Ce travail propose une méthodologie transculturelle, c’est-à‑dire l’utilisation de manière complémentariste de l’anthropologie et de la clinique. Il analyse la diversité des représentations et des positions paternelles et leur devenir dans la migration. Il montre comment les pères sont vulnérabilisés par la migration et la nécessité de les aider à se transformer. Il en tire des conclusions pour le travail avec les pères et les enfants en situation transculturelle. Travailler avec le père, dans sa position respectée et valorisée, ouvre des chemins à la fois en termes d’alliance et de processus thérapeutiques. Ainsi porté, le père devient alors un socle contenant et structurant, pour permettre l’ouverture vers l’extérieur, la culture et la créativité dans un monde où même les façons d’être père doivent se métisser.
Article
C’est à partir de la clinique adolescente transculturelle, celle avec les parents migrants et leurs adolescents, que nous allons penser ici la question du père. L’adolescence, cette période charnière de passage du monde de l’enfance au monde adulte, va réinterroger les idéaux et mettre en tension les liens et les croyances, tout ce qui faisait famille, pour se détacher et essayer de se construire contre son père, contre sa mère, contre la société ou contre tous à la fois. Si les pères de la période actuelle sont de plus en plus présents à la maternité et en pmi
, à faire du peau à peau, du portage et du maternage, le paradigme même de père a intégré de nouveaux contenus, une clinique nouvelle et « un être père » à repenser.
On entend dire que la place du père devient aujourd’hui de plus en plus floue, désordonnée, interchangeable au profit d’un fonctionnement familial, social et économique recentré sur l’enfant, l’affectif et les liens mères/enfants. L’évolution sociétale et l’émancipation de la femme ont désacralisé la place du père, poli et affaibli sa place et sa fonction. Pour Bawin (1988), en Occident, la figure symbolique du père, celle qui imprègne les consciences fondamentales, notre imaginaire collectif depuis la préhistoire jusqu’à nos jours, repose sur l’idée d’un père fort, autoritaire et juste, faisant loi.
Or, le père n’est pas nécessairement le père géniteur ou légal, mais il n’est pas n’importe qui, pour reprendre Safouan (1974, p. 124) et il varie en fonction de la structure familiale ; ainsi dans une société patrilinéaire ou matrilinéaire : « Rien n’empêche que l’image phallique soit l’effet inconscient de l’autorité de l’oncle maternel, par exemple s’il plaît à la société de désigner celui qui occupe cette position symbolique comme étant le tiers souverain auquel se réfère la parole de la mère…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 30/04/2019
- https://doi.org/10.3917/ep.081.0034

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