CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Clément Bert Erboul, Les producteurs de contenus sous licences libres : engagements et coordinations. Thèse de Sociologie sous la direction de Bernard CONVERT, Directeur de recherche CNRS, Clersé et François HORN, Maître de conférences, Université de Lille-3. Sciences humaines et sociales, soutenue le 5 décembre 2014 à l’Université de Lille-1. Sciences et Technologies. Jury composé de Nicolas AURAY, Maître de conférences HDR, École Nationale Supérieure des Télécommunications (rapporteur) ; Marc ZUNE, Professeur, Université de Louvain-la-Neuve (rapporteur) ; Patrice FLICHY, Professeur, Université de Marne-la-Vallée

1Les individus sur internet font quotidiennement usage d’outils informatiques créés et mis à disposition par des personnes n’exigeant pas de contrepartie. Certains de ces outils sont dits libres (free) ou ouverts (open), ce qui signifie que leurs auteurs autorisent, via des contrats de licences spécifiques, leurs utilisations et leurs modifications par tous les utilisateurs.

2La plus grande partie de la littérature scientifique a, jusqu’à présent, expliqué ce phénomène au travers des hypothèses économiques d’incitations individuelles. D’après cette approche, les contributeurs produisant ces outils estiment que leur participation à ces projets collectifs a des effets positifs à court et moyen termes sur leurs carrières professionnelles.

3À partir d’une revue de littérature et de l’étude de trois cas empiriques (Sésamath, OWNI et VideoLan), notre thèse revient sur les hypothèses d’incitations individuelles en mettant en lumière les effets de structure à l’origine du phénomène des licences libres.

4Le premier chapitre est consacré à une étude bibliométrique de la littérature scientifique sur les licences libres. Nous y montrons la dominance de l’approche micro-économique dans cette littérature. Dans le second chapitre, nous proposons une revue critique de cinq outils théoriques régulièrement mobilisés dans l’étude des producteurs de contenus sous licences libres. Dans le troisième chapitre, en croisant des sources habituellement séparées, nous proposons une histoire des licences libres qui met en évidence les contraintes exercées par les cadres économiques, juridiques et professionnels sur les pratiques individuelles de l’échange du code source. Le quatrième chapitre compare les origines et les trajectoires de deux projets libres dont nous avons fait l’étude, Sésamath (éducation) et OWNI (presse), dans le but de souligner l’influence des contextes professionnels dans la mobilisation individuelle des droits de propriété intellectuelle. Dans le cinquième chapitre, la comparaison des réseaux de contributeurs chez Sésamath et VideoLan (logiciel pour multimédia) montre que l’utilisation des licences libres par deux professions différentes (informaticiens et enseignants) crée des organisations différentes compte tenu de la structure des échanges marchands auxquels participent ces collectifs.

5Notre thèse remet la rationalité en valeur au centre de l’analyse des activités des groupes produisant des contenus libres. Au final, nous démontrons que l’existence de ces organisations ne découle pas de l’activité spontanée d’individus isolés. L’apparition et le maintien de ces collectifs constituent un processus social dans lequel interviennent des organisations privées et publiques hors lignes dont les règles professionnelles et juridiques influencent les actions collectives en ligne.

6Clément BERT ERBOUL, Post-doctorant, Laboratoire Clersé, clementberterboul@gmail.com

Hugo Bertillot, La rationalisation en douceur : sociologie des indicateurs qualité à l’hôpital. Thèse de Sociologie, réalisée sous la direction de Christine MUSSELIN, Directrice de recherche CNRS CSO, Institut d’études politiques de Paris et Daniel BENAMOUZIG, Chargé de recherche CNRS CSO, soutenue le 2 décembre 2014 à l’Institut d’études politiques de Paris. Jury composé de Valérie BOUSSARD, Professeure, Université Paris Ouest Nanterre La Défense (rapporteure) ; Nicolas DODIER, Directeur de recherche à l’INSERM et Directeur d’études à l’EHESS, LIER (rapporteur) ; Ewan FERLIE, Professeur, King’s College London ; Patrick HASSENTEUFEL, Professeur, UVSQ (président) ; Jean-Claude MOISDON, Directeur de recherche honoraire CGS MINES ParisTech

7Au nom de la transparence et de la performance, des pratiques d’évaluation sont déployées dans un nombre croissant de contextes sociaux. Véritable laboratoire de ce mouvement, le secteur hospitalier français est affecté depuis la fin des années 1990 par des réformes néo-managériales qui visent à renforcer le contrôle étatique sur les organisations de soin et sur les activités médicales. La thèse saisit cette dynamique en étudiant le déploiement par l’État d’indicateurs qualité dont l’objet est de quantifier, mettre en transparence et améliorer la qualité des prises en charge.

8La thèse problématise la généralisation de ces indicateurs dans la perspective wébérienne de la rationalisation des activités sociales. Elle saisit l’action publique dans son caractère organisé, instrumental et cognitif, à partir d’une méthodologie qui croise entretiens auprès des acteurs institutionnels, analyse bibliographique et bibliométrique d’un corpus de sources écrites et enquêtes de terrain approfondies à l’intérieur de quatre établissements de santé. Cette approche permet de retracer le processus de construction des instruments, d’analyser leurs propriétés techniques et cognitives et de caractériser leurs usages sociaux.

9La première partie retrace la genèse institutionnelle des indicateurs qualité. Le moteur de leur généralisation réside moins dans une volonté claire des élites politiques ou une « ruse d’État » que dans un jeu collectif complexe : il a fallu que l’absence de mesure de la qualité par l’État devienne un problème public à la fin des années 1990, sous l’influence des palmarès hospitaliers et de la mobilisation des usagers victimes d’infections nosocomiales ; que l’État décide de « prendre des mesures » ; puis que les institutions de régulation se saisissent d’indicateurs produits par les experts médico-administratifs. Cette trajectoire a marqué les indicateurs d’une approche prudente de la régulation.

10La deuxième partie étudie le travail multiforme par lequel des acteurs intermédiaires variés contribuent à façonner cette entreprise de rationalisation. Participant d’une « nébuleuse intégratrice » originale, des chercheurs-experts, des représentants des acteurs hospitaliers et des intermédiaires régionaux négocient l’acceptabilité et l’effectivité de cette entreprise de rationalisation.

11La troisième partie saisit les indicateurs qualité in vivo, à l’intérieur des organisations de soin. Les indicateurs parviennent à coloniser de manière convergente les quatre établissements d’enquête, à travers une variété de mécanismes : les directeurs s’engagent sous les pressions concurrentielles ou administratives ; les gestionnaires de la qualité se saisissent des indicateurs pour légitimer leur position encore fragile ; les acteurs du soin se positionnent selon un continuum allant de l’adhésion forte à la distance, en passant par un engagement sans ferveur.

12En somme, les indicateurs qualité rationalisent en douceur les bureaucraties professionnelles. En s’institutionnalisant discrètement, ils instillent formalisation, contrôle, traçabilité et auditabilité à l’hôpital. Leur déploiement s’accompagne d’un renforcement du contrôle externe des activités médicales, d’une intégration bureaucratique verticale du secteur, mais aussi d’un certain désenchantement du monde hospitalier.

13Hugo BERTILLOT, Chercheur associé, Centre de sociologie des organisations (IEP de Paris), hugo.bertillot@sciencespo.fr

Fabien Foureault, Remodeler le capitalisme : le jeu profond du Leveraged Buy-Out en France, 2001-2009. Thèse de sociologie, réalisée sous la direction de Denis SEGRESTIN, Professeur émérite, Institut d’Études Politiques de Paris, soutenue le 12 décembre 2014 à l’Institut d’Études Politiques de Paris. Jury composé de Valérie BOUSSARD, Professeure, Université Paris Ouest Nanterre La Défense (rapporteure) ; Frank DOBBIN, Professeur, Harvard University ; Pierre FRANÇOIS, directeur de recherche au CNRS, Centre de Sociologie des Organisations (président) ; Antoine REBÉRIOUX, Professeur, Université Paris Diderot (Paris 7) ; Philippe STEINER, Professeur, Université Paris-Sorbonne (Paris 4) (rapporteur)

14La thèse interroge les transformations contemporaines du capitalisme français à partir du cas d’une technique d’acquisition de sociétés par endettement nommée Leveraged Buy-Out (LBO). D’un point de vue sociologique, le LBO constitue une « arme organisationnelle ». C’est une technique mobilisée essentiellement par des actionnaires professionnels – que l’on appelle communément « investisseurs » – qui s’efforcent de prendre le contrôle d’entreprises en vue de les transformer en des machines à rentabiliser leurs fonds propres. Cette technique entre dans le cadre d’une sorte de projet plus global de remodelage du capitalisme français, qui devrait épouser une forme plus pure, à l’image de ce que l’on appelle le « modèle américain ». Le LBO est donc un « jeu profond » qui nous permet de révéler des changements intervenus en France dans les années 2000, à la fois au niveau des entreprises et de l’économie.

15La thèse entend répondre plus précisément à la question de recherche suivante : quel rôle joue le LBO dans les transformations du capitalisme français ? Pour répondre à cette question, la thèse articule méthodes quantitatives et qualitatives. Elle repose sur des données quantitatives recueillies à partir d’un large échantillon d’opérations de LBO et analysées avec divers outils statistiques. Elle repose aussi sur des enquêtes par entretiens auprès d’acteurs du LBO et de cadres d’une entreprise sous LBO. La thèse articule aussi différentes échelles. Elle se situe d’abord au niveau du champ du LBO français, puis augmente progressivement la « résolution » de l’analyse. Elle scrute la relation entre investisseurs et dirigeants et elle examine un cas exemplaire d’entreprise sous LBO.

16Si la thèse de la neutralité de la finance par rapport à l’économie sous-estime l’ampleur du changement, la thèse d’un changement du type de capitalisme sur le mode états-unien surestime l’ampleur du changement. Le LBO révèle une transformation à la fois étendue et limitée du capitalisme français durant les dernières décennies. L’étendue du changement peut se mesurer à la croissance spectaculaire de ces opérations et à la diversité des acteurs qui participent au champ. Elles produisent de la valeur disponible qui permet aux investisseurs et aux dirigeants de constituer des fortunes considérables. Elles accélèrent le processus de destruction créatrice, le processus de rationalisation productive et recomposent le pouvoir dans l’entreprise. Mais le changement se heurte aussi à des limites significatives. L’arme organisationnelle a fait l’objet d’une traduction dans le langage du capitalisme français et a dû être appropriée par les banquiers et les dirigeants. Le LBO s’est en quelque sorte trouvé autolimité : sa mécanique comporte une fragilité intrinsèque qui peut déboucher sur des faillites d’entreprise et sur des bulles de crédit. Enfin, les plans de création de valeur peuvent manquer leur objectif car ils s’affrontent à la déstabilisation de l’ordre social dans l’entreprise du fait du changement de propriétaire et de l’incertitude sur son attitude future.

17Au final, le LBO tient son pouvoir paradoxal du fait qu’il contribue à faire bifurquer le capitalisme français loin du « compromis d’après-guerre » tout en conservant les aspects traditionnels de sa structure institutionnelle.

18Fabien FOUREAULT, Chercheur postdoctoral, Centre de Sociologie des Organisations (CNRS/Sciences-Po), fabien.foureault@sciencespo.fr

Jaime Montes-Lihn, Apprentissage inter-organisationnel au sein des réseaux inter-individuels : le cas de la conversion de viticulteurs à l’agriculture biologique. Thèse de Sociologie, réalisée sous la direction d’Emmanuel LAZEGA, Professeur, Institut d’Études Politiques de Paris, soutenue le 3 décembre 2014 à l’Université Paris-Dauphine. Jury composé de Philippe STEINER, Professeur, Université Paris-Sorbonne (rapporteur) ; Jean-Marc TOUZARD, Directeur de recherche, INRA (rapporteur) ; Isabelle HUAULT, Professeur, Université Paris-Dauphine ; Claude COMPAGNONE, Professeur, Agrosup Dijon

19Depuis une perspective théorique se situant au croisement de la sociologie économique et de la sociologie de la connaissance, cette thèse a pour objectif d’examiner les mécanismes sociaux à l’œuvre dans la transition d’un milieu viticole vers l’agriculture biologique ou biodynamique. Sur la base d’un travail ethnographique et de l’analyse d’un réseau complet qui révèle les interdépendances entre la totalité des producteurs engagés dans ces formes de production sur le vignoble de la Côte de Beaune – soit plus de 60 viticulteurs certifiés ou en cours de certification en agriculture biologique ou biodynamique –, sont analysés les processus d’apprentissage collectifs sur lesquels s’articule cette transition.

20Les viticulteurs en bio, ne pouvant faire usage de pesticides de synthèse bannis par le cahier des charges de l’agriculture biologique et biodynamique, sont confrontés à des risques plus difficilement maîtrisables que dans l’agriculture conventionnelle. Dans ce contexte, lorsqu’ils se convertissent au bio, ils doivent mobiliser de nouvelles connaissances et acquérir une capacité d’observation et d’interprétation des signes de la nature qui a été oubliée et dévalorisée par la culture technico-scientifique. La participation de ces producteurs à une communauté épistémique composée de pairs est donc une composante fondamentale de leur travail quotidien, car elle leur permet de valider la pertinence technique et sociale de leurs décisions.

21Ce travail de recherche fait tout d’abord apparaître que l’apprentissage des viticulteurs au moment de leur conversion, et ensuite dans leur activité ordinaire, est réellement collectif, c’est-à-dire qu’il s’appuie sur une tendance aux échanges groupaux. L’analyse des interdépendances entre viticulteurs nous a permis d’observer que ce sont deux processus d’apprentissage qui se déploient en parallèle. Ils se différencient par le mode de légitimation des revendications épistémiques et par l’horizon temporel des décisions techniques des acteurs.

22Le premier processus d’apprentissage est déployé au sein d’une « élite » composée des viticulteurs les plus expérimentés et de plus haut statut social. Malgré leur longue expérience de l’agriculture biologique ou biodynamique, ils continuent d’échanger entre pairs sur des sujets de pointe afin d’approfondir leurs connaissances.

23Le second processus est à l’œuvre entre cette élite et d’autres groupes d’identités et de parcours différents, mais reliés à l’élite par des interdépendances privilégiées. Il permet l’intégration personnalisée des nouveaux membres, lesquels montrent alors une forme d’allégeance aux normes du milieu et une certaine reconnaissance envers les viticulteurs bio de la première heure. Nos analyses montrent que l’accompagnement des novices par les pionniers commence bien avant la certification et se poursuit bien au-delà, au travers d’échanges d’avis sur l’accomplissement des tâches quotidiennes, et notamment celles qui ont un horizon temporel de court terme.

24Néanmoins, la logique relationnelle des viticulteurs ne peut être réduite à des affinités identitaires. Nous montrons qu’elle prend également en compte leur positionnement sur le marché. Les viticulteurs tendent à coopérer entre concurrents directs. Les mécanismes sociaux à l’œuvre au cours du processus de conversion sont particulièrement complexes et fragiles, et ne peuvent être définis depuis une logique exclusivement économique ou identitaire.

25Jaime MONTES-LIHN, Docteur en Sociologie, jaimemonteslihn@gmail.com

Samuel Pinaud, La poudre de lait, le trader parisien et le commerçant bamakois. Une sociologie économique de la mondialisation. Thèse de Sociologie sous la direction de François VATIN, Professeur, Université Paris Ouest Nanterre, soutenue le 17 septembre 2014 à l’Université Paris Ouest Nanterre. Jury composé de Franck COCHOY, Professeur, Université Toulouse II Le Mirail (Rapporteur) ; Christian CORNIAUX, Chargé de recherche, Cirad – Sénégal ; Sophie DUBUISSON-QUELLIER, Directrice de recherche CNRS, Centre de sociologie des organisations – IEP de Paris ; Fabian MUNIESA, Maître de recherche, Centre de sociologie de l’innovation – Mines ParisTech (Président du Jury) ; Philippe STEINER, Professeur, Université Paris Sorbonne (Rapporteur)

26Cette thèse porte sur les évolutions contemporaines du commerce international des matières premières agricoles. L’analyse se centre sur le rôle des commerçants dans la production et l’extension des liens marchands dans le cas particulier du commerce de la poudre de lait entre l’Europe et l’Afrique de l’Ouest.

27Deux scènes marchandes sont plus particulièrement décrites : une salle de trading de produits laitiers située à Paris et le marché de gros de Bamako. Empruntant une posture pragmatiste attentive à l’influence de la matérialité du produit sur les techniques commerciales et les opérations de requalification du produit le long de différents circuits commerciaux, la thèse explicite l’émergence, le développement et l’influence de raisonnements spéculatifs sur l’ensemble de la chaîne de valorisation d’un même produit.

28La première partie étudie la genèse du marché mondial de la poudre de lait et son évolution marquée par la libéralisation des politiques agricoles, qui renforce la prégnance des mécanismes marchands sur les acteurs de l’offre et de la demande. La sujétion des producteurs laitiers, français et maliens, au marché mondial est toutefois limitée par le caractère imparfait de la substitution entre les deux matières premières laitières utilisées dans les procès de transformation : la poudre de lait (produit du commerce international) et le lait cru à la circulation marchande restreinte.

29La seconde partie développe une démarche d’ethnographie multi-située. L’enquête menée dans une salle de trading de produits laitiers renseigne sur les modalités pratiques d’établissement d’un prix mondial. Elle montre l’influence de la libéralisation des politiques agricoles sur les pratiques commerciales. Elle décrit les conditions d’un déploiement réussi de stratégies commerciales spéculatives qui sont d’autant plus valorisées que le produit est rare, et ses prix futurs incertains. La saisonnalité de la production et la périssabilité du produit contraignent toutefois fortement ce type de raisonnement commercial.

30L’enquête effectuée à Bamako illustre la traduction de cette norme marchande internationale (rapport entre une qualité et un prix) ainsi instituée le long de deux circuits de distribution, distingués selon que la poudre est conditionnée industriellement ou artisanalement. L’efficacité du circuit artisanal tient en partie au fait qu’en permettant une adaptation rapide par la qualité ou les quantités, il s’ajuste au plus près au contexte international marqué par la volatilité des prix, la diversification des approvisionnements et l’irrégularité des qualités disponibles. La thèse montre finalement que ce contexte international entraîne localement un réajustement des modalités de valorisation du produit qui a des conséquences tant sur les relations commerciales que sur la distribution de la valeur économique entre les différents intermédiaires commerciaux.

31Samuel PINAUD, Post-doctorant, Clersé, Université Lille 1, samuel.pinaud@univ-lille1.fr

Rabih Zotti, Y a-t-il convergence du développement en Europe ? Concepts, mesures et politiques de développement. Thèse d’Économie sous la direction de Florence JANY-CATRICE, Professeure, Université de Lille 1. Sciences et Technologies, soutenue le 16 septembre 2014 à l’Université de Lille 1. Sciences et Technologies. Jury composé de Claudine OFFREDI, Maître de conférences-HDR, Université de Grenoble (rapporteure) ; Michel RENAULT, Maître de conférences-HDR, Université de Rennes 1 (rapporteur) ; Robert SALAIS, Directeur de recherche CNRS, Chercheur associé à l’IDHE ; Nicolas VANEECLOO, Professeur, Université Lille 1 ; Grégory MARLIER, Conseil Régional du NPDC (membre invité)

32Comme l’a montré R. Salais, deux interprétations différentes de l’Europe coexistent. La première, celle de ses « pères fondateurs », présente une Europe pour tous les Européens basée sur un haut degré de confiance mutuelle. Le projet affiché met en avant la paix entre Européens, l’intégration économique et le développement harmonieux. L’Europe présenterait alors une forte solidarité et une cohésion de plus en plus renforcée. Tel est le « Grand Récit » de l’Europe, celle de ses pères fondateurs et des principales institutions européennes. Au fil du temps, une autre version de l’Europe a finalement vu le jour. Entrée dans un tournant néolibéral, cette Europe-là serait marquée par un déficit démocratique et une solidarité largement remise en question.

33La principale différence entre ces deux versions d’Europe réside dans la vision économiciste du développement européen, loin des prétentions humanistes qui lui sont parfois prêtées, au moins à l’origine. Cela se traduit par des politiques de cohésion et des critères de convergence fondés exclusivement sur la dimension économique, matérialisée par la référence centrale au PIB. Dans cette thèse, la solidarité européenne est remise en question à travers la notion de « développement harmonieux » européen, qui semble passer à côté de la justice sociale et de la responsabilité environnementale.

34Nous défendons une thèse basée sur l’idée d’élargir le débat sur le développement européen, l’évaluation et la mesure de la convergence à d’autres dimensions que celle qui fait exclusivement référence au PIB. Notre principal objectif a donc consisté à évaluer si, au niveau des pays et des régions de l’UE, on observe ou non une convergence vers un développement humain durable. Afin d’atteindre cet objectif, nous sommes partis des critiques concernant les vertus de la croissance économique pour montrer que d’autres visions du développement européen méritent d’être mobilisées, et que ces autres visions peuvent faire l’objet d’analyse de convergence. Nous nous sommes ensuite intéressé à la notion de « cohésion européenne » pour estimer si celle-ci dépassait les frontières du cadre économique à partir duquel elle avait émergé. Après avoir testé l’adaptabilité des indicateurs de développement à l’analyse de convergence, nous avons réévalué celles du développement économique et du développement humain (au niveau des pays et des régions de l’UE) puis celle du développement durable en mobilisant l’empreinte écologique (au niveau des pays).

35Une analyse des rapports de la Commission européenne, traitant de la cohésion économique et sociale, nous permet de montrer que le modèle communautaire de cette UE néolibérale ne met en avant aucun critère social ou environnemental de convergence. Les critères économiques, monétaires et financiers continuent de dominer largement. L’analyse statistique et économétrique de la convergence montre, quant à elle, un développement humain stagnant, ainsi qu’une nette insoutenabilité écologique européenne.

36Rabih ZOTTI, Assistant professor, Beirut Arab University, r.zotti@bau.edu.lb

  1. Clément Bert Erboul, Les producteurs de contenus sous licences libres : engagements et coordinations. Thèse de Sociologie sous la direction de Bernard CONVERT, Directeur de recherche CNRS, Clersé et François HORN, Maître de conférences, Université de Lille-3. Sciences humaines et sociales, soutenue le 5 décembre 2014 à l’Université de Lille-1. Sciences et Technologies. Jury composé de Nicolas AURAY, Maître de conférences HDR, École Nationale Supérieure des Télécommunications (rapporteur) ; Marc ZUNE, Professeur, Université de Louvain-la-Neuve (rapporteur) ; Patrice FLICHY, Professeur, Université de Marne-la-Vallée
  2. Hugo Bertillot, La rationalisation en douceur : sociologie des indicateurs qualité à l’hôpital. Thèse de Sociologie, réalisée sous la direction de Christine MUSSELIN, Directrice de recherche CNRS CSO, Institut d’études politiques de Paris et Daniel BENAMOUZIG, Chargé de recherche CNRS CSO, soutenue le 2 décembre 2014 à l’Institut d’études politiques de Paris. Jury composé de Valérie BOUSSARD, Professeure, Université Paris Ouest Nanterre La Défense (rapporteure) ; Nicolas DODIER, Directeur de recherche à l’INSERM et Directeur d’études à l’EHESS, LIER (rapporteur) ; Ewan FERLIE, Professeur, King’s College London ; Patrick HASSENTEUFEL, Professeur, UVSQ (président) ; Jean-Claude MOISDON, Directeur de recherche honoraire CGS MINES ParisTech
  3. Fabien Foureault, Remodeler le capitalisme : le jeu profond du Leveraged Buy-Out en France, 2001-2009. Thèse de sociologie, réalisée sous la direction de Denis SEGRESTIN, Professeur émérite, Institut d’Études Politiques de Paris, soutenue le 12 décembre 2014 à l’Institut d’Études Politiques de Paris. Jury composé de Valérie BOUSSARD, Professeure, Université Paris Ouest Nanterre La Défense (rapporteure) ; Frank DOBBIN, Professeur, Harvard University ; Pierre FRANÇOIS, directeur de recherche au CNRS, Centre de Sociologie des Organisations (président) ; Antoine REBÉRIOUX, Professeur, Université Paris Diderot (Paris 7) ; Philippe STEINER, Professeur, Université Paris-Sorbonne (Paris 4) (rapporteur)
  4. Jaime Montes-Lihn, Apprentissage inter-organisationnel au sein des réseaux inter-individuels : le cas de la conversion de viticulteurs à l’agriculture biologique. Thèse de Sociologie, réalisée sous la direction d’Emmanuel LAZEGA, Professeur, Institut d’Études Politiques de Paris, soutenue le 3 décembre 2014 à l’Université Paris-Dauphine. Jury composé de Philippe STEINER, Professeur, Université Paris-Sorbonne (rapporteur) ; Jean-Marc TOUZARD, Directeur de recherche, INRA (rapporteur) ; Isabelle HUAULT, Professeur, Université Paris-Dauphine ; Claude COMPAGNONE, Professeur, Agrosup Dijon
  5. Samuel Pinaud, La poudre de lait, le trader parisien et le commerçant bamakois. Une sociologie économique de la mondialisation. Thèse de Sociologie sous la direction de François VATIN, Professeur, Université Paris Ouest Nanterre, soutenue le 17 septembre 2014 à l’Université Paris Ouest Nanterre. Jury composé de Franck COCHOY, Professeur, Université Toulouse II Le Mirail (Rapporteur) ; Christian CORNIAUX, Chargé de recherche, Cirad – Sénégal ; Sophie DUBUISSON-QUELLIER, Directrice de recherche CNRS, Centre de sociologie des organisations – IEP de Paris ; Fabian MUNIESA, Maître de recherche, Centre de sociologie de l’innovation – Mines ParisTech (Président du Jury) ; Philippe STEINER, Professeur, Université Paris Sorbonne (Rapporteur)
  6. Rabih Zotti, Y a-t-il convergence du développement en Europe ? Concepts, mesures et politiques de développement. Thèse d’Économie sous la direction de Florence JANY-CATRICE, Professeure, Université de Lille 1. Sciences et Technologies, soutenue le 16 septembre 2014 à l’Université de Lille 1. Sciences et Technologies. Jury composé de Claudine OFFREDI, Maître de conférences-HDR, Université de Grenoble (rapporteure) ; Michel RENAULT, Maître de conférences-HDR, Université de Rennes 1 (rapporteur) ; Robert SALAIS, Directeur de recherche CNRS, Chercheur associé à l’IDHE ; Nicolas VANEECLOO, Professeur, Université Lille 1 ; Grégory MARLIER, Conseil Régional du NPDC (membre invité)
Mis en ligne sur Cairn.info le 10/04/2015
https://doi.org/10.3917/rfse.015.0327
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