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Il est devenu commun de considérer l’entrepreneuriat comme prenant la forme d’écosystèmes plus ou moins ancrés dans des territoires, mais moins comme une véritable industrie générant plus ou moins de valeur, ayant ses travailleurs, déployant ses outils et ses pratiques, et dont les protagonistes retirent des revenus qu’ils souhaitent pérennes. C’est pourtant la transformation majeure des dernières décennies dont nous n’avons peut-être pas tiré les entières conséquences. En somme, l’entrepreneuriat s’est autonomisé comme une sphère économique, soumise à des logiques contradictoires, dont la matière première est… la pratique entrepreneuriale des autres.
Si, pour faire simple, l’entrepreneuriat est devenu un business, c’est que la pratique entrepreneuriale s’est elle-même professionnalisée. La figure du (de la) self-made (wo)man se raréfie, est a minima invisibilisée, au profit d’un entrepreneur éduqué. L’entrepreneuriat occupe une place conséquente dans l’enseignement supérieur ce qui n’est pas sans lien avec l’émergence d’un mythe de rechange : celui de la start-up. La porosité des frontières entre travail et entrepreneuriat se traduit à la fois par la recherche d’aptitudes propres à la profession d’entrepreneur (on parle de carrière entrepreneuriale) mais aussi par un rehaussement du seuil de compétences techniques nécessaires pour entreprendre. Ces dernières peuvent être compensées par des aptitudes relationnelles (la mise en équipe), mais là, ce sont les inégalités en capital social qui surgissent…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 27/05/2022
- https://doi.org/10.3917/entin.051.0076

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