CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1L’institutionnalisation est récurrente dans l’étude des mouvements sociaux, dès qu’ils passent de la contestation politique au projet. Elle implique une hiérarchisation du pouvoir interne et le repositionnement des mouvements sociaux dans le champ politique, les insérant dans des partenariats institutionnels réglés. Deux expériences locales, à Paris et à Montréal, permettent d’appréhender les dynamiques et enjeux de ces processus d’institutionnalisation, de recomposition des formes de gouvernement local et de multiplication des dispositifs participatifs. Analysant les mouvements parisiens, Manuel Castells (1975) a insisté sur le couple intégration et répression dans la réponse des institutions aux enjeux de classe qui s’expriment dans l’espace urbain. En se centrant sur les acteurs, Jean-Pierre Collin et Jacques Godbout (1977) ont montré comment les militants issus de la gauche radicale constituent un milieu professionnel d’encadrement des groupes communautaires québécois. Pierre Hamel (1990) a mis en regard l’ambivalence des mouvements sociaux et l’ambiguïté des interventions de l’État. Malgré ces travaux pionniers, la sociologie urbaine et celle des mouvements sociaux sont restées cloisonnées (Pickvance, 2003), seule la sociologie des mouvements sociaux abordant l’institutionnalisation.

2L’affaiblissement de la portée transformatrice des mouvements sociaux et leur « routinisation » se solderaient par la révision des objectifs de départ, le choix d’un répertoire de l’action plus conventionnel et la perte inévitable de l’identité initiale (Kriesi, 1996). Sans nier ces dimensions, Hamel et coll. (2000b) insistent sur la capacité des mouvements sociaux à moderniser et démocratiser l’action publique dans ce processus d’institutionnalisation. Ils montrent la dynamique des jeux de négociation et de pouvoir entre institutions et mouvements sociaux. L’institutionnalisation ressurgit dans le champ urbain avec la gouvernance et la démocratie urbaine (Jouve et coll., 2004 ; Lafaye, 2002 ). Mais les travaux sur la gouvernance ou la démocratie interrogent peu la place des mouvements sociaux dans ces transformations. La modernisation des institutions conduit la puissance publique à se tourner vers un secteur associatif ou communautaire, pour partie issu des mouvements sociaux, lui déléguant des pans entiers de la gestion sociale. Les « mouvements sociaux urbains », censés porter une critique radicale du capitalisme (Castells, 1975), se sont transformés : ils ont élargi leur champ d’intervention et sont aujourd’hui hétérogènes et fragmentés (Hamel et coll., 2000a). La revendication démocratique a été intégrée dans les discours politiques, devenant une norme de bonne gouvernance avec l’impératif délibératif (Blondiaux, Sintomer, 2002). Ce changement de paradigme répond à la crainte de la fragilisation des liens sociaux et de la désaffection politique. Les instances locales ouvrent de nouveaux espaces et les associations et groupes communautaires doivent y trouver leur place (Bacqué et coll., 2005). Même limités et circonscrits, ces espaces participent à une transformation plus large des formes de gouvernance qui réinterroge l’institutionnalisation des mouvements sociaux : ils adaptent leur répertoire d’action.

3Comment appréhender les processus d’institutionnalisation ? Comment l’intégration dans les dispositifs de gestion locale s’articule-t-elle avec des logiques de contre-pouvoir ? Quels sont les nouveaux cadres de l’action lorsque les appareils administratifs revendiquent la proximité et la participation, reprenant deux thématiques des mouvements urbains ? Deux expériences particulières apportent des éléments de réponse : la table de quartier Action-Gardien, dans le quartier de la Pointe Saint-Charles (13 000 habitants) au sud-ouest de Montréal ; le collectif associatif de la Goutte d’Or (22 000 habitants) dans le nord de Paris. Ces deux anciens quartiers ouvriers sont affectés par la gentrification[1]. Ces deux coordinations sont nées de mouvements urbains. Leur configuration urbaine et leur histoire sociale circonscrivent clairement le territoire d’intervention des groupes communautaires ou des associations. À la Pointe Saint-Charles, nous avons participé pendant un an aux réunions, groupes de travail et initiatives de la table de quartier. À la Goutte d’Or, le travail de terrain a été conduit l’année suivante [2] et nous avons suivi les réunions liées au projet urbain et à sa gestion sociale. Ces observations ont été complétées par une trentaine d’entretiens sur chaque site, avec des responsables associatifs, des élus locaux et des professionnels.

4Une première difficulté de la comparaison tient aux différences de vocabulaire. « Communauté » et « association » traduisent des cultures sociales et politiques différentes. Au Québec, la « communauté » indique un ancrage territorial. Elle témoigne de la reconnaissance des corps intermédiaires ou des collectifs d’origines diverses (Germain et coll., 2004). Elle ne se réduit pas au « communautarisme ethnique » agité comme repoussoir dans les débats hexagonaux. La nébuleuse communautaire québécoise [3] est aussi structurée à l’échelle municipale et provinciale. Plus fondamentalement, les traditions associative française et communautaire québécoise ne sont pas symétriques. L’organisation politico-administrative des deux métropoles est différente : à Paris, cet échelon institutionnel est ancien, mais la décentralisation des pouvoirs municipaux, de la mairie centrale vers les mairies d’arrondissement, est engagée depuis le changement de majorité municipale en 2002 ; à Montréal, la création des arrondissements remonte à 2002, avec la fusion des villes de l’île [4]. Deuxième difficulté, nous ne faisons pas une comparaison terme à terme, mais une mise en perspective qui dégage des évolutions communes et des questions ou enjeux partagés. Dans les deux cas, la prise en compte de l’exigence délibérative et la décentralisation conduisent à la création de nouveaux dispositifs participatifs et de gestion urbaine : à Paris les conseils de quartier et la recomposition de la politique de la ville, à Montréal les conseils d’arrondissements (plus ponctuellement les conseils de quartier) et le repositionnement de la gestion communautaire. Les modes de régulation urbaine se recomposent en tension autour des couples national/local, public/privé, social/économique. L’action collective a suivi les mêmes étapes de construction et de transformation, s’accompagnant de discours et de catégories critiques à partir de thématiques voisines.

Deux coordinations de quartier

5Dans leurs contextes respectifs, ces deux expériences restent exceptionnelles comme formes de mobilisation et de structuration des habitants car leurs dynamiques de contre-pouvoir sont spécifiques. La mobilisation des habitants a été particulièrement vigoureuse (à Montréal depuis 1960, plus tard à Paris). Elle débouche dans les deux cas sur la création de services sociaux et culturels associatifs ou communautaires. C’est une gestion des services urbains quasi partagée avec la puissance publique. La Goutte d’Or et la Pointe Saint-Charles constituent des lieux d’expérimentation sociale et d’innovation, partiellement généralisée ensuite par les municipalités.

6La table de quartier Action-Gardien [5] regroupe une vingtaine de groupes communautaires. Cette coalition naît, en 1981, de la volonté d’être partie prenante des projets d’aménagement du quartier. Elle succède à un foisonnement d’initiatives communautaires dont la création emblématique, dès les années 1960, d’une clinique communautaire liée à un centre d’éducation populaire et une coopérative alimentaire. La clinique, issue de la rencontre entre des étudiants en médecine de l’Université Mc Gill et le comité de citoyens, a gardé comme spécificités d’être dirigée par un conseil d’administration composé d’habitants élus en assemblée générale, de donner la priorité à l’action sociale, au développement local et à la prévention, et de fonctionner sur des modes autogestionnaires. C’est à partir de ce modèle, pour partie détourné, qu’ont été créés les centres locaux de santé communautaire, à l’échelle du Québec.

7La table Action-Gardien est financée par la municipalité et elle est animée par une permanente salariée. Elle constitue un lieu de débats, mais aussi de coordination de l’action. Elle appartient au mouvement communautaire dit « autonome » qui, comme son nom l’indique, cherche à préserver une dimension contestataire et politique tout en dispensant des services. Les groupes qui la composent entendent développer et fournir ces services de leur propre initiative, dans une démarche de prise de contrôle des habitants sur leur vie et sur leur environnement. Ce mouvement, qui a négocié sa reconnaissance à l’échelle du Québec, est financé par des fonds publics provinciaux, parfois fédéraux et municipaux. Cette pluralité de sources de financements donne une certaine indépendance au regard des instances locales. La municipalité de Montréal s’est réapproprié le principe de coordination initié par Action-Gardien en finançant dans tous les quartiers de la ville des tables de concertation, mais en y associant les services municipaux (Germain et coll., 2004).

8À Paris, la coordination des associations de la Goutte d’Or est partie de la contestation d’une opération de rénovation urbaine lourde engagée par la ville de Paris en 1980, pour remédier à l’insalubrité du secteur. Les associations qui la composent sont relativement jeunes. Très vite, la municipalité s’appuie sur ce secteur associatif émanant des mouvements urbains, pour mettre en œuvre des politiques de développement social urbain. En particulier, elle finance la mise en place d’une structure interassociative, la Salle Saint-Bruno. La Goutte d’Or est le premier quartier où la municipalité parisienne expérimente la politique de la ville à travers la procédure « îlot sensible » en 1983, puis en développement social des quartiers. C’est aujourd’hui un des projets présentés à l’Agence nationale de rénovation urbaine. De nombreux programmes culturels et sociaux ont été créés à l’initiative des habitants, gérés par des associations locales et financés par des fonds publics spécifiques. À côté d’un travail social classique, des démarches innovantes sont développées autour du traitement de la toxicomanie et de l’accueil des populations africaines. Elles se réclament de l’empowerment et travaillent à partir de l’expression collective de groupes spécifiques. Ces associations ne sont pas opérationnelles dans le logement ou l’économie, comme leurs sœurs québécoises. Elles demeurent financièrement beaucoup plus dépendantes de la municipalité. L’implication associative dans la gestion sociale est propre à la Goutte d’Or et elle s’est développée dans un jeu politique droite/gauche faisant intervenir les relations entre les différents niveaux de gouvernement (l’État, la Région, la Ville et l’Arrondissement) et les associations locales. Il y a deux coordinations : la Salle Saint-Bruno, codirigée par les associations et la municipalité, plus une coordination associative au fonctionnement très informel, comparé à celui d’Action-Gardien.

9Le secteur associatif ou communautaire préexistant se structure à partir d’un enjeu urbain, autour d’une coordination à Paris et d’une coalition à Montréal. Il lie rapidement une dynamique de contestation et une prise en charge partielle du quartier par ses habitants, ouvrant un espace de débat, d’élaboration et d’expertise qui favorise une expression unifiée de groupes jusqu’alors dispersés. L’espace du quartier est à la fois enjeu de lutte et cadre de la mobilisation (Sewell, 2001). Les deux termes, coalition et coordination, sont utilisés respectivement par les acteurs locaux québécois et français ; cette différence sémantique indique des nuances dans les dynamiques en œuvre et dans les relations, plus ou moins conflictuelles, avec la puissance publique. Ces dynamiques sont liées aux conditions historiques d’émergence de la mobilisation, aux contextes locaux et aux acteurs qui les portent. Dans les catégories de la sociologie des mouvements sociaux, c’est la structure des opportunités politiques.

Trois temps de mobilisation

10À Montréal, Hamel (1990) distingue trois moments où se construisent conjointement problème public et action collective, en fonction du contexte politique et des logiques de la mobilisation. Le premier est celui des luttes urbaines des années 1960-1970, caractérisé à Paris comme à Montréal par la contestation d’opérations de rénovation urbaine. C’est à Paris l’héritage culturel du mouvement de 1968 et, au Québec, la dynamique de la révolution tranquille. Ce premier cadre d’action collective est fortement politisé et marqué par la présence de groupes d’extrême gauche : à la Goutte d’Or, ils défendent le droit des immigrés, puis des sans-papiers ; ces groupes restent extérieurs au quartier. Cette mobilisation s’inscrit dans l’histoire singulière de la Goutte d’Or, lieu d’accueil de populations algériennes et de leurs organisations pendant la guerre d’indépendance. À la fin des années 1970, se mettent en place les premiers programmes sociaux associatifs comme l’alphabétisation ou l’aide aux devoirs, soutenus au début par le Secours catholique. À Montréal, c’est « une période d’exploration des modes d’action » (Hamel, 1990). La multiplication des comités de citoyens, à l’échelle de la ville, débouche sur la création de services. Dans les deux cas, les intellectuels jouent un rôle important. Dans le registre politique, Jean-Paul Sartre ou Michel Foucault témoignent leur solidarité aux travailleurs immigrés de la Goutte d’Or ; dans le registre professionnel, les étudiants de la prestigieuse université anglophone Mc Gill participent à la création de la clinique communautaire. Il faut aussi compter avec l’action caritative, ces différentes approches se rejoignant dans la défense des pauvres et des immigrés, dans une perspective de changement social pour les uns, de solidarité sociale pour les autres.

11Dans les années 1980, deuxième moment d’orientation, l’enjeu urbain s’affirme comme fédérateur, en réaction aux projets municipaux. Les deux coalitions se constituent, questionnant la transformation sociale du quartier. Le terrain de la confrontation s’élargit à des démarches d’ajustement et de négociation avec les pouvoirs publics et, à Montréal, dépasse le champ du social pour investir le développement économique, avec la création des corporations économiques de développement communautaire (Hamel, 2001). Cette orientation pragmatique correspond à un appel de l’État à la société civile québécoise. Ce processus de reconnaissance des groupes se traduira par un accord-cadre leur assurant statut et moyens. À Paris, la politique de développement social urbain engagée à la Goutte d’Or s’appuie largement sur la mobilisation associative et sert de vitrine sociale à la municipalité parisienne. Les groupes et associations se multiplient et se diversifient, essaimés à Montréal par la clinique communautaire et à Paris par un groupe d’habitants, pour la plupart issus du catholicisme social. À la Goutte d’Or en particulier, un véritable ancrage dans le quartier s’opère par un rapprochement avec les habitants dans une démarche de services. La dimension de l’innovation et de l’expérimentation s’inscrit dans une perspective de changement social, changement au quotidien dans les relations interindividuelles et changement du rapport aux institutions, renvoyant pour certains à un projet politique plus large. Le processus d’institutionnalisation des associations et groupes communautaires est bien engagé.

12Les années 2000 sont le troisième moment de la mobilisation. À Montréal, la création d’arrondissements implique la mise en place d’une gestion municipale de proximité contrôlée par les élus d’arrondissement, avec des dispositifs de démocratie locale généralement dirigés vers les citoyens et non vers leurs organisations. Les premiers arrondissements à s’être engagés dans des démarches de démocratie participative n’offrent pas de dispositifs de consultation des groupes communautaires mais reposent sur des commissions composées d’individus élus ou désignés en leur nom propre. À Paris, la nouvelle municipalité de gauche entend coordonner une politique municipale de développement social, sans la déléguer totalement aux associations. Elle crée aussi des conseils de quartier avec un collège associatif. Ces changements passent par des procédures d’appels d’offre obligeant les groupes et associations à renégocier leurs actions. Au regard des dispositifs politico-administratifs, ils deviennent des délégataires de services. Ces trois temps de mobilisation sont scandés par la recomposition des politiques publiques, mouvements urbains et institutions se transformant et s’influençant mutuellement dans « (un) mouvement de basculement du gouvernement local à la gouvernance urbaine » (Lafaye, 2002). L’institutionnalisation des mouvements sociaux passe par leur intégration dans la gestion urbaine et leur entrée, à divers niveaux, dans les structures de gouvernance locale, ce qui est un succès partiel de leurs revendications.

Un tissu associatif ou communautaire en transformation

13Le tissu associatif se diversifie et se renouvelle. Il constitue une nébuleuse, renvoyant à une multiplicité d’histoires, d’intérêts, de relations avec les instances municipales. Des associations ou groupes communautaires de natures différentes cohabitent au sein des deux coordinations-coalitions (associations dispensatrices de services, groupements d’intérêt ou groupes d’influence) qui s’engagent dans la création de services et d’activités collectives pour améliorer concrètement la vie quotidienne, réguler les problèmes sociaux et développer la vie sociale de voisinage (dans les domaines de la santé, l’éducation populaire, l’assistance juridique, etc). Cette dimension, présente dès les années 1960, prend de l’importance au cours des années 1980, entraînant une professionnalisation des groupes et une transformation des modes de mobilisation. La confiance des habitants aux associations et aux groupes et, partant, la mobilisation collective se construisent sur la base d’une prestation de service et d’une pratique militante contestataire.

14Le tableau est asymétrique : la table Action-Gardien conserve des pratiques et un discours militant plus déterminés. Elle est active dans des mobilisations nationales ou internationales comme la marche des femmes au Québec, le mouvement contre la guerre d’Irak ou le débat électoral. Elle cherche aussi à maintenir un espace de mobilisation et de débat autonome sur les enjeux de transformation urbaine du quartier au travers d’une série d’initiatives publiques. La crainte d’une instrumentalisation de l’action communautaire liée à la décentralisation de l’action municipale et aux modifications des règles de financements conduit même à une radicalisation de la démarche militante. Les responsables communautaires rencontrés veulent développer le lien avec les habitants par de nouvelles pratiques démocratiques. Quand le conseil d’arrondissement lance une concertation sur le plan d’aménagement, la table organise ses propres assemblées générales, fait appel à ses propres experts universitaires pour construire un discours de contestation et de proposition. À la Goutte d’Or, les responsables associatifs participent bien aux conseils de quartier, mais ils ne sont pas toujours porteurs d’une parole collective de la coordination et ils sont même parfois muets. Les associations sont plus impliquées dans les instances administratives de pilotage de la politique de la ville au sein desquelles elles se retrouvent sur des objectifs communs. Elles peinent à préserver un espace de débat plus large qu’entre professionnels et responsables associatifs impliqués dans la gestion associative.

15Ces positionnements renvoient pour partie à la structuration différente des systèmes politiques locaux. À Paris, les associations trouvent un appui auprès des partis de gauche et le premier président de la coordination est, depuis les dernières élections municipales, maire-adjoint d’arrondissement, d’où une difficulté de positionnement critique. Le mouvement social puis les politiques de développement social mises en œuvre à la Goutte d’Or s’inscrivent dans des rapports de force « partidaires » structurés autour des oppositions droite/gauche et pouvoir municipal/pouvoir d’État. À Montréal, une représentation gestionnaire de la politique prévaut ; les groupes communautaires restent à côté du jeu électoral, depuis l’échec du Rassemblement des citoyens et citoyennes de Montréal (rcm) élu aux élections municipales de 1986 et qui a depuis éclaté [6].

16Un milieu professionnel s’est constitué dans les deux quartiers, composé de militants politiques reconvertis, de travailleurs sociaux engagés et d’habitants du quartier formés dans les activités associatives. Ces derniers restent peu représentés dans les structures de direction et, à la Goutte d’Or, les minorités ethniques sont quasi absentes. Cette approche de service conserve une dimension d’encadrement et d’éducation populaire, déjà présente dans le catholicisme social des origines ; elle se conjugue avec une démarche civique ne débouchant pas forcément sur une représentation directe des populations concernées. Là encore, on peut relever des différences. Les groupes communautaires et la table de quartier appartiennent à plusieurs réseaux ou coordinations thématiques et territoriales permettant aux professionnels qui les encadrent d’accéder à une formation interne et de sortir de l’échelle du quartier pour aborder les problèmes à l’échelle de la ville ou de la province. Le milieu communautaire est plus organisé au Québec, avec un fonctionnement des réunions (des groupes ou de la table) selon un code et un déroulement bien cadrés, ce qui n’exclut ni les débats ni les divisions internes.

17À Paris, dès la fin des années 1990, la coordination de la Goutte d’Or est concurrencée par de nouvelles associations ou réseaux informels nés dans la partie nord du quartier et concernés par la deuxième phase du projet urbain. Ces associations représentent les petits propriétaires occupants, arrivés récemment dans le quartier et porteurs de valeurs sensiblement différentes de celles de la coalition. Leurs objectifs sont de rétablir la norme et le « droit au calme » (nom donné à une association !), en passant si nécessaire par l’expulsion des gêneurs, résidants ou commerçants, demandant à la municipalité de « prendre ses responsabilités ». À l’opposé, une coalition de femmes mal logées lutte pour des logements décents et la construction de « vrais » logements sociaux dans le quartier [7], et un groupe de jeunes universitaires s’oppose au déplacement des commerces « ethniques » envisagé par la mairie de Paris. Ces associations ou groupes informels ne participent pas à la coordination de quartier et ne veulent pas s’inscrire dans une démarche de gestion sociale. Soit ils réclament le « retour au droit commun », renvoyant cette responsabilité à la municipalité, soit ils interprètent cette action sociale comme de l’encadrement et du contrôle.

18L’intégration des mouvements urbains dans la gestion locale a des effets différents sur la structure associative ou communautaire. Dans le cas parisien, tout se passe comme si l’intégration des associations et leur multiplication se payaient par un éclatement de la cohésion associative, faisant réapparaître des intérêts sociaux divergeants au sein de la population du quartier. La coordination représente dès lors le pôle le plus structuré de l’expression associative. Dans le cas montréalais, la structuration interne du mouvement communautaire, qui constitue l’une des dimensions de l’institutionnalisation, lui permet de conserver en partie une dimension politique et contestataire. Il faut distinguer les deux dimensions des processus d’institutionnalisation : la première, de structuration interne et d’organisation à une échelle supra-locale, est une condition de la reconnaissance institutionnelle, mais l’exemple de la Goutte d’Or montre qu’elle n’est pas toujours nécessaire ; la deuxième est l’intégration dans le jeu institutionnel et la gouvernance urbaine. La conjugaison de ces deux dimensions ouvre des dynamiques contrastées.

Adaptation du cadre de la mobilisation

19Dans les deux cas, un discours de référence se construit à travers des conflits au sein de ces coalitions, à partir d’une expertise qui se développe. C’est d’abord autour de la défense des habitants les plus pauvres à Montréal, des minorités ethniques à la Goutte d’Or, qu’associations et groupes communautaires se mobilisent ; militants catholiques et gauchistes se retrouvent autour des mêmes valeurs. À la Goutte d’Or, les enjeux sont des logements décents et le relogement sur place des ménages concernés par la rénovation urbaine ; à la Pointe Saint-Charles, c’est le contrôle de la transformation urbaine du quartier et la constitution d’un parc de logements accessible aux ménages précarisés. Mais cette thématique évolue à la fin des années 1990, pour laisser place à celle de la mixité sociale, avancée par les élus locaux. Cette évolution du discours témoigne d’un changement significatif des représentations du quartier et de son avenir. L’enjeu n’est plus le seul maintien de la vocation sociale du quartier, mais les conditions d’une cohabitation entre divers groupes et la réponse, en termes de services et de commerces, aux nouvelles demandes qui émergent. Ce tournant suscite des controverses dans le milieu associatif et communautaire. Dans le cas de la Goutte d’Or, cette discussion oppose les groupes qui, au nom de la mixité sociale, souhaitent engager une « reconquête » du quartier par les couches moyennes et la coalition qui, au contraire, se mobilise contre les transformations en cours. Curieusement, la coordination reste d’abord muette, alors que les projets municipaux et les modes d’attribution du logement social affichent très clairement une volonté de « rééquilibrage social » et de normalisation de l’espace public. Elle interpelle tardivement (avril 2005) la municipalité sur la place des habitants les plus précaires, notamment les toxicomanes, dans les projets de rénovation [8]. La table de quartier Action-Gardien engage un débat interne, faisant intervenir plusieurs experts sur les enjeux d’aménagement et d’habitat ; elle conclut par une position pragmatique, prenant acte des transformations en cours tout en maintenant la revendication du maintien dans les lieux.

20L’enjeu social se noue avec une thématique culturelle et identitaire : promouvoir une image positive des deux quartiers, défendre un cadre de vie urbain et sa valeur historique. L’association Paris Goutte d’Or s’oppose à un urbanisme de démolition-reconstruction d’îlots entiers au nom de la défense du patrimoine urbain. Elle s’appuie sur des travaux d’historiens de l’architecture qui redécouvrent les qualités urbaines du faubourg parisien menacé (Breitman, Culot, 1988). Dans les deux quartiers, se constituent des associations ou centres de ressources chargés de travailler sur l’histoire, d’en proposer une nouvelle interprétation et de la valoriser. Ce travail de mémoire mobilise entretiens, photographies, films et histoires de vie ; il contribue à faire émerger la figure positive de deux quartiers populaires, représentant des entités sociales et urbaines constituées. Il insiste à Paris sur la richesse de la diversité ethnique (Toubon, Messamah, 1990 [9]), à Montréal sur l’identité ouvrière. À la Goutte d’Or, ce travail de définition devient conflictuel au cours des années 1990, lors de la deuxième phase de rénovation. Pour certains habitants des classes intermédiaires, la vocation commerciale du quartier, qui rayonne sur l’ensemble de la région parisienne, s’oppose à la vision d’un quartier rétréci à ses résidents et d’abord défini par la proximité, à l’image du Montmartre d’Amélie Poulain.

21Une critique sociale et une critique artiste (Boltanski, Chiapello, 1999) peuvent temporairement se marier, mais aussi s’opposer. À Paris, le quartier « socialement correct » (Pinçon-Charlot, Pinçon, 2001), en raison d’une cohabitation sociale et ethnique mesurée au sein des couches moyennes et intellectuelles, ne rencontre qu’à la marge le quartier d’accueil des populations immigrées, plaque tournante du commerce africain, caractérisé par la densité et le mouvement. Le processus d’institutionnalisation s’est soldé par une prise en compte partielle de la critique sociale, l’intégration et la récupération de la critique artiste dans le discours et les politiques municipales. Le discours patrimonial conduit à remplacer une rénovation d’ampleur par de petites opérations de réhabilitation, mais il accompagne une diversification « par le haut » des modes de financement et du peuplement. Dans ce processus, la critique sociale s’est affaiblie au sein de la coordination parisienne et déplacée vers d’autres acteurs, tandis qu’elle est reformulée mais demeure forte à Montréal. Une troisième revendication porte sur les pratiques démocratiques et sur la reconnaissance d’une compétence habitante, faisant valoir le droit des habitants à être informés, à donner leur avis et à participer aux décisions. Ces associations et groupes communautaires construisent la légitimité de la parole habitante et s’érigent en acteurs représentatifs. Cette revendication est partiellement satisfaite, ce qui influence l’intégration des associations et groupes communautaires, en transformant le jeu institutionnel. Les enjeux sociaux et les alliances d’intérêt sont déterminants dans l’élaboration et la transformation du cadre de mobilisation.

Efficacité, institutionnalisation et contre-pouvoir

22Dans le processus d’institutionnalisation, associations et groupes communautaires ont obtenu des résultats substantiels aux trois étapes de leur mobilisation. À la Goutte d’Or, les échelles de la rénovation se modifient sensiblement pour arriver à « un urbanisme à visage humain », respectant le tissu du faubourg. Dans la première phase, les ménages sont en grande partie relogés sur place. Plusieurs équipements publics sont réalisés et des services sociaux, pour partie associatifs, créés. À Montréal, l’activité communautaire met en œuvre la construction de plusieurs centaines de logements sociaux ou coopératifs, des actions de développement économique et différents services sociaux. Elle pose publiquement la question de l’aménagement touristique et économique des abords du canal Lachine, déterminant pour l’avenir de la Pointe Saint-Charles.

23Les résultats sont aussi procéduraux, en termes de reconnaissance des associations comme acteurs collectifs, de création d’instances de concertation, ouvrant une nouvelle étape de leur intégration en les associant à la gestion urbaine. La politique de la ville parisienne va plus loin : la coordination participe à la commission locale interpartenaires chargée d’orienter le développement social du quartier, au groupe de pilotage interinstitutionnel et à différents groupes de travail thématiques. Une association de quartier salarie l’équipe de maîtrise d’œuvre urbaine chargée par la ville du projet de développement local. À Montréal, le dispositif de table de quartier est généralisé à l’échelle municipale tout en étant transformé, comme la clinique communautaire avant lui. Les mouvements urbains ont contribué à la modernisation de l’administration et des institutions et, en retour, à la transformation du cadre politique de leur propre intervention (Hamel, 2001).

24L’institutionnalisation se joue entre plusieurs protagonistes. Elle repose sur une dynamique associative ou communautaire qui, pour se développer et pour répondre à des objectifs de justice sociale, choisit d’intervenir dans la gestion sociale et urbaine de proximité. Elle est aussi portée par des professionnels qui y trouvent une légitimité. Enfin, elle relève de la stratégie des instances municipales qui peuvent choisir entre la collaboration, le néo-corporatisme ou clientélisme, la répression (Weir, 1999). Pour des raisons différentes, le positionnement adopté est celui de la collaboration, parfois teintée de clientélisme. La réceptivité des systèmes politiques à la mobilisation est le corollaire d’un vide institutionnel dans les deux quartiers en termes de services publics. Si les municipalités ont adopté une stratégie de coopération, celle-ci rencontre aujourd’hui ses limites, avec la question d’une réelle cogestion des services d’un territoire. On observe dans les deux cas des pratiques municipales en retrait et une volonté de réaffirmer la prédominance des instances politiques municipales, dans la décision comme dans l’organisation de la délibération. Le modèle proposé repose sur une délégation contrôlée de gestion des services publics à travers des systèmes de marché public et de mise en concurrence des associations, créant un espace public encadré.

25Les deux coalitions suivent des stratégies différentes face à cette volonté d’instrumentalisation, même si les discours évoluent et si les structures associatives et communautaires se transforment. La dimension de contre-pouvoir a-t-elle disparu ou s’exerce-t-elle autrement ? Ce contre-pouvoir se décompose en plusieurs termes (Renaud, 2001) : 1) une capacité de contre-expertise et de contre-proposition ; 2) un pouvoir de pression sur la décision et de contrôle sur la réalisation ; 3) l’imposition d’une méthode démocratique. La professionnalisation des deux coalitions a permis de construire des compétences de contre-expertise qui pèsent dans le débat public, obligeant les institutions à légitimer leurs choix. Celles-ci sont véritablement mobilisées dans une logique de contre-projet à la Pointe Saint-Charles. À la Goutte d’Or, la coordination observe une attitude plus attentiste dans le domaine de l’urbanisme, même si les associations développent des initiatives dans le domaine de la santé et du social. Les pouvoirs de pression et de contrôle s’exercent différemment. À la Goutte d’Or, le jeu de la politique « partidaire » et électorale est significatif. La coordination a largement investi les structures administratives de la politique de la ville qui constituent des espaces d’orientation, sans réels débats sur leurs enjeux et finalités sociaux et politiques (Neveu, 2001). Sa présence dans ces instances lui permet d’être garante de la pérennité et de la réalisation de certains projets ou promesses électorales. La table Action-Gardien veille quant à elle à conserver des pratiques militantes et un espace autonome de débat largement politisé pouvant conduire à la radicalisation, voire à la marginalisation. Dans les deux cas, la revendication démocratique a su se faire entendre et reste encore très vivante dans la négociation des modalités concrètes et des moyens donnés à la discussion. À des niveaux différents, des dynamiques de contre-pouvoir perdurent. Mais elles sont menacées d’un enfermement dans la gestion administrative. En particulier à Paris, il est difficile de maintenir un espace autonome associatif ou communautaire car les dispositifs de la politique de la ville limitent l’action à l’échelle locale quand il n’existe ni des réseaux communautaires ou associatifs plus larges, ni une volonté de peser sur les enjeux métropolitains.

26Que tirer de cette comparaison ? Les processus d’institutionnalisation, bien réels, ont produit des situations contrastées qui ne se réduisent pas à l’intégration des groupes ou associations. Castells (1975) voyait deux pôles en tension, transformation politique ou intégration (« récupération »), mais c’est insuffisant pour appréhender les recompositions en cours. On observe deux configurations où acteurs et groupes négocient leurs rôles, entre intégration partielle et logique de contre-pouvoir. Les contextes institutionnels, politiques, culturels et historiques influencent bien sûr la construction des deux scénarios. Le degré et les formes d’organisation des mouvements sociaux à l’échelle locale et supra-locale, ainsi que leur autonomie financière, apparaissent déterminants. Une forte structuration interne n’implique pas forcément un affaiblissement de la critique ; elle peut, dans certains cas, maintenir une culture de la contestation, même si elle va inévitablement de pair avec des processus de professionnalisation et de hiérarchisation interne. La dynamique des mouvements sociaux renvoie aux enjeux et conflits sociaux internes à la base de leur constitution ; cette institutionnalisation les traverse, les rend fragiles et adaptables. Dans leur relation avec l’État, les mouvements sociaux conservent une capacité transformatrice, mais celle-ci ne s’exerce pas forcément là où les tenants des mouvements sociaux urbains comme force de contestation du capitalisme l’attendaient. Elle est intégrée dans un jeu complexe de recomposition et de modernisation des institutions et des politiques publiques dont elle contribue à forger les nouveaux paradigmes. La tension qui traverse associations et groupes communautaires entre autonomie, contre-pouvoir et institutionnalisation est à la fois structurelle et dynamique. Elle permet de réinterroger les formes d’intervention et d’action de la société civile et de constituer la base de leur renouvellement. Ces structures sont bien fragiles quand la puissance publique cherche à les instrumentaliser. L’existence d’espaces autonomes de délibération devient pour elles un enjeu essentiel. Ce constat éclaire les limites des expériences de démocratie participative qui se multiplient aujourd’hui. Elles peuvent nier l’existence d’espaces publics parallèles aux espaces institutionnels, lorsqu’elles ne reconnaissent comme représentatifs que les citoyens atomisés. Quand elles restent centrées sur la modernisation institutionnelle, elles courent le risque de réduire la participation à des questions managériales et de faire silence sur les enjeux sociaux et politiques.

Notes

  • [*]
    Marie-Hélène Bacqué, professeur à l’université d’Évry et membre du Centre de recherche sur l’habitat (umr Laboratoire des organisations urbaines, espaces, sociétés, temporalités).
    marie-helene. bacque@ paris-valdeseine. archi. fr
  • [1]
    La morphologie urbaine et sociale des deux quartiers est différente. Le tissu de la Goutte d’Or-Châteaurouge était un lotissement à la fin du xixe siècle. Il est composé d’immeubles de rapport lui donnant une densité importante. La Pointe Saint-Charles, composée de maisons d’habitat ouvrier, a un tissu plus lâche. Elle offre de grandes emprises industrielles en déshérence favorisant l’installation de lofts ou de condominiums luxueux, alors que la gentrification de la Goutte d’Or ne peut se faire en dehors de l’habitat existant. La Goutte d’Or se distingue par les populations étrangères (essentiellement d’Afrique noire aujourd’hui), d’où son marché africain.
  • [2]
    Avec un financement du ministère de l’Équipement, puca : « Dynamiques de projet en quartiers anciens ».
  • [3]
    « Nébuleuse » est préférable à « mouvement » pour éviter l’assimilation entre mouvement social et mouvement communautaire (Hamel, 2001).
  • [4]
    Cette fusion a été décidée autoritairement à l’échelon provincial et remise en cause lors du changement de majorité en 2003. Un référendum en 2004 a engagé un processus de « défusion » partielle (Latendresse, 2004).
  • [5]
    Le nom de la table, « Action-Gardien », conjugue défense d’un territoire, vigilance au regard des politiques publiques et dynamique d’action collective.
  • [6]
    Un des membres de la table de quartier a eu un mandat d’élu pendant cette période.
  • [7]
    C’est-à-dire des logements sociaux pour les plus pauvres.
  • [8]
    Ce long silence vient après d’importantes victoires de la coordination. C’est peut-être un essoufflement, ou la fragilité de l’alliance entre les couches moyennes et les immigrés et/ou les groupes les plus précarisés du quartier.
  • [9]
    La valorisation du faubourg se construit en opposition « aux cités anonymes de banlieue » mettant en avant la qualité des relations sociales et la richesse de la diversité ethnique (Journal de Paris Goutte d’Or, n° 1-2, 1984).
Français

Résumé

La question de l’institutionnalisation s’est posée dès les premiers travaux sur les mouvements urbains. Elle réapparaît aujourd’hui dans un contexte de reconfiguration des formes de gouvernance urbaine, d’ouverture de nouveaux espaces de débats et de mise en œuvre de dispositifs participatifs. La comparaison du fonctionnement d’une coordination associative à Paris et d’une coalition communautaire à Montréal montre comment les mouvements sociaux participent à la transformation des règles démocratiques et s’en trouvent eux-mêmes transformés. Les associations et les groupes communautaires négocient leur rôle entre intégration partielle et logique de contre-pouvoir. Les facteurs déterminants de cette négociation sont le degré et les formes d’organisation des mouvements sociaux, leur autonomie financière, leur capacité à conserver un espace de débat autonome.

Mots-clés

  • mouvement social
  • institutionnalisation
  • association
  • Paris
  • Montréal
Español

Resumen

Los primeros trabajos sobre los movimientos urbanos han planteado la cuestión de la institucionalización. Hoy, aparece de nuevo en un contexto de reconfiguración de las formas de gobernancia urbana, de apertura de nuevos espacios de debates y de implementación de dispositivos participativos. La comparacion del funcionamiento de una coordenación asociativa en París y de una coalicion comunitaria en Montreal enseña cómo los movimientos sociales participan a la transformación de la reglas democráticas y son transformados. Las asociaciones y los grupos comunitarios negocian su papel entre la integración parcial y la lógica de contra-poder. Los factores determinantes de esta negociación son el grado y las formas de organización de los movimientos sociales, su autonomia financiera, su capacidad a conservar un espacio de debate autónomo.

Palabras claves

  • movimiento social
  • institucionalización
  • asociación
  • Paris
  • Montreal

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Marie-Hélène Bacqué [*]
  • [*]
    Marie-Hélène Bacqué, professeur à l’université d’Évry et membre du Centre de recherche sur l’habitat (umr Laboratoire des organisations urbaines, espaces, sociétés, temporalités).
    marie-helene. bacque@ paris-valdeseine. archi. fr
Mis en ligne sur Cairn.info le 01/12/2006
https://doi.org/10.3917/esp.123.0069
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