1Les relations entre économistes et démographes ont une longue histoire, mêlant périodes d’attraction réciproque ou unilatérale, de prise de distance, de rapprochement ou de controverse. On sait comment la question de la population a joué un rôle central dans la naissance même de la science économique, aussi bien dans les courants physiocrate et mercantiliste que dans les premières analyses des économistes classiques, avec la place prépondérante occupée par l’analyse malthusienne de la tension entre population et ressources. Ce lien s’est ensuite assez durablement distendu, avec l’émergence d’une vision plus neutre du rôle de la population. Une bonne partie du courant néo-classique a longtemps réduit la population à un simple facteur d’échelle sans autre incidence notable sur le fonctionnement de cette économie.
2L’après-guerre a vu une ré-accélération de cette histoire commune, avec une pièce en plusieurs actes. Acte I : la résurgence de l’inquiétude malthusienne face à la croissance démographique des pays en développement. À quelques voix discordantes près, ce courant néo-malthusien a dominé la scène internationale au moins jusqu’au milieu des années 1970, et il a fortement contribué à la structuration de la discipline démographique, avec le double appui qu’il a permis à la collecte et à l’analyse des données de population. C’est notamment au cours de cette période que se consolide le paradigme de la transition démographique, ce modèle de référence prédisant le basculement progressif de l’ensemble des pays d’un équilibre initial à mortalité et fécondité élevées vers un équilibre à fécondité et mortalité basses. Acte II : les économistes, qui s’étaient jusqu’ici plutôt focalisés sur l’analyse des conséquences des changements démographiques, se mettent à investir fortement la question de l’explication des comportements démographiques : c’est l’émergence contestée et conflictuelle de l’approche dite de la nouvelle économie de la famille, dont l’acte de naissance remonte à la fin des années 1960 (Becker [1960]) et qui prend réellement son essor au milieu des années 1970 (Schultz [1973]). Acte III : après l’apogée temporaire marquée par les problématiques environnementales du Club de Rome, la pensée néo-malthusienne connaît une période de reflux. On voit ressurgir des thèmes populationnistes dont les racines remontent jusqu’au courant mercantiliste (« il n’est de richesse que d’hommes »). Ceci coïncide avec l’essor des théories de la croissance endogène qui ont parfois été mobilisées pour donner de nouveaux fondements théoriques à ces visions plus positives du rôle de la population. La population est mise en avant comme composante du capital humain et facteur de croissance, et la possibilité de rendements croissants éloigne le spectre malthusien. Le problème du développement n’est plus la croissance démographique : c’est uniquement l’inadéquation de leurs institutions qui empêche certains pays à croissance démographique rapide de tirer le meilleur parti de ce potentiel de ressource humaine [3].
3L’inquiétude démographique se déplace alors vers les pays développés et leurs populations vieillissantes. C’est l’acte IV où nous en sommes. L’accent porte dans un premier temps sur la menace que représente une population déclinante (scène 1 : « demain, il n’y aura plus personne pour payer les retraites »), puis sur l’enjeu que représente l’allongement de la vie humaine (scène 2 : « nous gagnons trois mois d’espérance de vie par an »), cet allongement étant présenté comme un phénomène à double face : une chance, puisqu’il est la preuve du succès de notre lutte contre la maladie et la mort, et un problème compte tenu de son impact sur les comptes sociaux et les politiques budgétaires. La boîte à outils des économistes était toute prête à l’emploi pour creuser ces questions : le modèle à générations imbriquées et ses diverses extensions ont été à l’origine d’une littérature foisonnante consacrée à cette thématique des conséquences du vieillissement.
4Du point de vue académique, cette pièce en quatre actes a permis la mise en place d’une « démographie économique » institutionnalisée, avec sa revue dédiée [4], ses relais dans les revues généralistes, ses conférences et séminaires, son Handbook (Rosenzweig et Stark [1997]), sa branche théorique, ses travaux appliqués. La Revue économique a souvent accueilli des travaux de ce courant, et y avait même consacré un numéro spécial dès 1980 (Tapinos [1980]).
5Le présent numéro prolonge cette tendance mais en dévie en même temps à plusieurs égards. Un premier choix a été d’ouvrir les colonnes de la revue à des présentations plus strictement démographiques que démo-économiques. La première moitié du numéro revient ainsi assez largement sur les principaux faits et tendances démographiques, avec un accent particulier sur la séparation entre ce qui est relativement certain – le ralentissement de la croissance et la tendance au vieillissement au cours des trente prochaines années – et ce qui est beaucoup plus ouvert – l’ampleur exacte de ce vieillissement et les perspectives de croissance à très long terme. L’incertitude qui en découle prend une place croissante dans notre façon d’appréhender les contraintes ou les opportunités démographiques [5], et elle se voit donc réserver une assez large place dans l’ensemble de cette première partie du numéro.
6La deuxième moitié du numéro se replace pour sa part à l’articulation de la démographie et de l’économie, mais elle le fait en explorant des questions à ce jour moins balayées que la question des liens globaux entre démographie et croissance ou démographie et retraites.
7Détaillons rapidement le contenu et le positionnement de chacun des textes qui constituent cet ensemble.
8La partie démographique du dossier s’ouvre par un cadrage général sur les perspectives démographiques mondiales. Il s’agit de l’article de G. Pison. Il revient sur l’histoire de la transition démographique, le caractère inédit et en principe non renouvelable de la période de très forte croissance qui a marqué la deuxième moitié du dernier siècle. Le ralentissement de cette croissance est désormais acquis, la baisse de la fécondité s’étant enclenchée dans un très large nombre de pays et les niveaux de fécondité « post-transitionnels » n’étant plus du tout l’apanage des pays développés. Le vieillissement devrait se généraliser à l’ensemble de la planète, mais à des rythmes variés et avec tout de même beaucoup de marge d’incertitude sur son ampleur effective. Le texte insiste sur le fait que c’est la sortie même du processus de transition démographique qui rend le futur plus incertain. Le succès remarquable avec lequel les démographes ont longtemps été capables de bien prévoir la trajectoire de la population mondiale tient en partie au fait que les décennies écoulées se sont assez bien conformées à ce paradigme de la transition démographique dont on a mentionné plus haut l’émergence et la consolidation dans l’après-guerre. La démographie post-transitionnelle est en revanche un objet relativement neuf et à ce stade bien moins prévisible que la démographie de la transition : la fécondité va-t-elle rester durablement basse dans les pays où elle a fortement chuté en deçà du seuil de remplacement, peut-elle descendre encore plus bas, quid des limites à la durée de vie humaine, des conséquences du déséquilibre des sexes dans un certain nombre de pays, quid de l’avenir de la démographie africaine ?
9Le texte suivant de D. Blanchet et F. Le Gallo combine lui aussi le regard rétrospectif et prospectif mais en se concentrant sur les perspectives démographiques françaises, avec là encore cette idée de faire le partage entre le quasi-certain, le probable et l’indécis. La façon dont sont parfois reçues les révisions des projections démographiques atteste d’un besoin de clarification dans ce domaine. L’erreur la plus courante consiste à confondre vieillissement et orientation à la baisse de la population totale et de la population active. Du coup, une projection qui remet en cause un scénario antérieur de baisse de la population d’âge actif est ipso facto interprétée comme remettant en cause l’essentiel du processus de vieillissement. Il faut reconnaître que les démographes ne sont pas forcément sans responsabilité dans cette confusion. Leur analyse traditionnelle du vieillissement le relie avant tout à la baisse de la fécondité, mais au terme d’un usage de la clause du « toutes choses égales par ailleurs » dont l’article mentionne les limites. D’autres façons de décomposer le rôle des différents paramètres démographiques font au contraire fortement ressortir le rôle moteur de la longévité, justifiant donc l’insistance croissante qui est mise sur cette dimension du vieillissement – la scène 2 de l’acte IV que nous mentionnions plus haut. L’inertie qui en découle pour le vieillissement ne veut cependant pas dire qu’on en prédit l’ampleur avec une certitude totale. Une marge d’erreur subsiste. Mais elle ne saurait être un prétexte à l’inaction. Ce qu’il faut, c’est à la fois que la communication sur les projections et leur utilisation tiennent compte de cette incertitude, en faisant ressortir les points pour lesquels elle est importante et les points pour lesquels elle est plus secondaire, et en prévoyant des procédures d’ajustement progressif des politiques économiques et sociales à la résolution progressive de cette incertitude.
10Parmi les voies offertes pour mieux faire ressortir cette incertitude, une démarche qui a actuellement les faveurs de nombreux démographes consiste à passer de projections déterministes, où l’éventail des possibles est uniquement capté par la confrontation des scénarios, à des projections stochastiques, débouchant sur des distributions de probabilités de l’effectif et de la structure par âges futurs, fondés sur la simulation d’un grand nombre de trajectoires aléatoires des paramètres démographiques de base. Les articles de J. Lassila et T. Valkonen et de J. Alho s’inscrivent dans ce courant. Le premier article examine les conséquences de cette incertitude pour l’équilibre et le niveau des retraites sous différentes politiques d’indexation de ces dernières. Les auteurs insistent eux aussi sur le fait que l’incertitude ne doit pas servir de prétexte à l’inaction. Ils montrent à quel point l’approche stochastique du problème enrichit notre vision des risques auxquels font face les systèmes de retraite et les retraités, une démarche très probablement à explorer pour le cas français, partant du principe qu’une fois le problème convenablement identifié, c’est son ampleur qui vient au centre des préoccupations. Le second article de J. Alho revient sur l’incapacité que nous avons eu dans le passé à bien anticiper le rythme de hausse de l’espérance de vie et ne voit guère de solution pour améliorer significativement cette performance prédictive.
11Cette incertitude sur la mortalité future a du reste deux composantes. Une incertitude sur sa tendance globale et une incertitude sur la dispersion de cette mortalité au niveau individuel. C’est le sujet qu’aborde l’article de J.-M. Robine et S. L. K. Cheung. Jusqu’à un passé récent, les travaux montraient une certaine homogénéisation des durées de vie adultes, ce qu’on appelle « orthogonalisation des lois de survie » ; autrement dit, l’augmentation de l’espérance de vie résultait d’une concentration croissante de la mortalité aux âges élevés. Ce que montrent Robine et Cheung, sur un échantillon de 500 tables de mortalité issues de vingt-six pays et sur longue période, c’est que si l’espérance de vie a effectivement augmenté, l’écart type a moins baissé que ce qu’on avait anticipé. Cela veut dire qu’il y a eu étalement des probabilités de survie vers la droite avec consolidation d’une classe de très vieilles personnes (les supercentenaires).
12La question a un double intérêt pour l’économiste :
- D’une part, cet allongement de l’espérance de vie pose indubitablement la question de l’espérance de vie sans incapacité ou encore celle de la dépendance. Or l’augmentation de la variance que Robine et Cheung constatent a probablement pour corollaire une incertitude élevée dans l’occurrence du risque de dépendance. Cette incertitude induit dès lors des difficultés de tarification pour l’assureur et une couverture incomplète pour l’assuré (Assous et Mahieu [2001]).
- D’autre part, la variance des âges au décès a des incidences potentielles à examiner pour le besoin de couverture du risque viager et pour l’ensemble des comportements économiques sensibles à la présence de ce risque viager, notamment l’épargne. C’est ce que met en avant J. Alho dans la seconde partie de son article. Il montre, ce qui confirme l’étude de Robine et Cheung, que l’incertitude agrégée sur la mortalité est relativement faible ; ce n’est donc pas un problème pour un acheteur de rente (elle est en tout cas plus faible que l’incertitude macro économique, i.e. sur les rendements financiers). En revanche, l’incertitude idiosyncratique est plus élevée, ce qui pose problème aux vendeurs de rente, comme nous l’avons vu.
13L’autre grande inconnue des projections qui était identifiée par G. Pison concernait la fécondité, et tout particulièrement la fécondité post-transitionnelle. Peut-on espérer la lever sur la base de l’état actuel de la théorie économique de la fécondité ? L’article de C. Doliger assure la transition entre la partie démographique et la partie démo-économique du dossier en proposant un retour en arrière sur deux grands courants de cette approche économique des comportements démographiques. La présentation est très documentée et informative mais reste, sans surprise, très réservée quant à la capacité prédictive de ces deux paradigmes. Le premier des deux courants est celui de la nouvelle économie de la famille, l’acte II de la pièce évoquée plus haut. C. Doliger revient sur les raisons qui ont poussé au développement de ce courant, les quelques avancées analytiques qu’il a permis, mais aussi les incompréhensions dont il a pu faire l’objet de la part des démographes.
14Le second courant est peut-être moins connu du lecteur de la Revue économique. Il est presque exclusivement attaché au nom d’Easterlin, devenu entre-temps plus durablement célèbre pour une autre contribution, i.e. le fameux « paradoxe d’Easterlin » sur le découplage entre croissance économique et niveau de bien-être (Easterlin [1973]). En fait, ces deux contributions d’Easterlin ne sont pas sans relation l’une avec l’autre. Un élément central de l’interprétation easterlinienne du cycle de fécondité d’après-guerre est l’effet de ciseau entre aspirations individuelles et évolutions macroéconomiques qui aurait conduit les générations de baby-boomers à réduire la taille de leurs familles par rapport à ce qu’avaient fait leurs parents. Cet aspect de l’approche easterlinienne est son atout principal : le point fort de cette approche est d’incorporer un modèle de formation des préférences, ce que l’approche microéconomique standard s’est longtemps refusé à faire. La vogue dont bénéficie désormais le paradoxe d’Easterlin devrait nous inviter à nous y repencher avec un nouvel intérêt. En revanche, il faut sans aucun doute revoir une autre composante du modèle easterlinien, qui explique largement son échec prédictif, et qui consistait en une vision malthusienne assez naïve des effets de la taille des cohortes sur leurs conditions d’insertion du marché du travail. Contrairement à ce que prévoyait Easterlin, les cohortes moins nombreuses arrivées sur le marché du travail dans les années 1990 n’y ont pas connu des conditions d’insertion plus favorables. Il n’y a donc rien de surprenant à ce que leur fécondité soit restée basse.
15Ce point permet une transition facile avec l’article suivant de J.-F. Ouvrard, R. Rathelot et O. Simon, qui revient justement sur cette question de l’incidence des changements démographiques pour les déséquilibres du marché du travail. Le sujet est en plein dans l’actualité. On a récemment observé une décrue du chômage en France. Les conjoncturistes nous expliquent que, grâce à la démographie, il nous faut désormais moins de créations d’emploi pour faire baisser le chômage d’une quantité donnée et il y a de nombreuses années que l’on attendait cette bonne nouvelle. Mais il y a aussi longtemps que les économistes avertissent qu’il ne faut pas voir dans ce fléchissement de la croissance démographique un remède miracle au chômage de masse, s’inscrivant ici dans la tradition plutôt « neutraliste » des effets de la démographie sur l’économie en général et le marché du travail en particulier.
16Peut-on raccorder les deux points de vue apparemment antinomiques ? Qu’il y ait neutralité de l’effectif de la population vis-à-vis du taux de chômage est une quasi-nécessité logique : les pays plus peuplés n’ont pas des taux de chômage plus élevés. Mais doit-on aussi s’attendre à une superneutralité, i.e. un chômage totalement indépendant de la croissance démographique. L’article proposé ne se livre pas à une analyse détaillée de la conjoncture effective du chômage en France – tel n’est pas le créneau de la revue – mais il revient sur les mécanismes de base et propose quelques simulations illustratives issues d’un modèle macroéconométrique, le modèle Mésange. Globalement, si effets favorables il y a, les plus massifs sont à attendre à court terme, mais ils seraient a priori de courte durée. À long terme, il y a une balance entre des mécanismes plutôt malthusiens – les modèles d’appariement prévoient un chômage plutôt plus bas dans une population active moins dynamique – et des mécanismes prévoyant au contraire un effet négatif du vieillissement global sur le chômage – modèles de négociation dans lesquels la hausse de cotisations retraites alimenterait la revendication salariale. L’ampleur des effets est à discuter, mais le texte aide au moins à mettre en ordre les idées sur un sujet à la fois complexe et sensible.
17Les relations entre démographie et emploi sont encore au centre du texte de D. Blanchet et F. Toutlemonde, mais sous un angle très différent. Il n’est pas question de chômage. La question est celle de la réponse optimale de la structure du cycle de vie active face au changement démographique. L’article touche à la fois aux questions de formation, d’âge de la retraite, de durée du travail. La question est la suivante. Avec l’insistance désormais mise sur le rôle de l’allongement de la durée de vie, l’idée s’est progressivement répandue que la réponse normale est celle d’une déformation homothétique du cycle travail/ retraite : davantage d’années de vie totale, partagées proportionnellement entre davantage d’années de travail et davantage d’années de retraite, i.e. un âge de la retraite se déplaçant parallèlement à l’espérance de vie. Le principe est simple et lisible. En même temps, force est de reconnaître qu’il ne cadre pas avec l’expérience historique, et que cette politique fait face à une double résistance des salariés et des employeurs. Une explication possible est que le profil préféré du cycle formation/travail/retraite dépend de beaucoup d’autres paramètres que la seule durée de vie, et qu’il existerait encore beaucoup de facteurs jouant à contre-courant.
18Cette question est examinée dans le cadre d’un modèle de cycle de vie active en temps continu, qui sert à tester les déformations de ce cycle en réponse à des modifications simultanées de la durée de vie, du rendement de la formation, des préférences ou normes de consommation, et du rythme de dépréciation du capital humain. L’idée qu’il serait opportun d’avoir un décalage parallèle de l’âge de la retraite et de la durée de vie n’est pas invalidée. Mais les conditions qu’elle suppose sont précisées : mouvement parallèle de la productivité et des aspirations de niveau de vie (l’hypothèse easterlinienne, à nouveau), taux de dépréciation du capital humain qui se réduit au même rythme que s’allonge l’horizon de vie. Le texte ne fait pas le tour de l’ensemble des enjeux que pose la gestion du cycle formation/travail/retraite dans des populations vieillissantes, mais la modélisation proposée peut servir de point de départ pour répondre à un certain nombre de ces questions.
19Le dernier texte du numéro aborde une autre dimension des effets du vieillissement, celle de ses incidences sur l’équilibre politico-économique. Comme on l’a vu, il convient de prendre en compte la double résistance des salariés et des employeurs lorsqu’on souhaite mettre en place un système de retraite dans lequel la durée de vie active serait strictement alignée sur l’espérance de vie. Cette préoccupation d’économie politique est également celle de V. Galasso. Il étudie l’impact du vieillissement sur les régulations des différents marchés : celui des biens et celui du travail.
20Pour lui, la politique économique d’un gouvernement est avant tout destinée à la réélection de celui-ci ; c’est la raison pour laquelle les gouvernements ont à cœur de maximiser le bien-être de la partie la plus âgée de la population. En outre, les travailleurs les plus proches de l’âge de la retraite, bénéficiant souvent, et selon Galasso, d’un emploi mieux protégé que leurs cadets, ne verront pas d’obstacle à une augmentation du poids de la protection sociale dont ils bénéficieront à court terme. Bref, la part la plus âgée de la population soutiendra des réformes qui maintiennent – voire augmentent – leur pouvoir d’achat via le régime de retraite et également par le biais d’une réforme du marché des biens susceptible de faire baisser les prix, de préserver leur niveau de vie et les rendements de leur épargne éventuelle. Au total, le vieillissement pourrait induire une baisse de la régulation du marché des biens mais un impact neutre sur le marché du travail. V. Galasso anticipe de grandes difficultés pour les pays du Sud de l’Europe par exemple ; une protection sociale élevée, un marché du travail rigide et un marché des biens déréglementés ne vont pas réellement ensemble dans un environnement vieillissant.
Notes
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[1]
Insee, Département des Études économiques d’ensemble. Courriel : didier. blanchet@ insee. fr
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[2]
Université Paris-Dauphine. Courriel : florence. legros@ dauphine. fr
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[3]
Pour une synthèse sur les débats de cette période et de leurs implications pour les politiques démographiques, voir Blanchet [1992].
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[4]
Le Journal of Population Economics a démarré sa publication en 1988.
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[5]
Une illustration récente sera par exemple trouvée dans Alho et Borgy [2007].