D’un point de vue clinique, parler d’enfants précoces revient souvent, aujourd’hui, à parler d’enfants dits « à haut potentiel » (cognitif).
Cette problématique, aussi intéressante et discutable soit-elle, n’est en rien strictement psychanalytique. Personnellement, j’aimerais plutôt dans le cadre de ces quelques pages interroger le concept de « précoce » au regard de celui de « profond » en m’inscrivant ici dans la perspective de la réflexion ouverte à ce sujet par D.W. Winnicott (1958).
Ceci revient à penser le destin de l’originaire dans la mesure où le registre du précoce nécessite sans doute de s’inscrire dans la dynamique de l’après-coup pour s’organiser en tant que profond. Après avoir rappelé ce qu’il en est de l’originaire et de ses divers destins, j’évoquerai donc cette dialectique conceptuellement féconde entre le précoce et le profond au regard de la précocité.
Tout ceci ne nous éloigne pas, en fait, de l’argument de ce numéro, car on peut légitimement se demander si la fluidité et la capacité synthétique de l’intelligence des enfants précoces ne sont pas, d’une certaine manière, le fruit d’une issue particulière de cette dialectique entre le précoce et le profond.
En tout état de cause, la question qui se pose est de savoir si le précoce représente plutôt un vestige ou plutôt un destin de l’originaire.
L’originaire renvoie-t‑il à un temps initial et tangible du développement, ou alors, hypothèse avancée par André Green (1992), l’originaire joue-t‑il en fait comme une simple fiction rétrospective, soit comme la « théorie sexuelle infantile de l’analyste sur son objet (à savoir) la psyché » …