CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Les points forts

  • Comme Job, ce personnage biblique à qui tout a été donné, puis repris, avant qu’il ne finisse par manifester une remarquable résilience, l’entrepreneur contemporain est un héros-martyr.
  • Tout comme Job, l’entrepreneur est tour à tour adulé puis vilipendé. Mais tout comme Job, il est capable d’une extraordinaire capacité à rebondir.
  • L’intelligence entrepreneuriale se caractérise par l’aptitude à transformer les crises en opportunité, à déployer une pensée « effectuale » complexe, à fuir les certitudes et les schémas préétablis, à puiser de l’énergie et à re-naître dans chaque crise qui se présente. Steve Jobs en est le prototype.

1Histoire biblique. Job [1] est ce notable, heureux en affaires et en famille, qui perd en un instant tout ou presque : fortune, enfants, santé. D’autant plus accablé qu’il a toujours accompli son devoir et vécu dans la fidélité à son Dieu, il récuse le soutien de ses amis et exige justice auprès du Créateur. Qui d’ailleurs - après mille souffrances et discours - la lui rendra favorablement.

2Histoire vécue. Cette femme entrepreneur a créé son entreprise il y a cinq ans, elle a frôlé la faillite et levé des fonds, ouvert et fermé et rouvert des établissements, embauché et organisé des dizaines de personnes, peaufiné son concept, innové sur ses produits, tout est enfin en place. On la sent déterminée, concrète, autonome, visionnaire : un vrai modèle schumpétérien. Et pourtant, à la fin de notre conversation, elle lève les yeux au ciel et dit, imprécatrice et plaignante dans un même élan : « Avec tout ce que nous avons fait, pourquoi de Là-haut nous envoie-t-il la crise, là maintenant, alors que nous sommes en plein décollage ?! »

3Tilt ! Deux mondes, deux époques, deux figures, une même histoire… celle de l’homme qui voulut être roi, celle de l’homme qui marche, celle de l’homme qui tombe à pic, celui qui voulait être heureux [2], etc.

4Nous nous proposons d’explorer en quoi le mythe jobien éclaire ce héros moderne qu’est l’entrepreneur, héros que la foule tour à tour adule ou vilipende, que la nation alternativement finance, flatte ou fustige, que la théorie économique décrit à la fois et paradoxalement comme un homme d’aventures et un homme de prudence.

5Reprenant les trois étapes du récit biblique, nous regarderons d’abord l’entrepreneur comme un héros-martyr placé au cœur de contradictions douloureuses, contradictions qui le broieraient s’il n’était capable à l’instar de Job d’une incroyable force vitale intérieure. Cette vitalité sera notre second objet d’étude. Nous observerons enfin ce rapport au monde et à soi si singulier qui en résulte, accomplissement d’une révélation dans l’univers biblique et de l’émergence d’une intelligence entrepreneuriale dans le monde profane. [3]

Le héros-martyr

6Tel Janus, Job l’Entrepreneur est doté de deux visages. Côté pile, nous voyons un héros, l’incarnation de valeurs éminemment positives. Coté face, il est bafoué, menacé, dévalorisé. Une ambivalence dont il faut rechercher le sens.

Le héros

7La part lumineuse d’abord. Nous avons affaire à deux stéréotypes positifs, deux personnages mythiques qui incarnent un idéal dans et de la société dans laquelle ils évoluent, des hommes de haut rang dans la hiérarchie sociale de leur époque, des « justes » dans la Cité.

8Dès les premières lignes du texte bi­­blique on dit Job respectable (« cet homme était intègre et droit » [4]), fortuné (« le plus riche de tous les fils de l’Orient » [5]), respecté (« en me voyant les jeunes se cachaient, et les vieillards se levaient(…), les chefs retenaient leurs paroles » [6]), écouté, obéi par les hiérarques (« les princes (…) une fois que j’avais parlé, ils ne répliquaient pas » [7]), généreux, enfin (« je sauvais le pauvre qui implore » [8]). Magnifique portrait de notable.

9Projeté aujourd’hui, Job serait sans doute un chef d’entreprise prospère et reconnu qui aurait décidé d’élargir son champ d’action à son syndicat de branche, sa CCI ou un de ces clubs de dirigeants et qui associent développement personnel et professionnel, engagement politique et construction de réseau. Il rencontrerait ainsi ce modèle clé des sociétés occidentales modernes qu’incarne structurellement l’Entrepreneur.

10Le phénomène Tapie des années 80 laisse encore aujourd’hui des traces en la matière, et plus près de nous les sagas épiques de ces web-entrepreneurs devenus milliardaires s’exposent brillamment. Ce modèle est en réalité apparu en même temps que se mettaient en place les fondements du libéralisme intellectuel et économique, modestement à la fin du XVIIe siècle avec Boisguilbert puis en 1735 avec Cantillon, relayés avec force au début du XIXe par Ricardo et Say, et plus près de nous par Schumpeter et Kirzner. Ces auteurs attribuent tous à l’entrepreneur un rôle majeur dans le système économique et social, une place de leader naturel, de moteur, de carrefour, de gestionnaire de la prospérité des nations.

11L’Entrepreneur est aujourd’hui à ce point une figure centrale que notre système économique occidental est renommé « société entrepreneuriale » [9] faisant suite à la société managériale de l’après guerre. Entrepreneur ou rien ? Peu s’en faut, chacun se devant a minima de devenir entrepreneur de soi-même [10]. Centralité du concept constatée également à travers la volonté d’en démocratiser l’accès via la création en France du statut d’auto-entrepreneur (2009), le succès de celui-ci : un million d’inscrits [11] en trois ans !

Le martyr

12Et pourtant, Job-l’Entrepreneur-le-héros est aussi Job-l’Entrepreneur-le-martyr ! Depuis la Mésopotamie il y a 3500 ans - où le thème apparaît pour la première fois - jusqu’ à aujourd’hui, le concept de juste souffrant fait florès.

13Dans le cas du patriarche biblique, l’agression est initiée par Satan, qui obtient de Dieu l’autorisation de lui retirer sa famille et ses biens, puis sa santé. Ce qui est officiellement en jeu, c’est de savoir si les efforts de Job à tenir sa position d’homme « intègre et droit » sont motivés par la foi ou bien au contraire par l’intérêt et l’attente d’une rétribution. « Est-ce pour rien que Job craint Dieu ? » [12]. Il faut une triple mise à l’épreuve pour en avoir le cœur net : ce sera la ruine, la solitude et la maladie.

14L’entrepreneur est lui aussi placé au cœur d’une tourmente, comme si la Société souhaitait s’assurer une juste contrepartie à la position particulière qu’elle lui confère. La mise en cause est à l’instar de l’ordalie jobienne lancée sur trois fronts, par des attaques sur les pans majeurs du métier de patron : gestionnaire, organisateur, commercial [13]. Elle est magnifiquement résumée par l’aphorisme attribué à Churchill : « On considère le chef d’entreprise comme un homme à abattre, ou une vache à traire. Peu voient en lui le cheval qui tire le char ». Cette phrase est fréquemment et symptomatiquement affichée en bonne place dans les bureaux d’entrepreneurs militants, comme un défi crânement lancé à la face des contempteurs.

15Gestionnaire en effet, l’entrepreneur est contesté dans la répartition des profits. Critique de gauche classique qui trouve son origine dans la lutte des classes, de Guizot à Marx jusqu’à Jean-Luc Mélenchon. Entreprendre, soit, mais en tirer bénéfice : à voir. Quel entrepreneur ne s’est-il pas senti comme appelé au martyr en entendant les slogans anarcho-soixante-huitards : « on pendra le dernier patron avec les tripes du dernier curé » ? [14] Une partie de la société cloue ainsi au pilori celui qu’elle soupçonne d’accaparer une richesse qui serait produite par d’autres. Notons que le Centre des Jeunes Dirigeants a été fondé en 1938 par des entrepreneurs qui justement ne se reconnaissaient pas dans cette dichotomie. [15]

16Certes, dans les sociétés libérales contemporaines, on n’enlève ni ne brûle les troupeaux de l’Entrepreneur, mais on voudrait souvent augmenter ses impôts et lui imposer de nouveaux carcans… Manque de reconnaissance citoyenne et première blessure.

17À la contestation politique s’ajoute la contestation sociale. Responsable in fine de l’organisation du travail et des ressources dans son entreprise, il est perçu par les diverses parties prenantes comme une sorte de « petit roi » (l’expression est de Schumpeter). C’est vers lui que convergent toutes les requêtes, toutes les réclamations. Les salariés, les fournisseurs, les banquiers, les écologistes…, jusqu’à sa propre famille parfois : chacun attend quelque chose du chef d’entreprise ! L’accumulation de ces demandes, l’impossibilité le plus souvent de les satisfaire toutes, leur incompatibilité entre elles, constituent autant d’agressions que l’entrepreneur doit par nature affronter seul.

18À la victimisation politique et aux chocs internes s’ajoutent enfin les heurts du combat commercial. Il n’est pas d’entrepreneur qui ne passe un temps considérable « sur le terrain ». Il est alors confronté aux demandes spécifiques ou aux objections des prospects et/ou des clients. Ce produit, ce service qu’il a soigneusement peaufiné et que finalement il incarne si complètement, le voici soudain évalué, contesté ou négocié. Il doit revoir sa copie, repartir vaillamment à l’assaut et sans cesse prendre sur lui afin d’intégrer les objections et sollicitations à son projet.

19Dernière souffrance, donc, celle de la mise en cause par ceux-là même que l’entrepreneur souhaite séduire. Là niche la troisième blessure, au cœur de la relation quasi-amoureuse que l’entrepreneur entretient avec le marché.

Une contradiction à laquelle il faut donner sens

20Comment alors penser d’un seul bloc ce clivage qui caractérise Job l’Entrepreneur : à la fois un homme juste dans le regard des autres autant qu’à ses yeux propres yeux, mais aussi dans le même temps un homme victime d’a(A)utrui.

21L’analyse au premier degré du dialogue de Satan avec le Seigneur suggère une simple mise à l’épreuve. Cette interprétation peut certes être lancée en pâture aux masses, auxquelles on indique ainsi qu’une bonne place dans la société se mérite au prorata de la souffrance qu’elle engendre. Mais c’est un raisonnement qui peut être considéré comme caricaturalement christique. En tout état de cause, il ne permet pas le dépassement de la contradiction « héros versus martyr ».

22A contrario, la lecture initiatique du mythe jobien ouvre des perspectives pour le déchiffrage du phénomène entrepreneurial. Dans ce courant qu’incarne par exemple de Souzenelle [16], Job est le symbole de l’accomplissement du divin en l’Homme. Il est à ce titre le lieu d’un combat entre d’une part une morale figée et hétéronome, et d’autre part une essence intérieure et rédemptrice. Autrement dit, le juste souffrant, c’est le juste intérieur qui essaye à toute force de percer la carapace du politiquement correct. La douleur, c’est celle de la mue.

23La contradiction n’est alors plus posée comme un dommage collatéral dans l’histoire, elle en devient l’enjeu majeur, la finalité.

24L’entrepreneur est lui aussi un homme-frontière, l’un des passeurs du personnel au collectif et réciproquement, l’incarnation du neuf au sein de l’ancien et en retour la transmutation de vieilles ressources en résultats nouveaux. Au fond et comme les artistes, il n’est guère glorifié par la Société qu’à la mesure du combat qu’il mène contre elle et en elle, il en est précisément le champ de bataille, le lieu des blessures.

25Mais le juste souffrant, c’est justement celui qui introjecte la blessure, celui qui porte ses plaies de l’extérieur – Job et son ulcère malin [17]- vers l’intérieur, pour les transmuter. Job l’Entrepreneur est avant tout un individu singulier, une identité personnelle qui émerge, et ce n’est pas un hasard si la figure entrepreneuriale est née en même temps qu’apparaissait la séparation entre espace public et espace privé, au cours du XVIIIe siècle. Le rôle de médiation autrefois dévolu aux organisations est désormais confié aux individus, dont l’entrepreneur est l’un des nouveaux porte-drapeaux. Et si l’on en croit le sociologue Alain Ehrenberg [18], à cette nouvelle norme d’autonomie correspondent des carences et des détresses particulières, et notamment, rapportées en termes psychiques : la dépression et à l’addiction.

26On s’attend au pire… Job pourtant ne sombre pas !

27Il parvient à trouver en lui-même la force de survivre et même : contre-attaquer. Au cœur du récit biblique, 28 des 43 chapitres disent sa résistance active et mieux encore, son rapport offensif au Divin. En correspondance, L’Entrepreneur parvient le plus souvent [19] à puiser en lui-même la ressource pour faire face et déployer des stratégies de conquête face à l’adversité.

28La contradiction initiale du héros-martyr nous mène alors au paradoxe que nous pourrions nommer … l’énergique du désespoir.

L’énergique du désespoir

29« Mais comment fait il ?! », telle serait la question qui pourrait nous guider à ce stade. Où Job trouve-t-il la force de tenir bon face à la souffrance, face à la déchéance, face aux discours moralisateurs et méprisants qui lui sont infligés ? Et de même pour l’Entrepreneur, comment réussit il à conserver le cap lorsqu’il est - c’est inévitable un jour ou l’autre - confronté à l’adversité ?

30La question est d’autant plus prégnante que Job l’Entrepreneur ne se contente pas de résister à une force dont il serait la victime extérieure, ainsi que nous l’avons indiqué ci dessus, mais qu’il trouve dans un lui-même pourtant colonisé par le doute et l’opposition la force d’attaquer, d’agir et de revendiquer.

31Est-ce une question de traits de caractère ? Ou bien est ce que cela est relié à l’histoire de la personne ? Face à ces modèles diversement causaux, nous essaierons de montrer que c’est en fait de la situation elle-même que Job l’Entrepreneur extrait la force dont il a besoin pour survivre.

Un tempérament de gagnant ?

32L’exégèse est peu diserte quant à la personnalité profonde de Job. Aussi renverserons-nous le raisonnement qui nous a guidé jusque lors et commencerons-nous par chercher dans la théorie économique ces caractéristiques qui pourraient expliquer la résilience de l’Entrepreneur. Et s’il est vrai que les symboles ont rarement un visage - a fortiori lorsqu’il s’agit de l’Ancien Testament - nous tenterons de valider ces qualités à l’aune du texte biblique.

33Définir l’entrepreneur par son caractère, c’est précisément ce à quoi se sont attachés les premiers penseurs de l’entrepreneuriat. Ces précurseurs ont mis en évidence des caractéristiques qui seraient autant de marqueurs révélant le caractère entrepreneurial inné d’une personne. Pour Jean-Baptiste Say, les principales qualités de l’entrepreneur sont sa clairvoyance et son pragmatisme : « Rien ne peut suppléer chez le conducteur d’une entreprise la prudence et l’esprit de conduite, qui ne sont que du jugement réduit en pratique » [20]. Max Weber [21] attribue la réussite des entrepreneurs à leur ascétisme et à leur éthique du travail et de la réussite. Schumpeter s’inspirant de Darwin parle d’une « élite ayant fait ses preuves individuelles ou héréditaires » [22]. Leadership, force de caractère, intelligence de situation etc. le nombre de qualités augmente au fur et à mesure que s’ancre le paradigme, jusque quatorze pour le psychologue David Mc Clelland [23] et vingt-quatre pour les behavioristes qui suivent ! Innovateur, leader, preneur de risques modérés, indépendant, créateur, énergique, persévérant, original …. [24]. On flirte avec Prévert et son inventaire.

34Et Job dispose-t-il de tous ces traits de personnalité ? Appuie-t-il son extraordinaire entreprise de résistance active sur une panoplie aussi perfectionnée de qualités ? Force est de constater qu’il n’en est rien, du moins que rien ne le laisse paraître dans le Texte ou ses commentaires. Tout au plus lui prête-t-on de la loyauté [25] et de la patience (ou plutôt, selon l’affectueuse ironie de Pierre Assouline [26], « la capacité de prendre son mal en patience »). On peut donc avec de nombreux chercheurs [27] s’interroger quant à la pertinence d’enfermer l’entrepreneur dans une définition psychologisante.

La combativité, fruit d’une histoire ?

35S’agirait-il alors de l’effet d’une histoire personnelle, non pas de qualités innées, donc, mais de traits acquis ? Le modèle de Shapero [28] insiste largement sur l’importance de la trajectoire de vie, et notamment la notion de « déplacement » : l’acte entrepreneurial trouverait notamment sa source dans la compensation de problèmes rencontrés sur un autre champs (infirmité, immigration, offense etc.), ou bien dans l’attraction exercée par des référents personnels (famille, mentor, culture, par exemple). Des facteurs, respectivement, de push ou de pull.

36La lecture du Livre de Job nous éclaire là aussi assez peu sur le sujet. Bien sûr on pourrait supposer que la position sociale initiale du protagoniste lui a insufflé une image bonne et positive de lui-même. Voire ! Job apparaît de fait comme un personnage peu sûr de lui, à tel point par exemple qu’il se sent obligé de pratiquer les sacrifices de façon préventive [29]. Cela suggère qu’il serait possible d’être combatif comme un entrepreneur sans pour autant se ressourcer dans une narration personnelle de forte intensité.

37À moins d’assimiler la foi de Job manifeste à une forme de mentorat divin. Autrement dit et de façon quasi blasphématoire, ce serait en s’identifiant au Seigneur, en se plaçant mentalement sur un pied d’égalité avec Dieu que Job parviendrait à surmonter l’adversité. Cette conjecture n’est pas aussi audacieuse qu’il y parait et nous amène à formuler l’hypothèse suivante : ce n’est ni en ses capacités, ni en son histoire que Job l’Entrepreneur trouve la force de résister, cheminer, créer, mais c’est dans la situation elle-même.

Le problème est la solution !

38Nous soutenons en effet que l’explication de la résilience de Job l’Entrepreneur réside en sa capacité à se nourrir de l’adversité, à convertir en énergie positive les attaques dont il est l’objet, à faire d’un problème – et ici non des moindres - une opportunité.

39Cela tient d’abord à sa manière de poser le problème. Job n’est-il que cet homme juste soumis à l’incompréhensible colère divine, n’est il que l’enjeu d’un « pari stupide » ? Alors il n’y a rien à faire qu’à attendre, mieux, à mourir de suite, ainsi d’ailleurs que Job en est tenté : « Que ne suis-je mort au sortir du sein ? » [30], s’écrie-t-il il dans un premier temps. La psychanalyste Marie Balmary [31] nous offre une autre lecture : Job serait au départ un homme enfermé, stérilisé par le rôle de héros qui lui a été dévolu et qui lui colle à la peau ; l’épreuve lui permettant alors de poser sur lui-même un regard, un discours différent. Cette analyse nous fait ainsi valoir qu’il change de statut : d’objet (de l’admiration, de la tradition etc.) il devient sujet, acteur, auteur de son identité. Autrement dit plus simplement, c’est en passant de « il me tombe dessus un malheur » à « j’ai un problème » que Job commence à résilier et (se) construire.

40L’Entrepreneur a cette même capacité de poser un regard neuf sur des questions rebattues, sur des obstacles apparemment infranchissables. Le caractère innovateur dont il est garant commence là, par la façon de poser différemment les problématiques, dans la capacité à aborder les sujets avec un œil dessillé. Thème classique qu’illustre joliment la formule attribuée à Henry Ford « Si j’avais demandé aux gens ce qu’ils voulaient, ils m’auraient réclamé un cheval plus rapide », mais aussi le succès dans la communauté entrepreneuriale d’ouvrages tels que « Stratégie Océan Bleu » [32] ou « Disrupt » [33].

41Cette attitude cognitive est complétée par une formidable capacité de réponse aux objections : Job semble en effet littéralement se nourrir des commentaires et oppositions que lui font ses trois amis. Rappelons la situation : déchu de toutes ses possessions, en proie à la maladie, Job trouve refuge sur un tas de cendre loin de chez lui. Trois amis viennent le trouver et s’emploient à lui faire la morale. Leurs arguments sont d’ordre logique, ou moraux, ou encore sociaux, et ils ont tous en commun de désigner Job comme coupable [34] de ce qui lui arrive et lui proposer des solutions préfabriquées. Les mauvais esprits rapprocheront le discours des amis de celui de certains consultants « qui vous persuadent que votre problème est un clou pour mieux vous vendre un marteau ».

42Ce qui frappe alors est la vigueur de Job en réaction à leurs commentaires si souvent inappropriés. Silencieux au début de son épreuve, Job s’anime au fur et à mesure que les conseilleurs tentent de le renvoyer à sa culpabilité. Chaque argument est intégré, puis retourné et il donne lieu à de nouveaux développements de la part de celui qui est attaqué. Cela ressemble fortement à l’énergie d’un entrepreneur qui trouve dans les objections du marché des sources de nouvelles valeurs ajoutées. Ou encore à celle de celui qui contre toute attente tire des aspirations et contestations sociales dans son entreprise l’opportunité de nouvelles organisations du travail, elle-même plus fécondes et efficientes que les précédentes.

43Cela va plus loin. Job paraît littéralement puiser force et vigueur dans les admonestations dont il est l’objet, à tel point qu’il en vient – comble de l’audace - à appeler le Divin Lui-même en comparution directe : « Que Shaddaï me réponde ! », déclame-t-il [35]. On peut transposer cette démarche pour le moins osée à celle de l’entrepreneur qui brave les conventions et qui souvent est amené à faire passer avec culot sa vision auprès de collaborateurs, prospects, financiers et autres détenteurs de précieuses ressources. Pour le philosophe marxiste italien Antonio Negri, c’est la douleur même qui, abolissant la distance entre lui et le Créateur, lui ouvre tous les possibles : « Cette crise, au lieu de représenter seulement quelque chose de négatif, montre à l’inverse une indistinction terrible et créative » [36].

44Entreprendre, ce serait aussi cela : puiser dans l’extrémité elle-même de l’expérience l’option et l’énergie de tout remettre en cause, de ré-agencer le réel, de dépasser les interdits et les obstacles. De créer. Nous sommes bien loin du monopole divin ou d’une vision entropique. Et bien proches de la demande fréquente des fonds d’investissement à s’associer avec des créateurs personnellement très engagés.

45Il s’ajoute, enfin, une posture « sérendipiteuse » face à l’expérience, en tant que celle-ci propose en plusieurs fois de nouvelles ressources à Job l’Entrepreneur, dont il nourrit au fur et à mesure son projet.

46Tout n’est pas donné immédiatement. Les amis de Job s’expriment tour à tour, chacun en deux ou trois salves, et Job tire de chaque cycle de nouveaux arguments. Apparaît ensuite un nouvel intervenant, Elihou, et Job à nouveau trouve de nouveaux arguments, affine et enrichit son discours. On retrouve ici la notion importante contenue dans le paradigme de l’effectuation de la Professeure américaine Saras Sarasvathy [37] selon laquelle le projet entrepreneurial se constitue de façon cyclique, par agrégation successive des ressources rencontrées en cours de processus. Concrètement, l’entrepreneur n’a pas forcément de projet formel au départ, il est celui qui coagule des intuitions personnelles au fur et à mesure qu’il les confronte au réel via l’action et les rencontres.

47À la fin de ces cycles, Job l’imprécateur n’est plus Job le patriarche ! Et s’il retrouve in fine sa position, sa famille et ses biens - ses « avoirs » -, son être a changé. C’est en situation qu’il s’est révélé et a construit son identité, de même que l’Entrepreneur est celui qui en situation développe une attitude cognitive, responsive, créative, sérendipiteuse. Pour paraphraser Simone de Beauvoir : « on ne naît pas entrepreneur, on le devient ».

48Puis Yahvé prend la parole.

49Il nous conduit à l’ultime paradoxe, à la troisième couche identitaire et paradoxale de Job l’Entrepreneur, celui qui est appelé à devenir…

Le re-Créateur

50Les paroles divines [38] qui marquent la troisième partie du texte sont fréquemment interprétées comme des manifestations d’une toute-puissance qui viendraient mettre fin par « échec et mat » à la récrimination du pêcheur [39]. Il est vrai que celles-ci sont intimidantes au premier chef, de « où étais-tu quand Je fondais la terre » [40], à la suite de quoi le Seigneur énonce l’inventaire impressionnant de Sa création, jusque l’évocation de la force invincible du Béhémoth, autre nom de la Bête.

51Nous pensons au contraire qu’elles sont la suite logique et positive à la transformation intérieure qu’a vécue Job. Non pas, ainsi que les psychanalystes le formuleraient certainement, une parole « surmoïque », mais la reconnaissance, la relecture et la légitimation du trajet accompli, le renouvellement de l’ancienne Alliance.

52Fort en effet de son passage par l’adversité et des talents qu’il a déployés à cette occasion, Job est maintenant prêt à recevoir la Parole telle une semence féconde, et c’est justement pourquoi le Divin lui adresse à ce moment le message propre à accompagner sa renaissance. De la même façon, l’Entrepreneur qui naît à lui-même à travers la bataille pour son projet se voit de fait invité, s’il sait interpréter les signes et les rencontres, à instaurer une relation à soi-même et au monde qui seront propres à son épanouissement et à sa réussite.

Le Verbe de la renaissance

53Commençons d’emblée par remarquer que cette troisième et dernière partie commence précisément à l’issue de la convocation du Divin par un Job parvenu au pic de son imprécation : « Que Shaddaï me réponde ! » [41]… et le Seigneur paraît lui obéir, d’abord en lui envoyant un prophète, Elihou, puis en s’adressant directement à lui. Job obtient « sa » confrontation, le culot a payé.

54Plutôt pourtant que la récompense envers une audace vraiment singulière, la Parole Divine vient symboliser une forme de reconnaissance, l’expression de la dignité intrinsèque que Job a conquise. Le message subliminal serait le suivant : celui qui insiste, celui qui sans orgueil croit suffisamment en lui-même pour ne pas lâcher face à l’adversité, celui-là mérite la considération de l’Être Suprême. Il vaut que le Divin s’adresse à lui comme à un pair : « Je vais t’interroger, instruis-moi » [42]. L’ironie du propos, comme une improbable familiarité venant à l’appui de cette interprétation.

55Le discours céleste s’articule en trois grandes parties, entrecoupées d’appels à l’humilité humaine face à l’œuvre divine :

  • Le rappel de la Création, semblable à la Genèse à ceci près que le Divin parle à la première personne de Son œuvre [43] ;
  • L’évocation des animaux qui peuplent la terre, la merveilleuse diversité de leurs mœurs [44] ;
  • Enfin la description du Béhémoth, cet animal mythique, proche du Léviathan de l’Apocalypse et qui, bien que doté de toutes les forces bestiales est revendiqué comme de divine origine lui aussi [45].
Quel sens Job peut-il trouver à ce propos, au-delà de la considération de Qui en est l’auteur ? Dans une réflexion nous proposons ici trois axes de réflexion dont nous verrons qu’ils font parallèlement résonnance aux oreilles de l’Entrepreneur.

56Le premier axe est identitaire et parle du lien en l’être et l’agir. Par le rappel de la Création, le Divin semble dire « Je fais, Je dis, Je suis », et surtout une forme d’équivalence entre ces trois termes. À Job devenu soi-même, il est offert une nouvelle terre symbolique, celle de l’action et de la communication sourcées au cœur de l’Être.

57La présence du bestial au sein même du discours divin semble aller dans ce même sens, comme s’il était formulé l’injonction de puiser dans son être complet, dans le pulsionnel comme dans l’éthique. Abattre les frontières du rationnel et du traditionnel, aller chercher au-delà du raisonnablement connu pour trouver l’imprévu. Qu’il est loin, le si superficiel patriarche des débuts, l’homme de la vertu apparente et des avoirs matériels !

58La deuxième leçon nous semble-t-il : diversité, altérité, complexité. C’est le sens de l’appel à tous ces animaux, à leur variété, à leurs multiples façons de se nourrir, de se mouvoir, de former tribu et famille. La pensée de Job, tellement conformiste au début du récit est appelée à reconnaître la richesse de l’environnement. L’adversité a ouvert son regard et le Divin lui offre à voir tout ce qui est, Il l’invite à méditer sur le vivant en son inépuisable richesse et ses innombrables témoignages. Job comprend qu’il doit changer sa vision du monde, accepter que coexistent des contraires [46], que s’affrontent des complémentaires… que l’hypothèse d’un ordre universel et unique, celle d’une rationalité immanente doivent être abandonnées.

59Un troisième enseignement tient à la foi et à la sagesse. Le Job du départ observait la religion, révérait les règles comme s’il s’agissait d’absolus. A celui qui dans l’épreuve n’a cessé d’en appeler au Seigneur, à celui qui jamais ne semble avoir abandonné la foi, le Divin indique qu’il s’agit moins de croire en une puissance absolue – de s’y soumettre – que d’agir avec, interpeler et interroger le mystère, d’accepter que tout ne soit pas joué d’avance et que dès lors il convient non seulement d’agir là où cela est possible, mais aussi d’imaginer l’impossible. « Pare-toi donc de fierté et de splendeur(…) Moi-même je te célébrerai de ce que ta droite t’aura sauvé » [47].

60Job accuse réception de cette dernière leçon lorsqu’il répond pour la dernière fois à Yahvé « Je sais que tu peux tout, que nul projet pour Toi n’est irréalisable » [48], que l’on peut certes interpréter au premier degré comme un acte de contrition, mais qui nous apparaît plutôt comme la reconnaissance de ce que tout est possible dès lors que l’on donne crédit au mystère.

61Ces trois messages, l’Entrepreneur les entend lui aussi, ils font sens dans le rapport qu’il entretient avec lui-même et avec le monde, ils sont la trame d’une véritable… intelligence entrepreneuriale.

Intelligence entrepreneuriale

62Comme Job qui reçoit la Parole, l’Entrepreneur peut tirer de son vécu, de ses aventures un enseignement fondateur. Par correspondance, les trois axes « divins » que nous avons identifiés dans le texte biblique nous permettent de postuler l’existence d’une intelligence entrepreneuriale distincte composée de 3 briques fondamentales. Et si la caractériser renvoie à la question que pose Saras Sarasvathy « What makes entrepreneurs entrepreneurial ? » [49], nous proposons ici d’élargir la réponse qu’elle propose. La pensée entrepreneuriale est non seulement une pensée effectuale, mais aussi une pensée complexe et une pensée positive.

63Premier ingrédient de l’intelligence entrepreneuriale, en liaison avec l’axe identitaire du discours divin : la pensée effectuale. L’Entrepreneur n’est pas dans son essence un homme de stratégie et de management, même s’il peut utiliser ces techniques en tant que de besoin. Sa force n’est ni la prévision, ni la logique causale. Elle se trouve dans sa capacité à construire progressivement son projet et son espace économique, en fonction de qui il rencontre et de ses expériences. De proche en proche, ainsi, il ajuste et aligne qui il est, ce qu’il dit, ce qu’il fait. Logique de Créateur dans une logique de contingence.

64La deuxième composante de l’intelligence entrepreneuriale est certainement la capacité à adopter une pensée complexe au sens d’Edgar Morin ou de Jean-Louis Lemoigne. Là où le manager – le Job du début du récit – s’appuie sur une logique mécaniste et un principe du tiers exclus, Job l’Entrepreneur regarde avec le Divin la magie de la création, sa variété, sa pluralité de modes. À observer par exemple l’entreprise et l’ensemble de ses parties prenantes, l’entrepreneur sait que le tout est à la fois plus riche et moins riche que la somme de ses fractions. Il perçoit les hologrammes, les relations dialogiques, les boucles récursives etc. Il s’inscrit dans « cet aller et retour incessant entre certitudes et incertitudes, entre l’élémentaire et le global, entre le séparable et l’inséparable(…) », il articule « les principes d’ordre et de désordre, de séparation et de jonction, d’autonomie et de dépendances » [50].

65Reste la question de la Foi. Elle se manifeste très concrètement pour l’Entrepreneur dans un optimisme de principe. C’est l’ultime invite du Seigneur à Job : agir comme si ce qui était important était par nature jouable, considérer avec Job que « nul projet n’est irréalisable », faire selon le mot de Philippe Gabillet [51] le « pari qu’il existe une solution » et la chercher. Cet optimisme se traduit très concrètement par une culture de l’opportunité et un regard qui recherche les facteurs positifs au sein de l’environnement.

66Dernier discours de Job [52], pourtant toujours « sur la poussière et la cendre », il déclare avoir acquis la faculté de « discerner les merveilles ». L’optimisme de l’Entrepreneur se situe dans cette exacte tension mise en scène à la fin du récit : ancré dans le réel, mais en puissance de voir les forces et les opportunités.

Du pauvre Job à Steve Jobs

67De Job à Jobs, il n’y a qu’un pas à franchir, juste une lettre, ce « s » qui justement représente dans la tradition kabbalistique le mot Shaddaï, l’un des noms du Divin. Admirable raccourci pour celui qui a inspiré tant d’entrepreneurs et que l’on a si souvent comparé à un nouveau Messie.

68Pour un Steve Jobs en effet qui a fait de sa vie une œuvre et de son entreprise la fabuleuse réussite que l’on sait, combien de Job(s) sur la route ?

69Le message que le créateur d’Apple adresse aux étudiants de Stanford [53] et à travers eux aux entrepreneurs du monde entier s’avère cohérent avec notre proposition d’une intelligence entrepreneuriale qui s’appuierait sur trois piliers :

  • Une pensée effectuale : « On ne peut prévoir l’incidence qu’auront certains événements dans le futur ; c’est après coup seulement qu’apparaissent les liens. Vous pouvez seulement espérer qu’ils joueront un rôle dans votre avenir. »
  • Une pensée complexe : « Ne soyez pas prisonnier des dogmes qui obligent à vivre en obéissant à la pensée d’autrui. Ne laissez pas le brouhaha extérieur étouffer votre voix intérieure. Ayez le courage de suivre votre cœur et votre intuition. »
  • Une pensée positive : « J’avais été éconduit, mais j’étais toujours amoureux. J’ai alors décidé de repartir de zéro. Je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite, mais mon départ forcé d’Apple fut salutaire. Le poids du succès fit place à la légèreté du débutant »
Il se termine par le fameux « stay hungry, stay foolish », comme un lointain écho au « Dresse toi, discerne les prodiges du Divin » d’Elihou [54].

70Peut-on conclure autrement, alors ? Pris de vertige lui aussi au moment d’achever ses « vies de Job » [55], Pierre Assouline appelle à la rescousse la chanteuse Billie Holiday : « Au fond, dit il [elle] avait tout compris » : Dont Explain[56]. Ne pas chercher à comprendre, faire silence et reconnaître le caractère indicible de l’expérience de Job. Il en va sans doute de même avec l’acte entrepreneurial.

71Dernier parallèle donc, explication aussi de ce pourquoi l’entrepreneuriat est d’enseignement si difficile. Car comme le chante Billie Holiday de sa voie rauque : c’est de joie et de douleur qu’il s’agit. C’est d’amour.

Notes

  • [1]
    La Bible, Ancien Testament, le Livre de Job. Nous utilisons pour l’essentiel la traduction du Chanoine Osty, Seuil 1973
  • [2]
    Rudyard Kipling (1888), Alberto Giacometti (1960), Série TV américaine (the Fall Guy), créée par Glen A. Larson (80’s),Laurent Gounelle (2008)
  • [3]
    Nous parlerons dans la suite de cet article de Job lorsqu’il s’agira du personnage biblique, de « l’Entrepreneur » pour évoquer la figure générique entrepreneuriale, et enfin de « Job l’Entrepreneur » dès lors que nous serons sur des traits communs aux deux précédents
  • [4]
    LdJ 1-1
  • [5]
    LdJ 1-1
  • [6]
    LdJ 29 -8 et 9
  • [7]
    LdJ 29-10
  • [8]
    LdJ 29-12
  • [9]
    Cf David B. Audretsch The entrepreneurial society, Oxford University Press, 2007
  • [10]
    Cf Bob Audrey, L’entreprise de soi, Ed Flammarion, 2000
  • [11]
    Source http://www.union-auto-entrepreneurs.com, chiffres de Janvier 2012
  • [12]
    LdJ 1-9
  • [13]
    Karim Messeghem, Sylvie Sammut, l’entrepreneuriat, EMS2011. Page 67. Les auteurs distinguent quatre pans de l’action entrepreneuriale, ‘légitimateur’, gestionnaire, organisateur, commercial.
  • [14]
    Il est à cet égard amusant de constater sur le web que le « matériel » est réputé devoir être fourni non plus par les ecclésiastiques comme en 68, mais en 2002 par les ‘fachos’ et en 2011 par les banquiers.
  • [15]
  • [16]
    Annick de Souzenelle, Job sur le chemin de la Lumière, Albin Michel 1999
  • [17]
    LdJ 2-7
  • [18]
    Alain Ehrenberg, L’individu incertain, éd Calmann-Levy 1995 ; la fatigue d’être soi, Odile Jacob 1998
  • [19]
    … Pas toujours ! Sur réalité de la santé des entrepreneurs, cf Observatoire Amarok, http://www.observatoire-amarok.net/
  • [20]
    Cité par Francois Facchini, l’entrepreneur comme un homme prudent, RFG 2007/4 p32
  • [21]
    Max Weber, L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme, 1904-1905, Flammarion, 2000.
  • [22]
    Cité par Fabrice Dannequin, l’Entrepreneur Schumpeterien, Revue pluridisciplinaire en sciences de l’Homme et de la société, Juin 2006
  • [23]
    David C McClelland, The achieving society, Princeton NJ 1961En ligne
  • [24]
    Cité par Louis Jacques Fillion, in Le champs de l’entreprenariat, historique, évolution, tendances, cahier de de recherche 1997/01 HEC Montréal 1997
  • [25]
    Cf LdJ 2-10 « Nous recevons de Dieu le Bien, et nous n’en recevrions pas le mal ? »
  • [26]
    Pierre Assouline, Vies de Job ; Gallimard p 209
  • [27]
    Cf Karim Messeghem, Sylvie Sammut, l’entrepreneuriat, EMS2011. Page 54-55
  • [28]
    Albert Shapero The displaced uncomfortable entrepreneur, Psychology Today vol 9, 1975
  • [29]
    LdJ 1-5
  • [30]
    LdJ3-11
  • [31]
    Marie Balmary, La divine origine, 1993, Livre de Poche 2000 p.221-233
  • [32]
    W. Chan Kim, Renée Mauborgne Pearson Village Mondial 2008
  • [33]
    Luke Williams, disrupt, FT Press 2011
  • [34]
    Au lieu de responsable ! Mais c’est une autre histoire.
  • [35]
    LdJ 31-35
  • [36]
    « Job, la force de l’esclave », Bayard, 2002, p 98
  • [37]
    Saras D. Sarasvathy « Causation and Effectuation : Towards a Theoretical Shift from Economic Inevitability to Entrepreneurial Contingency », Academy of Management Review, vol 26,2001, n°2, pp243-288
  • [38]
    LdJ chapitres 38 à 41
  • [39]
    Cf les commentaires du Chanoine OSTY : le Divin « avec une ironie hautaine l’écrase [Job] sous les magnificences de Sa création », page 1150
  • [40]
    LdJ 38-4
  • [41]
    LdJ 31-35
  • [42]
    LdJ 38-3
  • [43]
    LdJ 38-4 à 38-38
  • [44]
    LdJ 39-1 à 30
  • [45]
    LdJ 40-15 à 41-26
  • [46]
    Exemple LdJ 39-1 : la lionne et les lionceaux, présentés simultanément en relation de dépendance et d’indépendance, de brutalité et de tendresse. Idem pour les autres animaux décrits.
  • [47]
    LdJ 40-9 à 40-14
  • [48]
    LdJ 42-2
  • [49]
    What makes entrepreneurs entrepreneurials, Saras D. Sarasvathy, http://www.effectuation.org/sites/default/files/What%20makes%20entrs%20entl%20note.pdf
  • [50]
    Edgar Morin/ Jean Louis Le Moigne, l’intelligence de la complexité, L’Harmattan, 1999 p 266
  • [51]
    Philippe Gabillet, Eloge de l’optimisme, Saint Simon, 2010 ; conférence donnée à Chambéry 01/2012
  • [52]
    LdJ42
  • [53]
    Discours de Steve jobs à Stanford, 2005, http://www.youtube.com/watch?v=D1R-jKKp3NA
  • [54]
    LdJ,37-14
  • [55]
    Pierre Assouline, id, p 476-477
  • [56]
    Billie Holiday, Dont Explain, chanson de 1944
Français

Résumé

Qu’ont en commun un entrepreneur contemporain et le Job du Livre biblique éponyme ? Plus qu’il n’y paraît... En s’appuyant sur la théorie économique autant que sur son expérience personnelle, l’auteur explore les correspondances entre les deux figures héroïques et tire de l’exégèse quelques enseignements sur la nature et la spécificité de l’intelligence entrepreneuriale.

Mis en ligne sur Cairn.info le 01/02/2013
https://doi.org/10.3917/entin.016.0078
Pour citer cet article
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