CAIRN.INFO : Matières à réflexion

À l’heure de la gouvernance par les nombres et du souci de la rentabilité, les métiers du soin, dans leur diversité, se questionnent sur leur devenir. Alors qu’on se souvient encore des grèves des infirmières de la fin des années 1980, du début des années 1990 revendiquant le passage de la vocation (Beruf, en allemand) à la profession – les slogans d’alors disaient « ni nonne ni conne », « infirmière, ce n’est pas une vocation, c’est une profession » –, les enjeux contemporains se sont déplacés. Un autre passage est franchi. Il va de la profession vers l’activité alors que le soin fait l’objet de nouvelles pratiques managériales et d’une gestion ou d’une surveillance par une tarification à l’activité (T2A), relayée par des dispositifs informatiques.
La profession prenait ses distances avec la vocation dans sa dimension religieuse, parfois oublieuse des droits du travail mais attentive à ce qui s’engageait de la recherche d’unité profonde d’une vie engagée au travail. La réduction du métier à l’activité opère une dissolution de son unité au profit de la transparence que serait censée comptabiliser une série de tâches « impersonnelles ». Mais le risque est grand alors d’invisibiliser ce qui se donne dans le soin ; il est tout aussi grand que l’inventivité professionnelle s’efface au profit de pratiques procédurales.
Nous voulons questionner ce qui du soin ne peut être mesuré, non seulement pour des raisons de faisabilité technique mais aussi d’impossibilité anthropologique et éthique…

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Les récentes grèves dans les services d’urgence, à l’hôpital, en maison de retraite ou en Ehpad, les thèmes récurrents de la souffrance au travail et de l’épuisement professionnel témoignent de l’inquiétude des soignants. Les métiers du soin sont redéfinis par des logiques comptables et parfois menacés de disparaître avec l’apparition des logiciels et de la robotique « empathique ». Pourquoi le secteur de la santé est-il particulièrement touché ? Y aurait-il une dé-mesure du soin, résistante à la culture de la mesure, et qui serait rendue sensible lorsque le « plaisir » de soigner disparaît ?

Jean-Philippe Pierron
Directeur de la chaire « Valeurs du soin » à l’université de Bourgogne et membre du conseil scientifique de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (Sfap). A récemment publié Les valeurs du soin. Éthique, économie et politique (avec Didier Vinot, Seli Arslan, 2018), Vulnérabilité. Pour une philosophie du soin (PUF, 2019) et Prendre soin de la nature et des humains. Médecine, travail et écologie (Les Belles Lettres, 2019).
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Mis en ligne sur Cairn.info le 07/02/2020
https://doi.org/10.3917/etu.4268.0041
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