L’enfermement d’un enfant ou d’un adolescent fait rupture dans sa vie quotidienne et psychique. Il viendrait de prime abord entraver un processus de séparation-individuation déjà compliqué par des carences des relations primaires. Il peut aussi être l’occasion d’une régression sensori-motrice thérapeutique et d’un accompagnement des mutations narcissiques et objectales infantiles et adolescentes.
Article
À partir de nos expériences de psychologues cliniciennes en milieu carcéral et en unité pédopsychiatrique, nous rapprocherons deux cliniques, carcérale et psychiatrique, dans ce qu’elles peuvent présenter d’éventuel continuum dans la vie de l’enfant et dans sa vie psychique.
Nous déroulerons dans cet article deux axes de réflexion autour de l’enfant et la prison.
Nous nous intéresserons en premier lieu à la place de l’enfant dans la psyché de l’enfant enfermé, emprisonné. Qu’en est-il du processus de séparation-individuation pour l’enfant enfermé ? Mais, également, qu’est-ce que l’institution entend de l’enfant, de l’infantile, au-delà de l’acte violent, de la pathologie qui a été la cause de l’enfermement ? Le deuxième point concerne le sens psychique de l’acte et le soin psychique dans un lieu d’enfermement.
Pour ce faire, nous nous centrerons sur les processus psychiques communs à un enfant hospitalisé suite à des comportements violents et à une jeune fille incarcérée.
En filigrane, nous traiterons du positionnement clinique des équipes soignantes qui se constituerait comme un des garants de l’écoute de l’infantile et de l’enfant souffrant chez l’enfant enfermé dont un des axes est celui des besoins primaires tels qu’ils peuvent être énoncés dans la charte internationale du droit de l’enfant. La rencontre d’un enfant incarcéré mobilise une position éthique interrogeant sur la rencontre singulière d’un sujet, sur le soin, sur nos modes d’intervention. Le psychologue, garant d’une rencontre individualisée et individualisante, appartient à une équipe, à une institution et par là même est entraîné dans des méandres des paradoxes du soin en milieu de contrainte…
Résumé
Plan
- Entendre l’enfant dans la psyché de l’enfant enfermé
- La prison est un lieu de contention, elle n’a pas la charge d’être contenante
- Mehdi, 6 ans, une enfance devant soi
- Incarcérer et prendre en charge un enfant meurtrier
- L’écoute du sensori-moteur : un travail de réflexivité
- L’écoute de la transformation adolescente
- La violence extrême comme tentative avortée de séparation
Auteurs
Sur un sujet proche
- Mis en ligne sur Cairn.info le 22/10/2019
- https://doi.org/10.3917/ep.083.0128

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