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J’ai des amis qui tentent de manger moins de viande, par souci du bien-être animal, de rémunération juste du travail des éleveurs et de résistance à nos modes de production qui ont rendu la viande facile ; mais ils continuent de la faire emballer dans des sacs en plastique. J’ai des connaissances qui ont réduit drastiquement leurs déchets et se réjouissent de leur moindre impact écologique sur les ressources limitées de la planète ; mais elles n’hésitent pas à changer de smartphone, composé de terres rares. Je connais des personnes qui, pendant le confinement dû à la pandémie de Covid-19, s’étaient juré de ne plus prendre l’avion immodérément, conscientes d’être devenues addicts à l’énergie pas chère, et qui, depuis la levée des restrictions sanitaires, s’envolent de plus belle. J’ai aussi rencontré des gens qui, à près de 45 ans, n’ont jamais vraiment choisi leur banque, y étant depuis l’enfance à la suite de décisions de leurs parents et qui, arrivés à cet âge, se demandaient si leur petite épargne ne servait pas involontairement à remplir les paradis fiscaux, à soutenir des industries extractivistes sans scrupule et qui, depuis, ont changé de banque, exigeant le label Finansol (finance solidaire). J’en connais qui décident de faire tous leurs petits trajets à vélo, pour des raisons environnementales et sanitaires, mais qui ne s’inquiètent pas d’avoir à la maison deux voitures, dont ils ne se servent pas. J’en connais qui, pour être sûr de bien manger, ont décidé de maîtriser la chaîne qui va du grain au pain, ayant raté au moins dix fois leur pain avant d’en faire un bon et qui ont fini par me dire que le ratage fait partie de l’histoire…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 05/09/2022
- https://doi.org/10.3917/etu.4296.0069

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