La notion de radicalisation recouvre des enjeux d’une telle variété qu’elle ne saurait convenir pour qualifier ni désigner quiconque. C’est un mot que nous n’aimons pas beaucoup, parce qu’il essentialise le sujet du côté de sa violence, là où les trajectoires sont individuelles, singulières et probablement complexes. Le jeune âge, et l’inquiétude sociale autour de l’affiliation d’adolescents à certains mouvements violents, à l’instar ces dernières années de l’islam radical, dessinent les contours d’un questionnement sur la place de ces engagements radicaux et violents à l’adolescence. C’est sur cette large question de l’engagement à l’adolescence que nous nous sommes interrogés à travers le groupe « Engagement des jeunes » au sein de la Maison de Solenn.
Les adolescents ont une propension à recourir à « l’agir » lorsque les mots leur manquent pour exprimer ce qu’ils vivent. On est souvent très inquiets de la violence apparente de ces « agirs ». Or, le prisme de la peur ne saurait être le seul angle de vue sur les radicalités des engagements de ces jeunes. En effet, les adolescents se découvrent et se repèrent dans le regard des adultes ; ce regard est un miroir qui participe à la construction de leur identité. Par conséquent, il s’agit d’un rôle essentiel et d’une responsabilité majeure que de réfléchir avec exigence et lucidité à la façon dont on parle d’eux. Réduire les adolescents à leur violence, c’est les enfermer dans cette violence et donc la prescrire (Lenjalley et Moro, 2019)…