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Esprit – L’affaire des subprimes intervient après une série de crises financières des années 1990 et du tournant 2000 – crise immobilière au Japon, bulle internet, crise asiatique... – qui a montré la place désormais centrale de la finance dans l’économie mondiale. Le paradoxe d’une telle crise est qu’elle surgit de manière inattendue, comme une surprise, alors qu’il semble rétrospectivement possible de la situer dans la continuité de phénomènes précédents et dans une lecture d’ensemble de l’évolution du capitalisme. En outre, les mécanismes de la crise relèvent d’une description qui n’a rien d’inédit. Comment une crise peut-elle être inattendue tout en obéissant à des mécanismes qui se répètent ?André Orléan – Ce qui fait le cœur de ce paradoxe, c’est l’incapacité énigmatique des marchés financiers à tirer les leçons d’une histoire pourtant saturée en emballements spéculatifs aux conséquences désastreuses. Lorsque domine l’euphorie financière, l’idée que la croissance des prix ne saurait être infinie et qu’un retournement à la baisse ne peut manquer d’advenir semble une hypothèse lointaine, de probabilité négligeable et, pour ces raisons, impuissante à provoquer les réactions de prudence qui s’imposeraient. Aussi, à chaque fois, est-ce avec la même surprise que le surgissement de la crise est accueilli.
Pour qualifier cette pathologie, certains analystes mettent en avant une mémoire financière insuffisante ; d’autres parlent plus crûment d’un « aveuglement au désastre »…

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Les crises financières se suivent et se ressemblent. On les découvre pourtant, quand elles arrivent, de manière soudaine, comme si elles étaient tout à fait inattendues ! Pourquoi des crises répétées paraissent-elles toujours imprévisibles ? Bien qu’elles apparaissent comme un trait caractéristique de l’économie contemporaine, on n’accorde pas assez d’attention à ce qu’elles révèlent du fonctionnement des marchés.

Entretien avec 
André Orléan [*]
  • [*]
    Économiste, auteur notamment du Pouvoir de la finance, Paris, Odile Jacob, 1999 et, avec Michel Aglietta, la Monnaie entre violence et confiance, Paris, Odile Jacob, 2002. Voir aussi « L’individu, le marché et l’opinion : réflexions sur le capitalisme financier », Esprit, novembre 2000.
Propos recueillis par 
Marc-Olivier Padis
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Mis en ligne sur Cairn.info le 01/08/2012
https://doi.org/10.3917/espri.0803.0009
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