CAIRN.INFO : Matières à réflexion
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L’auteur

Norbert Alter est professeur de sociologie à l’Université Paris-Dauphine. Il est spécialiste des questions d’innovation et de coopération dans les organisations, il mobilise les théories sociologiques, psychologiques et anthropologiques pour analyser les pratiques de gestion. Il a publié notamment :
Sociologie de l’entreprise et de l’innovation, Paris, Presses Universitaires de France, 1996.
L’innovation ordinaire, Paris, Presses Universitaires de France, 2000. (Prix du livre Ressources Humaines 2001, décerné par Le Monde, Sciences Po., Syntec)
Les logiques de l’innovation (Direction) Paris, La Découverte, 2002.
Donner et prendre. La coopération en entreprise, Paris, La Découverte, 2009. (« Stylo d’or » 2009, Décerné par L’Express, Le Figaro et l’ANDRH et Prix du livre Ressources Humaines 2010, décerné par Le Monde, Sciences Po., Syntec).

1 Dans son dernier livre La force de la différence, Itinéraires de patrons atypiques, Norbert Alter explique la manière dont des hommes et des femmes issus de minorités sont parvenus à inverser leur destin en faisant de leur différence une force. Plus largement, le livre propose une sociologie de l’ « étranger », au sens métaphorique du terme : une sociologie de ceux qui ne sont « ni ici, ni ailleurs », qui n’occupent pas une place sociale, mais l’espace intermédiaire qui sépare ces places.

2 Son livre s’appuie sur une soixantaine d’entretiens d’entrepreneurs et de dirigeants. La définition qu’il donne de la différence est pragmatique. Elle repose sur les critères classiques de la diversité (personnes handicapées, issues des minorités ethniques ou religieuse, ou homosexuelles), mais il y adjoint deux autres critères parce qu’ils s’associent rarement aux positions dirigeantes, sauf dans les petites entreprises : l’autodidaxie et le sexe féminin.

3 Ce qu’explore l’auteur est la « capacité énigmatique » de ces personnes à devenir des patrons, c’est-à-dire à prendre une place sociale tout à fait différente de celle à laquelle leur origine les prédestinait. Norbert Alter montre tout au long du livre que cette capacité à inverser son destin consiste à ne pas se soumettre au rôle que les autres attendaient d’eux, qu’ils soient ou non membres de leur communauté d’origine. En effet, contrairement à ce que les travaux de l’école interactionniste américaine [1] montraient au sujet des marginaux, les patrons atypiques refusent l’intégration à leur communauté d’origine et renoncent donc au soutien identitaire que cela procure. Le livre leur donne fréquemment la parole :

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« Moi, typiquement, je ne m’entends pas du tout avec d’autres sourds. Je n’ai pas du tout le même humour. Même si je parle la langue des signes, je n’ai pas envie de la pratiquer. Et puis ils sont constamment dans un mécanisme où ils se renferment sur eux-mêmes, en disant : « voilà, on va créer ce qu’on appelle le monde des sourds ».
(Dirigeant, sourd)

5 Norbert Alter montre dans le premier chapitre que les patrons atypiques ressemblent aux métèques (les étrangers) de la Grèce antique qui occupent une place intermédiaire dans la société. Ils ont ainsi une identité de « l’entre-deux ». Même s’ils parviennent à occuper des fonctions socialement enviables, ils n’ont bénéficié ni de la même histoire, ni des mêmes droits pour accéder aux mêmes honneurs que les « citoyens ». Ils demeurent des métèques. (p. 46). Pour surmonter la dévalorisation et la méfiance fondamentale dont ils ont été l’objet très tôt dans leur vie, ils adoptent une posture assez rare chez les normaux et spécifique de la place des étrangers : ils ont une position extérieure, distanciée des pratiques sociales considérées comme allant de soi par la majorité.

6 Ce « regard de l’étranger » (chapitre 2) représente une ressource stratégique essentielle à la fois pour réussir professionnellement et pour construire une identité positive qui dépasse les stéréotypes identitaires auxquels ils étaient normalement condamnés. La position d’extériorité, lorsqu’elle est distanciée, puis acceptée et valorisée par l’individu, constitue une force parce qu’elle permet d’innover, c’est-à-dire d’aller au-delà des conventions. Faute de pouvoir ou de savoir respecter les formes habituelles de la vie sociale, les patrons atypiques pénètrent en effet plus directement les contenus professionnels des échanges, souvent de manière plus personnelle et plus efficace.

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« Je vois les choses de l’extérieur. Le fait que je ne sois pas natif m’amène à voir les choses différemment, en relief. C’est ce que j’appelle la vision tactique des choses. Ce relief, il est lié à ma lucidité de l’individu, à ma capacité à comprendre l’homme en situation ».
(entrepreneur issu de l’immigration, page 61)

8 Cette position les conduits à prendre des risques là où les normaux préfèrent des actions conformistes, à distinguer des espaces de jeu et des opportunités car ils ne regardent pas tout à fait les mêmes choses que les normaux ou les dominants. En particulier, les personnes interrogées réfléchissent en terme d’action (que puis-je faire dans cette circonstance ?) plus que de situation (quelle est ma place, quel est mon rôle ?) (p. 76). Ce rapport original, curieux et pragmatique aux autres et au monde qui les entoure finit à la longue par construire un socle identitaire fondamentalement assis sur trois valeurs caractéristiques des entrepreneurs : l’engagement, l’effort et l’aventure.

9 En s’appuyant sur le sociologue Simmel [2], Norbert Alter montre que cette culture correspond à l’identité particulière de l’étranger, qui est toujours de passage entre deux mondes. Entreprendre est une aventure recherchée en tant que telle, parce que la personne s’y entreprend en même temps. Étant relativement insensibles aux normes conventionnelles de production de leur équipe ou de leur milieu professionnel parce qu’ils y sont en partie extérieurs, les patrons atypiques centrent leur travail sur l’engagement, la relation directe et l’efficacité :

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« Mes clients me reconnaissent comme quelqu’un qui tient ses engagements. Et à partir de là, il y a une relation qui est très simple avec les clients, c’est-à-dire qu’on est très transparents. Tout ce qui est habillage de parole, etc., moi, ça me passe au dessus, parce qu’il n’y a pas d’utilité à faire ça. Après, je ne sais pas si c’est mon handicap qui me pousse dans cette voie-là, pour que j’attache moins d’importance à la parole qu’à l’écrit ».
(Dirigeant sourd, page 102)

11 Du fait de son handicap social, le différent est conduit à prendre plus de risques que la moyenne. En effet il a l’impression de n’avoir à la fois « rien à perdre » lorsqu’il s’engage sur le plan économique et professionnel et « tout à perdre » sur le plan social. Car s’il n’agit pas, cela signifie dans son cas de demeurer dans la situation de stigmatisation, c’est-à-dire d’exclusion sociale liée à sa différence :

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« Le fait de quitter son milieu d’origine, je pense que ça pousse à créer. Quelqu’un qui a tout, il ne va pas monter son entreprise, il reste dans son coin. Moi, je considère que je n’ai rien à perdre. J’ai une approche du risque différente. Je n’avais pas peur de perdre. J’estime qu’il est plus gênant de demander de l’aide, que de faire faillite. Je n’ai pas eu peur de faire faillite. Socialement je ne me serais pas senti diminué. Malgré le regard de la société française, avec un noir qui monte sa boîte et qui échoue… ça ne m’aurait pas posé de problème, ça ne m’aurait pas gêné ».
(Entrepreneur autodidacte issu de l’immigration, page 113)

13 Les patrons atypiques savent également d’expérience « que l’exclusion peut faire partie de la vie, qu’elle représente une souffrance mais pas une déchéance. Ils savent surtout que l’on peut s’en remettre. Cette conception du monde amène ainsi à considérer l’échec potentiel comme un élément du processus d’apprentissage ». (pages 114-115).

14 L’ensemble de ces valeurs, revendiquées en tant que telles, finissent par constituer une véritable éthique, une morale de l’engagement et de l’effort qui n’est pas sans rappeler celle des premiers entrepreneurs capitalistes analysés par le sociologue Max Weber [3]. Au-delà de l’investissement de nature économique, l’engagement professionnel des patrons atypiques a une portée humaniste. Ayant réussi à trouver les clés d’un système qui ne leur laisse habituellement pas de place, ils se sentent investis d’une véritable mission : transmettre au plus grand nombre leur conception de l’effort et de l’engagement, rendre les relations entre les êtres plus ouvertes et plus justes.

15 Ils donnent à leur tour beaucoup de leur énergie à cette cause, et souvent bien plus que les normaux. L’explication fournie par Norbert Alter provient une fois encore de leur situation particulière d’étranger. Dans le monde de l’entreprise, les différents se trouvent amenés à donner plus que les normaux parce que donner endette l’autre et l’amène à sortir des conventions relationnelles. Ils prennent donc le risque d’être le premier à donner pour engager des liens de type don-contre don. (page 190).

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« Ma gratitude, je pense que c’est « donner à mon tour ». […] Mais vous donnez beaucoup quand vous recevez. Enfin, moi, je suis absolument convaincue qu’on se sent valorisée quand quelqu’un vous écoute sur la façon dont vous faites les choses… Donner et recevoir, ce n’est pas quelque chose de bivoque. C’est bien dans les deux sens que les choses se passent. […] Et du coup, vous vous enrichissez de tas de choses. Moi, ça a été d’une grande richesse. Est est-ce qu’ils l’ont fait plus parce que j’étais différente au sens de votre sujet ? […] Comme j’étais différente, du coup… Cette émotion liée au fait de vouloir donner, de vouloir faire grandir, était beaucoup plus forte ».
Femme dirigeante, page 193)

17 Le livre de Norbert Alter précise aussi que cette culture s’entretient et s’apprend. (chapitres 4 et 5). Tout d’abord, il y a la résilience vulgarisée par le psychologue Boris Cyrulnik [4]. Celle-ci renvoie à la capacité à raconter, dire les choses, à les mettre en récit. Pour les différents, elle a une fonction très importante consistant à mettre à distance les relations, les comprendre, mais aussi jouer sur l’ambiguïté. Il y a aussi une capacité à se mettre à la place de l’autre, à faire preuve de davantage d’empathie que les normaux, à se concentrer davantage sur l’intention manifestée par le regard d’autrui plutôt que sur les codes sociaux habituels qu’ils ne maîtrisent pas. Tous ces moyens, appris à travers l’expérience, permettent de déplacer le registre des relations convenues vers des relations de personne à personne, de changer la donne.

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« Je gère les relations sociales à ma façon. C’est-à-dire que jamais je ne crie, jamais je ne hurle, je parle toujours à voix audible et je joue un dialogue sur un autre registre. J’essaye d’expliquer ce que je fais, pourquoi je le fais.[…] Et ça se passe pour l’instant extrêmement bien. Mais ça les a obligés à changer. Donc j’ai changé la donne en quelque sorte. Les règles du jeu ont changé, entre nous. Entre la direction et les organisations syndicales. […] Je ne pense pas que ce soit une compétence féminine. En revanche, je pense que face à des représentants syndicaux qui sont des symboles de masculinité, ça les oblige, c’est le mot qui me vient, le fait que je sois une femme et que je me comporte comme je me comporte, ça les oblige à avoir un comportement différent. »
(Femme dirigeante, p 159)

19 Mais au-delà de l’entraînement de ces capacités par la personne différente au cours de ses relations avec les normaux, Norbert Alter indique qu’aucun différent ne parvient à inverser son destin seul. Tous les entretiens indiquent que ces personnes ont bénéficié à un moment ou un autre de leur histoire de l’aide matérielle, du soutien affectif, du réseau de relations ou encore un regard bienveillant d’un autre (page 175). Ces personnes aidantes peuvent être des parents, l’être aimé ou encore un représentant d’une institution. Un magnifique témoignage relate l’importance de ces trois types d’acteurs qui permettent au différent de croire qu’il vaut la peine de persévérer dans sa volonté et ses efforts afin de s’en sortir quelle que soit sa position sociale initiale :

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« Il y a trois choses qui ont beaucoup compté. Tout d’abord, la considération de ma femme. Alors qu’on est de milieux socialement complètement décalés [elle fait partie de la moyenne bourgeoisie française], on va devenir mari et femme. Il y a mes parents, qui m’ont appris que pendant la décolonisation il y avait des français qui risquaient leur vie, qui ont été torturés, qui ont été exécutés parce que justement ils défendaient notre cause. […] Il y avait des Français qui étaient prêts à donner leur sang parce qu’ils savaient qu’il y avait des êtres humains qui étaient mal considérés, il avait aussi des Français qui étaient capables de découper les autres en morceaux. Et puis la troisième, c’est un policier. […] Je suis victime d’un retrait de permis, j’ai grillé un feu rouge, donc je suis convoqué au commissariat : je dois restituer mon permis. Donc j’y vais bien habillé, j’y vais avec mon registre du commerce. Je lui [au policier] explique ma situation et je lui dis : « si on me retire mon permis, ma vie va rebasculer. » Et là, le gars que je ne connais pas, me rend mon permis de conduire et me dit : « Tiens, ton permis de conduire, il devrait être dans le tiroir. » Puis il ajoute : Si tu te fais arrêter, tu me téléphones tout de suite ». Vous vous rendez compte, le mec, ce qu’il a fait ? Pourquoi ? […] ça vaut tout l’or du monde… Ça me permet d’avoir un autre regard. C’est pour ça, je parle de ces éléments, de ces trois histoires, c’est vraiment les trois choses qui m’ont vraiment marqué dans la vie.
Q – Vos parents, votre femme et le policier.
– C’est ce qui m’a permis de me dire : « bon OK, ça vaut le coup de continuer à pratiquer ce qu’on t’a appris » ».
(Entrepreneur autodidacte, issu de l’immigration, pages 176-177.)

21 Finalement, si les patrons atypiques ont réussi à devenir eux-mêmes, c’est parce qu’ils ont fait un apprentissage permanent sur eux-mêmes (chapitre 6). Cela tient à leur capacité réflexive, véritable « regard intérieur » introspectif tout aussi curieux et vigilant que celui porté sur le monde extérieur auquel ils doivent s’adapter. L’enjeu est d’inventer leur place indépendamment des stéréotypes qui les enfermaient à l’origine dans un destin d’exclu tout en trouvant une cohérence identitaire avec leur histoire et leurs valeurs. Il s’agit de pouvoir donner un sens à sa vie. « La « niaque » qu’évoquent si souvent les patrons atypiques provient de ce processus : ils ne luttent pas seulement pour faire carrière, obtenir des contrats ou gagner beaucoup d’argent, ils s’engagent tout autant pour donner raison à ce qu’ils sont et à ce qu’ils furent, tout en respectant de nouvelles règles du jeu. » (page 229)

22 Trouver le sens de leur vie passe donc selon Norbert Alter par un apprentissage permanent. Au-delà des quelques moments de break qu’ils prennent ça ou là, les patrons atypiques témoignent surtout d’une réflexivité continue à propos des multiples interactions du quotidien dans lequel ils doivent réagir différemment. Un cadre supérieur handicapé de formation ingénieur fournit une image très parlante de cette capacité à résister aux agressions extérieures en évoquant les propriétés de l’inox.

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« Plus on vieillit, plus la carapace est dure, donc c’est plus dur… Mais le fait d’être inoxydable… si on regarde le zinc… plus on avance dans le temps, plus on est inoxydable. […] Plus le métal avance dans le temps, et plus il est inoxydable. […] Donc finalement, c’est une belle image pour dire que quelqu’un de différent, toutes les petites attaques qu’il a, c’est rien, quoi, au contraire, ça le renforce. »
(Cadre supérieur handicapé page 223)

24 Ce que montre Norbert Alter au-delà du cadre d’analyse de la résilience par Boris Cyrulnik, c’est que les patrons atypiques doivent constamment réinventer leurs interactions, pour construire un rapport supportable à soi-même et aux autres (page 240). Finalement, la trajectoire des patrons issus de la diversité démontre qu’il est possible de maîtriser le stigmate initial, en construisant au jour le jour une cohérence identitaire, à partir de ce qu’ils font et de ce qu’ils sont et dont ils sont devenus fiers. C’est en parvenant à modifier les interactions avec le milieu auquel ils sont confrontés qu’ils parviennent à se reconstruire. C’est en entreprenant qu’ils parviennent à conjurer le sort, à se réinventer.

25 Pour tous les chercheurs en entrepreneuriat, comme pour les accompagnateurs, cette analyse issue des sciences humaines semble très précieuse. Sur le plan théorique, elle enrichit considérablement l’interprétation des soubassements identitaires à l’œuvre dans la capacité typiquement entrepreneuriale à construire des opportunités, dans la dialogique entrepreneuriale personne/projet énoncée par Bruyat [5] ou dans la notion de « pertes acceptables » sous-jacente à la logique d’action-réflexion effectuale décrite par Sarasvathy [6]. La manière dont les patrons atypiques reconstruisent leur cohérence identitaire par la modification de leurs rapports aux autres et à eux-mêmes apparaît systématique en entrepreneuriat. La description de Norbert Alter offre donc un cadre théorique d’analyse très précis qui explicite les moteurs, les processus et les facteurs de cette aventure de reconstruction. Il explicite l’articulation toujours à bâtir et complexe dans le cas des entrepreneurs, entre l’identité pour soi (valeurs personnelles) et l’identité pour autrui (reconnue par les autres), entre l’identité héritée, celle de la famille et celles issues de son milieu et l’identité visée, celle que propose la société ou le milieu professionnel et qui est souhaitée.

26 Sur le plan pratique, le livre de Norbert Alter fourmille de récits et de témoignages comme ceux qui sont reproduits dans ce court résumé. Ils permettent de rentrer dans la compréhension de ce que signifie vraiment le travail de reconstruction de soi vécu par les personnes issues d’un monde différent et les entrepreneurs d’une manière générale.

27 C’est en soi très précieux pour les « normaux » et en particulier tous ceux qui accompagnent les entrepreneurs sans avoir jamais eu à produire une telle transformation d’eux-mêmes. Les « normaux » font souvent inconsciemment l’hypothèse basée sur des croyances peu vérifiables, soit que ce travail va de soi, soit qu’il repose entièrement sur des capacités innées (la résilience par exemple), soit encore qu’il est extrêmement difficile voire impossible de transformer son identité lorsqu’on provient d’un monde d’exclus. Le livre de Norbert Alter explique aussi à quel point les regards soutenants de l’entourage de ceux qui entreprennent un tel voyage identitaire sont importants pour aider celui qui passe d’un monde à l’autre, à se reconstruire. Lui offrir quelques moments protégés des impératifs de l’action immédiate pour qu’il raconte comment il agit et à travers cela, comment il analyse son rapport aux autres et à lui-même est indispensable. Ces temps-là et cette posture d’écoute-là rendent possible le travail de mise en cohérence jamais fini entre ce dont on est issu et qui faisait souffrir et ce à quoi on aspire.

28 Il ne dit pas par contre comment se construit la posture d’écoute nécessaire chez les accompagnateurs, ou comment il conviendrait de les recruter ou de les former pour aider au mieux les entrepreneurs. L’interview menée avec l’auteur permet néanmoins d’avancer quelques débuts de réponse.

Notes

  • [1]
    Deux auteurs particulièrement influents de cette école, E. Goffman dans La mise en scène de la vie quotidienne (Editions de Minuit, 1973) et H. Becker dans Outsiders. Études de sociologie de la déviance (Métailié, 1985) montraient que les déviants tissent généralement des liens forts dans des petites sociétés à côté du monde normal - par exemple les consommateurs de drogue - appelées communautés de socialisation secondaire, afin de “tirer fierté de leur mal” et ainsi obtenir la reconnaissance, l’épanouissement et la satisfaction nécessaire à leur survie identitaire.
  • [2]
    Georg SIMMEL, Philosophie de l’aventure, (1911) Paris, Éditions de l’Arche, 2002
  • [3]
    Max WEBER, l’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme (1904) Paris, Gallimard, 2003
  • [4]
    Boris CYRULNIK, Les vilains petits canards, Paris, Odile Jacob, 2004
  • [5]
    C. BRUYAT, (1993) Création d’entreprise : contributions épistémologiques et modélisation » Thèse de doctorat en Sciences de Gestion, Université Pierre Mendès-France, Grenoble.
  • [6]
    S. SARASVATHY (2001) Causation and Effectuation : Towards a Theoretical Shift from Economic Inevitability to Entrepreneurial Contingency, Academy of Management Review, vol 26, n°2, pp 243-288
Mis en ligne sur Cairn.info le 30/04/2014
https://doi.org/10.3917/entin.020.0087
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