Plusieurs recherches en sciences sociales ciblent l’apprentissage du travail social « sur le tas » et moins ce que leurs écoles transmettent. Néanmoins, cet apprentissage, comme tous les moments de la formation, est un contexte favorable à la consolidation des dispositions, étudiantes et professionnelles à la fois, et un temps producteur d’effets socialisateurs. L’intérêt de porter le regard sur ce moment s’explique par la particularité qui entoure les cursus en travail social : la formation initiale se situe ici à la frontière entre enseignement supérieur et formation professionnelle continue. Cette filière s’organise en un cursus de trois ans fondé sur une logique d’alternance, entre des moments en stage et des « séquences école », regroupant un public en large partie féminin. Si le stage est notamment mis en avant par les étudiantes et valorisé tout au long de la formation par les enseignantes, comment le moment en école contribue-t-il à façonner les savoir-faire et les savoir-être requis pour le futur rôle professionnel ?
En intégrant ce cursus, ces futures professionnelles s’orientent vers un emploi centré sur la prise en charge de publics de l’intervention sociale. Par leur futur rôle professionnel, composé de suivi administratif, d’accompagnement et de contrôle social, elles sont censées jouer, institutionnellement, sur les rythmes de vie quotidiens de ces populations (Serre, 2009 ; Blum & Neuberg, 2019). Elles représentent de futures agentes de « socialisation temporelle » (Darmon, Dulong & Favier, 2019) participant, une fois en emploi, à transmettre auprès des populations en situation de vulnérabilité une relation d’assistance axée sur un rapport au temps conforme à des possibles scolaires et professionnels restreints…