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Les auteurs

Olivier Toutain est professeur associé en entrepreneuriat et responsable du département Management Stratégie Entrepreneuriat à BSB (Burgundy School of Business). Il mène depuis 15 ans des recherches dans le champ de l’éducation à l’entrepreneuriat.
Sabine Mueller est chercheuse (doctorat en éducation à l’entrepreneuriat), formatrice et conseillère en développement personnel. Ses recherches portent sur l’apprentissage entrepreneurial et la façon dont un milieu scolaire stimule ce processus.

1Dans Reality Entrepreneurship, Sabine Mueller et Olivier Toutain nous font vivre avec chaleur, humour et sincérité un parcours initiatique dans l’univers de l’éducation à l’entrepreneuriat effectual. Préfacé par Saras Sarasvathy, l’ouvrage est destiné à tous les passionnés de l’éducation à l’entrepreneuriat, qu’ils soient enseignants du secondaire, du supérieur, ou formateurs auprès d’entrepreneurs en devenir.

2L’ouvrage aborde de manière simple et ludique les principes théoriques guidant le processus effectual et propose pour en découvrir la logique, une pédagogie d’exercices et de coaching en situation réelle, ainsi que 6 études de cas d’entreprises créées en Allemagne, en Autriche, en Espagne, en Finlande, en France et en Lituanie, qui reflètent les réalités diverses et personnelles d’entrepreneurs passionnés. En bonus, les auteurs proposent des séquences vidéo des 6 entrepreneurs, bien utiles pour animer des cours.

3L’ouvrage prend sa source dans les travaux de Saras Sarasvathy et ce qui, à l’origine, a guidé son travail de chercheur : le discours médiatique relatant le parcours héroïque d’entrepreneurs de la high-tech devenus milliardaires. La recherche a montré qu’il déforme, pour fin de sensationnalisme, les réalités de l’entrepreneuriat, une activité qui s’avère plutôt ordinaire, communautaire et accessible à tous et toutes. C’est cet entrepreneuriat-là se situant au cœur des territoires d’hommes et de femmes désireux de créer leur propre emploi et d’en créer pour d’autres, qui contribue au développement d’une économie saine et robuste. L’effectuation de Saras Sarasvathy permet à tous ces aspirants entrepreneurs de transformer leur monde en écosystèmes durables, par la co-création de produits et d’entreprises à partir de moyens qu’ils contrôlent.

4Dans les deux premières parties de l’ouvrage, les auteurs expliquent les difficultés inhérentes à l’enseignement à l’entrepreneuriat au sein d’une salle de classe. L’entrepreneuriat, qui se comprend davantage lorsqu’il se vit et se pratique, nécessite une approche pédagogique basée sur un minimum de théorie et un maximum de partage d’expériences. L’ouvrage cherche d’abord à créer une interaction entre le lecteur et les entrepreneurs relatant leurs histoires de création. Les exercices d’application et de coaching permettent ensuite une mise en pratique des principes théoriques effectuaux et un coaching pour définir l’idée d’entreprise. Enfin, les 6 cas de création, racontés selon la perspective des entrepreneurs, révèlent avec humour et bienveillance les réalités du parcours des entrepreneurs. L’interaction pédagogique est facilitée par deux séries de questions, la première destinée à des publics jeunes ou inexpérimentés, et la seconde à des publics plus avancés ou des professionnels.

Le processus de création effectual et ses principes

5Dans ce chapitre, les auteurs présentent de manière synthétique, personnelle et ludique le processus de création effectual et les principes qui le guident : ‘un tiens vaut mieux que deux tu l’auras’, les ‘pertes acceptables’, la ‘limonade’, le ‘patchwork’ et le ‘pilote dans l’avion’. À partir des moyens dont il dispose -son identité, ses connaissances et son réseau-, l’entrepreneur imagine une série d’alternatives possibles qu’il va expérimenter afin de déterminer laquelle peut lui permettre de définir ses buts. L’option retenue satisfait un niveau de pertes qu’il pense pouvoir accepter en cas d’échec, et le projet se développe au fur et à mesure de l’apport de ressources supplémentaires par des parties prenantes souhaitant participer à sa création. Elles contribuent à la définition progressive du projet tout en augmentant sa visibilité et le contrôle exercé sur l’environnement. Les textes jalonnés de conseils, de schémas et le ton personnel facilitent la compréhension et l’appropriation des concepts présentés. Les exercices de groupe proposés les rendent tangibles et accessibles pour tout public.

Des cas de créations d’entreprise pour s’approprier les principes de l’effectuation

6Les cas présentés par S. Mueller et O. Toutain nous plongent dans des réalités d’entrepreneurs aux créations variées. Qu’elles soient localisées à Dijon, à Hanovre, à Vilnius, à Tykistökatu, dans les Alpes autrichiennes ou en Galicie, ces histoires nous décrivent des profils d’entrepreneurs aussi inattendus que contemporains. Qu’ils soient artistes, designers, brasseurs, passionnés de TIC, skieurs ou musiciens, tous ont en commun une passion originelle qui se reflète dans leurs créations : un théâtre indépendant, un studio de design, une brasserie installée au milieu d’un parc forestier, des plateformes de vidéo en ligne, de communication et de gestion de l’expérience client, un hostel dans la montagne, ou des spectacles musicaux. Chacun d’entre eux nous relate sans fard ni détour ses motivations et son parcours d’entrepreneur, en nous révélant les problèmes rencontrés, les parties prenantes au projet et la manière dont il a été financé. Les questions destinées à plusieurs types de publics, élèves du secondaire, étudiants dans le supérieur ou futurs entrepreneurs, permettent la compréhension et l’appropriation des concepts et des principes de l’effectuation.

Passer à la pratique dans la salle de classe

7L’ouvrage permet de sortir du discours sur l’entrepreneuriat et l’entrepreneur et d’apprendre comment concrètement entreprendre à partir de ressources limitées en mobilisant les principes de l’effectuation. Une relation s’établit avec le lecteur grâce au style direct et accessible. La motivation grandit avec les explications simples et les divers exercices proposés : entreprendre ne semble pas si compliqué ! Les principes sont présentés de manière à engendrer un engagement cognitif de l’apprenant qui entreprend une remise en question de sa vision de l’entrepreneur, de l’entrepreneuriat et du processus entrepreneurial.

8Le premier exercice proposé est un apprentissage qui consiste à créer, en groupe, un produit ou service à partir d’éléments simples remis par l’enseignant. On propose aux apprenants de relever le défi dans un temps imparti, tout en les responsabilisant, en stimulant leur créativité et leur collaboration. Le changement de règles en cours de route renforce leur cohésion et leur créativité. Complétant l’apprentissage du processus de création effectual, le second exercice propose un autre rythme, une autre trajectoire signifiante pour les entrepreneurs en devenir, puisqu’il les invite à imaginer en binôme une idée d’affaire possible. L’activité est authentique et peut conduire à des développements ultérieurs, alors il sera intéressant de poursuivre avec les trajectoires possibles d’entrepreneurs explicitées dans les 6 cas de création. Et dans le cas où l’idée des apprenants se développe, armez-vous de l’ouvrage ‘Effectual Entrepreneurship’ de Stuart Read, Saras Sarasvathy, Nicholas Dew et Robert Wiltbank (2011), et soyez prêts en dehors de la classe à vous engager dans une activité de co-création et/ou de coaching !

Nathalie Sarrouy-Watkins
Nathalie Sarrouy-Watkins est enseignant chercheur en entrepreneuriat à Ferrandi Paris. Ses recherches portent sur l’effectuation, l’identité d’entrepreneur, le risque et la motivation à entreprendre, plus particulièrement dans le secteur de l’Hôtellerie, de la Restauration et du Tourisme.
Mis en ligne sur Cairn.info le 17/03/2020
https://doi.org/10.3917/entin.042.0115
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