La valeur de l’argent est mise à mal par les inégalités, les bulles spéculatives affectées par des phénomènes de mimétisme et la crise écologique. Elle est donc une relation socialement construite, notamment par les normes comptables, mise en spectacle sur le marché de l’art et inscrite dans une symbolique religieuse de la dette.
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Quel rapport y a-t-il entre l’argent et la valeur ?Diane Delaurens – Les deux termes sont distincts, mais ils n’en sont pas moins très fortement liés. La valeur, tant morale que chiffrée, correspond à la mesure ou à l’évaluation d’une qualité ; l’argent, quant à lui, renvoie à la monnaie qui s’échange dans une société. Or la triple fonction de l’argent définie par Aristote souligne, dès l’Antiquité, le lien très fort qui l’unit à la valeur, puisqu’il sert à établir des valeurs comparables à ce que l’on souhaite échanger. Comme unité de compte, l’argent permet d’attribuer une valeur à un objet ; comme intermédiaire des échanges, il permet justement une relation entre ces valeurs et notamment une demi-relation, en ce sens que l’échange économique – contrairement au troc – peut se faire entre un objet et la somme d’argent correspondante avant que cette dernière soit à son tour échangée ; enfin, comme réserve de valeur, il permet de repousser ces échanges dans le temps (l’épargne). En tant qu’il facilite les échanges économiques et donc sociaux, l’argent est ainsi un instrument d’unification des valeurs, tant marchandes que morales.
C’est pourquoi la monnaie, prérogative régalienne, est un instrument essentiel d’édification des structures politiques sur un territoire, comme le montre l’exemple de l’euro pour l’Union européenne. Or, en tant qu’il contribue au progrès économique et social, l’argent est devenu plus qu’un moyen d’attribuer et d’échanger les valeurs : il est lui-même devenu une valeur…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 08/07/2019
- https://doi.org/10.3917/espri.1907.0109

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