CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1L’Europe est leader mondial dans certains secteurs, comme les industries aérospatiale, pharmaceutique et nucléaire, mais accuse un retard dans la plupart des autres domaines de haute technologie. De plus, les entreprises européennes dotées d’une position internationale dominante sont de création relativement ancienne. Elles ont généralement été fondées au début du vingtième siècle ou à l’époque de l’après-guerre. Nous ne connaissons quasiment pas en Europe, comme aux États-Unis, de jeunes entreprises de technologie qui auraient été fondées depuis trente ans, vingt ans, voire moins, et qui seraient les leaders mondiaux de leur secteur. Bien que nos responsables politiques aient pris conscience de cette grave lacune depuis le milieu des années 1990, et malgré les initiatives qu’ils ont prises pour renverser la tendance, la situation n’a pas vraiment changé à ce jour. L’entrepreneuriat dans les secteurs de hautes technologies reste donc un problème et un défi pour l’Europe. Le présent numéro de la Revue Entreprendre & Innover y est consacré.

2Une partie du problème réside dans l’inadéquation des modes de financement aux besoins de l’entrepreneuriat de haute technologie. Diane Saty Kouame traite un aspect de ce sujet dans son article « Le financement : source de performance des Jeunes Entreprises Innovantes françaises ». Sa contribution illustre malheureusement le fait qu’il y a encore une mauvaise compréhension des besoins de financement de ce type d’entreprise. Elle rapporte ainsi qu’une jeune entreprise innovante sur trois démarre avec moins de 8 000 euros de capital. Selon l’auteur, son échantillon révèle que 35 % des JEI lèvent du capital-risque. Il y a donc de quoi s’interroger sur la sélectivité des financiers.

3Un autre article de notre revue aborde l’aspect financier de l’entrepreneuriat de haute technologie sous un angle plus global et quantitatif, en présentant les résultats de l’étude européenne « VICO » : « Venture Capital - Policy lessons from the VICO project ». L’étude révèle des lacunes déjà connues mais aussi d’autres qui le sont beaucoup moins, à propos du capital-risque destiné au financement de la haute technologie. Il formule aussi des propositions de politique publique pour surmonter ces limites.

4Un des problèmes bien documenté à propos de l’entrepreneuriat de haute technologie en Europe est que les sociétés restent trop petites et locales. L’interview de l’entrepreneur Jean-Yves Courtois par Michel Bernasconi offre à cet égard un contraste rafraîchissant, qui, espérons-le, inspirera quelques entrepreneurs et candidats-entrepreneurs. Ce problème de manque de croissance des jeunes entreprises de haute technologie est traité dans l’article de Jean-Jacques Degroof à propos des spin-offs universitaires. Celui-ci examine trois hypothèses expliquant le problème et propose des solutions à explorer pour les surmonter.

5Dans son article « Intégrer de nouvelles approches pour bâtir des start-up plus pérennes », Olivier Witmeur aborde une forme de solution aux problèmes de l’entrepreneuriat de haute technologie, qui implique non seulement des réponses à des problèmes technologiques, mais aussi de l’innovation en termes de mode d’élaboration des modèles d’affaires. Olivier Witmeur montre que des approches telles que le « design thinking », le « lean startup », le « business model generation », si on sait les combiner et les intégrer dans une approche itérative, offrent des solutions pour concevoir des offres et modèles d’affaires plus réalistes.

6Frédéric Iselin nous propose probablement la contribution la plus pratique de ce numéro avec la description de l’expérience “HEC Start-up InVitro”. Celle-ci consiste à associer des entrepreneurs sans projets à des institutions de recherche ou à des PME disposant de projets présentant un potentiel mais dépourvus de porteurs de projets. Bien que récente, l’expérience semble prometteuse.

7Ce numéro contient enfin une analyse critique du livre de Georges Haour et Laurent Miéville « From Science to Business. How firms create value by partnering with universities ».

Michel Bernasconi
Jean-Jaques Degroof
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
Mis en ligne sur Cairn.info le 01/02/2013
https://doi.org/10.3917/entin.016.0005
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