Depuis fort longtemps déjà, une idéologie des réseaux s’impose dans l’organisation de nos sociétés. Les politiques publiques conduites en faveur du développement du numérique ont toujours été à cet égard assez significatives. Tout se passe comme si les nombreuses interventions menées en faveur de la réduction de la fracture numérique pouvaient contribuer à favoriser, comme dans un rapport de cause à effet, une meilleure coexistence. Ainsi, en suivant certains techno-discours qui accompagnent le déploiement du numérique et sont portés autant par les concepteurs et les industriels que par les politiques, l’inventivité télécommunicationnelle (de l’Internet au Web 2.0) aurait pour conséquence de générer des expériences inédites d’intelligence collective. Ainsi, à l’encontre du fameux diagnostic de Jean-François Lyotard selon lequel notre époque serait celle de la fin des « grands récits », on observe comment l’imaginaire historique dominant abrite des schèmes d’organisation temporels qui ont pour effet de réinvestir de nouvelles téléologies en faveur d’un sens unique du progrès. La place prépondérante des écrans dans nos existences est directement liée à ces logiques qui nous incitent à penser que le changement technologique est le plus souvent bénéfique. C’est sur un tel mécanisme, qui se diffuse dans l’organisation de nos existences individuelles et collectives, que s’appuie le discours sur la 5G. Celui-ci met particulièrement en avant le champ productif : la 5G rendra encore plus rapides et fiables les actuelles applications…