CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Les points forts

  • La formation à l’entrepreneuriat suscite l’imagination pédagogique des acteurs.
  • À l’université Catholique de Lille, une opération basée sur la constitution de binômes enseignant-dirigeant, chaque membre du binôme partageant le quotidien de l’autre, a été organisée à trois reprises.
  • L’expérience s’est révélée très enrichissante pour les deux populations, chacune étant avide de la reconnaissance de l’autre. Des liens de confiance ont été créés.

1Si « entreprendre s’apprend », il faut alors réfléchir à la pédagogie à mettre en place afin de former des individus entreprenants, et qui sait, de futurs entrepreneurs. Cette réflexion amène à se poser deux questions majeures : Quels objectifs assigner à cette pédagogie ? Quels en sont les acteurs ?

Définir les objectifs, comprendre les acteurs

2La question des objectifs renvoie à la mission même de l’Institut de l’Entrepreneuriat : développer l’esprit et l’envie d’entreprendre. L’esprit d’entreprendre est une caractéristique commune à tous les entrepreneurs. L’association belge Free pour Entreprendre le définit comme « la mentalité qui conduit un individu passif à prendre l’initiative, à relever des défis et à devenir acteur de son propre avenir personnel et professionnel ». Il est considéré par la Commission Européenne comme un « élément essentiel de la création d’emplois, de la compétitivité, de l’épanouissement personnel et des valeurs sociales » [1], relayée par la stratégie de Lisbonne et le processus de Bologne qui incitent les systèmes éducatifs des pays de l’Union Européenne à devenir les promoteurs de la culture entrepreneuriale.

3Pour les experts européens, l’esprit d’entreprendre recouvre trois types de compétences transversales :

  • faire preuve de créativité, mais aussi de capacité à innover, de confiance en soi, de proactivité et d’aptitude à se fixer des défis ;
  • savoir communiquer avec les autres, prendre des décisions, exercer un leadership, négocier, créer et entretenir un réseau, résoudre des problèmes, travailler en équipe, penser de manière systémique ;
  • pouvoir affronter l’incertitude, être indépendant, reconnaître des opportunités, ne pas avoir une forte aversion au risque [2].
Tous s’accordent à reconnaître que ces compétences sont utiles toute la vie durant, que l’on soit chef d’entreprise ou salarié « intraprenant », d’où l’intérêt évident d’élargir la diffusion de la culture entrepreneuriale au-delà des écoles de commerce et d’ingénieurs, et des facultés de sciences économiques et de gestion, et de cibler également les filières littéraires, artistiques et les formations de psychologie…

4Les acteurs de la démarche, sorte de carré magique, peuvent être énoncés ainsi : l’institution, en qualité de maître d’œuvre, les enseignants, en qualité d’opérateurs, les étudiants, en qualité de « clients », et les chefs d’entreprise en qualité de partenaires.

5Intéressons-nous à l’un des côtés du carré, dont nous considérons que le comportement joue un rôle déterminant dans la transmission de l’esprit d’entreprise : les enseignants. Il s’agit de rendre les enseignants entreprenants et créatifs, capables en donnant l’exemple, de former des diplômés entreprenants [3]. Pour reprendre la célèbre formule d’André Mulliez, fondateur du Réseau Entreprendre : « Pour créer des emplois, créons des employeurs », nous dirons : « Pour créer des créateurs, formons des enseignants »…

6D’autres instances d’ailleurs partagent cette opinion :

7* la Conférence d’Oslo, organisée en 2006 à l’initiative de la Commission Européenne, dont l’agenda propose d’ « adopter des méthodes novatrices pour former les enseignants à l’entrepreneuriat, par exemple des études de cas ou d’autres méthodes interactives, telles que faire participer des enseignants à des activités réelles dans le cadre de projets entrepreneuriaux », ou de « lancer des actions innovantes pour former les professeurs à l’entrepreneuriat » ;

8* l’Académie de l’Entrepreneuriat qui, dans son Livre Blanc de l’Entrepreneuriat, paru en 2008, invite à « former des professeurs et des formateurs spécialisés dans le domaine de l’entrepreneuriat. L’ensemble des actions, sensibilisation du plus grand nombre d’enseignants et développement d’un corps d’enseignants spécialisés de haut niveau, aurait pour finalité de faire évoluer progressivement les attitudes et la culture des institutions vis-à-vis de l’entrepreneuriat ».

9Mais comment une institution peut-elle faire pour amener ses enseignants à susciter des attitudes entrepreneuriales et former des jeunes plus entreprenants et mieux préparés à l’entrée dans la vie active ? [4]

10S’appuyant sur la dimension institutionnelle favorable, déjà évoquée, et sur l’existence d’un réseau de partenariats particulièrement développé avec l’environnement économique, l’Université Catholique de Lille a apporté un début de réponse originale au travers de l’Opération « Vis ma vie ».

« Vis ma vie » : comment ?

11Sur le principe de l’émission télévisée, « Vis ma vie » tente de rapprocher deux mondes qui restent à ce jour encore souvent étrangers l’un à l’autre. Des duos enseignants/chefs d’entreprise sont formés, et chacun est amené à partager une journée de la vie de l’autre et ainsi découvrir l’environnement et les préoccupations quotidiennes de son binôme. L’objectif est de permettre aux représentants de ces deux univers de mieux se connaître afin de construire un environnement relationnel favorable à des échanges de bonnes pratiques et à l’établissement de liens durables.

12Les chefs d’entreprise ont ainsi pu comprendre les modalités de la formation des jeunes qui intégreront le monde du travail ainsi que la complexité de trouver l’adéquation entre la formation et les attentes de l’entreprise.

13Pour leur part, les enseignants ont pris conscience de la nécessité de mieux apprécier les réalités de la vie en entreprise, et de la portée de témoigner, dans leur pédagogie, de l’esprit entrepreneurial.

14Trois éditions de l’Opération « Vis ma vie » ont été organisées : en 2006, en 2008 et en 2010, représentant au total 90 binômes (32 en 2006, 42 en 2008 et 16 en 2010).

Mode opératoire

15Les chefs d’entreprise membres des réseaux partenaires de l’Université (Réseau Entreprendre, Centre des Jeunes Dirigeants, Institut Régional de Développement, adhérents de la Chambre de Commerce et d’Industrie…) sont sollicités par courrier pour participer au dispositif ;

16En parallèle, l’ensemble des enseignants permanents de l’Université, ainsi que des enseignants issus des lycées associés, soit environ 500 personnes, reçoivent une lettre de la Présidence leur exposant la finalité de l’opération, et leur proposant d’adhérer à la démarche ;

17Les volontaires des deux bords sont constitués en binôme par l’équipe organisatrice avec le souci de brasser les profils, les formations et les spécialités afin de favoriser des rencontres aussi « inattendues » que possible.

18Parmi ces duos, citons : un enseignant en Marketing et un restaurateur du champ de l’Economie Sociale et Solidaire, une enseignante en Droit International Privé et le créateur d’une société de traitement des déchets hospitaliers, une enseignante en Développement Personnel et le chef d’une entreprise de nettoyage industriel, un enseignant en Anglais et le patron d’une entreprise de production de lingerie, la Présidente de l’Université et le dirigeant d’une carrosserie industrielle…

19La planification des journées de rencontre est en revanche laissée à l’initiative des membres du binôme, en fonction de leurs contraintes respectives ;

20Le contenu des journées est naturellement censé refléter le quotidien des métiers de chef d’entreprise et d’enseignant, mais chacun a à cœur de faire vivre à l’autre des moments « denses » de son activité. Il est clair que l’intérêt de la journée dépend en majeure partie de celui qui accueille. Ainsi par exemple, des chefs d’entreprise ont programmé une visite de leurs installations, une rencontre avec des clients ou des fournisseurs, une séance de prospection commerciale, une réunion de Conseil d’Administration, une négociation avec les organisations syndicales (avec leur accord préalable bien entendu). Les enseignants quant à eux, ont fait participer (parfois activement !) leurs collègues d’un jour à un cours en amphi ou à un TP, à un conseil pédagogique ou de recherche, à un jury de stage, à des rencontres informelles avec des étudiants.

Profil des participants

21Du côté des enseignants, on compte 47 % d’hommes et 53 % de femmes. Ils se répartissent entre le domaine Économie/Comptabilité/Marketing (42%), les Relations Humaines (20%), les Sciences (29%), le Droit/Éthique (9%). Ils enseignent au lycée ( 17 %), en Écoles d’Ingénieurs (21%) à l’université ( 39%) et en écoles de Commerce (23%)

22Du côté des chefs d’entreprise, on compte seulement 7 % de femmes. Les secteurs d’activité représentés se répartissent ainsi :

  • Distribution/Achat : 20 %
  • Production : 19 %
  • Informatique : 9 %
  • Multimedia/Loisirs : 5 %
  • Communication : 11 %
  • Logistique/Technique : 11 %
  • Ressources Humaines : 13 %
  • Banque/Finance : 7 %
  • Agroalimentaire : 5 %
Certaines rencontres de l’édition 2006 ont donné lieu au tournage d’un film et à la réalisation d’un DVD sur le modèle de l’émission télévisée. Une soirée de clôture a fourni aux participants l’opportunité de se retrouver, d’échanger sur leurs expériences et de visionner le film. Pour l’édition 2008, il a été décidé d’engager en parallèle une recherche menée par un enseignant-chercheur en Psychologie du Travail. L’étude, dont les apports seront développés ultérieurement, visait notamment à analyser les attentes et les perceptions des participants aux rencontres de « Vis ma vie ».

Bilan et mise en perspective

23Le bilan de l’édition 2006 a été confié à Camille Feffer, étudiante à l’Iéseg, qui y a consacré son mémoire de fin d’études [5]. Des comptes-rendus des rencontres entre enseignants et chefs d’entreprise, elle tire les constats suivants :

Ils ont aimé

24Le format. Passer une journée entière avec son binôme donne un bon aperçu de sa vie quotidienne. Contrairement à une conférence ou un rendez-vous de suivi de stage, cette durée permet un réel échange et des apports réciproques : « On oublie que l’on ne fait pas partie de l’entreprise ! » ;

25La diversité des origines. Le panel des enseignants sollicités est large : des disciplines variées sont représentées ainsi que différents établissements (lycées, facultés, écoles). Cette mixité de profils permet aux chefs d’entreprise d’avoir une vision large de l’enseignement. De la même façon, les chefs d’entreprise viennent de secteurs très diversifiés, créant ainsi une véritable fécondité dans les contacts : « Cette journée m’a oxygénée ! » ;

26La convivialité. Chaleur, bonne ambiance, mais aussi profondeur et richesse sont des termes récurrents dans les propos tenus. Tous disent avoir passé un bon moment. Le premier objectif de la démarche qui consiste à créer un environnement propice a bien été atteint, ainsi qu’en témoigne un enseignant de Mathématiques enthousiaste : « Je ne savais pas trop à quoi m’attendre avec un chef d’entreprise, et il a été finalement très sympathique et très abordable ! » ;

27La pérennité des partenariats. La grande majorité des participants est convaincue de l’intérêt de poursuivre la relation et envisage de se revoir. Enseignants et chefs d’entreprise veulent faire fructifier les liens privilégiés qui se sont créés, et mettre en place des partenariats entre leurs étudiants et l’entreprise (recherche, stages, missions…).

Ils ont moins aimé :

28Le calendrier. Le lancement de l’opération au printemps a rendu parfois problématique pour les enseignants d’organiser pour leur binôme des rencontres avec les étudiants, échanges que les chefs d’entreprise apprécient particulièrement ;

29Certains participants auraient aimé avoir davantage d’informations sur l’opération et ses objectifs.

Ils ont été étonnés (les chefs d’entreprise)

30Par la proximité entre leurs préoccupations et celles d’enseignants d’une université privée qui doit faire face à des problématiques de même type qu’une entreprise ;

31Par la réalité du métier d’enseignant, sur lequel ils reconnaissent avoir changé d’opinion.

Ils recommandent

32De commencer plus tôt dans l’année. La date de lancement serait idéalement janvier, afin de permettre aux participants de se rencontrer en période de pleine activité universitaire ;

33De mieux communiquer. La version à venir de « Vis ma vie » devrait faire l’objet d’une communication plus dynamique et explicite, en utilisant, par exemple, les supports vidéo déjà existants, ou une plaquette relatant les résultats les plus marquants de l’édition précédente. La diffusion du DVD dans les établissements contribuera aussi à communiquer sur l’évènement et donnera aux futurs participants une vision concrète du déroulement de l’opération. Enfin, comme le suggère un des duos, il serait intéressant de réaliser un annuaire de tous les participants afin que les échanges puissent dépasser le seul binôme. Un peu comme un annuaire des anciens élèves, celui-ci serait consacré aux anciens « Vis ma vie ». Ce serait un support de la relation privilégiée entre les enseignants et les chefs d’entreprise ;

34D’assurer un suivi. Afin que « Vis ma vie » ne soit pas seulement une action ponctuelle, mais constitue une sensibilisation pérenne des enseignants, les participants soulignent la pertinence de prévoir un suivi des binômes. Tous pourraient en effet être recontactés chaque année pour faire un point sur l’état de leurs contacts et le contenu effectif du partenariat.

Une étude sur les représentations des acteurs

35L’édition 2008 a donné lieu à une recherche conduite par Didier Desonnay, Maître de Conférences en Psychologie du Travail. Cette étude a été construite sur la base d’entretiens semi-directifs approfondis orientés autour des thèmes suivants : représentations respectives sur l’entrepreneuriat, sur les rapports entre entrepreneurs et enseignants, sur les enseignements en entrepreneuriat. La méthodologie des « évènements critiques » a notamment été mobilisée ; elle repose sur l’axiome systémique en communication qu’ « il se passe toujours quelque chose dans la rencontre » [6]. Les évènements critiques sont définis comme « d’occurrence prévisible mais de contenu imprévisible » [7]. Il en ressort les principaux résultats résumés ci-dessous [8] :

  • Un besoin de reconnaissance professionnelle partagé à la fois par les enseignants et les chefs d’entreprise. L’expérience « Vis ma vie » a rempli là une fonction qui n’apparaissait pas dans ses objectifs initiaux, celle de « la demande implicite de vouloir d’abord parler de soi et de son métier, supplantant l’intention de vouloir avant tout connaître l’autre » ;
  • L’importance du soutien et de la confiance accordés respectivement par les collègues, confrères, hiérarchiques ou collaborateurs, salariés, associés ;
  • L’existence d’une hiérarchie informelle qui peut prendre la forme, par exemple, d’un respect marqué par certains entrepreneurs autodidactes vis-à-vis de l’institution universitaire, ou de marques de déférence particulières pour le dirigeant d’une grande entreprise, par rapport au dirigeant d’une PME. L’indicateur le plus pertinent à ce propos reste la prescription de l’agenda : qui subit l’agenda de l’autre ?
  • Un métier par nature différent entre l’enseignant dont l’activité est prescrite par le calendrier académique et le respect du programme, et le chef d’entreprise pour qui la règle d’or reste bien de savoir s’adapter et saisir les opportunités. Cette différence impacte naturellement à la fois la perception du temps (dans l’entreprise, vraiment, « le temps, c’est de l’argent »), et l’encouragement donné au travail en mode projet, bien plus valorisé dans l’entreprise que dans l’université.
  • Un nécessaire travail sur le langage qui apparaît véritablement comme un frein au dialogue. Ce constat intervient à la fois pour les jargons inévitables, présents dans les divers disciplines et métiers, mais aussi dans la connotation idéologique de certains termes forts, qui explique que, dans le milieu enseignant, on emploie peu les mots comme « argent », « carrière », « réussir »…

L’entrepreneuriat à l’Université Catholique de Lille

L’entrepreneuriat est inscrit au rang des cinq axes stratégiques de l’action de l’Université Catholique de Lille. Son Conseil de l’Université a ainsi créé en 2005 l’Institut de l’Entrepreneuriat avec pour mission de :
  • développer l’esprit et l’envie d’entreprendre auprès de tous les étudiants de l’Université, quels que soient leurs filières et leurs niveaux ;
  • susciter à court et moyen termes la création et la reprise d’entreprise par des diplômés de l’Université, en impliquant les enseignants ainsi que les chefs d’entreprise et leurs réseaux.
L’action de l’Institut de l’Entrepreneuriat s’est orientée dans un premier temps vers la pédagogie : coordination des initiatives menées par les différents établissements de l’Université Catholique de Lille, financement de nouveaux programmes de pédagogie entrepreneuriale dans le cadre de trois appels à projets, conception et organisation en propre de formations spécifiques.
L’idée sous-jacente est bien que la capacité à entreprendre n’est ni un don, ni une aptitude déterminée par le milieu familial. Elle peut s’acquérir [9]. La conviction est que : « entreprendre s’apprend ».

36L’édition 2010 n’a pas fait l’objet d’un travail similaire. La diminution du nombre des participants explique en partie cet état de fait. Il reste que la question qui se pose est de savoir pourquoi les 42 binômes de 2008 sont devenus 16 en 2010, à mode opératoire équivalent. Plusieurs pistes de réponse sont envisageables :

  • Nous n’avons pas respecté avec la minutie convenue les recommandations des précédents binômes !
  • Le renouvellement de la démarche lui a fait perdre son aspect pionnier ;
  • Les enseignants tentés une première fois par l’expérience n’ont pas jugé bon renouveler ;
  • Les enseignants réfractaires, à savoir ceux dont la spécialité les rapproche de l’entreprise, ceux qui considèrent le dispositif trop court pour être efficace, ceux qui l’estiment trop long compte tenu de leur plan de charge, ceux qui n’ont tout simplement pas envie, n’ont pas changé d’avis ;
  • De façon plus positive, notons que l’Institut de l’Entrepreneuriat a initié d’autres actions de sensibilisation des enseignants qui ont pris le relais de « Vis ma vie ».
  • Ainsi a été mis en place le groupe des Référents Entrepreneuriat, sorte de Club d’Enseignants (ou Directeurs des Études) Entrepreneurs, à l’instar des Clubs Entrepreneurs Étudiants, qui constitue le corps de nos correspondants dans les établissements, ceux par qui les informations et les initiatives passent.
  • Par ailleurs nous avons mis en œuvre des ateliers regroupant sur des thématiques particulières des membres de notre équipe et des enseignants. Nous avons travaillé par exemple sur la possibilité d’aménager les cursus pour les étudiants créateurs d’entreprise, et avons abouti à des accords avec certains établissements pour que le développement du projet de création d’entreprise remplace le classique stage de fin d’études ;
  • D’autres instances se consacrent également à la sensibilisation des enseignants. Nous citerons l’OPPE qui organise chaque année à l’attention des enseignants des journées dédiées aux pédagogies entrepreneuriales ; l’édition 2009 s’est d’ailleurs tenue en partie dans les locaux de l’Université Catholique de Lille. Nous évoquerons également le programme « Atouts pour Entreprendre » conçu et réalisé par la Fnege. Le séminaire « Atouts pour Entreprendre » est destiné à fournir les clés de l’enseignement de l’entrepreneuriat aux enseignants des établissements d’enseignement supérieur. Il s’adresse à des volontaires qui pratiquent déjà l’enseignement de la gestion et souhaitent participer au développement des formations à l’entrepreneuriat (création ou reprise) et à l’intrapreneuriat, ainsi qu’à toute personne chargée de la formation et de l’encadrement de formateurs, ou en poste dans les organismes d’accompagnement à la création d’entreprise.
La décision n’a pas été prise de lancer l’édition 2012 au sein de l’Université Catholique de Lille. En revanche, l’expérience a été reprise et aménagée par deux universités consœurs : l’Université Catholique de Lyon et l’Université du Littoral et de la Côte d’Opale.

37Le fait de décloisonner les esprits et les métiers contribue à une meilleure compréhension réciproque des acteurs de la pédagogie entrepreneuriale et reconnaît le rôle et l’influence des enseignants dans la transmission du savoir-être.

38Peut-être convient-il désormais d’en faire une opération triennale qui respecterait les trois conditions suivantes :

  • Cibler les jeunes et/ou nouveaux enseignants, pour qui la participation à « Vis ma vie » parachèverait l’intégration,
  • Privilégier la constitution de binômes présentant une perspective de projets communs (terrain de recherche, stages, formation-action…),
  • Veiller à un suivi régulier de la relation pour en garantir la pérennité.

Notes

  • [1]
    Commission des Communautés Européennes, Livre vert : L’esprit d’entreprise en Europe, 2003
  • [2]
    Verzat (Caroline), déjà citée
  • [3]
    Feffer (Camille), Comment sensibiliser les enseignants à l’esprit d’entreprendre ?, Mémoire de fin d’études, 2007
  • [4]
    Feffer (Camille), déjà citée
  • [5]
    Feffer (Camille), déjà citée
  • [6]
    Minary (Jean-Pierre), Modèles systémiques en psychologie, Mardaga, 1992
  • [7]
    Desonnay (Didier) et Masclet (Georges), Quelles demandes traiter ? Méthodologie pour l’étude des organisations : vers un processus graduel et continu d’analyse de la demande de counselling, Pratiques Psychologiques, Volume 14, 2008
  • [8]
    Desonnay (Didier), Dervaux (Catherine) et Gesp (Didier), Entreprendre et innover : arguments pour des méthodologies qualitatives innovantes pour co-élaborer des représentations convergentes sur l’entrepreneuriat, 6°Congrès de l’Académie de l’Entrepreneuriat, 2009
  • [9]
    Verzat (Caroline), Université entrepreneuriale n’est pas un oxymoron, L’Expansion Entrepreneuriat, n°1, 2009
Français

Résumé

L’Université Catholique de Lille a inscrit l’entrepreneuriat parmi les cinq axes stratégiques de son action.
Forte de la conviction qu’ « entreprendre s’apprend » et que les enseignants jouent un rôle déterminant dans la transmission de l’esprit d’entreprise, elle a travaillé à rendre ses enseignants plus créatifs et capables, par l’exemple, de former des diplômés entreprenants.
S’appuyant sur un réseau de partenariats particulièrement développé, l’Université a initié une démarche originale : l’Opération « Vis ma vie », qui vise à rapprocher deux mondes – académique et économique, enseignement et entreprise – qui restent à ce jour encore souvent étrangers l’un à l’autre.
Sur le modèle de l’émission de télévision du même nom, des duos enseignants – chefs d’entreprise sont formés. Chacun est amené à partager une journée de la vie de l’autre, découvrant ainsi l’environnement et les préoccupations quotidiennes de son binôme.
Trois actions ont été organisées : en 2006, en 2008 et en 2010, représentant au total 90 binômes. Les bilans réalisés pointent les satisfactions, les étonnements et les recommandations des participants et permettent d’identifier les perspectives possibles pour les prochaines éditions.

Catherine Dervaux
Docteur en Sciences de Gestion, Catherine Dervaux enseigne la Gestion des Ressources Humaines. Elle est également animatrice de l’Institut de l’Entrepreneuriat à l’Université Catholique de Lille.
Dernière publication diffusée sur Cairn.info ou sur un portail partenaire
Mis en ligne sur Cairn.info le 01/05/2012
https://doi.org/10.3917/entin.011.0095
Pour citer cet article
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