La controverse du mariage pour les couples de même sexe et celle qui a suivi sur la « théorie du genre » ont mis en lumière des oppositions apparemment irréductibles. La notion de famille ne doit pas être abandonnée, mais elle ne doit pas être conçue comme naturelle ou totalisante. Le mystère de la naissance est après tout l’acceptation d’un autre qui résiste à nos logiques de contrôle.
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La réflexion contemporaine concernant la différence des sexes, la constitution du « genre » et leurs conséquences sur la manière de penser la conjugalité et la famille remet sur le métier une manière de symboliser la « nature » en nous (le corps) et entre nous (le sang) pour instituer le lien généalogique. Mais elle le fait sans la hauteur métaphysique de l’idée de nature présente dans la hautaine référence à la « famille naturelle », expression dans laquelle les études de genre ne voient qu’un oxymore. Ces études invitent à repenser le lien familial. Elles discutent les formes « traditionnelles » d’organisation du familial, jusqu’à les soupçonner d’être tombées dans le piège de l’idéologie traditionaliste. Elles travaillent à métamorphoser l’univers symbolique au sein duquel déchiffrer l’appartenance à une communauté familiale et à expliciter une reconnaissance dans un lignage. Mais, ce faisant, elles permettent aussi de retrouver la force du lien familial.
Nous ferons alors l’hypothèse que les études de genre contribuent à une articulation à nouveaux frais d’une phénoménologie de la naissance et d’une herméneutique de la reconnaissance dont les familles seraient tout à la fois le théâtre et l’enjeu. Entendons que les études de genre nous permettent de méditer en profondeur l’étonnement sur la naissance – dans ce qu’elle a de hasardeux, de contingent et d’absolument non choisi?: mon corps, mon tempérament, l’enfant qui vient et la famille où il «?tombe?». Puisque toute naissance nous situe dans l’existence et en même temps nous limite, une herméneutique de la reconnaissance se révèle nécessaire…
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[*]
Philosophe, maître de conférences à la faculté de philosophie de l’université Jean-Moulin, Lyon. Il a récemment publié Où va la famille??, Paris, Les liens qui libèrent, 2014, et Mythopées. Un portrait de la modernité tardive, Paris, Vrin, 2014.
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 27/01/2015
- https://doi.org/10.3917/espri.1501.0052

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