et son inscription progressive dans des processus organisationnels, aux États-Unis puis en France. Elle restitue le travail des entrepreneurs du community management de marque, qui imposent aux entreprises l’injonction au dialogue avec des internautes considérés comme autant de consommateurs volubiles réunis en communautés d’intérêt, puis décrit les voies par lesquelles le travail d’administration de collectifs en ligne tente de se faire reconnaître comme une profession à part entière sur le marché émergent du Social Media Marketing.

26La deuxième partie suit les acteurs dans les situations professionnelles qu’ils rencontrent au quotidien. Faire du community management, c’est se confronter à des dispositifs sociotechniques, à des internautes aux attitudes et aux exigences diverses, mais également aux compétences d’autres acteurs du marketing, de la publicité et de la gestion de la relation client. Se donne ainsi à voir un processus de rationalisation – tour à tour professionnelle, organisationnelle et technique – de l’utilisation des médias sociaux par les organisations, qui force le community management à rompre en partie avec ses définitions originelles.

27La troisième partie s’intéresse plus en détail aux relations des acteurs du community management avec les prescripteurs de leur activité, en agence et en entreprise, et décrit leur contribution au processus de « digitalisation » des organisations dont le marketing numérique a fait le nouveau cheval de bataille de la compétitivité économique. Elle explore les efforts de sensibilisation de leurs interlocuteurs hiérarchiques, leurs tentatives d’instaurer un fondement déontologique pour leur pratique professionnelle, ainsi que la négociation des conventions d’évaluation de leur travail à laquelle ils procèdent pour se garantir une certaine autonomie.

28Au bout du compte, cette recherche permet de voir à quel point l’activité d’animation de « communautés de marque en ligne » se reconfigure à mesure que se transforme l’appareillage sociotechnique sur lequel elle s’articule. Elle révèle ce faisant que le processus d’appropriation du web social par les entreprises, qui s’inscrit dans des tendances à long terme de rationalisation du rapport au client par le marketing, est loin d’être accompli, et que sa compréhension suppose de questionner les professionnalités hybrides qui émergent autour de la mobilisation de la technologie numérique.

29Thomas JAMMET, Chercheur associé au LATTS, UPEM, thomas.jammet@gmail.com

Arthur Jatteau, « Faire preuve par le chiffre ? » Le cas des expérimentations aléatoires en économie. Thèse de Sociologie et d’Économie, réalisée sous la codirection d’Agnès LABROUSSE, Maîtresse de Conférences, Université de Picardie – Jules Verne, et de Frédéric LEBARON, Professeur, ENS Paris Saclay, soutenue le 5 décembre 2016 à l’ENS Paris Saclay. Jury composé d’Emmanuel DIDIER, Chargé de recherche, CNRS ; Patrice DURAN, Professeur, ENS Paris Saclay ; Nathalie ETCHART-VINCENT, Chargée de recherche, CNRS ; Gaël GIRAUD, Directeur de recherche, CNRS ; Florence JANY-CATRICE, Professeure, Université de Lille 1 (rapporteure) ; Theodore M. PORTER, Professeur, Université de Californie à Los Angeles (rapporteur)

30Cette thèse se penche sur la question de la validité et de la portée de la preuve telle que produite par les expérimentations aléatoires. Ces dernières constituent une méthode d’évaluation d’impact, popularisée depuis le début des années 2000 par l’économiste Esther Duflo à travers son laboratoire, le J-PAL. Similaires aux essais cliniques randomisés, elle vise à produire des données chiffrées, mesurant les effets d’un programme. Les partisans de cette méthode arguent qu’elle se situe au niveau de preuve le plus élevé grâce à l’utilisation de l’aléatoire qui permettrait d’évacuer les biais de sélection.

31Dans cette thèse, nous avons souhaité interroger la validité et la portée de cette preuve quantitative en nous demandant comment les expérimentations aléatoires font preuve, et qu’est-ce que cette preuve « fait ». Nous avons ainsi questionné la pertinence de la preuve produite et la supériorité méthodologique que les économistes qui les pratiquent revendiquent.

32Afin de répondre au mieux à ces questionnements, nous avons fait le choix de ne pas nous cantonner à une seule discipline et d’inscrire clairement notre recherche dans une approche pluridisciplinaire. Nous nous sommes donc appuyé sur des matériaux qualitatifs (entretiens, observations) comme quantitatifs (base de données prosopographiques, statistiques, analyse géométrique des données, analyse de réseau).

33Dans un premier temps, nous avons mené une recherche historique sur les expérimentations aléatoires comme mode d’administration de la preuve. Loin d’apparaître avec les récents travaux du J-PAL, cette méthode a des origines pluridisciplinaires. En procédant à une comparaison avec ses usages passés, nous avons montré qu’un certain nombre de limites mises au jour à l’époque demeurent valables dans la pratique qui est faite de cette méthode aujourd’hui. Dans un deuxième temps, nous nous sommes penchés sur les « faiseurs de chiffres », c’est-à-dire les acteurs de la preuve par les expérimentations aléatoires. Le fonctionnement hiérarchisé du J-PAL, son recrutement élitiste et le réseau de ceux qui les pratiquent (extrêmement resserré et dominé par quelques chercheurs) sont autant de facteurs expliquant le succès de cette méthode comme mode d’administration de la preuve en matière d’action publique. Dans un troisième temps, nous interrogeons la production de la preuve par les expérimentations aléatoires en nous attachant à la saisir empiriquement, en regardant comment elles se déroulent en pratique, dans une démarche que nous qualifions d’« enquête épistémologique ». Nos résultats montrent que la traduction de la théorie à la pratique implique des « arrangements » qui nuancent tant la validité interne que la validité externe.

34Au-delà des considérations propres à l’objet sur lequel nous nous sommes centré dans ce travail, cette thèse se veut une démonstration des vertus d’une approche socio-économique du monde social, en soulignant la fertilité des croisements disciplinaires et méthodologiques.

35Arthur JATTEAU, Chercheur associé à l’IDHES (ENS Paris Saclay), arthur.jatteau@ens-paris-saclay.fr

Troels Krarup, Economic Discourse and European Market Integration: The Problem of Financial Market Infrastructures (Discours économique et intégration européenne des marchés : le problème des infrastructures financières). Thèse de Sociologie, réalisée sous la direction de Cornelia WOLL, Professeure, Sciences Po Paris, soutenue le 4 novembre 2016 à l’Institut d’études politiques de Paris (Centre MaxPo). Jury composé de Christian BORCH, Professeur, Copenhagen Business School ; Olivier GODECHOT, Directeur de recherche CNRS, Sciences Po Paris ; Yuval MILLO, Professor, University of Warwick ; Fabian MUNIESA, Maître de recherche, MINES ParisTech ; Leonard SEABROOKE, Professor, Copenhagen Business School

36Cette thèse soutient que les processus contemporains d’intégration européenne des marchés financiers sont structurés par la formation discursive de la théorie économique organisée autour de la conception concurrentielle du marché. Cela ne veut pas dire que l’intégration européenne reflète simplement une idéologie dominante plus ou moins cohérente (comme le « néo-libéralisme »). C’est plutôt les diverses controverses (techniques, juridiques, économiques et politiques) qui surgissent autour de ces processus qui sont structurés par des problèmes fondamentaux liés à cette conception du marché, de la même manière que certains débats classiques en théorie économique.

37La thèse présente une analyse qualitative d’un projet majeur d’intégration des infrastructures de marchés financiers mené par la Banque Centrale Européenne (BCE) en cours d’implémentation : Target2 Securities ou T2S (2008-2017). Des controverses apparemment spécifiques au projet T2S et sans rapports profonds entre elles se révèlent toutes organisées par les mêmes problèmes conceptuels économiques concernant les rapports entre marchandises et monnaie, marché et infrastructures, concurrence et monopole, privé et public, libre volonté et gouvernance. Bref, par le paradoxe que l’intégration du marché doit être une intégration de la fragmentation. La concurrence libre et équitable entre propriétaires privés mène à des résultats sociaux optimaux, mais l’élimination des « frottements » doit à la fois être un prérequis hors du marché (comme le commissaire-priseur walrasien) et un service exposé à la concurrence dans le marché (comme la monnaie dans la théorie autrichienne).

38Une première controverse d’apparence technique concernant l’élimination des risques dans le règlement-livraison de titres se révèle structurée par le paradoxe que la monnaie doit à la fois être (a) hors du marché en tant que pur système de comptabilité répondant passivement aux besoins des échanges ; et (b) dans le marché en tant que marchandise rare échangée contre d’autres marchandises. Une deuxième controverse d’apparence juridique concernant le droit contesté de la BCE à « internaliser » et monopoliser le règlement-livraison (jusque-là fourni par des agents privés) se révèle structurée par le paradoxe que le marché concurrentiel en tant que domaine social clos doit être monopolisé et public. Une troisième controverse d’apparence économique concernant les frais que facturera la BCE pour les services de T2S se révèle structurée par le problème suivant : ces services seront à la fois des subventions et des marchandises. Finalement, une quatrième controverse d’apparence politique concernant l’harmonisation juridique nécessaire au bon fonctionnement de T2S se révèle structurée par le paradoxe que T2S (simple facilité technique) dépend de l’intégration en système unifié de tous les aspects des marchés financiers européens.

39La thèse développe une approche dite « analyse de problèmes » sur la base du premier Foucault. Cette approche considère les savoirs comme des formations sociales (discursives) organisées autour d’un problème fondamental. Délibérément post-hégélienne, l’analyse de problèmes abandonne donc toute conception du savoir fondée sur les notions de correspondance entre les mots et les choses (il s’agit d’une analyse immanente des discours) ; cohérence logique d’une théorie (il s’agit de problèmes conceptuels) ; et consensus d’une communauté scientifique ou autre (il s’agit de controverses structurées)

40Troels KRARUP, External lecturer, Copenhagen Business School, tr.krarup@gmail.com

Amandine Rauly, Gouverner la télémédecine. Analyse institutionnaliste d’une nouvelle pratique médicale. Thèse d’Économie, réalisée sous la direction de Jean-Paul DOMIN, Maître de conférences HDR, REGARDS, Université de Reims Champagne-Ardenne, soutenue le 1er décembre 2016 à l’Université de Reims Champagne-Ardenne. Jury composé de Philippe BATIFOULIER, Professeur, Université Paris 13 - Sorbonne Paris Cité ; Olivier FAVEREAU, Professeur, Université Paris Ouest Nanterre La Défense ; Maryse GADREAU (Rapporteur), Professeure, Université de Bourgogne ; Florence JANY-CATRICE (Rapporteur), Professeure, Université de Lille 1 ; François LEGENDRE, Professeur, Université Paris-Est Créteil

41La télémédecine, entendue comme une activité de production de soins réalisée à distance au moyen des technologies médicales, se veut porteuse d’espoir pour les acteurs du système de santé. Elle est alors présentée comme une solution à la désertification médicale à la prise en charge des maladies chroniques et doit permettre d’encadrer l’évolution de la dépense de santé. Alors que la pratique semble se développer de façon significative au cours des années 1990-2000, sa progression est paradoxalement au point mort depuis l’instauration d’une politique publique qui lui est dédiée. Cette thèse propose une grille de lecture de la gouvernance de la télémédecine afin d’expliquer l’échec de la stratégie nationale de déploiement de la pratique.

42La première partie de la thèse est dédiée à la caractérisation de la politique de télémédecine. Pour ce faire, nous mobilisons les approches cognitives des politiques publiques développées en sociologie. Il apparaît que la gouvernance de la télémédecine se fonde sur un référentiel politique particulier, qualifié de référentiel de marché, dont l’émergence remonte au début des années 1970 et marque le tournant de l’action publique vers le New public management. Nous mettons en évidence que le référentiel de la télémédecine se base sur des approches fondées sur un raisonnement microéconomique focalisé sur l’agent, sans tenir compte ni des groupes d’acteurs ni des rapports sociaux entre ces acteurs.

43La deuxième partie propose alors d’interpréter le faible développement de la télémédecine en termes de conflits entre les logiques d’action des principaux groupes sociaux que sont les acteurs de la gouvernance et ceux de la production de soins. Les premiers suivent une logique d’action qualifiée d’industrielle marchande, en adéquation avec la vision associée au référentiel de marché et compatible avec les principes de ce que nous avons caractérisé de New public management à la française. Les seconds suivent une logique d’action qualifiée de professionnelle qui repose sur des principes tels que l’autonomie et le respect de l’éthique. La logique d’action professionnelle est caractéristique des acteurs primo-utilisateurs de la télémédecine, c’est-à-dire avant sa reconnaissance juridique. Nous interprétons alors l’enlisement dans ce conflit comme tenant à l’impossibilité pour les acteurs de la gouvernance d’identifier les raisons du blocage du déploiement, compte tenu de leur lecture par le référentiel de marché.

44Afin de dépasser ce conflit, la puissance publique propose d’inciter financièrement les médecins. La troisième partie de la thèse analyse les effets de ces incitations sur les motivations professionnelles des médecins. Pour cela nous avons réalisé une enquête auprès de 385 médecins libéraux. Les résultats de cette enquête mettent en évidence que 80 % des médecins interrogés sont animés par des motivations autonomes et non cupides. Nous montrons que, non seulement cette part de la population médicale est indifférente aux mécanismes incitatifs de la politique de télémédecine, mais de surcroît, ces mécanismes peuvent dégrader leur cadre motivationnel.

45De notre analyse nous retenons que la politique de télémédecine est désencastrée, ce qui crée des tensions entre les objectifs de la politique et les logiques socio-économiques historiques de la production de soins. En éludant les caractéristiques spécifiques des médecins, les dispositifs proposés par la politique vont alors à l’encontre des logiques de production de soins.

46Amandine RAULY, Post-doctorante, Département Recherche opérationnelle, statistiques appliquées et simulation, UTT, Troyes, amandine.rauly@gmail.com

Pierre Robert, Une économie politique de la pauvreté énergétique. Le cas du Sénégal. Thèse d’Économie, réalisée sous la codirection de Benoît LALLAU, Maître de conférences HDR, Lille 1, et de Bruno BOIDIN, Maître de conférences HDR, Lille 1, soutenue publiquement le 9 décembre 2016 à l’Université de Lille 1. Jury composé de Tom BAULER, Professeur, Université Libre de Bruxelles (rapporteur) ; Catherine FIGUIÈRE, Maître de conférences HDR, Université Grenoble Alpes (rapporteure) ; Géraldine FROGER, Professeure, Université de Toulouse Jean Jaurès ; Richard SOBEL, Professeur, Université Lille 1

47Ce travail de thèse interroge le lien énergie-développement en mobilisant le concept de pauvreté énergétique. L’objectif est double : contribuer à la mesure du phénomène et identifier les facteurs de causalité. La thèse montre dans un premier temps que l’approche économique standard demeure problématique, car elle essentialise les besoins. Dès lors, le principal défi théorique consiste à appréhender la pauvreté énergétique comme un rapport dynamique entre des consommations énergétiques réalisées et des besoins en énergie institués (demande sociale). Le cadre d’analyse retenu combine l’Économie des Conventions, afin d’interroger la manière dont la société sénégalaise formule politiquement ses besoins en énergie et cherche à les satisfaire matériellement, et l’approche des Capabilités, qui permet d’étudier les effets de cette formulation conventionnelle sur la situation « énergétique » et globale des populations, en proposant un critère de bien-être multidimensionnel, dynamique et situé.

48L’analyse comprend deux étapes. Tout d’abord, la demande sociale en énergie est appréhendée au travers d’une convention de service énergétique, qui se formalise dans le cadre de l’action publique sénégalaise dans l’énergie. L’étude de cette convention sur plus d’un siècle (1887-2015), ainsi que ses effets sur les dispositifs socio-techniques assurant la fourniture des services énergétiques, permet de suivre l’évolution de la pauvreté énergétique au Sénégal. Cette analyse mobilise différents matériaux (littératures scientifiques et institutionnelles, archives), ainsi que vingt entretiens semi-directifs, réalisés auprès d’acteurs du secteur énergétique. Dans un second temps, pour évaluer avec plus de précision la forme du phénomène de pauvreté énergétique ainsi que ses conséquences sur les populations, deux études de cas sont réalisées en zone rurale sénégalaise. Le travail empirique consiste à reconstituer, sur plus de quarante ans, les trajectoires de vulnérabilité des populations en relation avec leurs pratiques énergétiques. Dans ce but, le cadre d’analyse initial s’enrichit de l’approche des moyens d’existence durable, afin de rendre opératoire celle des Capabilités. L’enquête est menée en deux temps, à partir de 187 entretiens semi-directifs.

49L’étude aboutit à trois grands résultats qui mettent en exergue la complexité du lien énergie-développement. Premièrement, les populations rurales sont les plus touchées par la pauvreté énergétique, car elles restent absentes, ou négligées, lors du processus de formulation de la demande sociale préalable à la mise en œuvre des politiques énergétiques. Cette éviction résulte des effets de domination et des conflits de représentations entre acteurs. Deuxièmement, cette phase préliminaire de formulation débouche sur un mécanisme d’« accès à l’énergie » au sein duquel se forment les phénomènes de pauvreté énergétique. Celui-ci débute par une dégradation des ressources naturelles énergétiques, ce qui entraîne une institutionnalisation de la rareté et débouche sur une extension des rapports marchands en matière énergétique. Troisièmement, le cas sénégalais montre que les modalités technico-organisationnelles de résorption des phénomènes de pauvreté énergétique contribuent au sous-développement, car elles renforcent les mécanismes structurels de dépendance économique externes ainsi que les inégalités « politiques » internes, entre acteurs.

50Pierre ROBERT, Docteur en Économie, Clersé, pierrrobert@gmail.com

Clément Séhier, Responsabilité sociale des entreprises et capitalisme en République populaire de Chine. Quelles transformations du rapport salarial ? Thèse d’Économie, réalisée sous la direction de Richard SOBEL, Professeur, Université de Lille 1 et Bruno BOIDIN, Maître de conférences - HDR, Université de Lille 1, soutenue le 8 décembre 2015 à l’Université de Lille 1. Jury composé de Jean-Pierre CHANTEAU, Maître de conférences - HDR, Université Grenoble Alpes (rapporteur) ; Jean-François HUCHET, Professeur, INALCO (rapporteur) ; Francis KERN, Professeur, Université de Strasbourg ; Corinne VERCHER-CHAPTAL, Professeure, Université Paris 13

51Craignant pour leur réputation, les firmes multinationales (FMN) ont depuis les années 1990 élaboré des dispositifs visant à assurer des conditions de travail décentes dans les usines sous-traitant leur production. La Chine se trouve au cœur des démarches de responsabilité sociale de l’entreprise (RSE), aujourd’hui largement diffusées dans l’industrie intensive en main-d’œuvre peu qualifiée. Cette thèse interroge le rôle de la RSE dans l’évolution des conditions de travail et, plus largement, dans la dynamique de la forme du rapport salarial dans l’industrie chinoise.

52Cette thèse s’inscrit dans une perspective institutionnaliste et appréhende la RSE à trois niveaux. Le cadre d’analyse régulationniste nous permet de la replacer dans le contexte de transition de la Chine vers un système capitaliste. Dans une période de durcissement des luttes sociales, la RSE peut être appréhendée dans le prolongement de l’objectif gouvernemental de construction d’un compromis social plus favorable aux travailleurs.

53L’analyse de l’environnement institutionnel dans lequel s’insère la RSE se poursuit au niveau des organisations qui la mettent en œuvre. Outre les FMN et les usines, notre enquête a été menée auprès du Bureau International du Travail de Pékin, de consultants privés, d’organisations de défense des travailleurs et d’agences gouvernementales. Nous dégageons trois types d’approches, en nous basant sur les registres de justification des acteurs et sur les dispositifs mis en œuvre.

54Chacun de ces idéaux-types est examiné au prisme d’un modèle d’analyse en termes de « potentiel régulatoire », visant à étudier la capacité de normes privées à influer sur les règles au sein des entreprises, et plus largement sur les institutions du rapport salarial. Notre cadre d’analyse s’est ainsi inspiré des sciences de gestion et de la sociologie du travail afin d’étudier le niveau de la mise en œuvre des règles.

55Nous montrons que l’approche « mise en conformité », la plus répandue dans l’industrie chinoise, a suscité l’espoir d’une amélioration des conditions de travail par le biais de normes privées décentralisées. Mais les objectifs contenus dans les codes de conduite émis par les FMN sont souvent déconnectés des pratiques en vigueur dans les ateliers, et les travailleurs ne sont pas impliqués dans leur mise en œuvre. Cette approche a donc très largement échoué à modifier les comportements et tend à reproduire la domination des FMN dans les chaînes globales de valeur.

56L’approche « experte », qui associe l’amélioration des conditions de travail à l’optimisation de l’organisation productive, est promue par des organisations consultantes, par les pouvoirs publics et par le Bureau International du Travail. Elle permet de lutter contre les risques d’accident et d’améliorer la mise en œuvre du droit du travail. Mais les sujets les plus conflictuels sont éludés, le risque étant de dévoyer la RSE en la réduisant à des techniques de management permettant de discipliner la main-d’œuvre.

57Enfin, des activistes instrumentalisent la RSE afin d’établir des mécanismes de négociation collective dans les ateliers. Mais en l’absence de protection légale des représentants élus, et face aux suspicions de la direction des usines, les comités élus sont rarement pérennes. Il n’est cependant pas à exclure que ces expériences servent à terme de « laboratoire de règles ».

58Clément SÉHIER, chercheur associé au laboratoire CLERSE, clement.sehier@gmail.com

Jean-Sébastien Vayre, Des machines à produire des futurs économiques : sociologie des intelligences artificielles marchandes à l’ère du big data. Thèse de Sociologie, réalisée sous la direction de Franck COCHOY, Professeur, Université Toulouse Jean Jaurès, soutenue le 28 novembre 2016 à l’Université Toulouse Jean Jaurès. Jury composé de Dominique BOULLIER, Professeur, École Polytechnique fédérale de Lausanne (rapporteur) ; Dominique CARDON, Professeur associé, Medialab de l’Institut d’Études politiques de Paris ; Emmanuel KESSOUS, Professeur, Université Nice Sophia Antipolis (rapporteur) ; Anne MAYÈRE, Professeure, Université Toulouse Paul Sabatier

59Avec le développement des Technologies de l’Information et de la Communication au sein des diverses sphères de la société, les activités de travail et de consommation produisent des données d’usage. Associées à d’autres, ces données sont aujourd’hui qualifiées de big data. Dans la sphère marchande, ces big data ont pour principale fonction de permettre aux entreprises de prédire des avenirs économiques afin de mieux organiser leur présent. Pour ce faire, les professionnels du marché doivent se munir d’un arsenal de machines capables de traduire ces big data en prédictions. À partir d’une ethnographie multi-située conduite de 2012 à 2015, cette thèse étudie la conception et les usages de ces intelligences artificielles de façon à mieux comprendre les enjeux sociocognitifs et politiques associés à leur diffusion au sein des organisations.

60La première partie de la thèse est composée de deux chapitres. Le premier chapitre, de nature théorique, s’intéresse à la théorie de la performativité de Michel Callon en formulant l’hypothèse que, pour faire advenir les visions de leurs concepteurs, les techniques doivent être dotées d’une certaine pertinence du point de vue de leurs implémenteurs et de leurs utilisateurs. La finalité de la thèse est alors d’examiner comment est construite la pertinence des machines à produire des futurs économiques. Le deuxième chapitre donne un premier éclairage macrosociologique. Il étudie comment le mouvement big data que nous connaissons actuellement est une évolution sociotechnique qui renvoie à un important travail de mise en pertinence des données numériques, des technologies permettant de les produire et de les stocker, et surtout, des algorithmes d’apprentissage artificiel autorisant leur traitement.

61La deuxième partie de la thèse est centrée sur la conception de ces algorithmes. Elle comporte trois chapitres. Le troisième chapitre revient sur l’histoire de l’intelligence artificielle de façon à pointer comment l’avènement de ce que les professionnels appellent le machine learning a progressivement permis un détachement des technologies de traitement des données vis-à-vis des épistémologies globales portant sur l’intelligence. Il souligne qu’avec le développement des techniques de machine learning, l’apprentissage tend à ne plus être pensé à l’aune de l’intelligence du vivant, mais comme un problème d’optimisation qui est d’ordre statistique. Les chapitres quatre et cinq rendent compte de la manière dont sont conçues les machines à produire des futurs économiques. Ils mettent en avant comment les concepteurs co-créent leurs dispositifs d’apprentissage artificiel à partir des épistémologies locales qui sont propres à l’implémenteur. Ils montrent que la pertinence que les implémenteurs accordent à ces technologies dépend de la qualité de cette co-création.

62La troisième partie de la thèse est focalisée sur les usages d’une machine à produire des futurs économiques particulière : l’agent de recommandation développé par la société DataCrawler. Cette partie est composée d’un long chapitre qui montre que, si la pertinence de cet agent apparaît relativement bonne du point de vue de ses implémenteurs, elle n’en reste pas moins ambivalente de celui de ses utilisateurs. En cherchant à optimiser les intérêts financiers des e-commerçants en encourageant l’exploration de leur site par les consommateurs, cet agent peut en effet perturber les activités de recherche d’information de ces derniers. Le chapitre six pointe ainsi comment certaines applications marchandes des technologies d’intelligence artificielle cristallisent des asymétries de manipulation qui ne sont pas un bien pour la communauté : si l’implémenteur co-crée les services que lui rend l’agent de recommandation, l’utilisateur les coproduit à partir des traces qu’il dépose durant ses usages de l’Internet.

63En conclusion, la thèse met en lumière comment, à l’ère du big data, les intelligences artificielles que sont les machines à produire des futurs économiques participent à instituer, au sein des organisations, des types d’intelligence qui sont très pragmatiques et localisés. Elle souligne que ces machines recouvrent des formes de pertinence qui doivent être questionnées dans la mesure où elles peuvent contribuer à naturaliser des asymétries commerciales dont les implications politiques et sociologiques ne sont pas suffisamment considérées.

64Jean Sébastien VAYRE, ATER, Université Toulouse Jean Jaurès, CERTOP, jeanvayre@yahoo.fr

  1. Henri Boullier, Autoriser pour interdire. La fabrique des savoirs sur les molécules et leurs risques dans le règlement européen REACH. Thèse de Sociologie, réalisée sous la direction de Pierre-Benoît JOLY, Directeur de recherche, INRA et Gilles CRAGUE, Directeur de recherche, Ponts ParisTech, soutenue le 8 janvier 2016 à l’Université Paris-Est. Jury composé de Olivier BORRAZ, Directeur de recherche, CNRS (rapporteur) ; Jean-Paul GAUDILLIÈRE, Directeur de recherche, INSERM ; Emmanuel HENRY, Professeur, Université Paris-Dauphine (rapporteur) ; Sheila JASANOFF, Professeur, Université de Harvard
  2. Leslie Carnoye, Les services écosystémiques : de nouveaux outils de justification au service de la critique écologiste ? Une analyse conventionnaliste à partir du Parc Naturel Régional Scarpe-Escaut (France). Thèse d’Économie, réalisée sous la direction de Richard SOBEL, Professeur, Université de Lille 1, et d’Alain LEPRETRE, Professeur, Université de Lille 1, soutenue publiquement le 8 décembre 2016 à l’Université de Lille 1. Jury composé de Philippe BATIFOULIER, Professeur, Université Paris 13 (rapporteur) ; Géraldine FROGER, Professeure, Université Toulouse – Jean Jaurès (Rapporteure) ; Florence JANY-CATRICE, Professeure, Université de Lille 1 ; Franck-Dominique VIVIEN, Professeur, Université de Reims Champagne-Ardenne ; Bertrand ZUINDEAU, Maître de conférences HDR, Directeur de projet, Conseil Régional des Hauts-de-France
  3. Hadrien Coutant, Un capitalisme d’ingénieurs. Construire un groupe aéronautique après une fusion. Thèse de Sociologie, réalisée sous la direction de Pierre-Éric TIXIER, Professeur, Sciences Po, CSO, soutenue le 28 novembre 2016 à Sciences Po Paris. Jury composé d’Alexandra BIDET, Chargée de recherche CNRS, CMH, ENS ; Isabelle FERRERAS, Chercheure qualifiée du FNRS/UCL-CriDIS, Professeure, Université de Louvain (rapporteure) ; Pierre FRANÇOIS, Directeur de recherche CNRS, CSO, Sciences Po ; Philippe MONIN, Professeur, Emlyon Business School (rapporteur) ; Tommaso PARDI, Chargé de recherche CNRS, IDHES, ENS Cachan
  4. Antoine Ducastel, Cultiver le capital. Une analyse de la financiarisation de l’agriculture en Afrique du Sud par les « filières agro-financières » du private equity. Thèse d’Économie, réalisée sous la direction de Jean-Jacques GABAS, Maître de conférences HDR, CIRAD, et Ward ANSEEUW, Chercheur, CIRAD et Université de Pretoria, soutenue le 28 juin 2016 à l’Université Paris-Saclay. Jury composé d’Ève CHIAPELLO, Directrice d’études, EHESS ; Vincent GERONIMI, Maître de conférences HDR, Université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines ; Francois PURSEIGLE, Professeur, ENSA-INPT ; Laurence ROUDARD, Professeure, Université Libre de Bruxelles
  5. Camille Herlin-Giret, Les mondes de la richesse. Travailler et faire travailler le capital. Thèse de Sciences politiques, réalisée sous la direction de Brigitte LE GRIGNOU, Professeure, Université Paris-Dauphine, et de Choukri HMED, Maître de conférences, Université Paris-Dauphine, soutenue le 1er juillet 2016 à l’Université Paris-Dauphine. Jury composé de Pierre FRANÇOIS, Directeur de recherche CNRS-CSO, Sciences-Po Paris ; Brigitte GAÏTI, Professeure, Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne ; Alexis SPIRE, Directeur de recherche CNRS-IRIS, EHESS ; Anne-Catherine WAGNER, Professeure, Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne
  6. Thomas Jammet, Mettre le web social au service des marques. Une sociologie pragmatique du community management en France. Thèse de Sociologie, réalisée sous la codirection de Pascal UGHETTO, Professeur, LATTS, Université Paris-Est Marne-Vallée, et de Sylvain PARASIE, Maître de conférences, LISIS, Université Paris-Est Marne-Vallée, soutenue publiquement le 19 septembre 2016 à l’Université Paris-Est Marne-Vallée. Jury composé de Pierre-Jean BENGHOZI, Directeur de recherche CNRS, École Polytechnique ; Franck COCHOY, Professeur, Université Toulouse Jean Jaurès (rapporteur) ; Alexandre MALLARD, Directeur de recherche, Mines ParisTech (rapporteur) ; Dominique PASQUIER, Directrice de recherche CNRS, Télécom ParisTech
  7. Arthur Jatteau, « Faire preuve par le chiffre ? » Le cas des expérimentations aléatoires en économie. Thèse de Sociologie et d’Économie, réalisée sous la codirection d’Agnès LABROUSSE, Maîtresse de Conférences, Université de Picardie – Jules Verne, et de Frédéric LEBARON, Professeur, ENS Paris Saclay, soutenue le 5 décembre 2016 à l’ENS Paris Saclay. Jury composé d’Emmanuel DIDIER, Chargé de recherche, CNRS ; Patrice DURAN, Professeur, ENS Paris Saclay ; Nathalie ETCHART-VINCENT, Chargée de recherche, CNRS ; Gaël GIRAUD, Directeur de recherche, CNRS ; Florence JANY-CATRICE, Professeure, Université de Lille 1 (rapporteure) ; Theodore M. PORTER, Professeur, Université de Californie à Los Angeles (rapporteur)
  8. Troels Krarup, Economic Discourse and European Market Integration: The Problem of Financial Market Infrastructures (Discours économique et intégration européenne des marchés : le problème des infrastructures financières). Thèse de Sociologie, réalisée sous la direction de Cornelia WOLL, Professeure, Sciences Po Paris, soutenue le 4 novembre 2016 à l’Institut d’études politiques de Paris (Centre MaxPo). Jury composé de Christian BORCH, Professeur, Copenhagen Business School ; Olivier GODECHOT, Directeur de recherche CNRS, Sciences Po Paris ; Yuval MILLO, Professor, University of Warwick ; Fabian MUNIESA, Maître de recherche, MINES ParisTech ; Leonard SEABROOKE, Professor, Copenhagen Business School
  9. Amandine Rauly, Gouverner la télémédecine. Analyse institutionnaliste d’une nouvelle pratique médicale. Thèse d’Économie, réalisée sous la direction de Jean-Paul DOMIN, Maître de conférences HDR, REGARDS, Université de Reims Champagne-Ardenne, soutenue le 1er décembre 2016 à l’Université de Reims Champagne-Ardenne. Jury composé de Philippe BATIFOULIER, Professeur, Université Paris 13 - Sorbonne Paris Cité ; Olivier FAVEREAU, Professeur, Université Paris Ouest Nanterre La Défense ; Maryse GADREAU (Rapporteur), Professeure, Université de Bourgogne ; Florence JANY-CATRICE (Rapporteur), Professeure, Université de Lille 1 ; François LEGENDRE, Professeur, Université Paris-Est Créteil
  10. Pierre Robert, Une économie politique de la pauvreté énergétique. Le cas du Sénégal. Thèse d’Économie, réalisée sous la codirection de Benoît LALLAU, Maître de conférences HDR, Lille 1, et de Bruno BOIDIN, Maître de conférences HDR, Lille 1, soutenue publiquement le 9 décembre 2016 à l’Université de Lille 1. Jury composé de Tom BAULER, Professeur, Université Libre de Bruxelles (rapporteur) ; Catherine FIGUIÈRE, Maître de conférences HDR, Université Grenoble Alpes (rapporteure) ; Géraldine FROGER, Professeure, Université de Toulouse Jean Jaurès ; Richard SOBEL, Professeur, Université Lille 1
  11. Clément Séhier, Responsabilité sociale des entreprises et capitalisme en République populaire de Chine. Quelles transformations du rapport salarial ? Thèse d’Économie, réalisée sous la direction de Richard SOBEL, Professeur, Université de Lille 1 et Bruno BOIDIN, Maître de conférences - HDR, Université de Lille 1, soutenue le 8 décembre 2015 à l’Université de Lille 1. Jury composé de Jean-Pierre CHANTEAU, Maître de conférences - HDR, Université Grenoble Alpes (rapporteur) ; Jean-François HUCHET, Professeur, INALCO (rapporteur) ; Francis KERN, Professeur, Université de Strasbourg ; Corinne VERCHER-CHAPTAL, Professeure, Université Paris 13
  12. Jean-Sébastien Vayre, Des machines à produire des futurs économiques : sociologie des intelligences artificielles marchandes à l’ère du big data. Thèse de Sociologie, réalisée sous la direction de Franck COCHOY, Professeur, Université Toulouse Jean Jaurès, soutenue le 28 novembre 2016 à l’Université Toulouse Jean Jaurès. Jury composé de Dominique BOULLIER, Professeur, École Polytechnique fédérale de Lausanne (rapporteur) ; Dominique CARDON, Professeur associé, Medialab de l’Institut d’Études politiques de Paris ; Emmanuel KESSOUS, Professeur, Université Nice Sophia Antipolis (rapporteur) ; Anne MAYÈRE, Professeure, Université Toulouse Paul Sabatier
Mis en ligne sur Cairn.info le 27/04/2017
https://doi.org/10.3917/rfse.018.0231
Pour citer cet article
Distribution électronique Cairn.info pour La Découverte © La Découverte. Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent article, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public sous quelque forme et de quelque manière que ce soit.
keyboard_arrow_up
Chargement
Chargement en cours.
Veuillez patienter...