Un nouvel ensemble de textes de Max Weber vient de paraître, sous le titre La Domination, et c’est, bien sûr, une bonne nouvelle. Le statut même de cet ensemble appelle quelques explications ; les responsables de l’ouvrage l’ont d’ailleurs bien compris, puisque celui-ci s’ouvre sur une « Note éditoriale sur les éditions de Wirtschaft und Gesellschaft et leurs traductions françaises ». Il n’en subsiste pas moins, dans le cours du livre, quelques ambiguïtés qui nous invitent à revenir brièvement sur ce point.
Comme on le sait, Wirtschaft und Gesellschaft est une œuvre posthume et de nature composite, qui a connu une histoire mouvementée. Ce titre n’était au départ que celui d’une section (la troisième) d’un imposant ouvrage collectif, Grundriss der Sozialökonomik (Précis d’économie sociale), pour lequel Weber devait rédiger une substantielle contribution et dont il assumait la direction générale. En vue de cette contribution, il procéda à de multiples esquisses préparatoires dans les années précédant la première guerre mondiale (1909-1914). Puis, reprenant l’entreprise après l’interruption liée à la guerre, il parvint, par un intense labeur d’une vingtaine de mois, à remettre une version élaborée de la première partie à son éditeur. Wirtschaft und Gesellschaft est fondamentalement composé de ces deux sous-ensembles : la partie destinée par Weber lui-même à la publication d’une part, l’ensemble des manuscrits préparatoires d’autre part, que Marianne Weber et Melchior Palyi d’abord, Johannes Winckelmann ensuite ont décidé de lui adjoindre…