Depuis plusieurs années, que ce soit dans le champ de la médecine, ou dans ceux de l’écologie ou du monde des entreprises, on a vu apparaître une nouvelle pratique philosophique : la philosophie de terrain. Après en avoir analysé ses différentes caractéristiques, Jean-Philippe Pierron s’entretient avec Baptiste Morizot, philosophe et pisteur de loups.
Article
Un philosophe sur la piste animale traquant les métaphysiques sous-jacentes aux pratiques pastorales liées à la réintroduction du loup, une doctorante en philosophie travaillant sur les dialectiques agricoles engagées en permaculture, un laboratoire junior de jeunes philosophes consacré à la philosophie de terrain, une place riche et complexe de la philosophie en dialogue avec la médecine et le monde du soin ou avec l’écologie par des recrutements d’enseignants-chercheurs en philosophie de la médecine et de l’environnement, une rentrée universitaire où, c’est une petite révolution, avec la réforme de la première année de médecine (première année commune aux études de santé, ou Paces), des étudiants inscrits en philosophie (filière licence accès santé, ou LAS) pourront passer et être reçus au concours pour entrer en deuxième année de médecine, etc. Voilà autant de signes manifestes que quelque chose est en train de se passer et de changer dans le paysage de la philosophie en France. Si ce foisonnement se cherche encore, il porte pourtant un nom : la philosophie de terrain. L’expression est douteuse : le terrain n’est-il pas le champ spécifique des sciences sociales et le sol du philosophe est-il le terrain du sociologue ? L’expression est racoleuse : n’est-elle pas une semi-habileté rhétorique disant que le philosophe a bien les pieds sur terre, contrairement à l’imagerie qui le représente le nez en l’air, prêt à chuter dans le moindre trou ? L’expression est insidieuse : n’est-elle pas la réactualisation du schème du « philosophe-roi », dans les liens forts entre intellectuels et pouvoir où le philosophe serait en mal d’influence à l’heure des influenceurs, comme si l’art de bien poser les problèmes se confondait avec l’art politique de les résoudre …
Résumé
Plan
Auteurs
A récemment publié Prendre soin de la nature et des humains. Médecine, travail et écologie (Les Belles Lettres, 2019), Je est un nous. Enquête philosophique sur nos interdépendances avec le vivant (Actes Sud, 2021) et Philosophie du soin. Éthique, politique et esthétique (Hermann, 2021).
A publié dans Études « Les métiers du soin dans la tourmente » (n° 4268, février 2020).
A publié Diplomates. Cohabiter avec les loups sur une autre carte du vivant (Wildproject, 2016), Sur la piste animale (Actes Sud, 2018), Manières d’être vivant (Actes Sud, 2020) et Raviver les braises du vivant. Un front commun (Actes Sud – Wildproject, 2020).
Sur un sujet proche
- Mis en ligne sur Cairn.info le 29/06/2021
- https://doi.org/10.3917/etu.4284.0041

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