CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Les points forts

  • Une étude sur les représentations des collégiens/entrepreneurs par l’utilisation d’une méthodologie originale : la carte cognitive.
  • L’expérience entrepreneuriale a permis aux élèves de mobiliser des ressources personnelles et de leur environnement pour progressivement construire leur esprit d’entreprendre.
  • L’expérience entrepreneuriale semble avoir accru la motivation des jeunes dans leur processus d’apprentissage et permis l’émergence d’une dynamique collective chez les collégiens et plus généralement pour l’ensemble de l’établissement.

1Depuis près de 25 ans, l’idée que le système éducatif a un rôle à jouer pour favoriser l’esprit entrepreneurial ou esprit d’entreprendre de la jeunesse se diffuse notamment en France [1]. L’esprit d’entreprendre, notion complexe et prêtant encore parfois à confusion, est entendu dans cet article au sens large, c’est-à-dire au sens de façon d’agir et de penser « comme les entrepreneurs » [2]. Nous nous appuyons sur la définition suivante qui le présente comme « un ensemble dynamique d’attitudes, de valeurs et de compétences transversales qui caractérisent les entrepreneurs et les intrapreneurs au sein d’une organisation existante » [3].

2Dans le contexte d’une économie fondée sur la connaissance, l’offre de programmes en entrepreneuriat s’est largement développée dans l’enseignement supérieur où elle est aujourd’hui très diversifiée [4]. Cependant, les initiatives restent, aujourd’hui encore, relativement peu nombreuses pour les élèves du secondaire (11-18 ans). En 2013 déjà, François Hollande appelait à l’occasion des assises de l’entrepreneuriat au lancement d’un programme sur l’entrepreneuriat « de la sixième à la terminale » [5]. Au-delà même de la France, les préconisations politiques encouragent fortement le développement de dispositifs orientés vers un public jeune et met en valeur les pratiques pédagogiques en matière d’éducation entrepreneuriale dans la scolarité de base des élèves [6]. Parmi ces pratiques, la mini-entreprise scolaire (appelée projets entrepreneuriaux au Québec ou Company Program dans le monde anglo-saxon) reste la plus emblématique [7]. En France, ces mini-entreprises sont, notamment, portées et encadrées par une association appelée Entreprendre Pour Apprendre (EPA). L’objectif affiché de la fédération EPA est de « favoriser l’esprit d’entreprendre des jeunes et de développer leurs compétences entrepreneuriales » c’est-à-dire l’autonomie, la responsabilité, la créativité, la confiance en soi et la prise d’initiatives.

Entreprendre Pour Apprendre[8]

L’association EPA se concentre sur les jeunes du CM1 au lycée à travers des programmes spécifiques. Dans le cadre de la Mini Entreprise-EPA, par exemple, des collégiens sont accompagnés par des professionnels de l’entreprise et du corps enseignant, durant une année complète. Ils doivent alors passer par toutes les étapes de création d’une entreprise (projet, recherche, étude de marché, montage et création, constitution de l’équipe) jusqu’à l’inscription dans un « championnat » régional ou national, l’étape finale de bilan et clôture de l’exercice. Ce projet pédagogique, inscrit dans une démarche de « la main à la pâte » (Gervais et Rouanet, 2014), s’appuie sur une organisation hiérarchique fonctionnelle : chaque élève se voit attribuer une mission spécifique (président.e, direct.rice.eur général.e, direct.rice.eur marketing, direct.rice.eur financier, technicien…). L’association apparaît en France, en 1990, inspirée par son équivalent « Junior Achievement Worldwide » né lui en 1919 aux États-Unis. Présente dans la région Normandie depuis 2008, elle y a déjà encadré plus de 3200 élèves et permis la création de 204 projets durant lesquels des équipes d’adolescents ont dû choisir un produit, gérer sa production et le commercialiser.

3Malgré les préconisations politiques, le site de l’association EPA annonce qu’en 2016, seulement 27 000 jeunes sont accompagnés par an [9]. Cela semble bien peu au regard des effectifs de l’année scolaire 2016-2017 qui comptent 12 865 700 élèves et apprentis en France parmi lesquels 3 315 000 collégiens et 2 264 400 lycéens [10]. Il existe d’autres dispositifs de sensibilisation à l’entrepreneuriat en milieu scolaire tels que les cordées de l’entrepreneuriat, les initiatives BGE, ou encore le projet IDEE [11] dans le Nord Pas de Calais qui travaille à la construction d’un parcours progressif dès l’école primaire. Ils sont cependant encore relativement peu présents dans les collèges français.

4Dans ce contexte, il nous a semblé important d’explorer la manière dont les élèves d’un collège ont vécu leur expérience et comment leur esprit d’entreprendre s’est développé au travers de celle-ci. Cette étude permet également d’enrichir la littérature sur l’éducation entrepreneuriale. En effet, les chercheurs dans ce domaine se sont concentrés sur un public étudiant [12]. De plus, lorsqu’ils se sont intéressés aux dispositifs mis en place dans le secondaire, ils ont interrogé leurs encadrants ou des animateurs/référents du dispositif [13].

Éducation par l’entrepreneuriat au collège

5Les mini-entreprises scolaires sont des pratiques éducatives qui s’appuient sur des pédagogies actives puisque les élèves se confrontent à l’expérience effective du montage d’une entreprise. L’action doit être orientée vers un objectif concret à atteindre et d’autre part faire constamment appel à la réflexion [14]. L’entrepreneuriat est, dans ce cadre d’éducation entrepreneuriale au collège, un outil d’apprentissage. En effet, les élèves développent, par le processus de création de leur entreprise, des compétences nouvelles en se confrontant à une problématique concrète de leur milieu et en proposant un bien, un service ou un évènement. Ainsi, la mini-entreprise s’inscrit dans une pédagogie du projet ou du problème [15]. C’est aussi une pédagogie du « réalisme » ou du « vraisemblable » [16] avec l’ouverture de l’école sur le monde économique et les problématiques de l’entreprise. Ces projets sont pensés dans une proximité avec les réalités économiques de la vie en entreprise, et confrontent les jeunes à des situations de stress, d’émulation, d’incertitude, de compétition en aiguisant leur besoin de reconnaissance [17]. C’est pourquoi il est question d’éducation par l’entrepreneuriat [18].

Une pédagogie pour développer l’esprit d’entreprendre

6La finalité éducative des mini-entreprises scolaires est de développer l’esprit d’entreprendre [19]. Cette notion est difficile à définir et à saisir car c’est une notion par essence dynamique. L’esprit d’entreprendre se construit progressivement lorsque, face à une situation problématique donnée, un individu mobilise et combine des ressources spécifiques. La capacité à mobiliser ces ressources conduit à la manifestation mais aussi à la reconnaissance de compétences de type entrepreneurial [20]. D’après Verzat (2015) [21], pour « éduquer » l’esprit d’entreprendre, il faut atteindre plusieurs objectifs. Ces derniers sont rassemblés dans un répertoire, mettant en avant les différentes ressources qui, une fois mobilisées, peuvent être constitutives de l’esprit d’entreprendre. Ce répertoire a vocation à servir de guide pour accompagner les encadrants dans l’éducation entrepreneuriale. Les ressources présentées peuvent être de deux ordres : personnelles et externes. On retrouve dans la première catégorie des connaissances managériales, des savoir-faire en lien avec la création et la gestion d’entreprise mais aussi et surtout des savoir-être c’est-à-dire la capacité de produire et maîtriser des actions et réactions adaptées à l’environnement par le biais d’attitudes et de comportements [22]. La seconde catégorie renvoie plus spécifiquement au fait de savoir construire des réseaux. L’ensemble des ressources présentées par Verzat sont reprises dans la figure 1.

Figure 1

Les ressources pour développer l’esprit d’entreprendre

Figure 1

Les ressources pour développer l’esprit d’entreprendre

Source : Verzat (2015)

7La capacité de chaque élève à mobiliser les ressources présentées ci-après dépend de son « système de guidage interne » [23], donc des compétences construites dans le passé (les activités qu’il sait réaliser), des représentations opératoires qu’il a de la situation, présente et pour le futur, et de l’image qu’il a de lui-même (jugement personnel mais aussi le jugement d’autrui qu’il perçoit). De manière itérative, chaque nouvelle expérience est ainsi susceptible de transformer le système de guidage des élèves.

Des cartes cognitives pour explorer le développement de l’esprit d’entreprendre

8Nous avons rencontré individuellement, a posteriori du projet, une équipe de treize mini-entrepreneurs et nous nous sommes intéressées à leurs représentations en leur demandant de revenir sur leur expérience. Notre étude propose de mettre en avant les ressources qui ont été mobilisées et combinées ainsi que les effets sur le système de guidage des jeunes. Pour cela, nous avons cherché à saisir l’articulation de la pensée des collégiens sur leur mini-entreprise. Dans une démarche qualitative, d’observation, nous avons adopté une méthodologie basée sur l’utilisation de cartes cognitives [24].

Les cartes cognitives comme méthodologie de recherche[25]

Une carte cognitive est un schéma représentant visuellement le cheminement associatif de la pensée. Les collégiens interviewés ont ainsi représenté leur propre expérience EPA. La carte cognitive est donc le résultat d’un processus subjectif. Le travail d’interprétation des chercheur/se-s permet d’objectiver l’expérience.
Cette méthode permet de :
  • Mettre en évidence les concepts spontanés principaux associés à l’expérience
  • Obtenir une vision objectivée pour explorer en profondeur des éléments dont les collégiens n’avaient pas forcément conscience.
Organisation des entretiens
À la fin du projet, les chercheurs ont reçu tous les membres du projet individuellement. Il est demandé à chaque collégien de donner une liste spontanée de mots-clés autour de la thématique mini-entreprise. Chacun de ces mots-clés est ensuite exploré : il est demandé aux élèves de les expliquer (causes) et d’exprimer quelles en sont les conséquences, donnant ainsi lieu à de nouveaux concepts. Le processus est réitéré jusqu’à ce que plus aucun nouveau concept n’émerge.
Le résultat, qui prend la forme de cartes cognitives [26], rend compte de l’articulation de la pensée de chaque collégien.
Traitement des données
Les cartes ont tout d’abord été analysées à l’aide des indicateurs fournis par le logiciel :
  • Le nombre de concepts [27] évoqués par chaque élève, le nombre de liens entre ces concepts [28] ainsi que la mesure de densité (liens/concepts) traduisant l’appropriation du projet EPA par les collégiens : un concept est considéré central lorsqu’il est relié directement ou indirectement à plusieurs autres ;
  • La centralité des concepts afin d’identifier les préoccupations principales des élèves ;
  • La présence de boucles dans les discours traduit les enjeux perçus par les élèves en mettant en avant les concepts reliés à eux-mêmes par d’autres concepts ;
  • Les clusters (ou analyse de regroupement) permettant de représenter les pôles de réflexion de la pensée des collégiens en identifiant des groupes de concepts fortement reliés entre eux et faiblement (voire pas du tout) reliés aux autres. [29]
Les données sont traitées en deux temps :
  • Dans un premier temps, les données sont présentées à partir des indicateurs fournis par le logiciel Decision Explorer©. Ces indicateurs rendent compte de la manière dont les collégiens s’approprient le projet, quels sont les concepts les plus importants ? Quels sont les enjeux perçus par les collégiens et comment s’organise la pensée des collégiens ?
  • Cette analyse est complétée par une analyse de contenu dont l’objectif est d’étudier le sens créé par les collégiens autour des concepts.
Limites
Les limites de cette méthodologie sont de deux sortes et inhérentes à toute étude exploratoire :
  • Le nombre de cas est limité, ce qui ne permet pas, pour l’heure, de généraliser les résultats ;
  • Les cas étudiés appartiennent à une population spécifique (collège défavorisé) ce qui ne permet pas non plus de généraliser les résultats.
Données complémentaires
  • Entretiens exploratoires avec les encadrants : outre les représentations des élèves, nous avons réalisé des entretiens exploratoires avec la principale du collège ainsi que l’équipe enseignante qui a encadré le projet.
  • Des données secondaires pour que nous ayons une description détaillée des caractéristiques socio-culturelles du collège sélectionné ainsi qu’une bonne compréhension de la manière dont était organisée l’expérience.

Le contexte de l’étude et les attentes des encadrants

9Le collège que nous avons choisi d’étudier a retenu notre attention du fait de son environnement. Tout d’abord, il est situé dans une zone rurale avec des taux de chômage très élevés. « Le collège est le deuxième employeur local »[30]. Les collégiens n’ont « aucune connaissance de l’entreprise » à part, pour certains, les métiers de la production. Pour ces collégiens, « être en entreprise c’est être usinaire ». De plus, la population locale est majoritairement défavorisée (60 % des effectifs) et le collège a longtemps souffert d’une très mauvaise image. La principale du collège le souligne : « Avant, il y avait une stratégie d’évitement du collège », sous-entendant l’existence de stratégies, de dérogation notamment, mises en place par certains parents afin de pouvoir inscrire leur enfant dans un autre établissement. La principale, à son arrivée quatre ans auparavant, s’était donné deux objectifs prioritaires : travailler sur l’image du collège en développant l’idée que « c’est un collège où on peut réussir » et « une volonté de diversifier les connaissances vers le monde de l’entreprise ». Elle a alors souhaité mettre en place un projet au sein du collège afin de développer la capacité d’initiative des collégiens, leur confiance en eux et de favoriser leur ambition. En effet, jusqu’alors, une très grande majorité d’entre eux se tournaient vers une orientation professionnalisante. Tout cela l’a amenée vers le projet de mini-entreprise qu’elle a inscrit dans l’option DP3 (découverte professionnelle 3 heures) dont l’objectif présenté aux élèves, était la découverte professionnelle.

Mobilisation des ressources par les élèves

10L’analyse des résultats se donne pour objectif de mettre en exergue les éléments, issus du discours des collégiens, constitutifs de l’esprit d’entreprendre tel que formalisé par Verzat [31]. Il est intéressant d’observer comment, de manière inductive, les ressources du répertoire ont été mobilisées par les élèves.

Les ressources personnelles

Connaissances

11Les connaissances évoquées par les élèves lors des entretiens sont de deux types : les connaissances liées à la création d’entreprise et les connaissances fonctionnelles (planification, l’organisation…). D’une manière générale, elles apparaissent peu dans les discours. Dans le premier cas, si les élèves sont capables de parler des étapes de la création d’entreprise, ces concepts n’occupent pas une place importante dans leurs représentations. En effet, ces connaissances s’inscrivent dans un horizon stratégique difficilement accessible à des collégiens. Dans le second cas, elles sont présentes mais propres au poste occupé par les collégiens dans la mini-entreprise (importance de tenir les budgets pour le directeur financier, question de licenciement pour la DRH).

Savoir-faire

12Les élèves ont clairement donné dans leur discours, une place centrale aux savoir-faire relationnels : les notions de « travail de groupe » (« esprit d’équipe », « éviter les conflits »…), de coopération (« entraide », « solidarité », « à l’écoute des autres ») ou de relations de confiance (« être soudés », « savoir vivre »…) [32] sont largement représentatives des discours de chacun des collégiens. Malgré l’organigramme hiérarchique fonctionnel prévu par l’association EPA, les élèves ont privilégié une organisation coopérative et collaborative. Ce dont ils semblent les plus fiers, c’est d’avoir mené un projet collectivement. De plus, les préoccupations principales des collégiens sont tournées vers « le respect », « l’écoute » ou encore « la bonne entente ». À travers cette expérience, ils ont appris l’importance mais aussi le plaisir de « travailler ensemble ». Il est intéressant de voir que le dispositif « Entreprendre Pour Apprendre » véhicule une image nouvelle de l’entrepreneur et valorise l’équipe entrepreneuriale. En ce sens, les projets de mini-entreprises sont tout à fait en adéquation avec les nouvelles générations privilégiant les projets d’entreprise en équipe [33].

Savoir être

13Deux grands thèmes sont très présents dans le discours des collégiens : l’épanouissement personnel (indépendance, confiance, assurance…) et la capacité à aborder l’avenir plus sereinement (maturité, travail futur).

14Chacun des indicateurs étudiés montre l’importance de concepts tels que « la confiance » ou « la motivation ». La « motivation », au centre de leur discours, révèle un certain dynamisme. Ils ont également le sentiment d’être plus à l’aise avec l’incertitude. On retrouve, en effet, des items tels que l’« assurance », la « gestion du stress » ou encore la « confiance ». Ils ont aimé « s’aventurer ». Ils semblent aussi fiers d’avoir su faire preuve d’« autonomie », d’avoir été « indépendants » et d’avoir plus « confiance » en eux. Ils ont un discours positif et optimiste et parlent d’une « bonne expérience ». Ainsi, les collégiens, dans leurs discours, mettent en avant que le projet EPA, permet une « réalisation de soi ». Nos résultats montrent également que l’expérience les a amenés à réfléchir à des valeurs importantes pour leur devenir professionnel. Les discours font ressortir des préoccupations quant à « l’avenir » ou encore « la maturité », qui semblent particulièrement importantes dans un collège ou les élèves ont une vision restrictive du monde professionnel et pour lesquels « l’ambition, jusqu’alors c’est là où le bât blesse ».

Les ressources de l’environnement

15Les collégiens ont montré qu’ils avaient su solliciter leur propre réseau lorsqu’ils en avaient besoin. Ils ont mobilisé leurs parents/grands parents pour obtenir des avances remboursables. Ils ont créé des relations avec d’autres élèves auxquels ils n’auraient jamais parlé avant. Ils ont été amenés à solliciter d’autres élèves en renfort, à la production notamment. En s’initiant au monde de l’entreprise ils ont su faire preuve de débrouillardise [34] et ont donc posé les prémisses de la constitution d’un réseau.

16En synthèse l’encadré ci-dessous met en avant les éléments de l’esprit d’entreprendre que les élèves semblent avoir développés.

Eléments de l’esprit d’entreprendre développés chez les élèves

  • Acculturation au vocabulaire lié à la création d’entreprise
  • Connaissances de gestion limitées à la fonction dans la mini-entreprise
  • Savoir-faire relationnels avec une vision plus solidaire du travail en équipe
  • Savoir-être majoritairement liés au développement personnel : vers plus d’engagement dans l’action et une capacité à apprivoiser l’incertitude
  • Modification du rapport à l’avenir
  • Savoir trouver de l’aide et des informations dans un environnement connu.

L’émergence d’une dynamique collective

17Les discours des collégiens traduisent un investissement progressif dans le projet. Malgré la dimension personnelle d’implication dans le processus, trois grandes phases ont pu être identifiées. La première, de déclenchement du projet, a été marquée par une implication faible des collégiens. Certains ne venaient qu’aux réunions obligatoires. L’investissement était principalement personnel et la dynamique de groupe quasi inexistante. Lors de cette première phase, de découverte, les rôles au sein de l’équipe ont été définis de manière fonctionnelle [35]. Compte tenu du jeune âge et du contexte local plutôt défavorisé, peu de ressources antérieures ont alors été mobilisées. Au fur et à mesure de l’avancée dans le projet, les collégiens ont été confrontés à une accélération du temps et des contraintes (stress, incertitude…). Ces contraintes ont modifié leur comportement et leur engagement s’est accentué (phase deux). Celles-ci ont également fait naître une dynamique collective, absente lors de la première phase. À travers cet exemple de mini-entreprise, la dynamique collective qui en émerge fait écho à ce que préconisent certains auteurs [36]. En effet, une réflexion peut être posée quant à l’enjeu de ces dispositifs vers des pratiques collaboratives plutôt que des finalités de développement individuel de compétences entrepreneuriales. Les barrières de l’organigramme fonctionnel ont fini par s’estomper devant la nécessité de créer une coopération à l’intérieur du groupe. Ainsi, la vision aseptisée des relations hiérarchiques que l’on peut reprocher [37] à ces dispositifs est alors gommée au profit de la dynamique collective. Avant le projet, ces collégiens ne s’étaient, pour la plupart, jamais parlé. Leurs verbatims témoignent de l’émergence d’une coopération au cours de la phase d’engagement : « nécessité d’être soudé » ; « au début c’était impossible », « être à l’écoute des autres ». D’une implication individuelle, les collégiens ont fait naître une dynamique collective où « l’entraide », « le travail collectif » ont décuplé, en retour, leur implication personnelle. Les difficultés émergentes du processus ont conduit les collégiens à mobiliser les ressources qu’ils avaient à leur disposition. Dans une logique effectuale [38], ils ont mobilisé, chemin faisant, les ressources apparaissant nécessaires au cours du processus. Ils ont alors pu en envisager la poursuite en tentant de les combiner au mieux. Le projet et sa réalisation ont transformé le système de guidage des collégiens à travers des trajectoires personnelles : chacun a évolué à son rythme. Des trajectoires idiosyncrasiques composées de nombreux allers et retours, ont permis à chaque collégien de faire évoluer son système de guidage sous l’impulsion des contraintes du projet. Lors de la phase trois d’achèvement du processus, le discours des collégiens est beaucoup plus serein : ils ont su mobiliser des ressources, créer un collectif et mener un projet à bien.

Autoévaluation et retour des parties prenantes

18L’observation et l’analyse de cette expérience nous permettent de dire qu’elle a été une réussite et cela pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les élèves sont parvenus à créer leur entreprise, ont pu verser une somme conséquente à leur association et lors du concours final, ont été classés parmi les meilleures équipes de la région. De plus, le regard porté par l’équipe pédagogique sur ce projet est intéressant. Toutes les parties prenantes (enseignantes et principale) relèvent, malgré un démarrage compliqué et des difficultés de coopération au début, un investissement croissant tout au long du projet. L’entretien réalisé avec la principale souligne son ressenti quant à l’évolution des collégiens : « (Aujourd’hui) je les trouve épatants dans leur capacité d’initiatives ». Ce projet a également « changé l’image que certains avaient d’eux-mêmes ». L’impact le plus fort a été sur les choix d’orientation des collégiens du projet : « R. avait un projet de CAP boucherie et finalement il cherche un contrat d’apprentissage dans la vente ». Cette expérience semble lui avoir permis de remettre en question son ambition et ses choix professionnels en intégrant dans sa réflexion des métiers, tels que la vente, qui lui étaient jusqu’alors inconnus. Cela s’est répercuté sur l’ensemble du collège. En effet, ils « parlent de ce qu’ils font », « ils embauchent d’autres élèves » et à la fin de l’année scolaire, la très grande majorité des collégiens a demandé une seconde générale. Ainsi, du point de vue de l’équipe pédagogique également, la mini-entreprise est un plein succès.

19Finalement, l’entrepreneuriat, comme outil pédagogique, s’entend comme un processus d’apprentissage collectif [39]. Ce type de pédagogie, encore marginal en France, permet aux apprenants d’apprendre par le biais d’interactions. Les échanges et la co-construction dans ces projets poussent les élèves à la créativité, la responsabilisation, à aller vers les autres. Cela permet, ainsi, de développer le « savoir vivre ensemble ».

Une expérience prometteuse qui mérite d’être approfondie

20Par ce travail de recherche, nous souhaitions comprendre en quoi la mini-entreprise agissait sur le développement de l’esprit d’entreprendre. Les élèves ont su mobiliser des ressources à la fois externes et internes afin de construire et de faire perdurer leur entreprise pendant une année. L’éducation à l’entrepreneuriat chez les individus très jeunes (âgés de moins de 18 ans) représente un enjeu important car, même s’ils ne rejoignent pas forcément l’enseignement supérieur, ces élèves pourront être amenés à créer leur entreprise. Par ailleurs, pour modifier l’impact de l’éducation entrepreneuriale dans le supérieur n’est-il pas pertinent de préparer aux mieux les futurs étudiants [40] ? Dans le cas du projet étudié, l’éducation par l’entrepreneuriat semble avoir remotivé les jeunes dans leur processus d’apprentissage.

21La mini-entreprise n’est, cependant, qu’une étape dans le développement de l’esprit d’entreprendre. Cette étape est nécessaire mais non suffisante et cela pour plusieurs raisons :

22− Tout d’abord, les collégiens sont entrés tardivement dans le projet ce qui ne leur a sans doute pas permis de profiter pleinement de leur première confrontation à l’entrepreneuriat. Ils n’étaient ni habitués ni préparés à disposer d’une si grande liberté et autonomie dans leurs choix. Par conséquent, ils ont eu des difficultés à comprendre ce que l’on attendait d’eux et à s’approprier les enjeux du dispositif aux risques pour certains de se démotiver très vite.

23− De plus, dans le discours des collégiens, aucun élément ne fait référence aux ressources externes relatives à la constitution d’un réseau au-delà de ce qu’ils connaissaient déjà. Cela s’explique par le fait que le réseau dont ils avaient besoin (banque, accompagnant, conseiller…) était pré construit et proposé par l’association. Ils n’ont donc pas eu de démarches complémentaires à effectuer pour collecter des informations ou construire un réseau. Il semble que les représentations des élèves se limitent à la frontière du collège et à leur environnement personnel.

24− Finalement, malgré la satisfaction d’avoir fait aboutir leur projet, la découverte des difficultés de la création d’entreprise amène les élèves à écarter l’idée d’une carrière entrepreneuriale à terme. Cela peut s’expliquer par leur jeune âge, bien sûr, mais souligne surtout qu’ils n’ont pas le sentiment d’avoir acquis des compétences spécifiques à la création et à la gestion d’une entreprise, contrairement à ce qui est communiqué par les associations en charge de ces dispositifs. Ce paradoxe a déjà été souligné auparavant [41].

25Afin d’accroitre la portée de ces initiatives nous proposons plusieurs préconisations orientées vers les pouvoirs publics et le monde enseignant.

26Élargir le spectre de ces dispositifs en multipliant ces initiatives mais aussi en multipliant les opportunités d’expériences entrepreneuriales tout au long de la scolarité. Ces pratiques, si elles se développent dans le supérieur, ont également tout à fait leur place dans les établissements français du primaire ou du secondaire. Elles pourraient être envisagées comme les premières étapes d’un parcours d’éducation entrepreneuriale permettant de préparer les élèves aux dispositifs proposés dans l’enseignement supérieur (par exemple, les PEPITE [42]). L’entrepreneuriat se présente comme un prétexte parfait pour expérimenter des nouvelles méthodes pédagogiques.

27Au primaire, une initiation avec activités projet, apprendre en jouant, études de cas simples, visites d’entreprises locales [43], permettrait de rendre les élèves plus sensibles aux discours de l’association Entreprendre Pour Apprendre. Nos collégiens seraient alors sans doute rentrés plus directement dans le projet.

28Au lycée, une seconde expérience permettrait aux élèves de véritablement capitaliser sur ce qu’ils ont acquis. Il conviendrait alors de la « déscolariser ». Le choix du dispositif d’être dans une logique d’encadrement des mini-entrepreneurs et donc de leur fournir l’intégralité des ressources nécessaires à leur projet, réduit l’acquisition d’une partie des compétences constitutives de l’esprit d’entreprendre. Il serait intéressant, en ce sens, de leur laisser une plus grande autonomie.

29Favoriser la prise de conscience des acquis durant l’expérience. La capacité à mobiliser des ressources pour réaliser une activité dépend du fait d’avoir conscience de ses propres compétences et qu’elles soient valorisées par l’entourage. Ainsi, il serait utile d’intégrer aux pratiques des accompagnateurs, un volet en amont sur les objectifs en termes d’acquisition de compétences et en aval sur l’évaluation selon des critères préétablis. De ce point de vue, le référentiel proposé par Verzat peut être très utile. Dans le cas des collégiens que nous avons rencontrés, nous avons pu observer qu’avant notre intervention, leur permettant de verbaliser leur expérience, aucun d’entre eux n’avait conscience de ce qu’ils avaient acquis grâce à la mini-entreprise.

30Enrichir l’expérience par un dispositif de formation des accompagnants, non spécialistes du sujet. De manière à renforcer la capacité à mobiliser les ressources, il serait intéressant de prévoir une formation à destination des enseignants tuteurs des projets. Dans le cas de notre étude, les enseignants avouent ne pas avoir de compétence entrepreneuriale. Cela ne pose pas de problème en termes d’implication et de suivi du projet, néanmoins l’accompagnement vers l’acquisition des compétences s’en trouverait probablement enrichi.

Annexe 1

Exemple de carte cognitive : Morgane PDG de la mini-entreprise

figure im2

Exemple de carte cognitive : Morgane PDG de la mini-entreprise

Notes

  • [1]
    Chambard, O. (2013), « La promotion de l’entrepreneuriat dans l’enseignement supérieur. Les enjeux d’une création lexicale », Mots. Les langages du politique, 102.
  • [2]
    Verzat, C. (2015), « Esprit d’entreprendre es-tu là ? Mais de quoi parle-t-on ? », Entreprendre & Innover, 4(27), 81-92.
  • [3]
    Verzat, C. et Toutain, O. (2014), « Entraîner l’esprit d’entreprendre à l’école, une opportunité pour apprendre à apprendre ? », Cahiers de l’action, 1(41), 7-17.
  • [4]
    Voir Fayolle, A. (2000), « L’enseignement de l’entrepreneuriat dans le système éducatif supérieur français : un regard sur la situation actuelle », Gestion 2000, 77-95.
  • [5]
  • [6]
    OCDE/UE (2015), Pallier la pénurie d’entrepreneurs 2015 : Politiques en faveur du travail indépendant et de l’entrepreneuriat. Paris, Éditions OCDE.
  • [7]
    Pepin, M. (2011), « L’entrepreneuriat en milieu scolaire : de quoi s’agit-il ? », Revue des sciences de l’éducation de McGill, 2(46), 303-326.
  • [8]
    Le site de l’association propose une présentation plus détaillée du dispositif : http://www.entreprendre-pour-apprendre.fr/
  • [9]
  • [10]
  • [11]
    IDEE : Informer, Développer, Communiquer, Evaluer
  • [12]
    Rideout, E. C. et Gray, D. O. (2013), « Does Entrepreneurship Education Really Work? A Review and Methodological Critique of the Empirical Literature on the Effects of University-Based Entrepreneurship Education », Journal of Small Business Management, 51(3), 329-351.
  • [13]
    Champy-Remoussenard, P. (2015), « Les transformations des relations entre travail, éducation et formation dans l’organisation sociale contemporaine : questions posées par trois dispositifs analyseurs », Revue française de pédagogie, 190, 15-26.
  • [14]
    Dewey, J. (2011), Démocratie et éducation. Suivi de Expérience et éducation. Paris : Armand Colin.
  • [15]
    Champy-Remoussenard, P. (2015), « Les transformations des relations entre travail, éducation et formation dans l’organisation sociale contemporaine : questions posées par trois dispositifs analyseurs », Revue française de pédagogie, 190, 15-26.
  • [16]
    Morin, D. (2007), « Outils d’élaboration, d’appréciation et d’évaluation visant un entrepreneuriat plus conscient au primaire et au secondaire ». Forum d’automne de la foundation de l’entrepreneuship. Québec, Canada.
  • [17]
    Champy-Remoussenard, P. (2015), « Les transformations des relations entre travail, éducation et formation dans l’organisation sociale contemporaine : questions posées par trois dispositifs analyseurs », Revue française de pédagogie, 190, 15-26.
  • [18]
    Voir Pagony, M., et Tutiaux-Guillon, N. (2012), « Les éducations à… : nouvelles recherches, nouveaux questionnements ? », Spirale 50 (2012) mais aussi PEPIN, M. (2011), « L’entrepreneuriat en milieu scolaire : de quoi s’agit-il ? », Revue des sciences de l’éducation de McGill, 2(46), 303-326.
  • [19]
    Pepin, M. (2017), « S’entreprendre pour apprendre à l’école primaire : un défi pédagogique », Entreprendre & Innover, 2(33), 18-28.
  • [20]
    Le Boterf, G. (1994) Ingénierie et évaluation des compétences, Paris, Editions d’organisation.
  • [21]
    Verzat, C. (2015), « Esprit d’entreprendre es-tu là ? Mais de quoi parle-t-on ? », Entreprendre & Innover, 4(27), 81-92.
  • [22]
    Léger-Jarniou, C. (2008), « Développer la culture entrepreneuriale chez les jeunes. Théorie(s) et pratique(s) », Revue française de gestion, 5(185), 161-174.
  • [23]
    Verzat, C. (2015), « Esprit d’entreprendre es-tu là ? Mais de quoi parle-t-on ? », Entreprendre & Innover, 4(27), 81-92.
  • [24]
    Cossette, P. (2008). La cartographie cognitive vue d’une perspective subjectiviste : mise à l’épreuve d’une nouvelle approche. M@n@gement, 11(3), 259-281.
  • [25]
    Les détails concernant cette méthodologie et son application peuvent être obtenus sur demande auprès des auteurs.
  • [26]
    Un exemple des cartes réalisées est présenté en annexe, voir page 36.
  • [27]
    Par exemple, « travail d’équipe » ou « confiance » dans la carte présentée en annexe.
  • [28]
    Les liens sont représentés par des flèches dans la carte présentée en annexe.
  • [29]
    Un exemple de cluster est présenté dans la carte mise en annexe.
  • [30]
    Les verbatims en italique sont issus des entretiens exploratoires menés auprès des encadrants.
  • [31]
    Verzat, C. (2015), « Esprit d’entreprendre es-tu là ? Mais de quoi parle-t-on ? », Entreprendre & Innover, 4(27), 81-92.
  • [32]
    Les verbatims ici en italique et entre guillemets sont les concepts donnés par les collégiens lors des interviews.
  • [33]
    Tremblay, M.P., Audet, J. et Gasse, Y. (2011), « Aspirants entrepreneurs : le cas de la génération Y », Organisations et territoires, 20(2-3), 29-40.
  • [34]
    Sarasvathy, S.D. (2001), « Causation and Effectuation: Towards a theoretical shift from economic inevitability in entrepreneurship contingency », Academy of management Review, 2(26), 243-263
  • [35]
    À l’issue d’un processus de recrutement, chaque élève s’est vu attribuer un poste et les responsabilités fonctionnelles liées à ce poste (PDG, comptable, commercial…).
  • [36]
    Tanguy, L. (2016), « Enseigner l’esprit d’entreprise à l’école. Le tournant politique des années 1980-2000, Paris, La dispute, 221 p.
  • [37]
    Tanguy, L. (2016), « Enseigner l’esprit d’entreprise à l’école. Le tournant politique des années 1980-2000 », Paris, La dispute, 221 p.
  • [38]
    Sarasvathy, S.D. (2001), « Causation and Effectuation: Towards a theoretical shift from economic inevitability in entrepreneurship contingency », Academy of of management Review, 2(26), 243-263.
  • [39]
    Kyrö, P. (2015), « The conceptual contribution of education to research on entrepreneurship education », Entrepreneurship & Regional Development, 27(9-19), 599-618.
  • [40]
    Boissin, J.-P., Emin, S. et Herbert, J. I. (2007), « Les étudiants et la création d’entreprise-une étude comparée France/États-Unis », Conférence de l’Association Internationale de Management Stratégique, 13-15 juin. Montréal, Canada.
  • [41]
    Pepin, M. (2011), « L’entrepreneuriat en milieu scolaire : de quoi s’agit-il ? », Revue des sciences de l’éducation de McGill, 2(46), 303-326.
  • [42]
    Voir Brennet, P., Schieb-Bienfait, N., Authier, J. (2017), « Concevoir un référentiel de compétences pour les étudiants entrepreneurs : la démarche PEPITE », Entreprendre & Innover, 2(33), 29-43.
  • [43]
    Activités pédagogiques recommandées par Best procedure project on Entrepreneurship Education and Education.
Français

L’association Entreprendre Pour Apprendre (EPA), dont l’objectif est de « favoriser l’esprit d’entreprendre des jeunes » annonçait en 2016 avoir accompagné seulement 27 000 jeunes sur près de 13 000 000 d’élèves et apprentis scolarisés. Ainsi, malgré les préconisations politiques, il semble que l’éducation entrepreneuriale reste restreinte à l’enseignement supérieur.
Cet article propose, à partir d’un exemple de mini-entreprise au collège, d’explorer les représentations des collégiens et la manière dont ils ont vécu le projet. L’objectif est d’observer comment le dispositif conduit à mobiliser différentes ressources, développer des compétences et, de manière plus générale, l’esprit d’entreprendre des élèves. Ce travail nous permet d’enrichir la réflexion sur la place à donner à l’éducation entrepreneuriale au collège ainsi que les conditions de son déploiement.

Laurence Hélène
Laurence Hélène est enseignant-chercheur à l’École de Management de Normandie. Elle a obtenu son doctorat en 2012 à l’université de Caen. Sa thèse portait sur le rôle des représentations des créateurs d’entreprise dans la formation des projets de création d’entreprises. Ses activités de recherche sont orientées autour de la socio-cognition des entrepreneurs, l’utilisation de la cartographie cognitive dans divers aspects du management tels que l’adoption du changement dans les organisations ou la construction de l’identité sociale des adolescentes.
Mathilde Aubry
Mathilde Aubry est enseignant-chercheur à l’École de Management de Normandie. Après l’obtention d’une thèse en Économie industrielle portant sur l’innovation dans le secteur des puces électroniques, elle concentre ses recherches sur le domaine de l’entrepreneuriat. Dans ce cadre, elle s’intéresse plus spécifiquement au lien existant entre les cycles économiques et la création d’entreprise.
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
Mis en ligne sur Cairn.info le 17/03/2020
https://doi.org/10.3917/entin.042.0022
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