Différentes enquêtes quantitatives, en France et dans d’autres pays occidentaux, révèlent une forte diffusion des activités physiques et sportives durant l’enfance et attestent ainsi d’une forme de « sportivation » de la vie des plus jeunes. Cette diffusion demeure toutefois inégalitaire, les enfants non ou faibles pratiquant.e.s appartenant massivement aux fractions les moins dotées scolairement et économiquement. L’enquête que nous avons menée auprès d’enfants âgé.e.s de 5 ou 6 ans montre que la prime enfance ne déroge pas à cette double tendance. Si la pratique sportive encadrée est largement diffusée, elle est aussi socialement distribuée : les enfants qui ne pratiquent aucune activité physique et sportive encadrée n’appartiennent presque jamais aux familles des classes supérieures, mais davantage à celles des classes populaires et particulièrement aux couches les plus précarisées de ce groupe social. Au-delà des (im)possibilités des enfants de s’engager dans ces activités, cette enquête a également permis d’appréhender les perspectives éducatives parentales (en particulier pédagogiques et sanitaires) associées au sport des enfants. Selon les classes sociales et les fractions de classes auxquelles ils appartiennent, les parents ne perçoivent pas cette pratique enfantine de la même manière et n’enjoignent pas leurs enfants à s’engager dans telle ou telle activité physique et sportive de la même façon. Derrière la nature de l’activité, le lieu, l’intensité ou encore le cadre de pratiques, se dissimulent des représentations et des stratégies parentales qui s’ancrent dans des rapports au corps et dans des conceptions de l’enfance spécifiques…