Alors que les États-Unis voient leur taux de chômage baisser et leur croissance repartir, l’Europe semble enlisée dans la crise. Est-ce parce que les dirigeants européens n’en ont pas perçu l’ampleur ? Parce qu’ils ont favorisé la réduction des déficits sans voir les conséquences qu’elle pourrait avoir sur des économies déjà affaiblies ? Quel avenir peut-on dessiner pour la solidarité européenne, à l’heure où l’Europe semble irrémédiablement divisée entre pays du Nord et pays du Sud ?
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Esprit – Les gouvernements européens traitent la crise comme s’il s’agissait d’un moment conjoncturel, une étape à passer en attendant que la machine de la croissance se remette en route toute seule. Ils promettent donc avant tout une « sortie de crise », alors qu’il aurait fallu expliquer que nos pays sortant d’un système de croissance fondé sur l’endettement public et privé, c’est un nouveau cycle de nos économies qui est à réinventer. Mais voit-on les prémices de ce nouveau cycle ?Jean Pisani-Ferry – C’est un jugement trop sévère. Il ne faut pas oublier que la réponse au choc de 2008 a été remarquable par sa promptitude et par l’intensité de la coordination internationale. Les dirigeants du monde ont montré qu’ils n’étaient pas oublieux des leçons des années 1930 et, pour la première fois, les pays émergents, Chine en tête, ont pris toute leur part dans l’effort de relance. En revanche, il est vrai que l’Europe a mal géré la sortie de la relance de 2008-2009. À partir de 2010-2011, les Européens ont cru que la première urgence était de rétablir les comptes publics. Mais ce faisant, ils ont oublié que les problèmes de l’économie privée étaient loin d’être réglés. En imposant une réduction rapide du déficit à des économies très fragiles, dont les systèmes bancaires étaient souvent encore dans un piètre état, dont les ménages et les entreprises étaient endettés, dont la compétitivité était insuffisante, les gouvernements et l’Union européenne ont contribué à la rechute dans la récession…
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[*]
Économiste, ancien directeur du think tank européen Bruegel, il a été nommé en mai 2013 commissaire général à la stratégie et à la prospective.
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/08/2013
- https://doi.org/10.3917/espri.1308.0127

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