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C’était le 14 mars 2020… Nous étions partis précipitamment, ma femme, ma fille aînée et son compagnon, et mon grand fils, pour prendre le dernier bateau en partance. À bord, à peine la passerelle désolidarisée du quai, le capitaine, quelque peu embarrassé, nous indiqua qu’en dernière minute et à la vue des circonstances (une contagion s’était annoncée sur le pays et il ne voulait pas risquer la quarantaine), il avait été contraint de hâter le départ et de changer de destination. La croisière allait changer de nature. Nous ignorions notre destination exacte. Le but du voyage devenait soudainement incertain. Voyager pour aller où, et pour quoi faire ?
Le bateau voguait déjà depuis de longs jours sur des flots qu’un matelot nous dit s’appeler « la mer du Temps suspendu ». Après avoir laissé à bâbord l’île d’Utopia, une île que seuls quelques marins expérimentés savent trouver mais qui n’est indiquée sur aucune carte maritime, nous avons vogué longtemps, lentement, dans l’archipel des îles des Confins. Ce n’est qu’un peu plus tard, je ne saurai dire exactement quand, tant les jours ressemblaient aux autres jours, que nous avons accosté et pu mettre pieds à terre. Nous, c’est-à-dire ma famille. En effet, et à notre grande surprise, aucun autre voyageur n’est descendu avec nous, ni n’a pu se joindre à nous. Les consignes étaient strictes, avait dit le capitaine. Il fallait entre nous tous, si nous voulions avoir une chance de survivre, des distances spatiales. Raison pour laquelle il avait eu l’idée, nous expliqua-t-il en quelques mots, de nous conduire jusqu’à cet archipel, idéal à cette fin du moins…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 17/09/2020
- https://doi.org/10.3917/etu.hs20.0103

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