Cet article essaie de répondre aux prérequis suivants : 1) l’autorité reste une « valeur » nécessaire pour la vie en société… 2) le concept d’autorité ne peut pas être viable si sa définition est incompatible avec les principes fondamentaux de la société dans laquelle il opère… 3) Il faut trouver une définition de l’autorité susceptible de s’appliquer à l’ensemble des domaines éducatif, politique, religieux, etc. 4) l’autorité dans l’éducation des enfants n’est pas une forme mineure d’autorité. Moyennant quoi cet article malmène le dogme qui associe presque systématiquement autorité et figure du père ! Aussi le lecteur prend-il le risque de perdre son confort à penser ou certaines de ses convictions s’il poursuit cette lecture. À lui de voir s’il souhaite persister.
Article
Faudra-t-il attendre que les traces des derniers dinosaures de la pensée aient disparu pour qu’enfin on cesse d’accoler systématiquement ces deux termes : père et autorité ? Sont-ils à ce point si consubstantiellement mêlés pour que cette rhétorique perdure malgré les changements sociétaux qui en montrent aujourd’hui l’insanité. Certes, on ne peut balayer ainsi d’une plume désinvolte ces années qui ont fait de l’autorité un « privilège » des hommes, en général, des pères, en particulier ! D’ailleurs, n’est-ce pas la réalité sociale qui dicte les élaborations théoriques plutôt que l’inverse ? Pour ma part, j’ai toujours pensé que le monde se fait en se faisant : je ne crois pas à une quelconque « main divine » qui guiderait ou tirerait le monde dans un sens préalablement déterminé. Ce serait donc accorder une influence bien trop grande aux théories et aux intellectuels qui les produisent que de croire celles-ci et ceux-ci capables de guider et dicter l’organisation des sociétés ! Cette croyance satisfait le narcissisme des intellectuels, mais c’est bien là son seul rôle.
Aristote nous a légué une antienne bien pratique qui, pendant plus de deux millénaires, a cautionné les discours sur l’autorité : « C’est la nature qui donne autorité, au père sur ses fils, aux générations précédentes sur celles qui suivent et au roi sur les sujets de la royauté. » Cet emboîtement métaphorique « père/génération/roi » fut une bénédiction pour tous ceux qui ont théorisé l’autorité : s’appuyant sur les écrits d’un ancien (le passé fait « naturellement » autorité), ils pouvaient affirmer sans ambages que le père règne sur ses fils, son épouse et ses filles car « le mâle est plus apte que la femelle à gouverner, et le plus âgé, c’est-à‑dire celui qui est complètement développé, plus que le jeune encore imparfai…
Résumé
Plan
- Ouverture
- Un bref regard sur le passé lointain
- Quand nos classiques s’y mettent aussi
- Entre pouvoir et autorité, par où passe la culture ?
- Entre une mère et son bébé, le pointage…
- Autorisation et confiance, le soubassement de l’autorité
- Le rôle du langage
- L’autorité, serait-ce s’abstenir du pouvoir dont on dispose ?
- Abstinence divine ou divine abstinence…
- Digression sur « la peur du père »
- Un avenir pour les « nouveaux pères » ?
Auteur
Cité par
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 30/04/2019
- https://doi.org/10.3917/ep.081.0023

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