CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Comment une société fait-elle le point sur ce qui, pour elle, compte au point qu’elle ne saurait, en ces matières, transiger ? Peut-elle seulement, se regardant vivre et évoluer, instaurer de temps à autre, dans le flux et la vitesse, des stases pour se livrer à un auto-examen ? N’est-ce d’ailleurs pas cela l’éthique, dans la bioéthique : offrir collectivement le scrupule de la pause au cœur de la trépidation des courses à l’innovation ? Elle peut le faire en imagination, de façon prospective, en se projetant dans le temps. La récente réinitialisation d’un Haut-Commissariat au Plan servira une telle entreprise. Elle peut le faire à travers un travail de mémoire, consistant à revisiter les actions menées, les évolutions survenues, les questions de société qui sont progressivement apparues et qui méritent d’être débattues, en vue de la suite à leur donner. Le réexamen obligatoire depuis la loi de 2011, une fois tous les sept ans, de la loi relative à la bioéthique, précédé d’un débat public sous forme d’états généraux, travaille à cette intention, cherchant à répondre à la question : « Quel monde voulons-nous pour demain ? »
On ne peut négliger, on doit même saluer la réflexivité par le biais de laquelle la société française s’est mise en travail. Se réunir en états généraux tout d’abord avant de le faire en assemblée, pour le temps d’une soirée ou d’un après-midi ; penser et réfléchir ensemble, experts et non-experts, sur des enjeux aussi sensibles et complexes que l’assistance médicale à la procréation (AMP), les liens entre l’intelligence artificielle et le soin, les relations entre santé et environnement, les modes de gestion de la santé, comme cela a pu être le cas dans toute la France de 2018 à 2021, n’est ni anodin, ni dérisoire…

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Le réexamen des lois de bioéthique révèle la réflexivité des sociétés modernes, mais laisse perplexe quant à nos capacités de critique et d’action sur un système technique global et normalisé. La dimension politique du corps ouvre d’autres perspectives.

Jean-Philippe Pierron
Professeur de philosophie à l’université de Bourgogne, il vient de publier Je est un nous (Actes Sud, 2021).
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Mis en ligne sur Cairn.info le 16/07/2021
https://doi.org/10.3917/espri.2107.0205
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