CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Quelle pertinence y a-t-il à parler d’un vote catholique ? De quels catholiques parlons-nous ?Jérôme Fourquet :  Il est pertinent de parler d’un vote catholique car, historiquement, les catholiques ont des attitudes électorales qui sont assez typées. Quand un groupe se distingue de la moyenne nationale par des comportements ou un système de valeurs particulier, on est fondé à en faire une catégorie. Cela étant dit, il faut quand même prendre un certain nombre de précautions méthodologiques. D’abord, de qui parle-t-on quand on parle des catholiques ? Est-ce que ce sont les gens qui répondent dans une enquête à une question qui porte sur la religion : « Je suis plutôt catholique » ? Ou bien, est-ce que ce sont les catholiques les plus fervents, les plus pratiquants ? Ensuite, comment est-ce qu’on définit cette pratique ? Quand on les interroge sur leur appartenance confessionnelle, 50 % des Français se définissent comme catholiques. Mais si on ne leur posait pas la question dans le cadre d’une enquête d’opinion, sans doute qu’ils ne se définiraient pas spontanément comme catholiques. Ce pourcentage correspond pour beaucoup à ce qu’on appelle des catholiques culturels : ils sont nés dans des familles catholiques, ils ont été baptisés, se sont éventuellement mariés à l’Église. Quand ils sont « soumis » à la question par les sondeurs qui leur demandent s’ils sont catholiques, protestants, juifs ou athées, ils choisissent catholique dans le « menu ». Si on retient ce public-là, qui représente environ 50 % de la population française, il va être assez peu typé, car son comportement ressemble à la moyenne des Français…

Français

Le vote des catholiques lors des dernières présidentielles correspond à celui de l’ensemble de la société française, tout aussi diversifié et fragmenté. Il est néanmoins possible d’identifier un « bloc catholique » dont les comportements sont assez marqués et qui adhère de plus en plus à un discours national identitaire porté par la droite et l’extrême droite. Selon le directeur de l’Ifop, la perte d’influence de la matrice catholique en France sur la société et la culture n’est pas pour rien dans cette évolution.

Entretien avec
Jerôme Fourquet
Diplômé de l’Institut d’études politiques de Rennes et titulaire d’un DEA de géographie électorale (Université Paris VIII), directeur du département « Opinion et stratégies d’entreprise » de l’Institut français d’opinion publique (Ifop).
A récemment publié À la droite de Dieu. Le réveil identitaire des catholiques (Cerf, 2018), L’archipel français. Naissance d’une nation multiple et divisée (Seuil, 2019) et La France sous nos yeux. Économie, paysages, nouveaux modes de vie (avec Jean-Laurent Cassely, Seuil, 2021).
Propos recueillis par
Nathalie Sarthou-Lajus
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Mis en ligne sur Cairn.info le 29/06/2022
https://doi.org/10.3917/etu.4295.0075
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