La question de la haine chez le bébé est un problème rarement abordé en tant que tel. C’est sans doute D.W. Winnicott (1947) qui en a donné l’approche psychanalytique la plus fine en insistant sur le fait que la haine est nécessairement première aux débuts de la vie psychique, ce qui montre que, tant s’en faut, il ne parlait pas que d’amour. En disant cela, je repense à une discussion lors d’un congrès déjà ancien où des intervenants winnicottiens avaient reproché à certains intervenants kleiniens du même congrès de ne jamais parler d’amour. Ceux-ci leur avaient alors répondu que, bien sûr, ils parlaient d’amour mais qu’ils ne parlaient pas que d’amour… Cette vision édulcorée du corpus winnicottien doit aujourd’hui être combattue et c’est l’un des aspects que j’aborderai au fil de ces quelques pages.
Après avoir rappelé les principales définitions de la violence, de la haine et de l’agressivité, j’aborderai la place de l’agressivité dans le cours du développement avant d’évoquer la question de la haine selon D.W. Winnicott et d’envisager le rôle des ambiances dépressives (maternelles et/ou familiales) dans le risque d’émergence de conduites violentes ultérieures.
À plusieurs reprises, j’évoquerai donc la violence chez les adolescents dont il faut probablement comprendre, dans un souci de prévention, qu’elle s’enracine dans des fonctionnements périnataux très précoces, ce qui nous oblige à prendre en compte une politique de prévention à long terme et pas seulement des mesures de prévention à court terme souvent sous-tendues par des objectifs un petit peu étriqués de nos diverses instances politiques ou administratives…