Article
Pour débusquer ce fossé entre le discours sublimé et la réalité dans toute sa noirceur parfois, les auteurs repartent des fondements philosophiques et théoriques du concept d’entrepreneur présentés dans le premier chapitre. Les approches fonctionnalistes et les approches interprétativistes érigent des figures entrepreneuriales bien différentes, mais se rejoignent dans la supposition qu’il existe un discours cohérent permettant de clairement capturer l’entité dénommée « entrepreneur ». Jones et Spicer puisent dans la pensée des psychanalystes Lacan et de du Gay pour souligner que cette étiquette d’entrepreneur est, par essence, indéfinissable et toute à la fois aussi vide que pleine. Le discours est tantôt vide de réalisme (les figures héroïques et uniques des Gates, Branson et consort enferment dans une vision d’un entrepreneuriat aventureux et calculateur peu connectée à la réalité multi-facettes), tantôt trop plein d’un réductionnisme qui ne permet pas de saisir le caractère incomplet et paradoxal de cette figure que l’on voudrait capturer. Derrière le masque, il peut en effet y avoir « un sourire sinistre, un fantôme, un autre masque, le visage d’un autre… » (notre traduction d’un commentaire de Chris Steyaert repris sur la couverture de l’ouvrage).
Les chapitres 4 et 5 forment un exercice généalogique pour comprendre quand et pourquoi on en est arrivé aujourd’hui à une valorisation très positive de l’entrepreneuriat. Jones et Spicer retracent l’histoire de la pensée économique qui a conduit à l’émergence du duo acteur-récompense « entrepreneur-profit » à côté de la trilogie « terre-rente ; travail-salaire ; capital-intérêt »…
Auteurs
Sur un sujet proche
- Mis en ligne sur Cairn.info le 27/05/2022
- https://doi.org/10.3917/entin.051.0015

Veuillez patienter...