S’il n’est pas nouveau, l’enjeu des méthodes mixtes (MM) – le fait de combiner des méthodes dites qualitatives et quantitatives dans un même travail de recherche – est devenu central en sciences humaines et sociales dans les années 2000. D’abord développées puis abondamment mobilisées dans des domaines disciplinaires telles que les sciences d’éducation, la psychologie, la santé publique, les sciences de gestion, la sociologie des organisations ou en évaluation des politiques publiques, les méthodes mixtes ont fait une entrée plus récente en science politique.
En effet, en science politique, que ce soit dans le domaine de la recherche et des publications académiques ou de recherches « plus appliquées » (de type recherche-action ou évaluation), la frontière entre les méthodes dites « qualitatives » et celles dites « quantitatives » est forte, consolidée par l’institutionnalisation des méthodes autour d’alignements ontologiques, épistémologiques, méthodologiques, et il est d’usage de situer son travail dans un camp ou dans l’autre. Les méthodes dites « quantitatives » renverraient à des « méthodes d’analyse de données reposant essentiellement sur le traitement statistique d’un grand nombre de données collectées dans le cadre du test empirique de la problématique de recherche » principalement par questionnaire (sondage), donnant lieu par exemple à des analyses statistiques multivariées comme des régressions ou des analyses factorielles. De leur côté, les méthodes dites « qualitatives » renverraient à des « méthodes d’analyse qui reposent sur le traitement en profondeur d’un petit nombre de données » collectées par observation ethnographique, entretiens semi-directifs, dépouillement d’archives ou de collectes de rapports, plutôt sur de petits nombres de cas étudiés de façon approfondie et intens…