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Science and Technology Based Regional Entrepreneurship, Global Experience in Policy and Program Development, Sarfraz A. Mian, Edward Elgar, 2011

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Sarfraz Mian est un professeur d’entrepreneuriat et de stratégie publique à, State University of New York, Oswego, NY. Ses travaux de recherche ont été publiés dans les meilleures revues internationales dans les domaines de l’entrepreneuriat et de l’innovation, comme par exemple Research Policy, Journal of Business Venturing, Journal of High Technology Management Research, Project Management Journal et Technovation. Il a écrit plusieurs ouvrages et chapitres d’ouvrages sur le thème des incubateurs et des politiques publiques de support aux activités entrepreneuriales. Il a été nommé président d’INFORMS (Technology Management) et il est co-fondateur de “the US Coordinator of the North American Innovation Research Network ».

1L’ouvrage « Science and Technology Based Regional Entrepreneurship », composé de dix-neuf articles, offre une vue d’ensemble de l’état et de l’évolution des incubateurs, pépinières et technopoles dans le monde. Ce livre propose aux décideurs politiques et aux praticiens une variété des meilleures pratiques dans le domaine des dispositifs d’incubation à l’échelle internationale. Il apporte des connaissances utiles sur les pratiques permettant de stimuler la création d’entreprises nouvelles et d’une manière générale la croissance économique et sociale au niveau régional.

2L’ouvrage présente des études de cas qui couvrent toutes les zones géographiques. Les pays représentés ont été sélectionnés sur la base des évolutions historiques de leur engagement dans les efforts de développement des mécanismes d’incubation. Il s’agit d’un document descriptif qui offre au lecteur la possibilité de réaliser des comparaisons tout en lui laissant la liberté de faire son propre jugement. Chaque chapitre met en avant les leçons tirées du cas étudié et des implications managériales et politiques.

3L’ouvrage est structuré en trois parties, en fonction du niveau de développement économique du pays étudié. La première partie est consacrée aux grands pays développés (Large Developed Countries LDC), la seconde aux petits pays développés (Small Developed Countries) et la troisième aux grandes économies émergentes (Large Emerging Countries). Le découpage a été opéré en fonction de la taille de la population et du niveau de développement économique. Le livre commence donc par s’intéresser à des grands pays comme les Etats-Unis, l’Allemagne, La France et Le Royaume-Uni. Il analyse ensuite des pays développés de taille moins importante comme la Suède, Singapour et Taïwan. La troisième et dernière section est consacrée aux pays émergeants (LEC) tels que le Brésil, la Chine et l’Inde.

4Tous les chapitres sont construits selon une approche chronologique. Le premier se focalise ainsi sur les conditions d’émergence des structures d’accompagnement dans les différentes régions des Etats-Unis après la deuxième guerre mondiale. Ensuite, il met en avant le fait que dans la majorité des Etats, les dispositifs d’accompagnement ont commencé à se développer au milieu des années 80 et qu’aujourd’hui les programmes fédéraux sont dominés par le « système national d’innovation » qui représente un réseau d’incubateurs inter-relié à plusieurs niveaux : fédéral, régional et local.

5Au contraire, au Japon, le développement de ces dispositifs a été réalisé de façon beaucoup plus centralisée, selon un schéma « Top-down ». L’auteur souligne qu’au pays du Soleil Levant, les autorités locales ont commencé récemment à développer des Technopoles à proximité des universités et des centres de recherches afin de favoriser le transfert technologique des laboratoires vers l’entreprise.

6Dans la plupart des pays développés comme l’Italie, Le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne et la Corée du sud, le développement des dispositifs d’incubation repose sur une même motivation : stimuler la création d’entreprise. L’ensemble des contributions dans cette première section insiste sur l’urgence de développer des modèles de S&T parcs opérationnels, applicables et adaptables aux spécificités de chaque région. L’analyse de l’évolution de ces dispositifs au sein des pays développés insiste sur le triple lien Industrie-Université-Recherche. Elle montre aussi un déplacement du rôle de l’Etat, de celui d’acteur centralisateur vers celui d’acteur facilitateur et catalyseur de l’activité entrepreneuriale au niveau régional. Actuellement, les Etats privilégient plutôt une approche « Bottom-up », en allouant les fonds et ressources nécessaires pour le développement entrepreneurial.

Une diversité des stades de maturité selon les pays

7La deuxième section du livre est consacrée à l’étude des « petits pays » industrialisés comme la Suède, les Pays-Bas et Taïwan. Les auteurs y examinent le développement des dispositifs d’incubation, mais vu la composition du groupe de pays étudiés, l’intervalle de temps varie énormément. Par exemple, l’étude de cas suédois porte sur une période de cent ans. Sur cette période, le modèle de développement des mécanismes d’incubation a évolué d’une approche globale vers une approche plus régionale, qui s’adapte plus à l’offre et à la demande locale.

8Il s’agit d’un schéma assez proche de celui adopté par les Pays-Bas, où l’Etat joue un rôle très actif. Cela s’y est traduit par une configuration institutionnelle spécifique, qui stimule le développement et la croissance rapide des entreprises et encourage la commercialisation des innovations produites au sein des parcs S&T.

9Contrairement aux Pays-Bas et à la Suède, l’Australie et Singapour sont considérés comme des pays « novices » dans le domaine de l’accompagnement de l’entrepreneuriat technologique. En particulier, l’Australie accuse un retard par rapport aux pays européen. Malgré son vaste territoire, les parcs S&T restent implantés dans des zones géographiques très limitées, autour des grandes villes. Les pouvoirs publics se sont focalisés sur les dernières phases de la commercialisation et de développement des startups. L’article confirme la pénurie de ressources humaines, notamment des managers de startups et des business angles, ce qui exige de la part des pouvoirs publics des efforts supplémentaires pour combler le retard du pays. Par ailleurs, Singapour a réussi, grâce à l’influence des organisations multinationales, à attirer une main d’œuvre qualifiée qui a boosté la création et le développement d’un système d’innovation, favorisant ainsi l’émergence d’une plateforme propice au développement des parcs S&T.

10Les deux derniers chapitres présentent deux pays qui jouissent d’une expérience particulièrement riche en termes de promotion de l’entrepreneuriat technologique et de dispositifs d’accompagnement. Ils fournissent des retours d’expériences et des enseignements très utiles. Il s’agit d’Israël et de Taïwan, qui illustrent clairement les facteurs clés qui conduisent vers la réussite et la performance des parcs S&T : le capital social, humain, entrepreneurial et financier.

11La troisième et dernière section de ce travail s’intéresse aux dispositifs d’accompagnement dans les pays en voie de développement et en particulier la Chine, le Brésil, l’Inde, le Pakistan et l’Afrique de Sud. Cette section débute par un chapitre sur la Chine où les auteurs montrent l’engouement et l’engagement des pouvoirs publics pour développer un système d’innovation qui supporte et favorise le transfert des connaissances du milieu scientifique vers l’industrie. Aujourd’hui, le pays a atteint un niveau de développement des capacités des parcs S&T énorme. Le chapitre montre comment les autorités chinoises, dans une approche « Top-Down », ont réussi à instaurer une stratégie de collaboration avec l’écosystème entrepreneurial pour promouvoir le secteur des parcs S&T. Cependant, et malgré l’instauration d’un environnement propice aux activités entrepreneuriales, la politique chinoise en matière de gestion des parcs S&T reste confrontée à des nombreux défis, en particulier en matière de la commercialisation des innovations et le déséquilibre entre les différentes régions du pays.

12Le chapitre suivant adopte une perspective par la firme pour souligner d’un côté les efforts fournis en matière de promotion des activités entrepreneuriales et d’un autre côté, pour critiquer les failles du système de financement et de développement des activités R&D dans les PME brésiliennes.

13Ensuite, l’ouvrage présente l’évolution des activités entrepreneuriales dans le secteur des logiciels informatiques en Inde. Ce secteur est qualifié de « Poster boy » des parcs S&T indiens. A l’inverse des autres cas qui mettent en avant les avantages des parcs dits « généralistes », ce chapitre met l’accent sur les facteurs de réussite des dispositifs d’accompagnement spécialisés et en l’occurrence dans le secteur informatique. Et c’est dans ce même secteur que le Pakistan, qui fait l’objet du papier suivant, essaye de développer ses politiques et ses structures d’accompagnement. Plusieurs points positifs sont soulignés par les auteurs, mais l’Etat devrait jouer un rôle plus important en matière d’aide financière et de support à la création d’entreprise dans ce domaine. Enfin, l’Afrique de Sud se trouve confrontée à plusieurs difficultés pour stimuler l’entrepreneuriat technologique et scientifique.

14Cette dernière section met en avant les importants progrès réalisés par les pays émergents en matière de promotion de l’entrepreneuriat scientifique et technologique et en particulier le développement des dispositifs d’accompagnement à la création d’entreprise et de commercialisation des connaissances en relation avec les activités de recherches scientifiques.

15Le principal enseignement de cet ouvrage est l’extraordinaire variété des situations d’une zone géographique à l’autre. Les facteurs clés de succès des parcs S&T varient selon les caractéristiques sociales, économiques et industrielles de chaque région. Ils varient aussi selon les approches adoptées par les responsables politiques au niveau à la fois national et régional.

16Une des contributions clés de cet ouvrage est de montrer qu’il n’existe pas d’approche unique ou idéale pour développer l’entrepreneuriat et l’innovation. Cependant, le livre dans son ensemble met à la disposition des décideurs politiques et des praticiens de l’accompagnement une panoplie des meilleures pratiques dans le monde. En outre, il renseigne sur le rôle crucial que jouent les gouvernements et les politiques publiques dans le développement des activités entrepreneuriales, de la valorisation de la recherche et de la création d’entreprises innovantes.

17Enfin, cet ouvrage offre une vision globale des différentes stratégies déployées pour développer l’entrepreneuriat technologique et scientifique dans des contextes divers et variés. Il offre une bonne vitrine aux chercheurs et aux praticiens qui souhaitent avoir une idée rapide et concise sur les dispositifs d’incubations à travers le monde.

Mis en ligne sur Cairn.info le 27/05/2016
https://doi.org/10.3917/entin.026.0043
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