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La réussite actuelle de candidats « hors-système », qui marginalisent, voire détruisent, les candidats des partis établis en s’adressant aux déclassés, aux perdants de la mondialisation, est-elle pour vous la conséquence d’un certain état de désintégration sociale ? Pensez-vous que le modèle théorique des deux nations, développé par Bob Jessop pour penser la division de la société britannique dans les années Thatcher, soit encore opérant pour penser la pauvreté aujourd’hui ?
Cette question nous place au cœur de l’actualité. Le modèle qui distingue une nation des pauvres et une nation des travailleurs s’applique encore, mais en partie seulement. Les données fournies par les eurobaromètres permettent aujourd’hui d’étudier les perceptions et les explications données à la pauvreté, à l’échelle européenne, depuis le milieu des années 1970. Or plusieurs interprétations coexistent, voire s’affrontent, surtout celle qui relie la pauvreté à la paresse et celle au contraire qui l’impute à l’injustice. Ces deux conceptions ont des racines profondes, comme le montre l’ouvrage de Geremek sur le Moyen Âge, la Potence ou la Pitié.
Ceux qui tiennent les pauvres pour des assistés qui ne font pas d’efforts pour s’en sortir, et revendiquent la « valeur travail », ont longtemps été minoritaires en France. Jusqu’aux années 1990, il existait un consensus entre la droite et la gauche sur la dette de la nation envers les pauvres, permettant le vote non partisan de mesures comme le revenu minimum d’insertion …
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 02/05/2017
- https://doi.org/10.3917/espri.1705.0119

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