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L’été dernier, j’ai dévoré avec plaisir ce petit bijou du regretté philosophe et historien des sciences Michel Serres. Sous la plume de l’académicien se dessine les traits de « Petite Poucette », sorte de prénom générique donné à ces jeunes qui voient le jour à l’ère du numérique et dont le pouce est toujours à portée de clavier.
Cet ouvrage, je l’ai tout d’abord trouvé saisissant parce qu’il émane d’un homme qui, à l’époque de sa parution, avait quatre-vingt-deux ans. Que sait-on, à cet âge, des jeunes, de leurs fonctionnements, leurs attentes, leur vision ? En réalité, Michel Serres a beaucoup enseigné et voyagé. Le professeur baroudeur a parcouru et vécu le monde et les jeunes générations ont été un de ses sujets de prédilection. Il livre ici ses réflexions sur ce « nouvel humain » dont le rapport à l’espace, au travail, au savoir, à la culture, et même au corps a profondément changé et qui va devoir « tout réinventer ».
J’étais particulièrement curieuse de lire Michel Serres sur la partie « école ». Et j’ai été bien servie tant son regard est incisif sur cet espace universitaire « inventé jadis par et pour le livre » alors que les nouvelles technologies « obligent à sortir du format spatial impliqué par le livre et la page ». Et si les Petits Poucets et Petites Poucettes qui poussent les portes de nos amphithéâtres font autant de bruit (Serres évoque ce « brouhaha permanent », qui nous parle tous !), c’est parce qu’ils/elles ne sont pas venus « ouïr l’écrit dit » ; ils/elles ne veulent plus de notre offre…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 17/06/2021
- https://doi.org/10.3917/entin.047.0115

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