Dans cet entretien, Philippe Silberzahn et Dominique Vian, experts et praticiens de l’effectuation, dressent les contours de cette théorie : différences en termes d’approches et d’épistémologie entre effectuation et causation, mais aussi complémentarités et combinaisons de ces approches ; lignes de démarcation avec le bricolage, l’improvisation ou encore le Lean Startup. La place de l’effectuation dans l’apprentissage de l’entrepreneuriat est également abordée, de même que l’utilité, la portée des principes de l’effectuation de façon plus générale pour créer de la nouveauté (Novelty Creation). Philippe et Dominique reviennent enfin sur les critiques dont a fait l’objet cette théorie, évaluent leur pertinence et identifient des éléments qui mériteraient davantage d’investigations.
Article
La théorie de l’effectuation est née des travaux de thèse de Saras Sarasvathy. Elle qui a été entrepreneure considère à l’époque que la littérature scientifique qu’elle lit sur l’entrepreneuriat ne décrit pas vraiment ce qu’elle a vécu concrètement sur le terrain. L’effectuation se décline en principes d’action qui traduisent la façon dont un entrepreneur expérimenté pense et agit concrètement. Ces principes d’action sont assez simples. Il est possible de les enseigner et chacun peut être amené à les mettre en œuvre facilement pour lancer un projet entrepreneurial. Concrètement, l’entrepreneur agit de façon « effectuale » lorsqu’il considère les moyens dont il dispose (concrètement : qui je suis, ce que je connais et qui je connais) pour imaginer les effets (effect en anglais, d’où le terme d’effectuation) ou buts qu’il peut atteindre à partir de ces moyens. Sarasvathy présente cette logique par distinction avec une logique d’action dite « causale » dans laquelle l’entrepreneur commence par déterminer un but à atteindre (une idée, un projet) et recherche ensuite les moyens (collecte d’informations, capital et planification notamment) qui lui permettent d’atteindre ce but prédéfini.Amélie Jacquemin : Philippe Silberzahn, vous écrivez dans les quelques lignes qui présentent votre ouvrage « Effectuation. Les principes de l’entrepreneuriat pour tous » que « l’effectuation est un rare cas d’une théorie qui a une très grande valeur pratique ». Mais, quand, où et pour qui cette théorie fait-elle cette différence pragmatique …
Résumé
Plan
Auteurs
Ce qui m’intéresse dans l’effectuation, c’est son pragmatisme. C’est une base intéressante pour mettre les étudiants « en action », ce qui n’est pas toujours facile. J’ai saisi l’opportunité de pouvoir échanger avec Philippe et Dominique pour comprendre comment l’effectuation nourri l’éducation à l’entrepreneuriat (les bonnes pratiques, leurs expériences dans ce domaine). Je voulais aussi revenir sur la place qu’occupe cette théorie dans le champ de l’entrepreneuriat et revenir sur les critiques, parfois très vives, formulées à l’encontre de l’effectuation, et les réponses apportées par Saras Sarasvathy.
Philippe Silberzahn est notamment l’auteur de l’ouvrage : Silberzahn P. Les principes de l’entrepreneuriat pour tous, Pearson, 2e édition, 2020.
Sur un sujet proche
- Mis en ligne sur Cairn.info le 27/05/2022
- https://doi.org/10.3917/entin.051.0019

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