Les points forts
- Leviers au service de l’action publique, les événements collaboratifs d’innovation sont des dispositifs pour alimenter et développer les capacités créatives du territoire local.
- Ces événements favorisent une dynamique d’innovation spécifique, en conjuguant innovation ouverte et innovation sociale.
- Ils permettent de diffuser un « esprit d’entreprendre » dans le milieu local.
1Les événements collaboratifs d’innovation (ECI) ont connu un engouement sans précédent ces dernières années (e.g. Start-up Week-end, Demo Days, Innovation Challenges, Hackathon, etc.). Ces manifestations se caractérisent par la présence d’acteurs hétérogènes, aux profils différents, qui se rassemblent pour innover et/ou apporter des solutions pragmatiques à une problématique. Ces phénomènes sont donc pluriels par le public qu’ils réunissent, leur degré d’ouverture et leurs objectifs. Par exemple, les Start-up Week-end ambitionnent de créer une start-up en 54 heures avec une communauté hétéroclite, tandis que les Hackathons cherchent à mobiliser des individus sur une question d’innovation pour transformer des idées en applications concrètes. De nombreuses organisations ont mis en place ces nouveaux formats dans leurs activités d’innovation. Les exemples d’innovation s’ouvrant au grand public sont légion. À titre d’illustration, en 2007, Cisco a organisé un défi baptisé « I-Prize » pour lequel plus de 2 500 « innovateurs » de 104 pays ont soumis 1 200 idées ; l’objectif final était d’identifier la prochaine activité clé de l’entreprise [1]. Outre les organisations privées, les institutions publiques ont également recours à ces événements collaboratifs pour favoriser des dynamiques d’innovation citoyenne en articulant innovation ouverte et innovation sociale [2]. Bien que le terme soit polysémique, nous définissons l’innovation sociale comme un nouveau processus de création et de diffusion de solutions aux besoins sociaux, qui implique la collaboration des parties prenantes d’un territoire [3]. Depuis quelques années, les villes mobilisent de plus en plus ces dispositifs, notamment pour répondre aux nouveaux enjeux des territoires urbains : compétitivité, développement durable, mobilité, cohésion et identité collective.
2L’objectif de cet article est de comprendre comment un acteur public local mobilise les ECI pour le développement de son territoire. Afin de clarifier les enjeux de ce phénomène, nous présentons dans une première partie deux notions proches et même trop souvent confondues que sont l’innovation ouverte et l’innovation sociale. Puis, nous prenons appui sur une étude de cas d’une métropole de la région Hauts-de-France. Enfin, nous discutons nos résultats et proposons des implications managériales pour aider d’autres acteurs publics, en quête d’innovation sociale, à initier ou soutenir des ECI.
De l’innovation ouverte à l’innovation sociale
3De nombreuses organisations cherchent à bénéficier de connaissances produites par un collectif. Cette logique d’innovation ouverte [4] passe par différentes pratiques et correspond à un impératif : innover toujours plus vite. Pour y arriver, l’organisation recourt à des ressources internes (groupe de résolution de problèmes, management de projet, concours d’idées, etc.) et à des ressources externes [5] (écosystème d’affaires, réseau, communauté en ligne, défi d’innovation, etc.). Ce phénomène « d’ouverture [6] » répond à une volonté de faire coopérer différents talents en vue de fabriquer de nouveaux savoirs ou d’y avoir accès. L’émergence dans les années 1990 des clusters [7], ou pôles de compétitivité, démontre déjà les enjeux de recherche d’innovation ouverte pour les organisations. De nos jours, les lieux orientés vers la création de solutions innovantes foisonnent [8]. Pour stimuler la créativité collective et l’ouverture, plusieurs pistes sont avancées dans la littérature comme les concours d’idées [9], l’usage d’Internet [10], pour n’en citer que quelques-unes.
4Or, l’innovation ouverte n’est pas une panacée ; elle n’est pas suffisante, en soi, pour améliorer le quotidien des citoyens. L’innovation est non seulement économique mais aussi sociale, ce qui implique une collaboration entre les organisations et les acteurs sociaux. L’implication des acteurs sociaux [11] n’est pas spontanée. Celle-ci est possible grâce à la forme collaborative et inclusive de l’innovation sociale. Son émergence est fortement liée au territoire, l’enjeu est de « l’institutionnaliser [12] » pour encourager sa propagation et sa généralisation. Appliquée au développement territorial local, l’innovation sociale peut revêtir différentes formes et concerne aussi bien les individus que les organisations et les territoires. À travers des partenariats locaux [13], elle peut être un processus collectif d’apprentissage qui cherche à apporter des solutions originales pour améliorer les performances économiques, sociales voire politiques d’un espace géographique donné. De même, l’innovation sociale peut prendre la forme de pratiques novatrices, d’une coopération des acteurs sociaux lors de la phase de création de l’innovation, ou encore de l’adhésion à des valeurs sociales (e.g. technologies propres, égalité des sexes) qui modifient les pratiques et les comportements de la population. Les contraintes financières, la prise de conscience des limites des acteurs publics et le souhait de s’appuyer sur la communauté urbaine encouragent l’innovation sociale comme relai de l’action publique.
5L’innovation ouverte est aisément identifiable, car issue d’une logique économique, et focalisée, le plus souvent, sur l’innovation technique. À l’inverse, l’innovation sociale est beaucoup plus complexe à appréhender et fait référence aux dimensions sociales, politiques et sociétales de l’innovation territoriale. Dans le tableau 1 ci-après, nous montrons que ces deux notions sont différentes mais parfaitement complémentaires.
Innovation ouverte et innovation sociale
Innovation ouverte | Innovation sociale |
---|---|
Besoins privés | Besoins collectifs |
Intérêt pour l’entreprise | Intérêt pour la société |
Coopétition | Coalition |
Gouvernance privée | Gouvernance publique |
Relations inter-organisationnelles | Relations individuelles, organisationnelles et territoriales |
Innovation technique | Innovation sociale |
Dynamique horizontale | Dynamique ascendante |
Innovation ouverte et innovation sociale
Le territoire urbain, enjeu de développement
6Le pilotage de l’innovation ouverte est un enjeu important et pose de nombreuses questions au sein des organisations [14]. Il s’agit bien sûr des questions relatives à la gouvernance, à la propriété intellectuelle, à la répartition des ressources… Qu’en est-il des territoires ? L’innovation est vue comme un marqueur d’attractivité du territoire par le développement d’activités spécifiques, de ressources académiques et de l’emploi. Or, force est de constater que la coordination de l’innovation ouverte n’a jusque-là pas été un grand succès au sein des territoires [15]. Il est par conséquent légitime de s’interroger sur l’apport de « réponses nouvelles », et notamment par l’innovation sociale.
7Bien plus qu’un simple lieu géographique, le territoire [16] est un espace dynamique qui joue un rôle essentiel dans l’émergence d’activités innovantes. En raison de son importance et de sa complexité, le territoire comporte plusieurs niveaux d’étude (e.g. métropole, département, région, pays) ; de même, différents points de vue d’acteurs pourraient être mobilisés. Pour notre recherche, nous retenons l’échelle de la ville comme niveau d’analyse. Ce choix se justifie par le fait qu’elle est un espace propice à la créativité, aux initiatives et au développement économique local. D’ailleurs, plusieurs travaux [17] confirment ce constat : la ville est, à travers la diversité des individus, des lieux et des organisations, source d’innovation par des combinaisons socioculturelles propres. La ville est dans l’obligation d’innover pour développer son attractivité (e.g. « laboratoires urbains », données publiques, crowdsourcing, etc.), et notamment attirer les compétences humaines de haut niveau indispensables à la compétitivité de ses entreprises. Les citoyens désirent être associés aux réflexions et actions urbaines, c’est pourquoi la ville s’efforce de les rendre co-auteurs en favorisant l’innovation sociale sous un angle inclusif et participatif (mobilité, cohésion sociale, écosystème créatif, etc.).
8La priorité donnée à l’innovation s’illustre également par la multiplication des espaces physiques d’innovation [18]. En quête de solutions nouvelles, ces véritables lieux d’innovation sont constitués d’acteurs hétérogènes aux finalités diverses. Si ces espaces sont parfois privés ou à destination d’un public de professionnels, les institutions publiques jouent un rôle majeur et ont une influence sur la plupart d’entre eux. Lorsqu’ils sont initiés ou appuyés par un acteur public local, ils constituent des outils de développement pour agir sur les dimensions économiques et sociales du territoire. À travers eux, le leadership public cherche à nourrir l’intelligence des espaces métropolitains [19] et à générer des synergies entre les acteurs. Ainsi, les événements collaboratifs impulsent les dynamiques d’innovation collectives, ce qui crée des ressources nouvelles pour le milieu local. Qui plus est, en s’appuyant sur les citoyens, ces événements contribuent aux nouvelles pratiques d’aménagement des métropoles.
Une étude de cas menée dans la métropole amiénoise
9Cet article s’appuie sur une étude de cas [20] concernant la métropole amiénoise qui mobilise, depuis 2015, des ECI comme instrument de développement de son territoire. La volonté de cet acteur public est d’être « une ville innovante » pour encourager son développement économique. Parmi les initiatives de la municipalité, nous pouvons citer la création de trois clusters thématiques (e-santé, énergie et numérique), d’un espace physique d’innovation, ou encore d’un dispositif d’accueil et d’émergence des entreprises (e.g. espaces de coworking, pépinières, guichet unique, etc.). En parallèle, la ville mobilise et soutient des événements collaboratifs ponctuels pour « innover ensemble » en articulant innovation ouverte et innovation sociale.
10Nous avons réalisé une observation-participante [21] entre juin 2016 et janvier 2018. Étant membre du comité de pilotage et participant aux missions opérationnelles, l’un des deux auteurs occupe une position privilégiée pour étudier les ECI initiés et soutenus par la métropole amiénoise. Notre identité de chercheur n’était pas connue, et nous avons eu accès à de nombreuses situations d’observation : réunions de travail de la métropole, discussions formelles et informelles avec d’autres acteurs, événements collaboratifs, conférences, etc. Nous avons participé à dix événements en tant qu’organisateur, ces situations d’observation ont donné lieu à des prises de notes détaillées, à la rédaction de mémos et d’un carnet de recherche et à de multiples échanges. Ce mode de recueil de données nous a permis d’analyser des données factuelles qui ne sont pas biaisées par la réactivité des individus observés. Ainsi dans les lignes qui suivent, nous apportons des réponses à la question qui a guidé cet article : comment l’acteur public mobilise-t-il les ECI ?
La fabrication de l’innovation via les événements collaboratifs
11La métropole amiénoise se sert de ces manifestations comme d’un levier de l’action publique locale afin d’encourager l’innovation. D’abord, elle cherche à stimuler les coopérations inter-organisationnelles et les capacités créatives du territoire pour faire émerger des pratiques d’innovation ouverte. Le but affiché est de soutenir la compétitivité et le développement des acteurs locaux. Ensuite, ces événements visent à produire de l’innovation sociale en associant le milieu local aux problématiques urbaines. L’ambition ici est de concevoir des solutions originales, ainsi que développer « l’esprit d’entreprise » auprès des publics mobilisés (étudiants, population, agents publics, chercheurs, etc.) sous forme de compétition en équipes ou de challenges sur des sujets innovants. L’entrepreneuriat est vu alors comme un levier d’émancipation du citoyen, il est donc encouragé par les ECI.
12Le tableau 2 reprend les ECI initiés ou soutenus par la métropole d’Amiens. On entend par « initié » la volonté de l’acteur public d’endosser le rôle de « pilote » en définissant les objectifs de l’ECI et en coordonnant sa mise en œuvre. Par « soutien », il faut comprendre que la métropole est une partie prenante parmi d’autres (communauté d’acteurs, organismes sociaux ou culturels, etc.) dans le déploiement de l’ECI.
Les ECI initiés ou soutenus par la métropole amiénoise

Les ECI initiés ou soutenus par la métropole amiénoise
13La métropole fait appel au milieu local en vue d’imaginer différents événements collaboratifs, en particulier pour l’aménagement urbain. Par exemple, un ECI initié sous format de Hackathon s’est déroulé en janvier 2018 et a mobilisé 40 participants sur 2 jours pour concevoir des projets et usages nouveaux d’une grande rue de la ville. Les contraintes sont nombreuses (associer les publics, libérer les données publiques, développer les situations de démonstration, rendre perméables les lieux de création, etc.) et les premières actions devraient être réalisées pour septembre 2018. Dans ce cas, l’ECI mobilise les parties prenantes, internes (personnel de la métropole) et externes (population, acteurs culturels, acteurs sociaux, etc.), comme ressources collectives et cognitives pour répondre à un enjeu social et économique.
14L’acteur public prend également appui sur des communautés pour mieux co-construire et manager des ECI qui tiennent compte des spécificités du milieu local. Cette démarche permet d’encourager et de coordonner un cadre de coopération en lien avec les intentions de la métropole. Dans notre étude plusieurs Start-ups Week-End ont été soutenus par la ville, ils ont tous été organisés à l’aide d’une communauté d’entrepreneurs du numérique rassemblés sous forme de structure associative. Les organisateurs ont mobilisé ces ECI en reprenant des caractéristiques propres à l’innovation sociale. Par exemple, l’un des ECI étudiés avait pour thématique la E-santé, il a mobilisé 78 participants et donné naissance à 9 projets tels que le guidage assisté pour des personnes atteintes de cécité ou une plateforme de don de matériel médical. Ici, les organisateurs cherchent à répondre à des besoins collectifs qui présentent un intérêt pour la société ou le territoire tout en mobilisant un événement qui produit de l’innovation ouverte.
15D’autres ECI recourent à une logique participative. Ainsi, l’événement « co-design E-santé », était destiné à promouvoir la méthodologie du living-lab installé récemment et deux ateliers ont été organisés en novembre 2017. Parmi les participants nous avons identifié des porteurs de projet en E-santé qui se sont confrontés à des usagers potentiels, et des professionnels de santé qui ont enrichi les nouveaux services ou techniques innovantes. Là encore, l’acteur public cherche à articuler innovation sociale et innovation ouverte pour développer son territoire.
Les événements collaboratifs pour diffuser un « esprit d’entreprendre »
16Dans notre étude, l’acteur public présente une intention stratégique forte : raviver l’esprit d’entreprendre. Elle correspond à une volonté de créer un « goût » de l’initiative et de développer un milieu créatif pour le mettre au service de son développement local. La plupart des ECI initiés ou soutenus par la métropole amiénoise répondent à cet enjeu. En parallèle, certains d’entre eux (e.g. Cré@days, Chantier créatif, 18/20) ciblent la jeunesse du milieu local pour mieux détecter les projets innovants et les accompagner par des programmes spécifiques. Les ECI sont utilisés comme action de sensibilisation aux métiers de l’entrepreneuriat et comme espace d’expérimentation. À titre d’exemple, les Chantiers créatifs permettent de repérer et de soutenir des projets d’étudiants-entrepreneurs en lien avec d’autres acteurs comme « Pépite » ou « Entreprendre pour Apprendre ». Bien que la volonté affichée soit de transformer des idées en start-ups, la véritable ambition est de développer la culture entrepreneuriale du territoire. La ville se sert également des ECI comme le Hackathon ou le Start-up Week-End, dont le fonctionnement utilise certains leviers de l’entrepreneuriat (créativité, développement projet, financement, etc.), pour diffuser un esprit d’entreprendre auprès des acteurs locaux mobilisés.
Une nouvelle forme d’action publique pour les métropoles
17L’intérêt de cet article est d’approfondir la compréhension des ECI et du rôle d’un acteur public dans ces événements. Notre étude démontre que la ville mobilise les ECI pour articuler innovation sociale et innovation ouverte. Si chacune possède ses caractéristiques propres, il en ressort qu’elles sont complémentaires voire s’entremêlent dans leur réalisation. De plus, il est vrai qu’une innovation sociale reste un phénomène jusqu’à un certain temps fragile et doit être « institutionnalisée ». Nous considérons que la ville est ce lieu-clé du processus d’institutionnalisation, et est aussi l’acteur principal, voire le catalyseur, de l’innovation territoriale. En cela, ce travail confirme la conclusion avancée par Chantelot et Errami [22]. De même, notre étude se rapproche de celle de Roux et Marion [23] qui souligne l’utilisation de ces dispositifs, comme stratégie de légitimation, par la ville, afin de promouvoir une certaine vision, comme un « étendard » des politiques urbaines. En effet, l’innovation s’inscrit dans une forme de légitimation de l’action publique. Ainsi, la ville montre qu’elle est l’actrice incontournable du développement du territoire ; et qu’elle arrive à rassembler le milieu local autour de sa politique métropolitaine. D’ailleurs, les villes subissent aujourd’hui une concurrence entre elles ; et ce constat est d’autant plus vrai avec la Réforme territoriale opérée en 2016. Amiens ayant perdu son statut de capitale régionale, souhaite aujourd’hui être une « ville innovante », voire être le fer de lance de l’entrepreneuriat et de la créativité dans les Hauts-de-France.
18Nous proposons quelques pistes managériales visant à aider d’autres acteurs publics, en quête d’innovation sociale, à initier ou soutenir des ECI.
19■ La mise en place d’une innovation sociale dans le territoire nécessite l’engagement constant d’un acteur-pilote. L’ECI ne constitue qu’un maillon de la chaîne d’innovation ; il nécessite un suivi à long terme organisé autour de quatre étapes principales : préfiguration, réalisation, suivi des actions et évaluation. Tout au long du processus, l’acteur public doit s’appuyer sur un collectif ou un acteur-clé (communauté, organisation sociale, entreprise leader, etc.) qui prendra le relais opérationnel de l’événement.
20■ L’acteur public est légitime pour assurer la coordination des différents membres en délimitant clairement les rôles et responsabilités de chacun. La gouvernance doit s’adapter aux spécificités locales, à l’histoire du territoire et aux acteurs socio-économiques.
21■ Quid de la structuration ? Il est clair que les structures centralisatrices ne sont pas adaptées pour les ECI et il convient de donner toute sa place au groupe d’acteurs et à son autorégulation sous peine d’étouffer l’esprit d’entreprendre.
22■ L’ECI peut être utilisé pour répondre aux souhaits des populations d’être associées aux enjeux urbains. Sa logique participative conduit les citoyens à les accepter et à les soutenir.
23■ La communication devient un élément essentiel du succès des ECI et, par conséquent, une question centrale pour l’innovation et le développement territorial. Les initiateurs d’un évènement doivent au plus tôt légitimer leurs desseins auprès des différentes parties prenantes. Dans le cas contraire, la porte est ouverte à toutes récupérations politiques et idéologiques de l’événement.
24■ Il est nécessaire de recenser l’ensemble des parties prenantes et de répertorier leurs attentes à l’égard de l’événement collaboratif. La communication doit être différenciée et adaptée selon l’auditoire puisque chaque groupe d’acteurs a des préoccupations, des attentes qui lui sont propres vis-à-vis de l’événement.
25En conclusion, cette recherche enrichit la compréhension de l’innovation au sein des ECI. Il s’agit là d’une lecture originale, encore très peu étudiée par la littérature en management, car s’intéressant au pilotage de l’innovation ouverte et sociale par un acteur public. Nous pouvons avancer que l’acteur public, quel qu’il soit, cherche à développer son territoire à son échelle ; si les leviers de développement ont toujours été nombreux, les ECI apparaissent comme une nouvelle forme d’action publique. Nous affirmons aussi que la ville est un niveau d’analyse original pour les problématiques de développement des territoires. L’étude de la métropole amiénoise montre que la ville doit, plus que tout, faciliter les dynamiques d’innovation, plutôt que de les décider et les contrôler. Nous avons constaté aussi la nécessaire complémentarité de l’innovation ouverte et de l’innovation sociale pour la viabilité d’une dynamique d’innovation territoriale. Sans nul doute, les événements collaboratifs sont des dispositifs inclusifs et participatifs qui constituent, selon nous, une nouvelle approche du développement durable du territoire. Le présent travail ne prétend pas donner une explication globale à l’innovation au sein des ECI. Le phénomène est fort complexe. Il serait important de continuer notre réflexion vers de nouvelles recherches en matière de gouvernance et d’impact sur le développement du territoire.
Notes
-
[1]
Jouret, G. (2009). Inside Cisco’s search for the next big idea, Harvard Business Review, 87, pp. 43-45.
-
[2]
Louvet, N., Rocci A., et Le bris, C. (2013). L’innovation sociale, outil de renouvellement de la production de services de mobilité, Développement durable et territoires, 4 (3), pp. 116-129.
-
[3]
Harrisson, D., Vezina, M. (2006). L’innovation sociale, une introduction, Public and Cooperative Economics, 77 (2), pp. 129-139.
-
[4]
Chesbrough, H. W. (2003). The Era of Open Innovation, MIT Sloan Management Review, 44 (3), pp. 35-41.
-
[5]
Fabbri, J., et Charue-Duboc, F. (2016). Les espaces de coworking : nouveaux intermédiaires d’innovation ouverte ? Revue française de gestion, 254 (1), pp. 163-180.
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[6]
Loilier, T., Depeyre, C., et Mercier, S. (2016). Ouvrir le management stratégique de l’innovation, Revue Française de Gestion, (2), pp. 11-25.
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[7]
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-
[8]
Dossier spécial sur les défis et promesses des espaces collaboratifs d’innovation. Entreprendre & Innover, 2016/4 (n° 31).
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[9]
West, J., & Bogers, M. (2011). Profiting from External Innovation: A Review of Research on Open Innovation, 9th International Open and User Innovation Workshop, Vienna, Austria.
-
[10]
Elmoukhliss, M., Renard, D., Zhao, Z., Balagué, C. (2017). De la compétition à la coopétition. Les nouvelles formes de crowdsourcing d’idées, Revue Française de Gestion, 43 (267), pp. 11-24.
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[11]
Cloutier J. (2003). Qu’est-ce que l’innovation sociale ? Montréal, Études Théoriques, CRISES.
-
[12]
Richez-Battesti, N., Petrella, F., et Vallade, D. (2012). L’innovation sociale, une notion aux usages pluriels : quels enjeux et défis pour l’analyse ? Innovations, 2 (38), pp. 15-36.
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[13]
Sabel, C. (1996). Irlande, partenariats locaux et innovation sociale. Organisation de Coopération et de Développements Économiques (OCDE).
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[14]
Ollila, S. & Elmquist, M. (2011). Managing open innovation: Exploring challenges at the interfaces of an open innovation arena: Managing open innovation”, Creativity and Innovation Management, 20 (4), pp. 273-283.
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[15]
Ehlinger, S., Perret, V. & Chabaud, D. (2015). Quelle gouvernance pour les réseaux territorialisés d’organisations ? », Revue française de gestion, 41(253), pp. 369-386.
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[16]
Lardon, S., Maurel, P., Piveteau, V. (2001). Représentations spatiales et développement territorial, Paris, Hermès.
-
[17]
Chantelot, S., Errmi, Y. (2015). Stimuler le potentiel créatif des environnements urbains. La nécessaire transformation du leadership public, Revue Française de Gestion, 41 (250), pp. 139-158.
- [18]
-
[19]
Roux, E, Marron, Q. (2017). Les Livings Labs, de nouveaux dispositifs d’action publique pour penser les métropoles et les territoires, Canadian Journal of Regional Science, 40 (1), pp. 33-41.
-
[20]
Yin, R.K. (2009). Case study research: Design and methods, Newbury Park, CA: Sage.
-
[21]
Miles, M. B., et Huberman, A. M. (1991). Analyse des données qualitatives : recueil de nouvelles méthodes. Bruxelles : De Boeck et Larcier.
-
[22]
Chantelot, S., Errmi, Y. (2015). Stimuler le potentiel créatif des environnements urbains. La nécessaire transformation du leadership public, Revue Française de Gestion, 41 (250), pp. 139-158.
-
[23]
Roux, E, Marron, Q. (2017). Les Livings Labs, de nouveaux dispositifs d’action publique pour penser les métropoles et les territoires, Canadian Journal of Regional Science, 40 (1), pp. 33-41.