CAIRN.INFO : Matières à réflexion

« Un Dieu de l’Incarnation, enfin revenu sur Terre, n’est-ce pas ce qui nous préparerait mieux à ce qui nous attend que l’étrange idée d’une religion qui élèverait vers le Ciel ? »
L’œuvre de Bruno Latour, qui ne négligeait pas la polémique, est désormais ouverte à des discussions, des conflits d’interprétation et à des héritages. D’autant qu’il existe déjà autour de sa recherche une communauté de chercheurs latouriens – Emanuele Coccia, Émilie Hache, Vinciane Despret, Frédérique Aït-Touati – qu’a encouragée Latour lui-même parce qu’il croyait à cette dimension collective de la recherche ; mais aussi des antilatouriens, l’accusant de relativisme scientifique, d’irrationalisme et d’antimodernisme.
Par la diversité des objets étudiés (la vie des microbes dans les laboratoires, la fabrique du droit au conseil d’État, la biographie politique de Louis Pasteur, l’histoire du projet raté de métro Aramis et, plus récemment, l’engagement sur la force poético-politique du théâtre pour accompagner la transition écologique et sociale avec le projet Gaïa Global Circus), Latour, qui n’a pas fait sa carrière dans l’université française, est un penseur inclassable, qui aimait les classifications dynamiques. Car il y a une méthode Latour. Son mot d’ordre pourrait être « ce que la raison complique, les réseaux l’expliquent ». Ses études des sciences et des régimes de vérité – les science studies – étaient en effet, une « critique de la certitude savante [mais] aucunement une critique des connaissances assurées […] voulant comprendre par quels instruments, quelle machinerie, quelles conditions matérielles historiques, anthropologiques, il était possible de produire de l’objectivité…

Français

Bruno Latour (1947-2022), ce penseur à la fois philosophe et sociologue des sciences, installé entre ce côté-ci de l’Atlantique et les États-Unis où il fit une grande partie de sa carrière avant de la terminer à Sciences Po Paris, est décédé en octobre dernier. Nous ne proposons pas ici une interprétation générale de son œuvre, mais davantage une lecture sur la méthode Latour et la manière si décisive dont s’articule son intérêt pour l’exégèse biblique et son travail sur la fabrique des sciences, jusqu’à son attention pour la Terre.

Jean-Philippe Pierron
Philosophe, directeur de la chaire « Valeurs du soin », enseigne à l’université de Bourgogne où il dirige le master « Humanités médicales et environnementales ». A publié Je est un nous. Enquête philosophique sur nos interdépendances avec le vivant (Actes Sud, 2021), Philosophie du soin. Éthique, politique et esthétique (Hermann, 2021) et Méditer comme une montagne. Exercices spirituels d’attention à la Terre et à ceux qui l’habitent (L’atelier, 2023).
A publié dans  Études  « Philosopher comme pisteur de loups » (avec Baptiste Morizot, n° 4284, juillet 2021) et « Écobiographie et écospiritualité » (n° 4287, novembre 2021).
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Mis en ligne sur Cairn.info le 28/12/2022
https://doi.org/10.3917/etu.4300.0057
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