CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Les points forts

● Pour un jeune, assumer une identité entrepreneuriale suppose de gérer l’écart entre son vécu intérieur, ses valeurs personnelles et l’image extérieure de maîtrise attendue par l’entourage, les médias ou le milieu économique. L’exercice est long et éprouvant quand la jeune entreprise affronte les problèmes de trésorerie ou la liquidation judiciaire.
● Le mentor, entrepreneur expérimenté ayant été confronté aux mêmes difficultés joue un rôle crucial pour aider le jeune à traverser ces étapes. Par un questionnement désintéressé sur une longue durée, le partage de son expérience et le recul vis-à-vis des conseils techniques extérieurs, il permet au jeune de trouver sa propre voie.
● Comme les entreprises qu’il accompagne, la croissance du Moovjee confronte les valeurs des fondateurs à des nouveaux défis : organiser des rencontres authentiques de personne à personne à grande échelle, professionnaliser des mentors intuitifs et bénévoles, passer de la cooptation à la mixité sociale.

1Caroline Verzat : Vous avez co-créé le Moovjee avec Dominique Restino en 2009. Quel parcours vous y a menée ?

2Bénédicte Sanson : Je ne suis pas devenue secrétaire générale du Moovjee par hasard. C’est lié à mon parcours personnel. Lorsque je suis sortie de Sup de Co Toulouse en 1990, un certain nombre de personnes autour de moi me disaient : « mais crée ta boîte, t’es faite pour ça ». Mais moi je pensais que je ne savais rien faire et que personne ne me ferait jamais confiance. Finalement, au bout de dix ans de salariat dans cinq PME différentes, où je m’ennuyais parce que je ne pouvais pas mettre en place ce dont j’avais envie, j’ai accepté de m’associer dans une structure qui aidait des entreprises étrangères à s’implanter en France. Puis, n’étant plus d’accord sur la vision avec mon associé, je me suis jetée à l’eau seule en 2005, au moment de la naissance de mon troisième enfant. J’avais vraiment envie de réaliser mon propre rêve. J’ai créé une structure de conseil qui apportait des équipes marketing externalisées aux TPE et PME. C’était basé sur le bootstrapping. Je suis assez performante là-dedans : faire plein de choses avec trois bouts de ficelle. Je l’ai développée pendant quatre ans et cela a très bien marché.

3Jusqu’à la crise de 2008. En quinze jours, j’ai perdu 80 % de mon chiffre d’affaires. J’avais un gros impayé. On était quatre collaborateurs rémunérés, avec des annulations de contrats en cascade et mon mari qui le prenait très mal. Que fallait-il faire ? Les conseils techniques de la CCI et de l’expert-comptable (les prévisions de chiffre d’affaires, la prospection, la technique) ne m’étaient d’aucun secours. Tout cela, je maîtrisais. Ma question, c’était plutôt comment j’assume d’être entrepreneur ? Comment vaincre mon sentiment d’imposture ? Comment gérer le décalage entre l’image forte que je donne et la crise que je vis en réalité ? À cette époque, j’aurais eu besoin de rencontrer d’autres entrepreneurs qui vivaient la même chose que moi, quelqu’un qui me dise : « ce que tu vis, c’est normal, il y a des solutions ». J’ai choisi de mettre mon entreprise en liquidation judiciaire.

4Quand j’ai rencontré Dominique Restino, j’avais déjà annoncé que j’allais fermer. Ça a été vraiment un coup de foudre professionnel. Il m’a dit « ok, vous avez pris cette décision, je vais vous accompagner pour fermer ça, pour faire que vous vous en sortiez le mieux possible, mais j’ai plein de projets, on va en parler et peut-être qu’on peut monter ces projets ensemble ». Il avait notamment l’idée du Moovjee et d’un programme de mentorat dédié aux jeunes, sur le modèle de l’Institut du mentorat Entrepreneurial (IME) lui-même inspiré d’un dispositif observé au Québec. Mais il manquait un partenaire dans le digital, indispensable pour aller vers les jeunes. On a mis six mois pour s’observer et pour trouver ce partenaire. Son idée d’accompagner les jeunes pour qu’ils osent entreprendre a tout de suite fait écho en moi. Parce qu’avec le recul, je me disais : effectivement, j’aurais pu créer cette boîte quand j’avais 20 ans. Si je l’avais fait en sortant de l’école, j’aurais aujourd’hui une boîte qui tourne et ça irait bien. Et même si je l’avais crashée, j’aurais appris quelque chose d’extraordinaire. Car je vois bien aujourd’hui que fermer une boîte, ce n’est pas si dramatique que ça. J’avais des belles réussites clients, une vraie reconnaissance autour de moi, si bien que le jour où j’ai annoncé que je liquidais, beaucoup de personnes m’ont contactée pour me soutenir, me proposer des pistes de réflexion pour rebondir ou des projets comme l’a fait Dominique. Donc si j’avais fait ça à vingt ans, je ne me serais pas plantée à quarante. En fait, ce n’était pas des choses techniques insurmontables qui me manquaient, c’était d’apprendre ce métier d’entrepreneur, de comprendre par quelles étapes on passe et de pouvoir trouver autour de moi des gens avec qui je puisse échanger en vérité.

5Le but du Moovjee, c’est de permettre aux jeunes d’assumer le métier d’entrepreneur ?

6B. S. Le but, c’est de proposer un accompagnement dédié aux jeunes de 18 à 30 ans, dans cette période de vie particulière [2] où ils ont des questionnements sur le sens de leur engagement dans la vie. Il ne s’agit surtout pas de faire à leur place, non d’apporter des services, mais plutôt d’offrir un environnement qui leur permette de s’affirmer. On a mis de l’organisation et de la logistique autour. Mais on a surtout mis de la bienveillance, des valeurs très fortes. On a mis cette notion de parité, d’échange entre pairs et entre jeunes et mentors. Ce n’est pas parce que j’ai 45 ans et que j’ai telle expérience que je sais mieux que toi. On a créé une communauté où ils arrivent tous sur un pied d’égalité, autant le plombier que la super boîte techno.

7Ce qui compte, c’est que ceux qui arrivent aient conscience qu’ils font partie d’une dynamique multidimensionnelle et qui marche dans un sens et dans l’autre. Il faut qu’ils aient beaucoup d’humilité pour accepter de recevoir, ce qui n’est pas forcément le cas de tous les jeunes. Nous on est là pour leur faire prendre conscience de la valeur qu’ils ont en eux et de les amener à la partager. Le but c’est d’arriver à faire le lien entre la technique et l’humanité du chef d’entreprise, de ne pas être qu’une image projetée dans les médias mais de se relier à leurs valeurs personnelles [3].

8Nous avons trois critères de recrutement des jeunes : l’âge (18-30 ans) quelle que soit la formation ou le secteur d’activité, le fait d’être implanté en France et enfin l’envie de grandir, au sens de se développer eux-mêmes et de développer leur entreprise, de créer de l’emploi. Il faut avoir de nouveaux enjeux, avoir envie de passer une étape.

9En quoi consiste précisément l’offre du Moovjee pour les jeunes ?

10B.S. L’offre d’accompagnement mentoral est d’un an sans apport de financement (pas de prêt d’honneur comme au sein du Réseau Entreprendre) entre un jeune et un mentor bénévole qui se choisissent mutuellement. Ils se rencontrent tous les 15 jours au début puis une fois par mois. En complément, on apporte un pool d’experts métier bénévoles qui interviennent à la demande, pour répondre à une question technique ou pratique et qui ont interdiction de faire des propositions commerciales sauf si le jeune le demande lui-même.

11Nous avons aussi développé un grand nombre de partenariats avec les médias afin de mettre en avant les jeunes, de les aider à se rendre visibles. Ça commence par les réseaux sociaux où nous sommes très présents. Nous les mettons aussi en relation directe avec des journalistes. Et nous leur donnons accès à des salons ou des conférences inaccessibles si on n’avait pas négocié pour eux, par exemple, une demi-journée sur un stand au salon des entrepreneurs ou une invitation aux petits-déjeuners Croissance Plus. Ça leur permet de rencontrer d’autres entrepreneurs et petit à petit de développer leur réseau.

12Nous organisons aussi des rencontres de communauté (apéros Moovjee, voyage au Québec, groupe Facebook fermé…). Chacun des 850 jeunes accompagnés depuis l’origine y est invité de même que les 170 mentors bénévoles et les 300 experts métier et les partenaires. Cette communauté est fondamentale. Les jeunes sont très nombreux à nous dire : « mes meilleurs copains, je les ai trouvés au Moovjee ».

13Pour bénéficier de cet accompagnement, les jeunes entrepreneurs postulent à des comités d’engagement que nous organisons régulièrement. Dans ce cas l’accompagnement est de 300 € / an. Ils peuvent également y accéder en étant lauréat de concours, d’autres incubateurs ou accélérateurs partenaires.

14Enfin, il y a le prix Moovjee, qui constitue à la fois un outil marketing très médiatisé pendant trois-quatre mois de l’année et un outil de recrutement. Pour les vingt lauréats et finalistes du prix Moovjee, l’accompagnement est offert.

15Qui sont vos mentors et en quoi sont-ils importants pour les jeunes ?

16B.S. On ne cherche pas n’importe quel mentor. C’est obligatoirement un entrepreneur bénévole. Il ne peut être ni client, ni fournisseur et n’a pas le droit investir dans la société qu’il accompagne jusqu’à deux ans après la fin du mentorat. Le but est que l’entrepreneur débutant soit bien conscient que son mentor n’a pas d’autre intérêt que de le voir s’épanouir en tant qu’entrepreneur. Il n’est pas non plus dans le même secteur d’activité, afin de ne pas être en position de donner des leçons mais au contraire de s’étonner, de poser des questions basiques, de pousser le jeune dans son questionnement pour l’aider à construire son assise à chaque étape de son avancée [4].

17En revanche, ce qui compte, c’est que l’entrepreneur expérimenté ait connu les enjeux qu’affronte l’entrepreneur débutant. Il faut qu’il puisse partager son expérience afin qu’elle inspire le jeune. Avec le recul, il peut analyser et expliquer les conséquences de ses choix dans le contexte précis où il se trouvait. Par exemple avoir eu des problèmes de trésorerie. On ne réfléchit pas de la même façon quand on a de la trésorerie et quand on n’en a pas… Quand les jeunes arrivent et qu’ils n’ont jamais vécu ça, ils sont mortifiés. Les trois quarts n’osent pas le dire. Le rôle du mentor, c’est de lui dire « moi aussi, j’ai vécu ça, voilà comment j’ai réagi. Après, tu as peut-être besoin de rencontrer des experts techniques » et il va l’envoyer vers eux. Ensuite il pourra aider le jeune à mettre ces conseils en perspective compte tenu de son parcours que l’expert n’a pas le temps d’écouter [5]. Il va réfléchir avec lui aux implications dans son cas personnel. Le but est que le jeune garde son cap, qu’il se sente bien dans la voie qu’il aura lui-même choisie. Parce que c’est très difficile de ne pas se laisser influencer par les conseils d’un expert quand on est jeune.

18La relation de mentorat donne des repères la première année, mais la relation de proximité avec le mentor dure en fait plus longtemps qu’un an. C’est plutôt deux à quatre ans. Les entreprises des jeunes mettent en effet souvent plus de temps que les autres à démarrer. À la fois parce qu’il y a beaucoup plus de choses à intégrer et parce que les jeunes ont aussi plus de temps devant eux. Ils ont généralement une pression financière moindre grâce au soutien des parents ou d’un copain/copine ainsi que l’absence de charge familiale, d’emprunt sur la maison ou la voiture.

19Quel est votre taux de sélection et comment choisissez-vous les jeunes lauréats ?

20B.S. Environ 30 % des jeunes entrepreneurs que nous accompagnons ont connu le programme via des dispositifs ou incubateurs dont nous sommes partenaires. Une grande leçon que j’ai apprise avec le Moovjee, c’est qu’on voit émerger des boîtes dans lesquelles on ne croyait pas. Le jeune a fait preuve d’une telle persévérance qu’il a fini par trouver le bon produit, en lien avec inspiration de départ, qu’il a su adapter. Dans le brief aux comités d’engagement, j’insiste beaucoup sur ce point : Il y a neuf chances sur dix pour que la boîte qui sortira n’ait à rien à voir avec ce qui est présenté aujourd’hui. Alors je leur dis : Focalisez-vous sur l’entrepreneur. Est-il capable de pivoter jusqu’à ce qu’il trouve son business model ? Peut-être que ça lui prendre deux ans, trois ans, quatre ans, mais si on croit dans la personne, quoi qu’il arrive, il ira. Et comme on n’investit pas, le risque est limité.

21Pour savoir si les jeunes sont vraiment faits pour ça, on leur pose beaucoup de questions sur la manière dont ils cherchent de l’info. On regarde comment ils réagissent à nos inputs. On examine quelles difficultés ils ont rencontrées et comment ils ont cherché des solutions. C’est empirique. Comme on est toujours une vingtaine autour de la table, il y a souvent unanimité sur la personnalité et plus de débats sur le projet. On fait en sorte d’avoir des personnalités, des parcours et des compétences très différents autour de la table justement pour ne pas se laisser piéger par l’aspect technique et rester focalisés sur la personne. On se trompe, comme tout le monde. Mais quand on voit le taux de pérennité des entreprises créées qui est proche de 90 %, on se dit que le pari qu’on fait sur l’entrepreneur est juste.

22Quels sont les défis du Moovjee aujourd’hui ?

23B.S. Notre défi principal c’est de croître. Le Moovjee a commencé avec dix jeunes la première année, vingt la deuxième…. En 2016 on était à 80-100 entreprises. Notre objectif 2017 est d’avoir 120-150 entreprises, soit à peu près le double d’entrepreneurs. Dans cinq ans, on voudrait avoir 500 entreprises accompagnées par an. Il y a un vrai réservoir de jeunes non accompagnés aujourd’hui.

24À ce rythme, ce n’est pas évident de recruter et de former les mentors. Les premiers sont venus du réseau personnel de Dominique Restino et du mien, puis par cooptation. Maintenant, nous recrutons aussi chez nos partenaires qui ont des clients entrepreneurs. Et nos premiers mentorés de 2009 commencent à devenir mentors à leur tour. Ce n’est pas facile de constituer les binômes mentor/mentoré. Ça se joue à la fois sur les enjeux qu’a connus le mentor et qui sont face au mentoré, sur l’affinité du secteur d’activité et sur la compatibilité humaine. Il faut vraiment qu’on sente qu’il va y avoir une relation personnelle intéressante entre eux. C’est une affaire d’intuition. Nous les mettons en relation. Mais c’est eux qui se choisissent mutuellement. L’un et l’autre ont le droit de dire non. Il faut que chacun ait envie d’apprendre avec cette personne-là. Nous avons trois mentors référents dont le rôle est de nous aider dans le recrutement et l’initiation des nouveaux mentors par le biais d’ateliers et en répondant à leurs questions au fil de leur pratique. Nous sommes également en train de mettre en place des ateliers d’échange de pratique. L’enjeu, c’est que les mentors soient conscients que pour eux aussi, c’est un travail d’enrichissement personnel. Il faut être prêt à se remettre en question, à lâcher prise, à faire confiance au mentoré, à accepter de ne pas l’emmener dans ses propres choix. Ce sont des choses qui sont très difficiles pour des entrepreneurs car à l’inverse de ce qu’ils font au quotidien pour le développement de leur propre entreprise.

25Le deuxième défi, c’est de pouvoir se développer en province. On a démarré en Ile de France, on est à Lyon depuis fin 2014, à Nantes et Toulouse depuis fin 2015. Pour le moment on a prestataire qui gère le mentorat et l’animation pour 10-15 binômes d’entrepreneurs par implantation. Le problème complémentaire est de trouver notre propre business model pour financer cette croissance car notre statut d’association visant la promotion de l’entreprise privée sans fonction d’enseignement n’est pas éligible à des fonds provenant de fondations. C’est peut-être une question de terminologie, mais je ne me vois pas diriger une école. Notre but est plutôt de faire sortir les jeunes du cocon protégé de l’école. C’est un chemin initiatique pour savoir qui tu es afin que tu saches te protéger et rester toi-même.

26Le troisième défi, encore plus complexe, c’est de créer davantage de mixité sociale. Notre cœur de métier est de soutenir les jeunes qui sont déjà passés à l’action entrepreneuriale. Cela pose un problème parce que ceux qui y vont sont majoritairement ceux qui ont déjà un environnement social favorable. SI le bouche-à-oreille entre les jeunes fonctionne bien, il reste dans des milieux favorisés. Et les jeunes issus des quartiers difficiles ne nous connaissent pas ou n’osent pas nous contacter pensant que ce n’est pas fait pour eux. On a fait quelques interventions de sensibilisation pour des jeunes décrocheurs. Je me suis rendu compte que c’est une vraie révélation pour ces jeunes-là. On les met en petits groupes animés par un jeune entrepreneur avec l’objectif de « créer une entreprise qui va vous apporter ce qui vous manque dans votre vie de tous les jours ». Au bout de deux heures, ils sont capables de pitcher leur entreprise. Ils ressortent de là en se disant « finalement, je suis capable de faire un truc, j’ai trouvé une idée, je vois qui pourraient être mes clients, j’ai réussi à trouver un nom pour mon entreprise… ». Et ils se rendent compte que le chemin est accessible s’ils ont la volonté d’y aller. Parce que tout au long du chemin, il y a des gens comme ceux avec qui ils viennent de passer deux heures, qui sont des jeunes entrepreneurs et qui ont accepté de passer du temps pour eux… Donc ils voient ce qu’ils font, et ils se disent « mais pourquoi pas ? ». Alors en ce moment, je suis en train de monter un autre projet qui ne part pas de la pratique entrepreneuriale mais du sport et de la connaissance de soi face à un défi… L’idée est de faire en sorte qu’on se mélange, que des liens et des échanges se créent, que les jeunes entrepreneurs issus de tous horizons se parlent et qu’ils s’apprécient.

Notes

  • [1]
    Bénédicte Sanson est co-auteur du livre Jeunes, crééz votre entreprise, Paris, Dunod (2015) avec Vincent Redrado et Dominique Restino.
  • [2]
    En s’appuyant sur les travaux de psychologues du développement, la recherche montre que les projets entrepreneuriaux sont liés à des phases de transition identitaire, où l’on réajuste la définition de soi afin de dépasser des contradictions entre les attentes normatives de son entourage et ses propres valeurs. Dans la période 18-30 ans, deux types de projet entrepreneurial sont observés : le projet étudiant à l’essai, le projet novice avec engagement limité. À partir de 30 ans, il n’y a plus droit à l’erreur. Verzat, C., Gaujard, C., François, V. (2010) Accompagner des futurs entrepreneurs en fonction de leurs besoins à chaque âge de vie, Gestion 2000, p. 59-74.
  • [3]
    L.J. Fillion note que le processus mental projectif et visionniste est ancré sur l’histoire personnelle de l’entrepreneur en cours d’évolution. Le projet occasionne le remaniement du « concept de soi », c’est à la dire la manière dont l’entrepreneur se perçoit avec un certain niveau d’estime de lui-même, au sein de l’« espace de soi » reçu correspondant aux normes sociales de son milieu. « En fonction du contexte personnel désiré et de son savoir devenir, la personne en voie de devenir adulte révise et construit graduellement son nouvel espace psychologique qui lui sera propre ». FILION, P.J. (2008) Les représentations entrepreneuriales : un champ d’études en émergence, Revue internationale de psychosociologie 2008/1, Volume XIV, p. 11-43.
  • [4]
    Etienne Saint-Jean distingue 10 fonctions du mentor : mettre en relation avec un réseau, fournir des informations reliées au monde des affaires, exposer ses réussites et échecs, contredire s’il n’est pas d’accord, proposer d’autres points de vue, permettre au protégé de se faire une image de lui et de son entreprise, sécuriser le protégé, motiver son protégé en croyant qu’il peut réussir, être son confident. SAINT-JEAN, E. (2010) Les fonctions du mentor de l’entrepreneur novice, Revue de l’entrepreneuriat, 2(9), p. 34-55 En ligne
  • [5]
    La posture d’accompagnement du mentor s’oppose radicalement à la posture de guidage d’un expert. Pour saisir cet écart, on peut se référer au livre de M. VIAL et N. CAPARROS-MENCACCI, (2007) L’accompagnement professionnel – Méthode à l’usage des praticiens exerçant une fonction éducative, Bruxelles, De Boeck. L’ouvrage de M. PAUL, (2004) l’accompagnement, une posture professionnelle spécifique, Paris, L’Harmattan, oppose la posture fonctionnaliste (expert) à deux autres postures : herméneutique (développement personnel et professionnel), réflexive et critique (aide à la décision sur le projet).
Français

Créé en 2009, le Moovjee a accompagné 850 jeunes entrepreneurs entre 18 et 30 ans. Près de 90 % des 350 entreprises créées depuis 2009 sont pérennes. Bénédicte Sanson, qui a lancé le Moovjee avec Dominique Restino, raconte ici son parcours personnel et l’histoire du Moovjee. Elle met en évidence ses valeurs et son mode de fonctionnement communautaire autour d’entrepreneurs mentors bénévoles dont la vocation principale est d’aider les jeunes à assumer leur identité d’entrepreneur. Elle souligne quelques conditions clé tenant aux postures d’accompagnement facilitant la transition identitaire de l’école à l’entrepreneuriat et met en évidence les défis qui se posent aujourd’hui pour former les mentors, toucher des jeunes moins favorisés et développer le Moovjee au-delà de l’écosystème parisien.

Propos recueillis par 
Caroline Verzat
Un entretien avec 
Bénédicte Sanson [1]
Secrétaire générale du Moovjee
  • [1]
    Bénédicte Sanson est co-auteur du livre Jeunes, crééz votre entreprise, Paris, Dunod (2015) avec Vincent Redrado et Dominique Restino.
Mis en ligne sur Cairn.info le 27/11/2017
https://doi.org/10.3917/entin.033.0072
Pour citer cet article
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