« Il serait prématuré de prétendre dégager [...] des lois générales concernant soit la détermination des opinions publiques par les facteurs permanents – d’ordre géographique, historique et social – qui paraissent agir sur elles, soit même, en dehors de toute hypothèse de causalité, des corrélations entre facteurs de structure sociale et phénomènes d’opinion exprimés par le vote. [...] Et c’est peut-être, lorsque d’autres travaux [...] seront venus accroître encore la diversité des explications [...] qu’on pourra découvrir demain le facteur d’unité qui nous échappe encore aujourd’hui. »
Il y a 70 ans, dans son « esquisse d’un bilan de la sociologie électorale française », publiée dans la Revue française de science politique (RFSP), François Goguel dressait un constat dont la clairvoyance ne manque pas de surprendre. Depuis, les déterminants du vote se sont effectivement diversifiés et la tendance a bien été celle de l’intégration dans un modèle explicatif enveloppant. À la même époque, l’observateur étranger au fait des dispositifs d’enquêtes électorales qui se développaient en dehors des États-Unis, était toutefois plus sévère. À la manière de Morris Davis dans Public Opinion Quarterly, il pouvait non sans raison pointer le déficit méthodologique de la sociologie électorale française par rapport à ses homologues anglo-américaines et recommander une meilleure prise en compte des analyses quantitatives dans les trop descriptives approches écologiques du vote.
Rétrospectivement, la capacité de la sociologie électorale française à expliquer les logiques de vote a considérablement progressé…