Au Maroc comme ailleurs, la contribution économique des PME familiales est importante, mais la pérennité de ces entreprises dépend du choix du successeur. Les femmes successeurs sont encore peu nombreuses par rapport aux hommes et les attentes normatives restent liées aux caractéristiques de la masculinité plutôt qu’à celles de la féminité. Au Maroc, les politiques de l’État en faveur de l’autonomisation des femmes dans les sphères économique et sociale, ont contribué positivement à l’amélioration des conditions des femmes, mais dans le domaine des affaires, les femmes ne représentent que 10 % du total des entrepreneurs et des obstacles socioculturels limitent leur accès à des postes de direction au sein des PME familiales.
Actuellement, l’évolution des relations sociales au sein des familles et de la structure des carrières façonne la manière de ‘faire le genre’ (doing gender) dans les affaires et contribue à rendre les femmes davantage légitimes pour prendre la relève de l’entreprise familiale [1]. Mais nous savons encore très peu de choses sur la manière dont les féminités sont mises en œuvre par les femmes dans le contexte très particulier de la succession des PME familiales marocaines.
Cette thématique essentielle fait l’objet de notre étude qualitative, qui analyse les récits de quatre cas de PME familiales marocaines dans la région du Souss. Son objectif principal est d’explorer l’effet du genre, en tant que construction sociale, sur les femmes successeurs des PME familiales marocaines.
Article
Le capitalisme familial au Maroc reste prédominant et capable de perdurer malgré les fluctuations de l’environnement politique, économique et culturel des dernières années. Comme tout type d’entreprise, la PME familiale se trouve en confrontation avec un certain nombre de menaces liées à son environnement en général, mais elle doit aussi faire face à des risques propres liés à sa nature familiale. Il est de plus en plus complexe de déterminer qui est considéré comme légitime à diriger l’entreprise familiale pour la prochaine génération et des études récentes montrent que le sexe et le genre du successeur sont intrinsèques à cette complexité. Ceci explique le nombre réduit de femmes à la tête des entreprises familiales.
Au Maroc, les femmes ne représentent que 10 % du total des entrepreneurs et les obstacles socioculturels limitent leur accès à des postes de direction au sein des PME familiales. En outre, de manière générale, les individus – quel que soit leur sexe – sont censés se comporter de manière adaptée à leur genre, ce qui suppose une superposition du sexe biologique et des attentes sociales liées à la masculinité et à la féminité ; une femme doit agir comme une femme est censée le faire, un homme doit agir comme un homme est censé le faire ; et ils sont jugés en conséquence.
Ainsi, les femmes successeurs font face à la contrainte supplémentaire d’incompatibilité entre leur rôle de genre et les stéréotypes entrepreneuriaux fondés sur le modèle masculin. Ces stéréotypes, ancrés dans l’inconscient individuel et collectif, façonnent l’identité des femmes successeur…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 11/05/2020
- https://doi.org/10.3917/entin.044.0027

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