1Gérard Gayot a été un des premiers parrains de la Revue française de socio-économie dont il suivait de près les travaux. Quand nous lui avons parlé du projet d’une revue pluridisciplinaire ayant pour objet les pratiques et institutions économiques, il y a aussitôt adhéré en engageant financièrement l’IFRESI, l’institut fédératif qu’il dirigeait.
2Historien de l’économie, il incarnait naturellement une approche des faits et institutions économiques alternative de celle de l’économie mainstream. Longtemps, le séminaire d’histoire économique qu’il animait avec Jean-Pierre Hirsch à l’Université Lille 3 fut le lieu où se retrouvaient à Lille, tous ceux, historiens, géographes, économistes et sociologues, qui souhaitaient aborder l’économie « autrement ». Dans ses contacts, nombreux et fréquents avec ses collègues économistes et sociologues, il incarnait aussi la position ambiguë de l’histoire, qui l’inclinait à une certaine fausse modestie. Face à l’arsenal ostentatoire des concepts affiché par ces sciences plus jeunes, il ne perdait jamais une occasion de montrer simplement comment le recul historique permettait de construire et d’étudier un objet.
3Mais il n’était pas seulement, pour nous, un collègue brillant. Il était aussi un ami. Nous garderons le souvenir de son éternel sourire, de ses allusions surjouées à l’excellence ardennaise et de l’humour bonhomme qui teintait chacune des phrases qu’il prononçait et dont il enrobait aussi, dans les polémiques, ses arguments les plus décisifs.
4C’était quelqu’un qui aimait les sciences humaines parce qu’il aimait profondément l’humanité. Pour toutes ces raisons, et bien d’autres encore, il nous manquera.