Guilhem Anzalone, Les économies politiques de l’agriculture biologique. Production et commercialisation de la viande bovine biologique en France, Thèse de sociologie, réalisée sous la direction de Sophie DUBUISSON-QUELLIER, Directrice de recherche CNRS, CSO, soutenue le 16 février 2012, à Sciences Po Paris
1Jury composé de Michel ANTEBY, Associate Professor, Harvard Business School ; Pierre-Benoît JOLY, Directeur de recherche I.N.R.A. ; Denis SEGRESTIN, Professeur des universités, Sciences-Po Paris ; François VATIN, Professeur des universités, université de Paris Ouest Nanterre La Défense (rapporteur) ; Florence WEBER, Professeur des universités, ENS Ulm (rapporteur).
2Compte rendu :
3D’apparition récente et de dimension restreinte dans la société française, l’agriculture biologique présente néanmoins une grande diversité. Cela s’explique par le fait qu’elle ne constitue pas qu’un ensemble de pratiques agricoles, mais aussi un mouvement idéologique. Par leur engagement dans cette activité, les acteurs du monde biologique cherchent à concrétiser un projet de société. Pour cette raison, l’étude de la production et la commercialisation des produits issus de l’agriculture biologique constituent un enjeu scientifique pour la sociologie économique. Il s’agit de montrer comment le projet idéologique de l’agriculture biologique est mis en œuvre en même temps que des opérations de marchandisation.
4La thèse se fonde sur une enquête qualitative menée dans l’ouest et le sud-ouest de la France auprès des acteurs du secteur de la viande bovine biologique : éleveurs, groupements de producteurs, entreprises de transformation, distributeurs, organisations professionnelles et syndicales. La première partie est consacrée à l’analyse de la construction des caractéristiques de la viande bovine biologique. La deuxième partie aborde les étapes de sa commercialisation. Elle rend compte des tentatives d’élaboration de filières spécialisées qui cherchent à mettre en place une valorisation spécifique de la viande biologique, mais qui se confrontent à l’intensification et à la concentration du secteur de la viande. Les acteurs biologiques sont ainsi conduits à s’appuyer sur les dispositifs et les acteurs qu’ils qualifient de « conventionnels ». À travers l’étude de circuits courts et d’un réseau de magasins spécialisés, la troisième et dernière partie de la thèse montre que la configuration des relations tout au long de la circulation du produit constitue un enjeu de légitimité pour les acteurs.
5La circulation de la viande biologique est ainsi analysée sous le triple registre de la définition du produit, de la forme de l’échange économique et du statut des acteurs parties prenantes. En nous appuyant sur les notions de « circuits de commerce » (V. Zelizer) et d’« économie morale » (E. P. Thompson), nous montrons que la combinaison de ces trois critères forme différents modèles d’organisation économique – modèles que nous qualifions d’« économies politiques ». Nous identifions ainsi une économie politique de la standardisation, fondée sur la concentration des volumes de production et leur tri en fonction de débouchés diversifiés, et une économie politique du producteur qui se caractérise par le rôle central que les éleveurs y jouent.
6Guilhem ANZALONE, Chercheur post-doctorant à l’INP Toulouse – ENSAT
Aurélien Casta, Le financement des étudiants en France et en Angleterre de 1945 à 2011. Le student finance, l’award, le salaire étudiant et leur hégémonie, Thèse de Sociologie, réalisée sous la direction de Bernard FRIOT, Professeur de Sociologie, université Paris Ouest Nanterre, soutenue le 20 juin 2012, à l’université Paris Ouest Nanterre
8Jury composé de Sandrine GARCIA, Maître de conférences, université Paris Dauphine (rapporteur) ; Steve JEFFERYS, Professeur des universités, London Metropolitan University ; Christine MUSSELIN, Directrice de recherche CNRS, CSO (rapporteur) ; François VATIN, Professeur des universités, université Paris Ouest Nanterre La Défense ; Annie VINOKUR, Professeur des universités, université Paris Ouest Nanterre La Défense.
9Compte rendu :
10Trois régimes de financement des études et des étudiants se confrontent en France et en Angleterre depuis l’après-guerre : le student finance qui associe à des frais d’inscription élevés des prêts subventionnés et des bourses ; l’award, paiement par la collectivité des frais d’inscription et, sous condition de ressources, des frais de vie courante des étudiants ; et le salaire étudiant associé à la gratuité des études. Dans une perspective de sociologie des politiques sociales et des politiques publiques d’enseignement supérieur, cette thèse se donne pour objet une comparaison de ces trois régimes et des conditions de leur mise en place dans les deux pays à partir de données statistiques, des archives des syndicats étudiants, de la littérature gouvernementale, de rapports d’experts, d’entretiens et de documents diffusés par les acteurs institutionnels de l’enseignement supérieur. Elle se centre sur quatre périodes clefs de débats et de politiques publics durant lesquelles les différents modèles ont été opposés ou affirmés : 1957-1974 et 1987-2011 en Angleterre, 1946-1951 et 2002-2011 en France.
11Le premier apport de la thèse est de montrer que les trois régimes se différencient par leur représentation des étudiants, leurs structures décisionnelles et financières et leur convention de valorisation du travail et de l’enseignement supérieur.
12Le salaire étudiant s’oppose ainsi au student finance en ce que ses promoteurs ont construit sa légitimité autour du projet de démocratisation de l’enseignement et de la condition de citoyen et de producteur de valeur de l’étudiant. À l’opposé, le student finance nie la qualité présente de travailleur de l’étudiant, le cantonne dans sa condition de consommateur et pose les études comme une marchandise. De son côté, le modèle de l’award relègue au second plan la question de la valeur économique des études et construit sa légitimité autour de la qualité académique des savoirs produits et diffusés par le secteur et les étudiants.
13Le second apport de la thèse tient à ce qu’elle met en évidence les faits structurels qui soutiennent la montée en puissance du student finance dans les deux pays et explique pourquoi ce modèle y est inégalement implanté, avec la disparition du modèle de l’award en Angleterre et la résistance du salaire en France.
14L’Angleterre a tout d’abord franchi depuis la fin des années 1990 un premier cycle de réformes partielles dans lequel la France n’est encore que partiellement engagée. La mise en place du student finance suppose en effet : la hausse des frais demandés à une partie des étudiants et leur sélection par les établissements ; la construction d’un problème public de sous-financement du secteur et des étudiants ; la diffusion et la production d’une expertise montrant la possibilité d’une contribution ultérieure des étudiants et dénonçant les inégalités sociales du secteur ; l’introduction de prêts subventionnés pour les seuls frais de vie courante ; et celle d’une comptabilité d’engagement enregistrant les prêts comme un actif à la valeur marchande.
15L’inégale implantation du student finance dans les deux pays renvoie également à l’état et aux capacités d’affirmation de l’award et du salaire étudiant. La thèse montre notamment que, bien que défendue de façon croissante, sa systématisation bute encore en France sur le salaire étudiant. Les acteurs qui défendent le salaire n’y assument plus autant que durant l’après-guerre ses principes fondateurs, mais le service public universitaire, le baccalauréat, les allocations logement et la sécurité sociale constituent encore un rempart à la mise en œuvre du student finance.
16Aurélien CASTA, Post-doctorant à EconomiX (université Paris Ouest Nanterre), et chercheur associé à l’IDHE, aureliencasta@wanadoo.fr
Benjamin Lemoine, Les valeurs de la dette. L’État à l’épreuve de la dette publique française, Thèse de Sociologie, réalisée sous la direction de Michel CALLON, Directeur de recherche, CSI, Mines Paris Tech, et, Yannick BARTHE, Chargé de recherche CNRS, CSI, Mines Paris Tech, soutenue le 21 décembre 2011, à l’École des Mines de Paris
17Jury composé de Philippe BEZES, Chargé de recherche CNRS, CERSA, université Paris II (rapporteur) ; Ève CHIAPELLO, Professeure, département comptabilité contrôle, HEC Paris (rapporteur) ; Alain DESROSIÈRES, Administrateur Insee, centre Alexandre Koyré ; Brigitte GAÏTI, Professeure, CRPS, université Paris 1 Panthéon Sorbonne.
18Compte rendu :
19Comment l’État est-il devenu l’objet d’un examen attentif de ses « passifs », de ses charges et de ses limites ? La thèse répond à cette énigme en suivant les différentes épreuves de la constitution de la dette en problème public et les médiations à travers lesquelles la valeur – morale, financière et politique – de l’État a été attachée aux techniques d’émission de la dette et de quantification des finances publiques.
20Dans la première partie de la thèse, l’analyse porte sur les configurations décisionnelles articulées autour des instruments d’action financière, monétaire et budgétaire dont disposent la haute administration publique, les professionnels de la politique et les élites financières (créanciers privés, banquiers, etc.) évoluant aux frontières de l’État. Nous montrons le lent déclin d’un arrangement au sein duquel la contribution de l’État, via sa direction du Trésor, à la création monétaire était l’une des composantes d’un projet tourné vers la croissance de l’activité économique. Peu à peu, certains hauts fonctionnaires, alliés à des acteurs financiers, identifient ces modalités de financement administrées comme la cause essentielle du « problème » public du moment : l’inflation. Le recours à l’argent « extérieur », c’est-à-dire à l’épargne constituée, sous la forme du développement d’un marché dédié à l’emprunt d’État à moyen et long terme, est conçu comme une « solution » au problème de la création monétaire publique « excessive » et comprise comme « inflationniste ». À cette configuration succède une intense compétition entre États pour tenir son rang dans le marché international de l’emprunt souverain et financer sa dette au meilleur prix. Avant d’être le symbole de la dérive des finances publiques, le projet de développement par les ingénieurs d’État du marché obligataire français et la conquête d’une dette « liquide » et commercialisable à grande échelle se présentent plutôt comme le « fleuron » de la technique financière et une marque de la grandeur de l’État français. À partir de la fin des années 1980, les traces de ce projet technique et politique originel s’effacent et ce récit financier cède la place à un récit budgétaire : l’origine de la dette tend désormais à résider essentiellement dans la dépense publique qu’il convient de contenir et de diminuer à travers des politiques « structurelles ». Ce processus, qui aujourd’hui fait l’objet de controverses, a été longtemps soustrait à la discussion publique. L’analyse permet de mettre en évidence comment la hiérarchisation des problèmes et l’agencement des solutions – la dette étant la solution au « problème » majeur de l’inflation – en matière de politiques publiques prend racine dans l’agencement des instruments techniques – ici les modalités d’émission de la dette.
21La seconde partie étudie la fabrication d’une inquiétude collective autour de la dette, qui s’installe à partir des années 1990. La construction européenne place les valeurs budgétaires des États au centre de l’attention publique. À travers une sociologie de la quantification – de l’expertise et des acteurs qui façonnent les chiffres – nous restituons les transformations de la comptabilité nationale et de la statistique européenne spécialisées dans le traitement comptable et la surveillance des finances publiques. Peu à peu un gouvernement des finances publiques et de l’économie par les chiffres et les ratios comptables s’installe dans l’espace public, à travers la médiatisation dont fait l’objet la dette. Le souci du contrôle des charges implicites de l’État, du devenir des « générations futures » et la morale de l’équilibre budgétaire s’imposent. Les instruments d’exploration comptable de la dette, pour alerter les responsables politiques et bureaucratiques des risques encourus par les dérapages budgétaires, s’alignent sur une comptabilité d’entreprise, recomposent les modes de valorisation comptable de la puissance publique et construisent l’État sur le modèle de l’économie domestique, en le réalisant en tant qu’agent microéconomique faillible et aux frontières bien délimitables. De « solution » à l’inflation, la dette « moderne », vendue et distribuée sur les marchés internationaux, est devenue peu à peu une « contrainte » extérieure, une menace dont les causes, réduites à leurs caractéristiques budgétaires, se présentent sous la forme d’évidences peu discutables et avec laquelle la décision politique doit apprendre à composer.
22Benjamin LEMOINE, Post doctorant à l’IFRIS (université Paris Est) et au CSO (Sciences Po), benjaminnoel.lemoine@sciences-po.org
Mamadou Barry, L’aide à la santé : mobilisation et coordination. Une analyse économique, Thèse d’Économie, réalisée sous la direction de Bruno BOIDIN, Maître de conférences-HDR, université Lille 1, Villeneuve d’Ascq, soutenue le 7 mars 2012, à l’université Lille 1
23Jury composé de Jean-Jacques FRIBOULET, Professeur, université de Fribourg (rapporteur) ; Maryse GADREAU, Professeure émérite, université de Bourgogne (rapporteur) ; François-Régis MAHIEU, Professeur émérite, université de Versailles ; Nicolas VANEECLOO, Professeur, université Lille 1.
24Compte rendu :
25La coopération internationale pour la santé a connu, cette dernière décennie, une des périodes les plus dynamiques de son histoire. Les ressources disponibles ont augmenté, une pléthore d’organismes de santé a été créée, et la société civile et le secteur privé ont été mobilisés. Des démarches participatives ont émergé pour lever les fonds et fournir l’assistance. Cependant, l’enthousiasme suscité par ces changements a été accompagné par un malaise croissant : le sentiment que les actions sur le terrain sont dispersées, faiblement articulées et que les « gaspillages » continuent. Le nombre croissant d’acteurs aurait donc compliqué la gestion de l’aide, alourdi les coûts de transaction et augmenté les coûts fixes.
26L’opinion dominante est alors qu’une amélioration de l’efficacité de l’aide internationale passe par une coordination accrue des acteurs de l’aide, notamment des donateurs. Notre thèse vise à montrer que, s’il est fondé de remettre de l’ordre dans l’architecture chaotique de l’aide, notamment celle de la santé, l’entente des donateurs autour d’objectifs limités, sur la base de critères coût-efficacité, est irréaliste. En nous appuyant sur l’abondante littérature consacrée à l’aide, sur les rapports d’évaluation disponibles, sur des entretiens qualitatifs, et sur une exploitation de données empiriques, nous soulignons pourquoi l’agenda actuel de coordination ne permet pas une réduction de la dispersion de l’aide.
27L’incapacité de cet agenda à déboucher sur une coordination efficace, c’est-à-dire une coordination réductrice de la dispersion fondée sur le choix de politiques d’aide à la santé efficaces en termes de coût, tient à l’accent mis sur l’opportunité d’une approche exclusivement stratégique au détriment d’une approche sociopolitique : l’agenda actuel de coordination repose sur l’idée selon laquelle l’aide à la santé, et plus généralement l’aide au développement, est globalement inefficace en raison de la prépondérance et de la variété des motivations stratégiques des donateurs ; cette vision, qui limite l’analyse du fonctionnement de l’aide à une approche technique et à des jeux stratégiques entre agents rationnels, conduit à négliger voire à ignorer le rôle des motivations sociopolitiques liées aux valeurs et aux orientations intrinsèques des individus, qu’à l’instar de Shiffman et al. [2002] nous qualifions d’images politiques. Cette sous-estimation des images politiques propres à chaque acteur crée l’illusion que, dans une perspective objectiviste, ce sont l’importance rigoureusement mesurable d’un problème ainsi qu’une neutralité gestionnaire qui devraient prévaloir dans les décisions en matière d’aide pour permettre la réduction des coûts de transaction et l’amélioration de la performance de l’aide. Si, au contraire, on prend au sérieux l’existence d’images politiques constitutives de l’action des donateurs, les objectifs de coordination exclusivement fixés selon une rationalité stratégique sont difficiles, voire impossibles à atteindre.
28Cette thèse a permis de montrer in fine qu’une coordination efficace de l’aide ne peut échapper à une coordination des représentations sociopolitiques de cette aide.
29Mamadou BARRY, ATER à l’université Lille 1, Clersé-CNRS, mamadou-i.barry@ed.univ-lille1.fr
Géraldine Thiry, Au-delà du PIB : un tournant historique. Enjeux méthodologiques, théoriques et épistémologiques de la quantification, Thèse d’Économie, réalisée sous la direction d’ Isabelle CASSIERS, professeur, université catholique de Louvain (Belgique), et chercheur qualifié au Fonds national de la recherche scientifique, Institut de recherches économiques et sociales et Centre interdisciplinaire de recherche Travail, État et Société, soutenue le 30 mai 2012, à Louvain-la-Neuve (Belgique)
30Jury composé de Christian ARNSPERGER, Maître de recherche du FNRS, et Professeur, UCL (rapporteur) ; Florence JANY-CATRICE, Professeur, université Lille 1 (rapporteur) ; Robert SALAIS, Directeur de recherche CNRS, École normale supérieure de Cachan (rapporteur).
31Compte rendu :
32Pendant plus d’un demi-siècle, le produit intérieur brut (PIB) a été considéré comme le principal indicateur de prospérité. Cette position hégémonique lui est aujourd’hui contestée. Les propositions de mesures alternatives se multiplient. Partant de l’intuition que les débats sur de nouveaux indicateurs de progrès sont symptomatiques d’un tournant historique, la thèse est structurée en trois temps.
33La première section, intitulée Le PIB en question : histoire d’une contestation, actualité d’un débat, rappelle d’abord le contexte dans lequel la comptabilité nationale – dont le PIB est issu – a été établie, comme outil d’une politique économique ancrée dans les compromis sociaux de l’après-guerre. Considérant l’évolution du contexte, nous présentons trois ensembles de problèmes qui justifient la recherche d’indicateurs alternatifs : les finalités sociales auxquelles la croissance ne répond pas ; le hiatus entre croissance et satisfaction de vie ; la question écologique.
34Nous dressons ensuite un inventaire des indicateurs mis en débat aujourd’hui. Celui-ci montre la diversité des propositions et l’absence actuelle de consensus sur un successeur au PIB. Dans ce contexte, le risque est grand que les indicateurs soient détournés de leurs finalités, du fait de choix méthodologiques inappropriés. Ce risque s’accentue dans le contexte où les débats ont lieu : potentiels porte-voix d’une redéfinition de la prospérité, les indicateurs sont aussi l’outil par lequel se propage un système de « gouvernance managériale ». Or il semble que les caractéristiques de ce système alimentent les problèmes qu’un « au-delà du PIB » entend au contraire dépasser. Il importe donc de distinguer les indicateurs, porteurs d’un changement de modèle, de ceux qui n’en offrent qu’un aménagement à la marge. C’est à cette tâche d’élucidation que s’attelle le deuxième volet de la thèse.
35La deuxième section, intitulée Normativité de la quantification : deux études de cas, vise à montrer les enjeux théoriques et normatifs de la quantification. Deux indicateurs sont analysés : l’Épargne nette ajustée (ENA) et l’Indice de bien-être économique (IBEE). Si l’objectif premier de ces deux analyses était d’expliciter la normativité implicite de certaines options de quantification, elles ont abouti à un second résultat : l’inadéquation des choix de quantification analysés pour mesurer la soutenabilité de manière cohérente. Nous relevons en effet des contradictions entre le signal normatif lancé par la prise en compte, dans un indicateur, de dimensions (l’environnement ou le social, par exemple) et les implications performatives de la méthodologie adoptée pour les quantifier.
36La représentativité des options de quantification considérées implique de questionner les critères d’évaluation des indicateurs de soutenabilité : la troisième section de la thèse, intitulée Au-delà du PIB : révision épistémologique et évolution théorique, développe le concept de cohérence performative et développe les conditions épistémologiques et théoriques nécessaires au respect d’un tel critère.
37De notre analyse, nous concluons que, si les indicateurs développés en vue d’un au-delà du PIB entendent respecter le critère de cohérence performative, ils devront nécessairement être ancrés dans des fondements alternatifs à ceux qui dominent les débats aujourd’hui. En ce sens, la cohérence performative offre un cadre heuristique à la possibilité pour les indicateurs de porter un changement paradigmatique.
38Géraldine THIRY, Post-doctorante, Institut de Gestion de l’Environnement et d’Aménagement du Territoire (IGEAT, ULB, Bruxelles), et, Chargée de cours, Institut Catholique des Hautes Études Commerciales (ICHEC, Bruxelles), contact@geraldinethiry.be
39Thèse disponible à l’adresse suivante : http://dial.academielouvain.be/vital/access/services/Download/boreal:111496/PDF_01?view=true